S’il avait été dans son état normal, Grifith serait aux anges à l’heure qu’il est. Ils avaient mis Calvin en garde à vue et pour sa part, s’il pouvait le mettre au trou pour un petit paquet d’années il le ferait. Le fait est que même pour ce qu’il avait fait, il s’en tirerait avec quelques mois dans la vue, point. Rien que ça l’enrageait. Pourtant, ce dont il avait profondément envie, sincèrement, c’était de détruire Calvin. Commencer par le frapper, des poings, des pieds, là où ça fait mal, là où il savait qu’il pouvait frapper pour lui faire très mal sans le tuer. La police avait ça de bon, on vous apprenait à neutraliser un opposant sans le tuer, faisant de vous quelque chose de violent et de potentiellement létal, très apte à la torture ; oui, torturer Calvin était la chose qui lui ferait le plus plaisir. Juste histoire qu’il comprenne un peu ce que c’était que cette douleur qu’il ressentait après son coup d’éclat au Drugstore. Il ne pourrait cependant jamais vraiment comprendre, si l’impression qu’il incapable d’éprouver autre chose que de la haine et de la rancune qu’il donnait était fondée.

Grif’ prit deux ou trois grandes respirations comme il avait appris à le faire avec Colleen, quand tout allait encore bien. Il devait se calmer, absolument. Perdre le contrôle et se mettre à frapper un prévenu avant qu’il n’ait avoué quoi que ce soit était appelé une bavure en langage judiciaire et c’était bien la dernière chose dont ils avaient besoin, une excuse servie sur un plateau d’argent à Calvin pour qu’il puisse encore plus les emmerder. Il devrait garder son envie de le tuer pour lui et rester calme, impassible ou presque, à prendre note de ce qui allait se dire durant cet entretien.

Ah oui, il avait failli oublier, mais il était relégué au simple rôle de scribe dans cette histoire. Bien sûr il aurait le droit de poser quelques questions, tout de même, mais il était bien trop concerné par cette affaire pour être impartial. Normalement, il ne devrait même pas être dans la pièce, ça devrait être Dakota et Declan qui devraient mener cet interrogatoire, seuls. Il pourrait bien évidemment regarder ou écouter, mais il ne devrait pas participer. Declan lui faisait une fleur en le laissant être présent, même juste pour prendre des notes. Quelque part, c’était mieux ; il n’aurait pas voulu que Kathleen subisse les sarcasmes et les commentaires salaces de ce type. Pas comme ça. Alors il était là, assis dans une chaise un peu en retrait de la scène, attendant de voir ce qui allait se passer pour noter et répertorier tout ça.

Ils avaient à peine commencé et Douglas commençait déjà à jouer avec ses nerfs. Il espérait que Declan et Dakota sauraient rester calmes eux, lui ne garantissait rien du tout. Pour le moment il se contenta de serrer un peu plus le stylo qu’il tenait dans la main, pour se retenir de lui hurler dessus, de lui dire qu’il devait arrêter de les prendre pour des abrutis et que s’il ne parlait pas très vite il risquait de perdre des dents. Le commentaire sur le whisky lui fit relever les yeux de son calepin et Grifith s’appuya un peu plus dans sa chaise, pour le fusiller du regard. Il se permit d’ajouter, froidement.

"Non. Si tu as soif ça sera soit de l’eau, soit du café. Quoi que je ne sois pas sûr pour le café."

Lui, peu aimable ? Oh, si peu.

[HJ: Désolé pour l'effroyable retard T__T]

Le petit speech de Sallander, il s’en doutait presque. Avec un peu de temps de réflexion Griffith aurait très certainement pu le deviner au mot près. Ce qui ne l’empêcha pas de lever les yeux au ciel quand elle interdit de l’eau ou un café à Calvin. Elle pensait quoi ? Que le priver de boisson le rendrait plus coopératif ? C’est cela oui ; l’espoir fait vivre comme on dit. Il avait beau ne pas aimer Calvin, il était en faveur de la loi qui soit la même pour tous. Simple, non ? Et là, Sallander ne se faisait pas un ami. Mais bon. Il était compromis émotionnellement dans cette affaire il n’avait, techniquement, pas voix au chapitre. C’était dur pour lui de laisser passer l’occasion de faire chier un peu Calvin avec ses armes personnelles, mais il le devait, c’était la procédure.

Il leva un sourcil aux propos de Calvin quant à sa garde à vue. Il était sérieux là. Les mains du blond se stoppèrent sur la machine à écrire pour écouter ce qu’avait à dire le gérant du drugstore pour une fois. Grif’ n’avait pas assisté à ce qui avait suivi l’arrestation du gérant pour la simple et bonne raison que Declan lui avait demandé de rentrer chez lui et de se reposer. Il ne pouvait donc pas savoir avec certitude que toutes les procédures avaient été respectées à la lettre ou si l’influence Sallander était passée par là. Il refusait de croire que Declan ait pu laisser faire ça, aussi désabusé qu’il pouvait l’être. Dakota, oh, ça il l’en croyait totalement capable ce n’était pas le problème, mais Declan…C’est lui qui lui avait tout appris dans ce job, c’était lui qui l’avait aidé à rentrer dans les forces de l’ordre ; il ne pouvait pas, même pour une ordure comme Calvin, laisser faire des bourdes pareilles, c’était juste…Impensable pour l’adjoint.

Mais il allait devoir parler un peu avec Dakota. Il ne pouvait pas activement participer à l’interrogatoire, ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas le droit de donner son avis ou des pistes à interroger. Des idées ça n’était que ça qu’il voulait donner à Dakota. Ca et lui rappeler qu’elle n’avait pas été appelée pour transformer les forces de l’ordre de Grayson une succursale des forces de l’ordre de Gower. Okay, il exagérait peut-être un peu, mais il n’aimait pas la tournure que prenaient les évènements. De plus, leur interrogé avait de bons arguments, parfois. Notamment sur le fait que lui retirer sa licence ne servirait à rien dans l’absolu. Les gens comme lui pouvait faire passer leurs idées n’importe où, pas seulement dans un tripot de beuverie. Mais plus que de s’inquiéter de si oui ou non ils pourraient mettre hors d’état de nuire Calvin, il fallait faire en sorte qu’il ne les décrédibilise pas. Ou pas trop du moins. Déjà, la première chose à faire était d’avoir une petite discussion avec Sallander, histoire de remettre les choses au clair si Declan ne comptait pas le faire. Alors que Calvin s’adressait à lui, pour tenter de le faire sortir de ses gonds, Griffith se leva et alla remplir un verre d’eau qu’il déposa devant l’homme menotté avant de rire et d’hausser les épaules.

"Je te conseille de ne pas faire autre chose que boire avec ce verre. Je ne pense pas que Dakota soit un si beau spectacle que cela." Il s’éloigna un peu et haussa de nouveau les épaules, un sourire aux lèvres, comme si la rancune et les insultes de la veille avaient toutes été effacées "Que veux-tu, je ne suis pas devenu adjoint du shérif uniquement pour la paie ou le prestige de l’uniforme ; on en a pas de toute façon, j’aime aider les gens." Il était arrivé à la porte maintenant "Sallander, je peux te parler deux minutes ?"

Malgré le sourire qu’il affichait, ses yeux ne laissaient pas de place pour un refus. Au pire il inventerait une excuse bidon pour l’obliger à sortir de cette salle pour parer avec elle. Il n’avait pas besoin de beaucoup de temps, juste de quoi lui faire passer le message qu’ici, elle n’était qu’une aide. Pas un agent du service alors elle devrait se plier aux règles du coin. Il se doutait que les trois autres occupants de la pièce ne devaient pas tout comprendre de son retournement d’humeur, lui qui était de si sale humeur en arrivant, mais qu’ils ne se leurrent pas, la mauvaise humeur et la rancune était toujours là, juste…En dessous de la honte amenée par les pratiques de Sallander.