03.1. When the pickles go down [Suzanna & Declan]

" Suzie, ma puce, t'es déjà rentrée?"
Declan ferma la porte d'entrée de chez lui, à Madison Street.
" Suzanna !!!" dit le Shérif en donnant un peu de la voix, et toujours pas de réponse. Il était dix neuf heure déjà, la moindre des choses quand même était que sa fille l'accueille quand il rentrait chez lui. Si seulement sa femme était encore de ce monde.
" Toujours le même chose ici, on a beau tout faire pour ses foutus gosses, jamais ils ne sont la pour rendre la pareille." morigéna t'il dans ses dents, " Elle pourrait au moins répondre."
Accrochant sa veste au porte manteau de l'entrée, il s'avança dans la cuisine pour se faire un sandwich, il n'avait pas le temps de commencer à préparer un repas chaud. Suzie n'aura qu'à réchauffer les restes si elle veut pensa le shérif. Pourtant, il savait que si elle lui demandait d'aller au restaurant ou de lui préparer un petit plat, même étant fatigué après cette journée, il le ferait. Passé le seuil de sa maison, celui qui prenait n'était plus lui, du moins, sauf quand il s'agissait de sortir le portefeuille.
" Jambon, tomate, ... elles sont où ces saletés de tomates ... là ... et les cornichons ... huuuummmmm"

*Schlongzz*

"PUTAIN FAIS CHIER !!! BOCAL A CORNICHONS DE MERDE"

Le bocal, bien que presque vide, avait explosé, propulsant vinaigre et éclats de verre un peu partout sur le sol de la cuisine. Declan déposa, ou plutôt largua sans aucune précaution dans le frigo avant de claquer la porte sans aucun état d'âme.
"Bien sur, mais bien sur ... ça aurait pas été complet si j'en avais pas plein les pompes. Saleté saleté saleté !!!"

**Invité** Invité

Suzanna rentrait d’une journée bien remplie à la ferme Fergusson. Elle avait essayé de séduire le jeune Donnelly. Mais ce n’était pas encore pour aujourd’hui. Aidan ne lui avait pas prêté plus d’attention qu’à l’habitude. De plus, elle s’était disputée avec Casey sur sa façon de se conduire dès qu’il y avait un garçon dans les parages. C’est donc légèrement vexé et de mauvaise humeur que l’adolescente revenait dans son foyer. La voiture de police se trouvait devant la maison. Bien, son père était rentré avant elle. Cela faisait une éternité que ce n’était plus arrivé. Suzie respirât un coup avant de rentrer. Elle ouvrit la porte et entra sans bruit. Elle entendait son père marmonner dans la cuisine. La jeune fille regarda le portrait de famille qui ornait l’entrée. Une photo des temps heureux. Sa mère, son père et elle, tout trois réunit. Pour la dernière fois malheureusement. L’image avait été prise lors d’un pique-nique dominical. L’adolescente posa de sa main un délicat baiser sur l’image glacée de Marie Spelling. Une habitude prise depuis des années. Mais son attention fut rapidement détournée par un bruit venant de la cuisine suivit d’un monceau d’insanité sortant de la bouche de son père. Suz’ prit sa poupée qui gisait dans son sac à main. Elle posa ce dernier près du porte manteau et se dirigea vers la cuisine. Elle serait bien montée directement dans sa chambre mais elle mourrait de faim. La journée avait été longue et fatigante. Elle apparut dans l’encadrement de la porte. Son père venait de claquer violement le frigo et cela la fit sursautée. Elle ne put retenir un petit cri.

Declan l’aperçût alors. Il était toujours en uniforme. Ce qui voulait dire qu’il venait juste de rentrer. Il ne semblait pas d’humeur très jovial. Ils se regardaient comme deux chiens de faïence. Suz’ sortit une banalité afin de briser le silence.

Ca a été la journée au boulot ? Je suis passé te voir au bureau mais il n’y avait personne.

Bon et maintenant que dire ? Ils n’avaient jamais grand choses à se raconter. Suzie ne perdait plus son temps à expliquer les tracas de l’adolescence et préférait se confier à Molly. D’ailleurs cette dernière était toujours dans ses bras. Fermement serré contre sa poitrine, le dernier cadeau de sa mère regardait Declan d’un air interrogateur. Suzanna n’osait bouger de sa place. Des cornichons baignaient dans leur jus, étalés sur le sol, recouvert de morceaux de verres.

" Je viens de rentrer ... une journée pénible. Un appel pour régler un problème de voisinage seulement. Et encore, si ces gens avaient un peu de logique et de bon sens, la solution, ils l'auraient trouvé d'eux mêmes." répondit Declan tout en se déplaçant vers sa fille, en évitant de marcher plus que nécessaire dans les débris du bocal.
" Si tu es passée à ce moment là, c'était vraiment pas de chance, j'y étais tout le reste du temps.". Mensonge, un de plus ... prétextant une patrouille, il était parti, comme chaque fois qu'il se posait des questions, se recueillir sur le lieu de crash.
" Et toi ta journée, elle s'est bien passée? " enchaina le shérif en prenant un seau et une serpillière pour nettoyer les dégâts?

Voir que malgré les années écoulées, Suzanna n'avait pas jeté cette poupée lui serrait toujours le coeur. Elle était comme un rappel constant qu'elle n'avait pas eu de mère à qui parler de ses soucis, qu'elle devait devenir femme seule. Si elle lui expliqua sa journée, il n'y prêtait pas vraiment l'oreille. Elle n'allait quand même lui fournir une réponse aussi évasive que la sienne. Declan attendit juste que sa voix s'éteigne avant de poursuivre. Pendant ce temps, il avait rétabli un semblant d'ordre dans la cuisine. Demain, il allait devoir nettoyer ça correctement, sauf si Suzie s'en chargerait.

"Tu veux aller manger où ce soir? J'ai pas le coeur à commencer à cuisiner et j't'avoue que même me faire un sandwich m'énerve."

On aurait pu voir là une tentative d'un père pour nouer un meilleur contact avec sa fille, ... mais il avait déjà essayé et ça n'avait pas fonctionné. Les repas en tête à tête se limitaient généralement à un "bon appétit", "c'est bon?", "Ouais", "On rentre ou tu veux autre chose?".

**Invité** Invité

Suzanna vit son père se diriger vers elle. Mais il ne viendrait pas l’embrasser ou la prendre dans ses bras. Declan n’était pas du genre papa-câlin. C’est à peine s’il la touchait. Comme si quelque chose en elle le dégoutait. Ou peut être qu’il lui en voulait. Après tout si elle n’avait pas voulu aller à la piscine ce jour là, sa mère serait avec eux. Le shérif ne faisait rien pour lui faire croire le contraire. Il ne répondait jamais à ses questions sur l’accident. Et ses cauchemars de plus en plus fréquents terrifiaient plus son père qu’autre chose. Elle voulait juste savoir la vérité, savoir si elle était responsable. Et pourquoi l’affaire avait été classée sans suite ?
Suzie eut un sourire mauvais quand elle entendit le mensonge de son père. Il pensait qu’elle était aussi idiote que ça. Depuis l’arrivé de ces Donnelly, son père n’était jamais dans son bureau. Elle ignorait qu’elle pouvait être le problème avec cette famille mais il y en avait un. Declan paressait tellement plus tendu depuis leur arrivé. Toute la ville retenait son souffle à vrai dire. L’adolescente ne voulait pas savoir ce qui se passait mais seulement que son père lui dise la vérité. Elle en avait assez de ses mensonges. En plus il n’était pas doué pour lui mentir à elle. Il lui demanda comment était sa journée.

Suzie commença à raconter l’aide qu’elle apportait à la ferme Fergusson. Elle omit de parler de la présence d’Aidan mais se rendit compte que cela était inutile. Son père ne semblait pas l’écouter. Elle finit juste par se taire. A quoi cela servait-il de parler avec Declan ? Même les murs de la maison étaient plus attentifs à sa vie. Elle resserrât de nouveau la petite poupée de chiffon contre elle. Son père finissait de nettoyer le sol. Du moins il l’avait fait de manière grossière. Mais il faudra que Suzie s’en charge demain matin ou la maison sentirait les pickles un bon moment. L’odeur de vinaigre lui retournait l’estomac.

Tu veux aller manger où ce soir? J'ai pas le cœur à commencer à cuisiner et j't'avoue que même me faire un sandwich m'énerve."

Allez au restaurant, pour changer. Et ou ? Il n’y avait que le Leo’s deli en ville. Elle savait très bien qu’il ne l’emmènerait pas en dehors de la ville pour manger. Sa réponse n’en était pas vraiment une. Mais Suz’ se sentit mal à cause du vinaigre et des mensonges à répétitions de son père. Elle était affamée mais n’écoutât pas son ventre.

Je n’ai pas faim. J’ai grignoté un truc chez Casey avant de partir.

Elle aussi pouvait mentir. Mais le plus important n’était pas là. Elle avait des questions à poser et ne savait comment les amener sans que cela se termine en cris. Elle devait tenter le tout pour le tout. Les secrets la pesaient bien trop en ce moment. Pas ses secrets à elle mais ceux de la ville qu’elle haïssait au plus profond de son être.

Papa, j’ai des questions et j’ai besoin de réponses et pas de mensonges je n’ai plus 6 ans.

Bon bah au moins c’était une entrée en matière à peu près honnête. Maintenant elle allait voir la suite. Elle regarda furtivement Molly dans ses bras. Elle la surprit à secouer sa petite tête pleine de tissus de façon négative. Bon peut-être que finalement ce n’était pas une bonne idée. Elle reporta son regard sur son père attendant une quelconque réaction.

Des questions, vouloir, non pas vouloir, c'était exiger des réponses qu'elle voulait. Les mensonges lui faisait avoir la vie dure ... et que dire de la Vérité qui était maintenue secrète par l'organisation du village? Cette vérité avait écrasé bien des vies depuis le temps qu'elle imposait sa loi à Grayson.
Mais non, voilà que Suzannah Spelling exigeait de son père qu'il la lui révèle tout de go.
Ce savoir avait ruiné des projets, des ambitions, ... l'existence même de bien des gens avant aujourd'hui mais non, elle voulait savoir, elle que son père tentait de protéger de son mieux.
Declan sentit le spectre de la colère le traverser un court instant avant de se maîtriser. C'était quelque chose d'essentiel, de ne pas laisser paraître ses émotions; et encore moins de se laisser submerger par elle, quand on était représentant de l'ordre. Et surtout à Grayson.
" Des questions et pas de réponses mensongères parce que tu es en age de comprendre. C'est ça que tu essaies de me dire?", le ton employé pat Declan n'était ni chaleureux, et encore moins doux.

"Et bien ... ça fait longtemps qu'on a pas eu une discussion père-fille. Vas-y, je t'écoute. On verra bien si je suis capable de te répondre."

Le Shérif n'était, à l'intérieur, que curiosité et angoisse. Que dirait il si elle l'interrogeai à propos des Donnelly, et si elle avait déjà creusé la question sur les quelques accidents qui s'étaient déjà produit à Grayson? Declan se prépara à devoir y répondre, à détourner la vérité, il trouvait que sa fille n'était pas encore prête à porter sur ses épaules le poids du secret qui liaient entre elles les vieilles familles de la ville. Puis, une seconde idée, bien moins effrayante lui traversa l'esprit, qui le fit sourire.

" Si c'est parce que tu n'arrives pas à t'y prendre avec les garçons, il faudra que tu tires ton plan toute seule. C'est pas ton vieux père qui pourra t'aider, pour ça, tu ferais mieux d'aller retrouver ta chère Casey. Quoi que, j'peux te tuyauter sur Griffith si c'est ça."

**Invité** Invité

Son père lui répondit sur un ton calme mais elle sentit la froideur dans ses propos. C’était parti pour une de leurs éternelles disputes. Suzie le sentait. Mais elle ne lâcherait pas le morceau. Elle regarda son père droit dans les yeux tout en l’écoutant. Elle ouvrait la bouche afin de poser sa première question lorsque la réplique de son paternel la scotcha sur place.

Si c'est parce que tu n'arrives pas à t'y prendre avec les garçons, il faudra que tu tires ton plan toute seule. C'est pas ton vieux père qui pourra t'aider, pour ça, tu ferais mieux d'aller retrouver ta chère Casey. Quoi que, j'peux te tuyauter sur Griffith si c'est ça.

Comment pouvait-il lui parler de la sorte ? A aucun moment, ils n’avaient abordés ce genre de chose. Declan se désintéressait trop de sa fille pour se rendre compte que des garçons elle en avait déjà eut. Mais sa réflexion sur Griffith la blessa. Tout le monde connaissait la réputation du shérif adjoint. Et tout le monde était au courant de ce qui s’était passé avec Charlie et Coleen. Grayson était une petite ville. Le rouge monta aux joues de l’adolescente aussi rapidement que sa colère.

Voilà donc tes projets pour moi ? Me refiler à ton salopard d’adjoint. Tu me déteste à ce point ?

Suzanna avait décroisé ses bras. Elle tenait toujours Molly mais celle-ci pendait le long de sa jambe. Les points serrés elle regardait son père. Bien, il voulait commencer comme ça et bien il allait voir ce qu’il allait voir.

Te demander des conseils sur les garçons serait la dernière chose qui me viendrait à l’esprit. La seule chose que tu m’as apprise c’est comment obtenir toujours plus de toi matériellement.

Elle était lâchée. Toute la colère et la peine qui l’envahissait depuis si longtemps ressortait enfin. Elle cracha alors son venin au visage de son père.

Tu n’es qu’un lâche. J’ai toujours cru que tu ne me disais jamais rien sur maman parce que tu m’en voulais de sa mort. Mais en fait tu n’as pas les couilles d’admettre la vérité. Le fait que peut être toutes les choses bizarres qui se passe dans cette foutue ville ont causé sa mort et que tu n’a rien fait pour changer ça.

Le sang monta à la tête du Shérif, qui se laissa emporter. Faire intervenir les problèmes de Grayson ainsi que la mort de sa femme aimée dans la même minute, c'en était trop pour ses nerfs.

"Ta mère, tu penses que je n'y ai jamais pensé peut-être, tu crois aussi que je n'ai pas chercher à comprendre, tu crois peut-être que je ne me rends pas compte quand tu profites de moi de la sorte non?
Tu crois peut-être que ton père est un imbécile fini, et bien détrompe toi. Là, ton père il se fait chier à bosser et chercher pourquoi tout fout le camp à Grayson. Ton père il sait ce qui se trame et tente de t'en détourner parce que rien que d'envisager la possibilité même que ça se produise, t'en serais réduite à pleurer dans ta poupée en attendant que quelqu'un vienne te chercher. Et si un jour celui ou celle qui te trouvera aura envie de te bouffer, bah tu seras sans défense, mais non, c'est vrai, je suis stupide, un connard sans cervelle."
Declan asséna un coup de poing à la table, qui trembla sous le choc.
"Mais non, j'oubliais que tu sais toujours tout avant les autres, que tu es plus intelligente que moi et que toute cette putin de ville. Tu me fais chier Suzanna Spelling, à te croire mieux que tout et tous ici."

Le père de Suzanna n'en pouvait plus, il savait tout ce qui se passait grâce à ses congénères héritiers, mais ne pouvait en souffler mot à personne. La mort de son épouse était toujours une énigme pour lui, même si il en connaissait le Commanditaire, il ne voyait toujours pas le profit, ... et celui-ci était Intouchable.

" T'as gagné maintenant, je mets les bouts. Démerde toi sans moi, parait que t'es douée mais ... j'oubliais, t'es Miss Parfaite ..."

Trois secondes, c'est le temps que Declan avait mis pour prendre un manteau, ses clefs et claquer la porte presqu'à la faire se dégonder; laissant sa fille seule dans la cuisine. Son sort lui importait peu dans l'état où il était.

**Invité** Invité

Suzie savait qu’elle était allée trop loin. La mort de sa mère était un sujet tabou. Mais elle ne tenait plus. Toutes les nuits elle revoyait la scène. Toutes les nuits elle revoyait sa mère mourir. Mais l’explosion de son père fut pire que ce à quoi elle s’attendait. Ils se disputaient pour ainsi dire quotidiennement mais là c’était différent.

Il parlait d’une chose dont Suzanna se doutait depuis longtemps. Elle savait que quelque chose ne tournait pas rond à Grayson. Mais elle ne comprenait pas en quoi c’était différent de d’habitude. Il se passait des choses bizarres dans sa ville. Mais elle ignorait que son père y était mêlé.Le coup de poings de Declan sur la table la fit sursauter. Elle n’était plus rouge de colère mais blanche de peur. Son père lui reprochait ses commentaires et sa façon de réagir. C’est lui qui l’avait « élevé » ainsi.

Mais non, j'oubliais que tu sais toujours tout avant les autres, que tu es plus intelligente que moi et que toute cette putin de ville. Tu me fais chier Suzanna Spelling, à te croire mieux que tout et tous ici.

Mais qu’était il advenu de son père. Comment pouvait-il croire ce qu’il disait ? Elle serra les dents et réussit à sortir une phrase.

Tu te trompe sur moi. Je ne pense pas ça et tu le saurais si tu m’écoutais quand je te parle.

Elle ignorait si son père avait entendu. Après tout il ne l’écoutait jamais. C’était devenu une habitude. Elle le faisait chier. Et bien elle ça la faisait chier d’avoir perdu la seule personne qui l’aimait véritablement et de se retrouver coincé avec un père trop occupé à s’occuper des problèmes des autres pour se rendre compte de son existence. Ses cauchemars étaient quotidiens. Ce n’était pas normal. Il le savait mais n’y prêtait pas attention. Il n’essayait pas de savoir ce que l’adolescente revivait chaque nuit. Non, il fuyait. Et c’est ce qu’il recommençait à faire. Il fuyait encore et toujours. Mais Suzie n’avait pas finie. Elle avait trop de choses à dire à ce père indifférent. Elle savait comment le mettre plus en colère et l’obliger à rester. Au moment ou il partait en direction de la porte d’entrée elle lui cria une chose qu’il le blesserait d’autant plus.

C’est ça casse toi. Va retrouver ta pute ! Et si j’ai des questions je les poserais à Nathaniel à l’avenir.

Elle entendit la porte claquer. Molly lui échappa des mains et tomba sur le carrelage puant les pickles. Suzanna s’effondra à son tour dans la cuisine. Sa poitrine était agitée de soubresaut. Les larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Elle attendait. Elle espérait avoir fait mouche et revoir son père réapparaitre dans la minute.

Dans sa rage, Declan, n'entendit que deux mots de la dernière sentences de sa fille. Pute et Nathaniel. Il était déjà loin dans ce qu'il était capable de faire, autrefois, une telle situation ne se serait jamais produite, du moins, pas avec sa fille.

La porte à peine claquée, il l'ouvrit de force. Il n'avait toujours pas retrouvé son état d'esprit normal, au contraire, un cran supplémentaire venait de passer. De la colère chaude et explosive, il en était à la rage froide et contenue. Les yeux du shérif brillaient d'un éclat malsain, hurlaient la violence, suintaient la méchanceté.
" Ma pute tu dis, ... et bien, dis toi qu'elle au moins elle s'occupe de moi, elle fait attention à moi et ne se sert pas de moi comme tu le fais. Elle ne passe pas ses nerfs sur moi et ne m'extorque pas de l'argent sans arrêt. Tu vois, Elle, je prends plaisir en sa compagnie, quand bien même on ne fait que parler de choses et d'autres. Elle m'apporte ce que ma propre famille me prive, tu sais ce qui me sert de famille ... Et si tu tiens tant que ça à aller voir mon très cher beau frère, passe le bonjour à Lucy.
Et tant que tu y es, prépare toi un sac avec tes affaires, qui sait, tu serais peut-être mieux lotie là bas à t'entendre. Ah non c'est inutile, ta putin de poupée ne te quitte pas, tu es déjà prête à partir, ça tombe bien. La porte, tu sais où elle est, t'as vécu ici assez d'années pour."

Il commença à fermer la porte derrière lui, il savait que sa fille était en pleurs. C'était quelque chose qu'un père savait, c'était ce lien qu'il existant entre lui et sa fille. Cet appel à la consolation, il le mit en veilleuse. Elle l'avait cherché. Toujours aussi calmement, il conclut par une ultime réplique cinglante.

" Vu que tu en es curieuse, là où je vais maintenant, c'est là où la première femme qui m'a aimé m'a quitté définitivement, sans que j'ai pu lui dire un seul mot."

La porte se ferma sans aucun autre bruit que celui du penne.

**Invité** Invité

Suzie sursauta en entendant la porte se rouvrir. Elle savait que ses paroles avaient fait effet. Mais elle ignorait à quel point et elle craignait d’avoir réellement dépassé les bornes. Elle allait le savoir très vite. Son père réapparaissait dans le chambranle de la porte de la cuisine. Mais la violence des propos de son père dépassa tout ce à quoi elle pouvait s’attendre.

Elle m'apporte ce que ma propre famille me prive, tu sais ce qui me sert de famille ...

Ce fut la dernière phrase qu’elle entendit de manière intelligible. Tout le reste n’était plus qu’un bourdonnement à ses oreilles. C’était donc ainsi que son père la voyait. Comme ça qu’il la considérait. Comme une extorqueuse ? Il ne comprenait donc pas que c’était la seule façon qu’elle avait trouvé pour attirer son attention. Il repartait. Elle sentait l’air se déplacer alors que ces yeux restaient perdus dans le vide. Tout n’était plus qu’un brouillard.

Vu que tu en es curieuse, là où je vais maintenant, c'est là où la première femme qui m'a aimé m'a quitté définitivement, sans que j'ai pu lui dire un seul mot.

Elle releva la tête à cette réplique. Elle ignorait que son père se rendait souvent sur le lieu de l’accident. Il lui avait toujours interdit d’y aller. Elle voulait lui dire quelque chose mais la porte de la maison se referma définitivement. Ils étaient allés très loin. Beaucoup trop loin.
Suzanna ignorait s’ils pourraient un jour se reparler normalement. En public ils sauveraient la face comme toujours. Le père et la fille Spelling étaient unis devant l’adversité. Du moins c’est ce qu’ils laissaient croire.
Suzie se calma. Les paroles de son paternel avait été comme une gifle. Mais elle devait prendre sur elle. Elle se leva doucement. La cuisine empestait les pickles et cette odeur lui donna envie de vomir. Son estomac se souleva. Elle mit une main sur sa bouche et se précipita vers la porte de la cuisine qui donnait sur le jardin extérieur. Le contenu de son estomac atterri sur l’herbe. Appuyé contre le perron, les larmes mêlées à la sueur, elle regardait au loin. Elle vit la silhouette de son père disparaitre au loin. Il avait surement entendu vomir. Elle souleva une mèche de cheveux qui lui tombait sur les yeux. Devait-elle le suivre ? Essayer de comprendre en retournant sur le lieu de l’accident ? Elle était perdue.

Ce qui couvait en Declan depuis des années maintenant, ainsi que ce qui s’y était ajouté au fur et à mesure venait de sortir. Au sens propre du terme, l’abcès entre père et fille venait d’être crevé. Lui n’avait ni regret, ni honte de ce qu’il avait dit, la forme n’était pas là, mais le fond … les Spelling savaient qu’un jour ça aurait éclaté, mais n’avaient surement jamais imaginé que cela se passerait de la sorte.

En chemin vers la croix de chêne symbolisant la tombe de sa défunte femme, le shérif de Grayson sentait con cœur devenir de plus en plus lourd, tant et si bien, qu’au bout de dix minutes, il était face à la porte de son domicile. A travers les volets de la maison, il avait vu de la lumière; il savait que Suzanna était encore là. L’attendait elle? Voulait elle juste en découdre avec lui? … Declan se posait toutes ces questions sans oser rentrer. Il se passa encore une paire de minutes avant qu’il ne se décide à utiliser ses clefs et passer le seuil de chez lui. Alors qu’il refermait la porte derrière lui, il appela sa fille.

« Suzanna? Il faut qu‘on parle. Suzanna?? »

Ce soir, ou plutôt cette nuit, Declan comptait mettre les points sur les « i » avec sa fille sur pas mal de choses. Au fond de lui, il aurait voulu la consoler, cependant, elle méritait une punition selon lui. Certes, il avait été loin, très loin en la cinglant de pareilles remarques, mais ce qui était fait ne pouvait plus être changé. Cette dispute avait détruit une partie des différents qu’il y avait entre eux, peut-être était il temps pour la famille Spelling de construire quelque chose de nouveau.

**Invité** Invité

Suzie resta figée ainsi quelques minutes mais son père n’était plus visible. Elle espérait le voir faire demi-tour. Elle voulait qu’il lui dise que malgré tout il l’aimait, qu’il lui pardonnait et qu’ils allaient tout recommencer à zéro. Suzanna reprit peu à peu contrôle d’elle-même. Elle retourna dans la cuisine. L’odeur des pickles était vraiment trop forte. L’adolescente ouvrit en grand toutes les fenêtres de la pièce afin d’aérer. Elle ramassa Molly qui trainait dans l’embrasure de la porte. Sa poupée lui jetait un regard triste. Suzie la prit dans ses bras. Elle se dirigea vers les escaliers en éteignant chaque lumière du rez de chaussé. Elle monta les marches en direction de sa chambre. Molly pendant le long de son corps. La poupée de chiffon semblait aussi déprimée que sa propriétaire. Suz’ alluma les lumières de sa chambre et mis sa chaine stéréo en marche. La douce et mélancolique voix de Natalie Merchant commença à imprégner la pièce. La jeune femme avait mis une chanson en accord avec son humeur, « My skin ». Elle s’assit sur son lit. Molly dans une main et une photo de sa famille à l’époque heureuse, lorsque sa mère vivait encore, dans l’autre. Les larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Suz’ était vraiment perdue. Mais sa confidente ne faisait que la regarder d’un air triste. L’adolescente ne pourrait plus compter sur elle pour ce soir. Puis elle entendit son père l’appeler.

« Suzanna? Il faut qu‘on parle. Suzanna?? »

Son cœur battait la chamade. Il était revenu. Son père était finalement revenu. Suzie se leva de son lit. Elle laissa Molly allongée sur l’édredon. Elle garda le cadre photo et ouvrit la porte. Elle se dirigea vers l’escalier. Elle était plus pâle qu’à l’ordinaire et ses yeux étaient rouges. Des larmes continuaient de creuser ses joues. Laissant sa porte ouverte, la musique se diffusait dans toute la maison. Elle s’arrêta en haut des marches et vit son père en bas. Elle le regarda et l’appela d’une voix faible.

« Papa !! »

Elle ignorait dans quel sens irait la discussion mais une chose était sur. Elle ne voulait plus être une étrangère pour son père. Les choses devaient changer. Ils avaient trop longtemps joués la gentille comédie de la parfaite petite famille.

Viens ici

[HRP : un peu court mais comme ça risque de tourner à la discussion les descriptions ne feraient qu'alourdir le texte.]

**Invité** Invité

Son père monta la rejoindre et la pris dans ses bras. Cela n’était pas arrivé depuis une éternité. Ils s’étaient tellement éloignés l’un de l’autre ses dernières années. Suzie enfoui sa tête dans ses bras protecteurs. Elle savait très bien que ce câlin ne serait pas suffisant à effacer toutes les années de douleurs. Mais elle voyait cela comme un signe de renouveau. Une nouvelle chance d’avancer, de ne plus être seule.

« On recommence tout? Comme avant? … mais ensemble cette fois. »

Ces phrases la laissaient perplexe. Comme avant ? Comme avant quoi ? La mère de sa mort, l’indifférence qu’ils se portaient mutuellement, leur dernière dispute ? Suzanna ne comprenait pas trop ce qu’attendait son père d’elle. Elle le lâcha et recula pour lui faire face. Son visage exprimait l’incompréhension.

« Comme avant quoi ? »

Elle fit de nouveau un pas en arrière, en direction de sa chambre. Elle regarda derrière elle et vit Molly qui pendait sur son lit. Son regard était réprobateur. Suz’ se tourna de nouveau vers son géniteur.

« Je ne peux pas changer comme ça. Qu’est-ce que tu espères ? »

Elle espérait de pas avoir sortit sa dernière réplique sur un ton trop abrupte. Puis elle se rendit compte qu’elle venait de parler de façon extrêmement froide et détachée.

Ce qui avait pourtant paru bien commencer partait déjà en vrille. Déjà l’adolescente s’était éloignée de son père. Une erreur de formulation et les beaux espoirs de reconstruction d’une famille de Declan s’effritaient déjà.

« Suzie … reste » dit Declan en s’avançant vers sa fille pour lui prendre la main. Il voulait la garder près de lui, … il le devait aussi. « Je ne te demande pas de changer comme ça, … ce que je veux te dire c‘est que … », continua-t-il en baissant la tête et serrant plus fort la main de sa fille, « c’est que … tu te souviens quand on était encore une famille? Je sais que revenir en arrière est impossible, que jamais ta mère ne reviendra, que jamais ma femme ne se tiendra derrière la porte quand je reviens du boulot. ». La gorge du Shérif se nouait au fur et à mesure qu’il parlait, un chagrin longtemps enfoui commençait à s’exprimer. « J’aimerais ne pas te perdre, que tu sois ma fille, encore. Ma petite fille. »

Sentant une boule naitre dans sa gorge, Declan lâcha la main de sa fille et lui tourna le dos, cachant son visage d’elle. Tant d’années avaient passé déjà et jamais cette peine ne s’était affichée; elle explosait maintenant. Toujours le regard posé sur le bout de ses pieds, s’avança vers sa chambre, les larmes commençaient à remplir ses yeux.

« J’aurais voulu être un bon père … j’aurais voulu que nous formions une famille, même seulement nous deux. Juste nous deux maintenant. Juste nous deux. »

**Invité** Invité

La main de son père était chaude. Un peu de sa chaleur remonta jusqu’à Suzie. Elle n’avait jamais vu son père dans cet état. C’était vraiment la nuit des premières pour les Spellings. Elle se sentait mieux tant que sa main restait dans celle de Declan. Cela lui mettait un peu de baume au cœur. Mais la magie se rompit. Elle avait attendu pendant tant d’années que son père lui exprime son chagrin. Elle l’avait toujours trouvé insensible face à la mort de sa femme. Elle pensait même à une époque que cela l’arrangeait. Il s’était montré tellement distant chaque fois qu’elle l’interrogeait sur le sujet. Et ce soir il se dévoilait. Ce soir, ils jouaient tout deux au chat et à la souris. Tu fais un pas et je recule de deux.
Son cœur se serra lorsqu’elle vit le dos vouté de son paternel de shérif. Lui si fort d’habitude. Elle regarda en direction de sa chambre et vit de nouveau sa Molly avec le regard mauvais. Elle tourna le dos à son père et ferma sa porte. Elle ne supportait plus de voir les yeux inquisiteurs et réprobateurs de sa poupée. La main toujours sur la tournée de la porte elle s’adressa à son père. Elle n’osait pas se tourner vers lui.

« Je suis et je serai toujours ta fille. »

Elle essaya de respirer calmement alors que son cœur s’emballait. Les discussions sur les sentiments, encore plus du genre mélo, n’était pas du genre de la famille.

« On est une famille. C’est juste…. »

Elle tenta de calmer la petite voix dans sa tête qui hurlait depuis le début de la soirée. La petite voix de Molly, sa très chère Molly.

« … On ne peut être bien tout les deux en vivant dans le mensonge. »

Au milieu de couloir, Declan s’essuya les yeux et prit une profonde inspiration avant de se retourner vers sa fille. Depuis des années elle le traitait de menteur sans qu’il sache pourquoi. Bien sur, il lui cachait ce qu’il avait compris sur le mort de sa femme, comment aurait il pu lui annoncer ça sans déborder sur l’histoire même de Grayson? Bien sur, un jour, elle aurait été au courant de ce secret, mais il n’était à mettre dans les mains d’une enfant. Plus tard elle l’apprendrait, mieux ce sera s’était dit le shérif, au moins elle en sait, au plus elle pourra profiter de sa jeunesse. Était-ce mal? Le père noël est un mensonge, et pourtant, les enfants en raffolent. Vivre dans le mensonge est il si mauvais?

« Le mensonge, … on peut voir ça comme ça. » dit Declan, à moitié pour lui-même. « Il est temps de tirer ça au clair, Suz’. Ce mensonge dont tu me parles, même si je pense savoir de quoi tu veux parler, viens en bas. Je t’attends dans le salon »

Il n’avait pas retrouvé une voix assurée, mais au moins son visage ne trahissait pas ses larmes. Ou plus trop du moins. Il allait attendre la nuit assis dans le fauteuil s’il le fallait, cette nuit, Suzanna allait faire son entrée réelle dans la vie de Grayson. Si elle allait le rejoindre du moins.

**Invité** Invité

« Il est temps de tirer ça au clair, Suz’. Ce mensonge dont tu me parles, même si je pense savoir de quoi tu veux parler, viens en bas. Je t’attends dans le salon »

Le cœur de Suzanna s’emballa dans sa poitrine. Sa respiration c’était arrêté l’espace d’un instant. Son père allait tout lui dire. Ce soir, il lui dévoilerait tout. L’adolescente entendit son shérif de père descendre les escaliers. Elle allait le rejoindre. Et enfin elle saurait ce qui est arrivé à sa mère. Elle saurait ce qui se trame dans sa petite ville. Suzie lâcha la poignée de la porte et se retourna face au couloir. Devant elle, les marches l’attendaient. Ces marches familières lui parurent d’un seul coup très menaçantes. Elles étaient ce qui la séparait de la vérité. Et soudain, elle les perçus comme un obstacle. Une peur sourde et bien caché réapparaissait. Une peur qui lui interdisait de descendre. Elle essayait de se contenir mais une peur enfantine la tenaillait. Cette peur qui l’empêchait d’aller ou que ce soit sans ça très chère Molly.

Elle se recula contre sa porte. Elle voulait aller voir son père. Elle voulait comprendre. Mais malgré son âge, elle était incapable de le faire sans sa poupée de chiffon, dernier cadeau de sa mère.
Suzanna retourna dans sa chambre. Molly toujours sur le lit, le regard mauvais. Au moment ou l’adolescente allait attraper sa poupée, son lecteur cd commença à faire des siennes. Elle se dirigea vers la machine et se rendit compte qu’elle avait toujours le cadre photo de sa famille en main. Elle regarda longuement la dernière image de sa mère. Alors que Suzie analysait les traits de celle qui l’avait quitté trop tôt, le poste changea radicalement de musique et se mit à jouer un vieux tube de Joan Jett, « I hate myself for loving you ». Bizarrement ce n’est plus de l’amour qu’elle lisait dans les yeux de sa génitrice mais de la tristesse. La combinaison de la musique et de ce qu’elle venait de remarquer changea son humeur. Elle retourna vers la porte de sa chambre et la ferma.

Ce ne serait pas ce soir qu’elle écouterait les nouveaux mensonges de son père.

Confortablement installé dans le fauteuil, Declan attendait sa fille. Il savait qu’elle n’allait pas le suivre immédiatement, qu’il y aurait un temps de battement, après tout, elle devait se préparer à recevoir le flot d’information que son père allait lui donner.

La première heure fut vite écoulée, comme il réfléchissait à comment tourner ses phrases et bien peser ses mots, le shérif ne voyait pas le temps passer. La seconde, il la passa à tendre l’oreille vers les escaliers, guettant l’arrivée de sa fille. Arrivé à trois heures d’attente, le sommeil s’installait, mais il devait lutter. Il lui avait promis. Declan se leva donc, et sans bruit, commença à s’occuper de la maison. Un peu de rangement, un peu de ménage, … tout ce qui allait diminuer son envie de dormir.
Au bout d’une heure et demie, il avait finit, le rez-de-chaussée de la maison était nickel, et Suzanna toujours absente. Toujours aucun son ne provenait des marches.

A nouveau, le maitre de maison se calla dans le fauteuil du salon, le corps tout engourdi de sommeil. Durant une dizaine de minutes encore, il tint les yeux ouverts mais le besoin de dormir se faisait de plus en plus oppressant.. En désespoir de cause, au cas ou sa fille descendrait le voir, il décida de rester dans ce fauteuil, si elle venait, elle ne saurait pas le rater.

Quelques heures plus tard, le soleil pénétrait déjà dans la maison, réveillant le shérif qui avait passé la nuit assis dans son salon. Suzanna n’était pas venue. Elle n’était pas prête pensa la shérif, les yeux encore plein de sommeil. C’était ça, elle n’était pas encore prête.

**Contenu sponsorisé**

03.1. When the pickles go down [Suzanna & Declan]

03.1. When the pickles go down [Suzanna & Declan]

Sujets similaires

Sujets similaires