Ils étaient restés là tous les deux, a regarder ce foutu cabanon cramer, comme fascinés par ce spectacle étrange, inattendu et un peu hors du temps, jusqu’à ce que Declan vienne péter toute la magie du moment en tirant quelques coups de feux en l’air… putain de cow boy dégénéré, Logan avait sursauté tellement fort qu’il en avait presque chutté. Ca l’avait arraché cruellement à ses rêveries morbides et revanchardes.
Puis le shérif avait énoncé très clairement que tous ceux qui voulait aider étaient les bienvenus, et que tout le reste du voisinage avait tout intérêt à dégager au plus vite leurs gros culs du parc.
Du coup, et bien lui et Colleen s’étaient tirés.
Qu’ils se démerdent avec leur feu. Lui et la postière étaient sur la même longueur d’onde sans vraiment s’être concerté sur le sujet cela dit. Du coup ça confortait Logan dans son désintérêt pour la question. Colleen était de son côté et c’était une chique fille, du coup, il ne pouvait pas avoir totalement tord en les laissant se démerder sans leur filer un coup de main.

Il aurait pu se sentir concerné s’il l’avait décidé, si on l’avait motivé. Et si Nathaniel lui était tombé dessus et lui avait ordonné d’aider il n’aurait certainement pas fait sa forte tête, il aurait obéit. Seulement cette fois il avait eut de la chance. Il s’était retrouvé en dehors du problème, il avait réussit à l’éviter du début à la fin. Et il y avait des témoins pour certifier qu’il n’était pour rien dans cette histoire d’incendie. Colleen déjà, puis Declan ! Ca n’était pas rien.
Parce que le souci, c’est que si il s’était approché de ce feu à la con, quelqu’un aurait forcément trouvé le moyen de l’accuser. C’était systématique, à chaque fois qu’une connerie était faite dans le village, il y avait toujours un gros blaireau pour l’accuser. Parfois c’était juste en passant, parfois c’était plus récurant et ça se transformait en rumeur. Mais c’était quand même inévitable.
C’était impossible que ça arrive cette fois-ci par contre, et c’était quand même le pied de savoir que les emmerdes à venir ne pèseraient pour une fois absolument pas sur ses épaules.

Ce soir, pendant que d’autres s’acharneraient contre un incendie, lui irait squatter chez la jolie petite postière accrochée à son bras. Elle le lui avait proposé à leur sortie du parc parce que sa maison était plus proche de là où ils se trouvaient.
Logan aimait bien l’idée parce que ça allait le changer d’air. Son chez lui était microscopique et avait tendance à avoir un effet un peu claustrophobe sur lui. C’était là qu’il ressassait sa vie pourrie la plus part du temps, et c’était comme si les murs suintaient son propre malaise.
De toute façon il avait soif d’alcool et elle lui avait certifié qu’elle avait tout ce qu’il fallait pour se mettre la tête à l’envers. Ca lui convenait. Puisque Grayson n’était pas foutue d’organiser la moindre fête qui ne tourne pas au désastre, ils allaient fêter le 4 juillet en petit comité de deux, et peut-être même s’amuser pour du vrai.

Et tandis qu’ils arrivaient en vue de la maison de Colleen, Logan avait déjà totalement oublié l’incendie. Tout ce qu’il voulait c’était rentré pour se mettre a l’abris des moustiques qui voletaient péniblement dans l’air moite de l’été, puis une fois à l’intérieur, boire, fumer, peut-être même manger un truc, mais surtout manger Colleen…

Ouais, d’ailleurs elle était en train de papoter mais il n’avait pas écouté un traitre mot de ce qu’elle disait depuis au moins 30 secondes. Et elle en disait des choses en 30 secondes !

« Hm ? » lança-t-il en venant se coller contre son dos, la scrutant de côté comme si la jeune fille était déjà toute nue…

Il s’était contenté de sourire un peu vaguement lorsque Colleen s’était remise à pipeletter, puis il s’était contenté de se laisser trainer jusque sur le porche de la maison par les bons soins de la petite postière.
Baiser en prison il en doutait quand même pas mal. Declan n’aurait certainement jamais prit le risque de les fourrer ensemble dans une même cellule, il connaissait Logan. Si le casier de Colleen était vierge, c’était loin d’être le cas du sien. Il avait passé pas mal de nuit à cuver dans cette unique petite cellule du commissariat de Grayson. Il y avait même déjà vomi. Il savait qu’on y dormait mal et que les wc se bouchaient facilement. Il avait même gravé quelques ‘fuck’ et autres ‘suck my dicklan’ sur le banc. Oui parce qu’il n’y avait pas de lit dans cette putain de cellule, juste un banc en bois plus vieux que le shérif qui hantait ce commissariat.
Puis il se souvenait de cette fois, il y a quelques années déjà, où il s’était réveillé menotter à une chaise dans le couloir, au petit matin, avec des courbatures partout et un cocard. Le shérif l’avait laissé moisir là parce que la cellule était déjà prise par un autre trou du cul et il avait donc passé la nuit assis à décuver sans pouvoir s’allonger. Ca avait été rude mais ça l’avait dissuadé de recommencer à faire des vagues pour les six mois qui avaient suivit.
Depuis, Kathleen travaillait au poste de police, alors Logan faisait son possible pour être discret et surtout, pour ne plus se faire prendre. De toute façon avec les années, il s’était légèrement assagit.
Il se saoulait toujours autant, mais il avait arrêté de se battre dans les bars.

De toute manière il s’en foutait, ils n’avaient pas été prit et il préférait largement la manière dont les choses avaient tournées. Cet incendie leur avait sauvé le cul et maintenant il comptait bien en profiter. Pour une fois qu’il avait de la chance, pour une fois que sa bonne étoile se réveillait de sa léthargie, il n’allait pas cracher dessus.

Il avait presque rit à la dernière remarque de la jeune femme, seulement celle-ci n’était pas en mesure de le voir parce qu’il avait plongée dans son cou pour l’embrasser maintenant qu’elle s’était retournée vers lui.
Elle était directe, c’était juste parfait. Pourquoi il n’y avait pas plus de fille comme elle dans les alentours ? Pas de chichi, des blablas mais pas de prise de tête, elle allait droit au but et ne jouait pas les nénettes inaccessibles juste pour le faire bouillir.
Puis elle était déjà en soutiens gorge alors que demander de plus ? C’était juste trop parfait et quelque part dans la tête du jeune comptable, il était déjà entrain de se demander de quelle manière son enculée de bonne étoile allait lui faire payer le bol qu’elle lui accordait ce soir. Ca ne serait pas gratuit il en était certains. Si il avait de la chance maintenant, demain serait forcément un jour pourri.
N’empêche qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour quelque chose qui ne s’était pas encore déroulé. Surtout quand une fille en soutif’ s’acharnait sur sa ceinture.
Du coup les baiser dans la nuque de Colleen s’étaient fait un peu plus insistant, elle le prenait par les sentiments. Et pendant que sa première main venait se coller contre la hanches de la jeune femme, l’autre se perdait déjà vers la bretelle de son soutiens gorge.

Seulement ils étaient toujours dehors. Ca ne le dérangeait pas de faire ça dehors, enfin du moins, elle l’avait décoincé de ce côté-là. Seulement pas dans la rue quand même… il était très loin d’être assez saoul ou déchiré pour ne pas se rendre compte qu’ils risquaient tout de même d’être vu. Incendie ou pas il y avait toujours une paire d’yeux pour trainer dans les rues.
Du coup, il délaissa à regret la bretelle pour venir tâtonner en aveugle après la porte et la refermer dans un grand claquement sec.
Voilà, c’était bon, enfin ! Le seul problème c’est qu’il n’y voyait pas à trois centimètre et ne connaissait presque pas la maison. Et les mains de Colleen en dessous de sa ceinture ne l’aidaient franchement pas à se concentrer.

Cela dit, la lueur de la lune éclairait très faiblement la pièce et il put distinguer la forme d’un sofa non loin d’eux. Il fit donc reculer la jeune femme pas à pas en remontant vers ses lèvres et en cherchant désespérément l’attache du soutien gorge de la jeune femme.

L’instant d’après il s’était sentit partir en avant et ses yeux à demi-clos s’étaient soudainement agrandit, juste avant qu’ils n’atterrissent par terre. Il avait réussit à amortir la chute, sans doute provoquée par le rebord du tapis sur le quel ils avaient tous les deux trébuché.
Tant pis pour le divan, un tapis c’était très bien aussi. Il manquait juste la cheminée et le verre de vin ! Du coup Logan ne s’arrêta pas en si bon chemin et maintenant qu’il était plus ou moins couché sur elle, il pouvait passer à l’étape de la main sous la jupe. Parfait !

Les quelques gorgées d’eau bien fraiche qu’il venait d’avaler lui avaient fait du bien. Le truc que lui avait fait fumer Colleen lui asséchait complètement la bouche. Le pire, c’est qu’elle venait d’en rallumer un, la fumée à elle seule semblait venir pulser à l’intérieur de son cerveau.
Pour l’instant il ne se sentait pas totalement en phase avec l’idée de tirée une bouffée de plus sur ces machins. Il préférait se concentrer sur la bouteille de vin, pour trinquer !
Il essaya de déchiffrer l’étiquette, mais dans cette pénombre c’était un peu peine perdue, et de toute manière ça n’était pas comme si Logan avait jamais été difficile sur la qualité des alcools qu’il ingurgitait. La première piquette venue lui suffisait amplement.
Maintenant qu’il avait moins chaud, il pouvait se permettre de passer aux boissons qui ne désaltèrent pas de toute manière.

Il étouffa un frisson provoqué par les doigts de Colleen sur son dos, puis se concentra sur le bouchon réfractaire de la bouteille de vin avant de répondre à la jeune femme.
Dormir avec une fille, c’était différent que de coucher avec elle. Ca faisait tout de suite plus officiel et il continuait de se demander ce que Colleen lui voulait exactement. Jusque là, elle ne l’avait pas emmerdé avec des discours chiants sur leur relation ou quoi que ce soit de trop typiquement féminin, et il avait envie que ça reste comme ça. Si Colleen se mettait à vouloir plus, elle allait se rendre compte que c’était impossible avec lui, pour tellement de raisons qu’il était inutile de les passer en revue, et elle allait le fuir. Alors même si il ne voulait pas devenir son Grifith numéro deux, il ne voulait pas non plus qu’elle se mette à l’éviter.
Cela dit, ça n’était pas comme si elle lui avait demandé d’emménager. Il devait juste resté vigilent quant aux malentendus.

Il haussa donc une épaule, celle sur la quelle Colleen n’était pas couchée, juste avant que le bouchon de la bouteille ne cède enfin.

« Ouais ok » répliqua le jeune homme.

Puis il porta la bouteille à ses lèvres et n’en décolla plus le goulot jusqu’à ce qu’il ce qu’il se mette à manquer d’air. C’était pas de la piquette, il avait sa réponse. Logan haussa les sourcils pour complimenté silencieusement le breuvage et en reprit une lampée.
Se faisant, il laissa ses yeux sombres vagabonder sur le décor. Il ne distinguait pas grand-chose puisqu’il faisait nuit et qu’il n’y avait aucune lumière allumée dans la maison, mais son regard s’était habitué à la pénombre et il pouvait constater que le décor n’était pas dégeu.

« Waw… j’comprends pas pourquoi c’est toujours toi qui viens chez moi. T’as de la place pour au moins trois familles de chinois ici. Mon appart’ entier rentrerait dans ton salon… et j’exagère à peine » sourit-t-il vaguement en lança un bref regard vers l’étage.

Puis il tendit la bouteille de vin à la demoiselle en tenue d’Eve. Pour se consoler, il se pencha sur la bouteille de vodka. C’était moins bon sur le palet, mais côté pourcentage, c’était du costaud. Il la déboucha à son tour et tandis qu’il buvait, se rappela à quel point les mélanges étaient traitres… tant mieux !

Non mais qu’est-ce qu’elle essayait de faire là exactement ? Ca avait tout l’air qu’elle essayait d’avoir l’une de ces discussions profondes que l’on a lorsqu’on est trop saoul pour contrôler sa bouche. Peut-être qu’elle en était déjà là de son côté, elle qui se rajoutait la fumette à l’alcool, pourtant ça n’était pas son cas. Pas encore du moins. Il n’avait pas ingurgité assez d’alcool et de substance pour devenir bavard. Dans le parc il s’était pas mal embrouillé le cerveau, seulement l’intervention du shérif, l’incendie, le coup de feu puis la partie de jambes en l’air l’avait dégrisé. Logan était revenu sur terre. Cela dit il s’employait activement à retourner planer sous d’autres sphères. Il avait ce qu’il fallait dans les mains pour ça, à savoir, une bouteille de vodka a qui il comptait bien régler son compte ce soir même.

Bref, si Colleen espérait communiquer avec lui, elle allait devoir s’armer de patience. Cela dit il trouvait ça… mignon. Ca le faisait marrer de la voir se rétracter à chaque truc qu’elle disait. Elle avait presque l’air de s’excuser d’ouvrir la bouche. Pour Logan, elle pouvait parler si c’était ce qu’elle voulait faire. Ca n’était pas comme si il avait quelque chose de mieux a entreprendre là dans l’instant. Il était là, et elle aussi, ils venaient de baiser, alors si elle voulait causer, qu’a cela ne tienne.
Le problème résidait surtout dans le fait qu’il était un peu utopique d’espérer une réponse.
Généralement il en avait des réponses. Seulement il ne faisait qu’y penser et voilà. La plus part du temps c’était ce qu’on espérait de lui. Qu’il se taise. Dans sa famille en tout cas.
Pour Colleen ça lui donnait juste l’air d’un « traumatisé sous le choc qui ne parle plus ». Tant pis, il avait entendu pire. Et puis c’était peut-être ce qu’il était. En partie, parce que c’était plus compliqué que ça. Et s’il y avait bien une chose dont il lui était interdit de parler, c’était celle-là…
Il accueillit cette pensée avec une nouvelle rasade d’alcool, ses yeux sombres et amusés toujours braqués sur la jeune femme.

« Si tu veux parler, tu peux parler. Ca me gêne pas. Moi j’ai rien à dire mais... ça me gêne pas » soupira-t-il, la gorge en feu.

Il fit suivre sa remarque d’un petit sourire avant de tendre la bouteille de vodka à sa propriétaire. En échange, elle lui proposa le pétard. Logan l’agrippa mais ne le porta pas directement à ses lèvres. Il avait des doutes sur ce machin ! Tout à l’heure lorsqu’il y avait goûté pour la première fois, il s’était sentit bizarre. Tellement bizarre qu’il avait eut peur de se sentir mal durant quelques étranges petites secondes. Ca faisait battre le cœur trop fort, même lorsqu’il ne se passait rien, ça asséchait la bouche et ça lui donnait l’impression d’avoir la conjonctivite. Puis c’était difficile de réfléchir avec ça dans le sang. Il se demandait comment Colleen faisait pour encaisser sans péter les plombs. Elle avait peut-être moins de pensées étranges dans la tête.

« Ca fait longtemps que tu fume ça ? » questionna Logan « C’est… un peu bizarre nan ? » ajouta le comptable en se grattant la tête, le regard fixer sur le bout incandescent de la cigarette.

Elle voulait discuter ok, il voulait bien vaguement essayer. Seulement, les sujets qu’elle avait abordés ne lui plaisaient pas.
La nature de leur relation, l’enfance, les parents, blablabla, ça craignait comme sujet. Il préférait parler de défonce que de se laisser aller au reste. Surtout si il décidait finalement de fumer à nouveau. Pour l’instant il se tâtait encore, alors il lui laissait tout le loisir de le convaincre de le faire, ou pas.

Logan aurait préféré que Colleen ne lui donne pas tous ces avertissements concernant le pétard. Parce que justement, au moment où elle s’était mise à lui faire la leçon, à lui dire qu’il allait se sentir mal, une bouffée étrange lui était monté directement au cerveau. Ca n’était pas encore qu’il se sentait mal. Cela dit ça n’était pas comme si il se sentait bien. La difficulté c’est qu’il avait l’impression de pouvoir glisser d’un côté comme de l’autre à tout moment.
Du coup, lorsqu’elle s’était ruée sur lui pour reprendre sa substance étrange, il l’avait complètement laissé faire. Il allait arrêter de toucher a ça, jusqu'à ce qu’il arrive à déterminer si il aimait ce que c’était entrain de lui faire ou pas. Pour l’instant il était incapable de le dire. D’ailleurs c’était bien simple, il aurait été incapable de dire quoi que ce soit.
Il avait l’impression de tomber de l’intérieur. C’était les seuls mots qu’il trouvait pour décrire ce qu’il ressentait pour le moment. Et puis la postière se trompait pas mal en affirmant qu’il allait avoir trop chaud. C’était plutôt du froid qu’il ressentait. Mais un froid bizarre, un froid intérieur. Comme si son sang s’était soudainement décidé à quitter ses joues, ses mains et ses pieds bottés.
Sans parler de son cœur qui s’était remit à battre comme un fou alors qu’il ne bougeait même pas un muscle.

« Ne pas savoir se dessaper tout seul, c’est là tout le principe de se déchirer la tête, Colleen » dit-il d’une voix normale mais légèrement lointaine, sur un ton d’une grande sagesse.

Ca lui arrivait souvent de ne même pas essayer de se changer après une cuite. Il se contentait de se coucher dans un coin et de laisser l’alcool quitter son sang avant d’entreprendre le moindre exercice.
Il fut tout de même étonné d’être capable de sortir une phrase aussi construite, sur un ton si bien contrôlé, alors qu’en réalité a l’intérieur de son cerveau, c’était Mission Tempête du Désert.
Il avait l’impression que quelqu’un d’autre avait emprunté sa bouche.

Je plaide l’innocence.

Oh ! Logan l’avait oublié celle-là ! Ca l’avait fait sursauté de l’entendre lui chuchoter à l’oreille.
C’était l’avantage des moments passés avec Colleen. Elle le faisait changer d’aire et du coup, ça éloignait son esprit des trucs bizarre qui pouvaient s’y passer des fois. Du moins c’était moins persistant lorsqu’il était en sa présence. Elle avait cette aura relaxante et détendue, et c’était contagieux, même pour lui qui était pourtant si hermétique a tout et tout le monde.

« Ca m’arrive tout le temps de dormir avec mes bottes. Une fois, j’me suis même réveillé avec des bottes qui étaient pas à moi. J’sais pas comment elles étaient arrivées là » sourit-il vaguement, en s’écoutant à peine lui-même.

Il venait de décider qu’il allait se redresser, sans renverser la moindre goûte de vodka sur le tapis, pour aller s’affaler dans le divan. Il commençait à avoir mal au dos ainsi vautré par terre.
Il se laissa tomber en arrière et se vautra au maximum.

« Grifith à jamais essayé de fumer avec toi ? » questionna-t-il en affichant un petit rictus amusé.

Ouais, il avait oublié que causer de Grifith était délicat, surtout à l’intérieur de ces murs où lui et Colleen avaient passés autant de temps ensemble. Ca ne le concernait pas alors il avait du mal à s’y faire et a avoir la présence d’esprit de tenir sa langue les rares fois où il s’en servait.
Du coup, Colleen se mettait à aborder des sujets compliqués, désagréables, réalistes, et ça n’était pas que Logan rechignait à l’écouter parler de ses problèmes non. Quoi qu’elle dise, ça lui allait toujours puisque lui ne savait jamais vraiment comment entretenir une conversation. Le souci à ce stade, c’était plutôt que Logan était un peu trop à l’ouest pour capter quoi que ce soit d’un peu subtile et compliqué. Les relations humaines, c’était toujours subtiles et compliqués. Là, c’était pire encore car il s’agissait d’une rupture qui craignait pas mal. Toute cette histoire de triangles amoureux c’était vraiment le merdier. Et lorsqu’on remuait la merde, ça puait, c’était bien connu. C’était pour ça que Logan devait éviter de parler de Grifith.
Ou alors peut-être juste pour l’insulter ! Peut-être que ça ferait plaisir à Colleen de pouvoir se foutre de la poire de son ex fiancé avec quelqu’un ?
Bon… il retenait l’idée, mais pour plus tard, parce que le temps qu’il pense à tout ça, Colleen ne l’avait pas attendu bien entendu. Elle avait continué de papoter.

Coucher avec une fille ! Voilà qui était un sujet beaucoup plus intéressant et beaucoup moins subtil ! Il pouvait parfaitement imaginer la scène et c’était une image vachement plaisante.
Du coup, lorsque Colleen éclata de rire, il ricana en même temps, jusqu’à ce qu’une image s’impose à lui. Il avait fait l’erreur de s’imaginer à la place de Colleen. Se réveiller dans un pieu à poil avec un autre mec à poile a côté. Pwah, une goûte de vodka par-dessus ça et il allait effectivement gerber ses entrailles !! Il cessa de rire presque instantanément et préféra revenir au chapitre précédent de ses pensées pour ne pas aller plus loin. Colleen et une nana bien roulée avec un piercing au téton. Génial. Logan sentait que l’autre image tentait de revenir à la charge, mais il s’obstina à la chasser. C’était obscène et dégelasse !

Cela dit, ce qui sortit de sa bouche n’avait absolument et parfaitement rien à voir. Il en fut surpris lui-même.

« Hey… j’viens de réaliser que toi c’est Colleen Jefferson. Et tu vie dans east Jefferson. Ton nom c’est le même nom que le nom de ta rue ! » réalisa-t-il en ouvrant de grand yeux étonnés qu’il braqua sur le plafond sans vraiment le voir, sa tête reposant contre le dossier du divan « Y’a pas de rue Redd à Grayson » ajouta le jeune homme en arquant l’un de ses sourcils sombres « Mais je m’en fou un peu. Ca serait une rue naze. »

Il poussa un léger soupire et ferma lentement les yeux. Sa tête était lourde et s’il se laissait aller, elle retombait mollement sur son torse. D’ailleurs c’est ce qui venait de se passer et le mouvement lui faisait tourner la tête. Il rouvrit les yeux, comme saisit par son propre état. Il commençait enfin à planer un peu. Maintenant que les images gays avaient désertés son cerveau sans y laisser la moindre trace, il pouvait se remettre à boire. Il y était presque.
Il observa d’abord sa main qui tenait encore la bouteille de vodka, et se concentra pour qu’elle atteigne sa bouche. Il bleffa un peu sur son menton, essuya les quelques goûtes d’un revers de main puis tendit la bouteille à Colleen.

« J’ai faim » informa-t-il la jeune femme.

Il n’avait pas souvent faim, et lorsque son estomac était creux il préférait le remplir d’alcool parce que du coup il était plus vite saoul. Mais là c’était le genre de faim qui le vidait de son énergie et il se sentait comme une pile à plat. Son estomac venait de se mettre à se tordre et il se sentait comme un Kossovar en temps de guerre. Il fallait qu’il mange où il ne pourrait plus jamais bouger et serait condamner à mourir sur le divan de Jefferson de la rue Jefferson…

Pars sans moi ! Attends-moi ! Ecoute-moi ! Ne joue pas à l’homme, fais attention, avale ceci, mets-toi là. Mange et va dormir !
Logan avait du mal à savoir comment réagir face à ce petit bout de femme au trois quart nue qui distribuait ses petits ordres. Elle lui faisait penser à une maman. Maintenant le tout était de savoir si la vision qu’elle lui inspirait était positive ou négative.
Une chose était certaine, sa mère à lui ne ressemblait pas a ça du tout. Tracy était une femme silencieuse et effacée. C’était surtout une femme distante, distraite. Présente avec son corps, mais pourtant lointaine de sa présence. Impossible de savoir ce qu’elle pensait de quoi que ce soit, de connaitre son avis sur les choses. Un manque de personnalité dont Logan pensait avoir hérité en quelque sorte.
Pourtant, même si cette pensée-là n’était pas positive, loin de là puisqu’il n’avait jamais été proche de sa mère, ça n’était pas cette impression là qu’il avait lorsqu’il observait Colleen. Chez la jeune postière on sentait du relief, de la vie, on sentait une personnalité propre et un caractère bien trempé. On sentait aussi son implication. Elle était loin d’être passive comme lui ou comme l’était sa mère. Et même si elle s’avérait vraiment bizarre parfois, atypique, hors du commun, un peu cinglée, elle lui semblait pourtant beaucoup plus saine et plus normale que sa propre famille, ou que lui-même, en fin de compte.

En définitive, il aimait bien que Colleen fasse preuve d’autant d’aplomb. Il aimait bien qu’elle ose lui parler aussi. Car en plus d’être peu bavard, son insipidité semblait contagieuse la plus part du temps. Les gens étaient mal à l’aise en sa présence, et ils n’avaient généralement rien à lui dire. Kathleen par exemple, il sentait bien qu’elle se sentait mal à l’aise lorsqu’il était là.
La seule autre personne qui lui parlait avec aussi peu de retenue, c’était Nathaniel. Le reste du monde semblait à court d’idée lorsqu’il s’agissait de communiquer avec lui.
Colleen semblait se foutre complètement qu’il parle ou pas, et elle n’avait pas l’air mal à l’aise pour un sous. Que du contraire…

« Tu vas manger du chili toute nue ? » questionna Logan qui éluda absolument tout ce qu’elle avait dit d’autre, comme si tout ça ne lui avait pas vraiment été adressé et qu’il était en fait un spectateur d’une conversation entre Colleen et quelqu’un d’autre.

« Le trip des filles à poile qui jouent dans la bouffe ça m’a jamais vraiment fait bander, mais si tu veux te tartiner les seins avec, j’dis quand même pas non » lança le jeune homme, l’air de rien.

Puis il baissa ses yeux sombres sur sa fourchette, l’agrippa à pleine main et entama le plat de chili sans plus rien ajouter. Il laissa tout de même un rictus mutin s’afficher sur ses lèvres.
Elle avait de penser qu’il était aux frontières de la mort par overdose ou quelque chose comme ça. Oui bien entendu, il était plutôt loin, mais il avait été dans pires états auparavant. Il ne l’avait pas attendu pour essayer de se déchirer à mort au sens propre. Alors même si cette défonce était différente de d’habitude, il n’en restait pas moins qu’il savait encaisser.
N’empêche qu’il en était arrivé à une conclusion positive sur l’attitude de Colleen envers lui. Il aimait bien qu’elle joue à la maman, il trouvait ça amusant, alors si elle voulait materner, qu’elle le fasse, ça l’arrangeait.

Cela dit, il ne pu garder son sérieux bien longtemps, et étouffa un fou rire grâce à une fourchettée de chili qu'il s'enfonça dans la bouche.

Logan avait docilement hoché la tête à tout ce que lui avait raconté Colleen tandis qu’il mangeait le chili qu’elle lui avait servit. Elle n’attendait pas forcément qu’il réponde à chaque fois, il avait fini par le comprendre et depuis, c’était plus facile de l’écouter, parce qu’il n’était pas sans cesse occupé à se demander ce qu’il convenait de répliquer ou pas. Elle papotait et lui répondait si jamais il en avait envie, et elle n’avait jamais vraiment râlé sur cette manière de communiqué. C’était ça qui était bien avec elle, elle se plaignait rarement.
Cela dit c’était loin d’être une science exacte. Pour le coup, Logan aurait préféré que la jeune postière n’aborde plus le sujet de l’incendie de ce soir. Lui aussi avait entendu les détonations. Seulement ils s’étaient déjà éloignés et il ne savait toujours pas le fin mot de cette histoire. Pas mal de scénarios catastrophes étaient possibles à partir de maintenant. D’un côté, ça lui brûlait de retourner sur les lieux pour voir ce qui s’était passé, d’un autre, il espérait qu’ils aient tous brûlés et se fichait pas mal de ce qui s’était finalement passé dans le parc après leur départ.
Car après tout Colleen avait raison, lui et Nathaniel étaient censés s’occuper des feux d’artifices. Le mois dernier Logan s’était accusé pour le saccage de la maison des Donnelly, qui avait eut lieu durant une séance de cinéma plein air également. Bref, c’était presque certain qu’on allait lui demander des explications sur sa soirée. Cela dit, c’était certainement Declan qui allait s’occuper du problème, comme d’habitude. Et ce brave shérif savait bien qu’il n’était pas responsable de l’incident du mois dernier, Kathleen lui avait vendu la mèche. Et ce gros con n’avait rien dit à personne. D’un côté c’était mieux comme ça, surtout pour Kathleen. D’un autre côté, Logan en voulait au policier. Cela dit il s’était foutu là-dedans tout seul. Ca avait été son idée du début à la fin. Difficile de prévoir qu’un feu se déclencherait aujourd’hui pour en refoutre une couche…
N’empêche que cette fois, il avait de la chance, si on pouvait appeler ça comme ça. Cette fois-ci, ça n’était bien entendu pas Kathleen qui était à l’origine de tout ça, et il n’avait aucune raison de se frotter de trop près à toute cette histoire. Puis surtout, surtout ! Colleen était là pour certifier qu’elle avait passé sa soirée avec lui. Raison de plus pour ne pas se tirer de chez elle et y rester planqué. Elle pourrait certifier plus longtemps. Surtout qu’il n’avait envie d’aller nulle part alors c’était parfait.

Lorsque la jolie postière l’incita à la rejoindre, Logan s’arracha a ses pensées compliquées, du moins, juste assez pour dicter à son corps de se relever et de la suivre. Ils quittèrent la cuisine et se dirigèrent vers l’étage. La partie escalier, ça n’était jamais une partie facile. Cela dit, maintenant qu’il avait mangé, Logan était plus ou moins de retour sur terre et la corvée ne fut pas trop insurmontable. Pourtant Logan avait encore la tête ailleurs.
Grifith avait très certainement entendu parler des rumeurs sur Colleen et lui, et malheureusement, l’ex-petit ami de la jeune femme était l’adjoint du shérif. Et tout le monde savait qu’ils étaient potes. Declan n’avait jamais pu sentir Logan puisqu’il était un Redd. Et si jamais ils décidaient de lui foutre ça sur le dos aussi ? Si jamais il y avait eut des morts durant cette explosion et qu’on venait à l’accuser, il allait avoir du mal à éviter le pire cette fois.
Il avait bien conscience que ses pensées n’étaient pas très réalistes, pourtant il n’avait aucune confiance envers les habitants de Grayson, et envers Grayson elle-même. Ici, la logique et son contraire avaient tous les deux leurs places.

« Et si… si les flics venaient te poser des questions sur moi, tu leurs dirais qu’on était ensemble ce soir, nan ? Ca serait pas un mensonge, c’est la vérité »

Ca mon ami, c’est une question de coupable…

C’était la troisième ou la quatrième fois que Colleen lui répétait qu’il pouvait s’en aller s’il le voulait. Elle le répétait tant et si bien que Logan commençait à avoir l’impression que c’était elle qui avait en réalité envie qu’il parte. Peut-être que c’était sa manière de le lui faire comprendre. Alors quoi ? Est-ce qu’il devait partir ? Au fond il n’avait pas envie de partir, et il certainement pas envie que Colleen ait envie de le voir partir. Seulement comment savoir ?
Maintenant qu’il avait laissé son esprit s’égarer que quelques chemins négatifs, il avait du mal à en ressortir. Peut-être que c’était simplement son imagination. Peu importe, si elle le lui disait encore une fois il aurait compris le message et s’éclipserai le plus discrètement possible.
Cela dit elle était déroutante, elle lui lançait ça l’air de rien et enchaînait avec pleins d’autres sujets qui donnaient l’impression qu’elle avait envie de papoter et pas de se retrouver seule.
De toute manière ça l’arrangeait qu’elle enchaine et change elle-même de sujet parce que parler de l’incendie de ce soir et des possibles problèmes que ça allait lui apporter, ça n’était pas vraiment ce qu’il avait envie de faire pour le moment.
Ce qu’il avait envie de faire c’était de boire. Du coup, pour aider son esprit à se recentrer, Logan s’avança vers la jeune femme et s’enfila quelques rasades d’alcool à grosse gorgée.
Il déposa ensuite la bouteille sur la table de chevet à côté du lit mais ne s’y allongea pourtant pas. Il se détourna silencieusement pour poser ses yeux sombres et examiner la chambre.

Il avait du mal à imaginer que Grifith ait dormit dans cette piaule. L’endroit était beaucoup plus à l’image de Colleen qu’a celle de leur adjoint préféré. Cela devait certainement venir du fait que Grifith souffrait d’un manque cruel de personnalité, mais pas Colleen. Au contraire, elle, elle en avait pour deux, voir trois personnes. D’ailleurs il aimait plutôt bien cette maison et ce qu’en avait fait la jolie postière. C’était accueillant et chaleureux, un peu à son image.
Pas comme chez lui en tout cas. D’ailleurs Logan continuait de se demander pourquoi il n’était pas venu plus tôt ici. Il ne put de nouveau pas plus s’attarder sur cette question existentielle majeure car le bruit de la sirène des pompiers vint le distraire dans ses réflexions. Le jeune homme toujours torse nu s’avança jusqu'à la fenêtre et entrouvrit un rideau pour lancer un coup d’œil à l’extérieur. On ne pouvait pas voir la rue et il n’aperçu rien d’intéressant si ce n’est quelques vagues halos clignotants quelques part aux alentours.

« Quitter Grayson » répéta Logan d’un ton lointain, ses yeux noirs toujours fixés sur l’extérieur de la maison « … Mouais… p’tètre un jour, qui sait… » lança-t-il distraitement pour éviter qu’ils aillent plus loin dans le sujet.

Jamais il ne quitterait Grayson. Pas qu’il n’en n’avait pas envie, au contraire. C’était juste comme ça, c’était les règles et comme beaucoup de règles, il n’avait guère d’autres choix que de s’y plier. Ca avait toujours été comme ça alors à force, il s’y était fait. Le mieux était tout de même d’éviter d’y penser.

« T’as pas besoin de me payer pour un dessin » reprit le jeune homme un ton plus fort, détachant son regard de la fenêtre pour le ramener vers la jeune femme « J’ai pas besoin d’argent toutes façons. Pi’ tu me paye déjà en nature » sourit-il, grivois.

Il revint sur ses pas et se rapprocha du lit où il se laissa finalement tomber en position assise, les épaules voutée par son flegme habituel.

« Tu veux que je parte ? » demanda-t-il finalement en tournant la tête vers Colleen derrière lui sur le lit.

Et bien, et bien ! Mais en voilà de belles déclarations ! C’est tout à fait mignon tout ça !

Et nouveau aussi. Les sourcils de Logan s’étaient froncés en une expression mi-étonnée, mi-méditative. Quel genre de personne disait ce genre de truc dans la réalité ? « Je t’adore, tu es mon meilleur ami ». Surtout à lui ! Pas qu’il désapprouve, pas du tout même, seulement ça sonnait vraiment étrange, c’était la première fois qu’il entendait un être vivant dire ce genre de chose en vrai. Surtout que c’était sincère ! Enfin normalement ça l’était, il voyait mal pourquoi elle aurait dit ce genre de chose si elle ne le pensait pas. Ca sonnait comme dans ces séries niaises que sa mère regardait à longueur de journée pendant qu’elle cuisinait, repassait, faisait le ménage dans sa maison déjà propre. Enfin, c’était les séries qui étaient niaises, pas ce qu’elle avait, parce que dans la bouche de Colleen, ça sonnait drôlement mieux que dans celle de Monica de Friends…
Elle disait aussi qu’elle ne voulait pas qu’ils s’étouffent. Très bonne nouvelle en soit. Seulement, Logan se sentait tout de même dans l’obligation de répondre quelque chose.
La réplique qui lui venait pour l’instant c’était « cool ». Mais quelque chose lui disait que ça ne rivalisait pas vraiment avec la profondeur des paroles bien intentionnées de son hôte. Un peu plat en somme comparé à un très joli « Je vais des milliards de fois mieux depuis que je traîne avec toi ».

Cela dit il se voyait vraiment mal lui sortir ce genre de phrase. Pas assez saoul pour ça !
A cette pensée, Logan avala compulsivement quelques gorgées d’alcool dans l’espoir que le liquide et ses petits pourcentages magiques l’aideraient à réagir comme une personne plus ou moins normale. Le fait était que Logan pensait beaucoup mais qui peu de ce qui lui traversait l’esprit passait un jour la barrière de ses lèvres.
Enfin à bien y réfléchir, c’était surtout parce qu’on l’écoutait rarement causer alors du coup il s’était fait une raison et avait appris à garder son avis pour lui. Cela dit Colleen de son côté avait l’air toute disposée à écouter tout ce qu’il avait à dire. Ca le bloquait encore plus que quand on ne voulait pas l’écouter. Ironique. De toute façon mieux valait qu’elle n’en sache pas trop sur ce qui lui passait par la tête. C’était certainement bien trop glauque pour elle, et son discours aurait certainement changé de ton si elle avait su qui était vraiment « son meilleur ami ».

Enfin ça, ça restait un sujet taboo qui n’existait pas la plus part du temps. Seulement quelques fois par an qu’il fallait passer le reste du temps à occulter.

Du coup, lui qui pensait effectivement trop avait laissé ses pensées vagabonder dans des coins un peu trop boueux. Plus vraiment le courage de chercher quelque chose de plus étoffé qu’un « cool ».
Cela dit… son « cool » ne sortit pas non plus, et il se contenta d’une nouvelle gorgée d’alcool.
Le jeune homme laissa passer quelques secondes d’un silence qu’il trouvait lourd, puis fini par se racler la gorge et lancer à la postière une œillade vaguement amicale.

« Je préfère rester » lança-t-il tout de même histoire qu’elle ne pense pas qu’il songeait à se tirer.

Logan ignorait totalement s’il était susceptible de se lever avant Colleen. Généralement il était un très mauvais dormeur et devait attendre des plombes avant que le sommeil ne le trouve, pour finalement être harcelé par des cauchemars oppressants qui ne l’aidaient pas à se reposer. Du moins c’était le cas lorsque c’était la nuit. Le jour, son sommeil était toujours meilleurs, seulement il avait rarement l’occasion de dormir au garage. Nathaniel ne le laissait pas faire.

Seulement ce soir il avait pas mal bu, et prévoyait de boire encore, ce qu’il fit d’ailleurs, tandis que Colleen l’enjambait à nouveau pour retourner se vautrer de tous son long sur le lit, s’étirant comme une petite chate malicieuse derrière lui. Sans compter qu’il avait fumé aussi, et pour la première fois, alors il y avait peut-être des chances que les mixtures de Colleen l’aident à trouver le sommeil.
Généralement, il dormait seul, et avoir quelqu’un à côté de lui le troublait un peu sans qu’il ne sache vraiment si c’était une bonne ou une mauvaise chose.

Le jeune homme se pencha en avant pour défaire les lacets de ses grosses bottines. Il se débarrassa ensuite rapidement de son jean et s’assit en tailleur sur le lit, la bouteille entre ses jambes.
Ils restèrent un long moment sans parler pourtant le silence n’avait rien de pesant. Du moins il ne l’était pas pour Logan et il espérait que ça soit pareil pour Colleen de son côté. C’était un silence reposant dont le jeune homme avait bien besoin après l’agitation de toute cette soirée. Declan, le feu, leur partie de jambe en l’air sur le tapis. Maintenant que le rythme ralentissait un peu il se rendait compte à quel point il se sentait déphasé.

N’empêche, la soirée n’était pas perdue. Ils s’étaient bien amusé sur le tapis, il avait bien mangé, et pendant que lui se prélassait dans un pieu confortable avec une superbe petite créature à ses côtés, Grifith lui, se battait peut-être encore avec les flammes de l’incendie, peut-être des blessés. Et une fois cela fait, il retournerait là où il voulait mais ça serait seul. Logan aurait voulu ressortir et aller le trouver juste pour le lui dire. Cela dit c’était trop fatiguant comme idée, et il voulait éviter que Grif ne lui casse la gueule. Du coup Logan se contenterait de jubiler en silence en espérant qu’un jour, l’adjoint du shérif apprendrait ce qui s’était passé dans son ancien lit.

Encore fallait-il qu’il se passe quelque chose dans ce lit !
Le jeune homme détourna ses yeux sombres du goulot de la bouteille qu’il fixait jusque là pour poser son regard sur le dos nu de la demoiselle. Après une dernière gorgée de vodka, il finit par s’allonger, prenant appui sur son coude. Il tendit négligemment la bouteille à sa propriétaire puis fit craquer sa nuque dans une grimace douloureuse.

« Tu veux dormir maintenant tout de suite ? » demanda-t-il à la jeune femme.

Il espérait bien entendu que la réponse soit non, parce que jusqu’à maintenant, le meilleur remède qu’il avait jamais trouvé au manque de sommeil, c’était une partie de jambe en l’air.