[j'avais oublié que Dakota prenait le zizi de Declan en main... amusons nous ]

Un pique-nique au coin du... bois... pourquoi pas hein... mais on a connu plus romantique... Elizabeth était arrivée dans le parc les lèvres serrées et en serrant les fesses, se demandant si elle n'allait pas se faire agresser au détour d'un buisson, tout en se rappelant que... bah oui, on est à Grayson, où la criminalité, même en ce moment, devait égaler celle de Disneyland. Voire même être inférieure.

Elle se demandait pourquoi elle n'arrivait pas à se détendre. Elle avait pourtant toutes les raisons de se réjouir, mais pour le coup... elle ne retrouvait pas l'émotion de la soirée d'anniversaire passée chez elle.

Installée donc sur la couverture, elle se tenait les épaules en frissonnant.

" J'ai froid... " Un comble avec la chaleur qui règne, mais...

C'était peut être ca, le probleme ?

Elle se sentait un peu ridicule de se plaindre du froid alors que, la nuit n'avait guère fait tombé le mercure. Pourtant, elle avait l'impression qu'il manquait quelque chose à cette soirée qui devrait pourtant être le summum du romantique. Mais elle n'arrivait pas vraiment à mettre le doigt dessus ce qui l'agacait. Ou plutôt si. L'isolement, le fait de ne pas pouvoir en parler le lendemain autours d'un verre avec ... quelqu'un, n'importe qui, comme toute femme normalement constituée rapportant ses exploits nocturnes à une copine. Et que Declan lui pose la question en rajoutait une couche.

" Oui. Non. Je ne sais pas. "

Elle vida son verre d'une traite. Elle se sentait ridicule, la situation ridicule et sa réaction aussi. Mais c'était sans doute un peu tard.

La réaction de sa partenaire n’était pas celle qu’il attendait, il fallait être honnête mais il pensa à des problèmes externes avant de s’attarder sur la soirée en elle-même. Élizabeth lui semblait distante dans tous les sens qu’on pouvait donner à ce mot et il la vit, surpris, vider son verre de vin d’une traite, comme on le faisait pour se donner du courage avant l’annonce d’une mauvaise nouvelle ou surmonter un mauvais moment, et peu importe la raison, ni l’une ni l’autre ne collait au moment. Un ange passa, et repassa, plongeant le couple dans un silence qui devînt vite pesant, seulement entrecoupé des bruits nocturnes du petit bois dans lequel ils se trouvaient.

Le shérif détourna alors son regard vers la couverture posée à même le sol, le panier près d’eux et le reste, avant de reporter son attention sur la jeune femme, se demandant s’il n’en avait pas fait un peu trop.


• « C’est le pique-nique nocturne? C’est un peu too much j’entends bien mais… » réfléchit ce dernier à voix haute, sans pourtant trouver de suite à son début d’interrogation.


Et pour le coup, il aurait souhaité posséder le point de vue omniscient des grands auteurs pour connaître les pensées de sa belle, et savoir ce qui semblait tant la tracasser. Il but une gorgée de vin, préférant ne pas resservir l’épicière tout de suite. Si elle vidait son nouveau verre aussi vite que le premier, il ne donnait pas cher de son état dans la demi-heure qui suivait.

Le silence était effectivement pesant. Il n'aurait plus fallut qu'un hululement de chouette pour se croire dans une mauvais thriller, juste avant que l'assassin surgisse d'un buisson en brandissant son couteau de cuisine jamais lavé et donc encore maculé du sang de ses anciennes victimes. Un paradis des infections, si les attaques n'étaient pas mortelles en elles-mêmes.
Liz se prit même a espérer une interruption, salutaire vu son état actuel.

Liz haussa comiquement les sourcils en entendant la remarque de Declan. Elle commenca même un genre de ricanement à mi-chemin entre la moquerie et l'amusement.

" Oh non, le pique-nique est parfait ! Paaarfait... " Elle pinca les lèvres en regardant autours d'elle : il faisait noir, ils étaient loin de tout lampadaire, et à une heure ou personne ne sortait, en général. " Parfaitement discret en plus. On voit que t'as pensé à tout... Tu en as déja organisé, des comme ca ? " l'allusion au passé de Declan et à ses relations tout aussi passées - sa femme en particulier - était peut être peu subtil, mais il semblait que Liz n'avait aucune envie de faire dans la dentelle.

La soirée d'anniversaire avait apporté trop de promesses pour qu'elle se contente encore longtemps de la clandestinité, et ce soir, son impatience était telle qu'elle se surprenait elle-même.

Liz eut un sourire acide.
" Je me doute effectivement que ce n'est pas pour une histoire d'isolement. On est déja hermétiquement coupés du monde quand on est chez moi... on ne peut pas faire pire. " Elle marqua un silence avant de poursuivre. " Cela dit, tu as raison, ca nous change. C'est pas la même déco... "

Le pire était qu'elle ne savait même pas vraiment où elle voulait en venir. Elle savait seulement que cette soirée l'énervait et que d'une certaine manière, elle se sentait flouée des promesses que la soirée d'anniversaire avait laissé entendre.

" J'ai cru que... avec l'autre jour, tu sais... qu'on ferait... Autre chose. Mais j'ai juste l'impression qu'on piétine et... " Elle ne termina pas sa phrase, sentant qu'elle serait de trop. Pourtant, les mots étaient au bord de ses lèvres. Elle avait fortement envie de lui signifier qu'il semblait manifester plus d'égards au souvenir de sa défunte qu'aux sentiments qu'elle-même pouvait éprouver. Et que du coup, elle se sentait quantité négligeable, et certainement pas légitime...

Elizabeth grimaca. Evidemment. Il y avait Suzanna. Le refuge trop facile à son goût pour justifier de la lenteur de l'évolution de leur relation. Mais elle trouvait que cette explication ne tenait pas la route. Ca en vaudrait la peine si Suzanna avait 5 ans, mais là, elle était presque adulte. Perturbée, peut -être - il y avait de quoi l'être à Grayson - mais néanmoins presque adulte. Elizabeth leva un regard noir vers Declan.

" Oh forcément, si c'est comme ca que tu le vois, je comprendrais effectivement qu'elle le prenne pour tel ! " Elle secoua la tête avec un soupir de dépit. " Suzanna a passé l'age d'appeler sa mère pendant la nuit, et je pense qu'elle peut comprendre que son père retom... veuille refaire sa vie. "

Elle remonta ses genoux au menton et les entoura de ses bras. Plus elle réfléchissait, plus elle se sentait prête à fondre en larmes, ou exploser de colère. Au choix.

" J'ai plutôt l'impression que c'est toi qui voit les choses ainsi. L'autre soir... J'ai cru qu'on avait avancé, qu'on pourrait vivre notre histoire. Mais si c'est remplacer Mary que tu cherches ou que tu as l'impression de faire, alors ... alors j'abandonne. Je n'ai pas envie de reprendre ta vie où tu l'as laissée quand elle est morte ! C'est notre vie, notre histoire ! Ou alors... " Elle ne termina pas sa phrase, elle avait trop peur des mots qui suivraient et de ce qu'ils pouvaient impliquer. Pourtant elle en avait déja trop dit, et elle savait pertinemment que ces mots en suspend, Declan les comprendrait facilement. Elle evitait donc de croiser son regard, les larmes aux yeux, avec la peur au ventre de savoir ce qu'elle y verrait.

Elizabeth était restée dans sa vague prostration, trouvant follement intéressants les brins d'herbe à ses pieds et dans lesquels aucune fourmi ne semblait s'activer, et pour cause : vu l'heure, elles dormaient, elles... Elles n'avaient pas à se soucier du genre de considération qui occupait l'esprit d'Elizabeth à l'instant même. La jeune femme aurait donné cher pour pouvoir s'occuper d'autre chose à l'instant précis mais elle ne le pouvait pas. C'est elle qui avait lancer cette bombe, elle devait en affronter la déflagration, quels qu'en soient les dommages collatéraux. Encore une fois, elle se sentit glacée malgré la température quasi tropicale, et rien ne semblait à même de la réchauffer.

La première phrase de Declan qui lui semblait être un sceau sur leur relation, à tel point que les larmes qu'elle retenait depuis quelques minutes lui échappèrent.
Lorsque Declan lui prit la main, elle eut un geste nerveux pour la retirer, mais n'en fit finalement rien, se contentant de rester immobile et crispée. Elle n'aimait pas la première partie de son discours, qui reprenait avec ce qui lui semblait être une facilité désinvolte ses propres arguments ; c'était facile de répéter ce qu'elle venait juste de dire. Même si c'était ce qu'elle voulait entendre. Alors petit à petit, sa main, toute sa personne se détendit. Peut être se faisait-elle des illusions... La fatigue ? Ca faisait dire des trucs idiots, des fois...
Mais alors qu'elle était prête à succomber, la conclusion de Declan la frustra à nouveau. Elle se redressa et essuya rageusement les larmes sur ses joues. Un autre jour, elle aurait sans doute fait preuve de plus de compassion. Mais pas ce soir. Il y avait décidément dans l'air quelque chose de malsain.

" Ha ! " amorca-t-elle avec une pointe de mépris. " Alors ca va donner quoi ?! On va vivre cachés comme ca pendant combien de temps ?! Si on peut appeler ca vivre ! On... tu ne pourras pas passer toute ta vie comme ca, enfin ! Tu as peur de me perdre, mais comment ?! Le fait que Mary ait eu un accident ne veut pas dire que ca va se reproduire ! Je... "

N'en tenant plus, elle se leva et fit quelque pas pour évacuer une part de sa frustration, avant de se planter face à lui, les bras croisés. Elle ressentait un certain besoin de violence pour calmer sa colère, et rien ne semblait pouvoir l'arrêter.

" J'aimerais que tu arrêtes de soigner ce passé et que tu vives un peu ! Et pas seulement par procuration, des moments volés et tes habitudes confortables, bon sang ! Tu as peut être peur de me perdre, mais à ne rien faire, le résultat peut être le même, tu y as pensé ? "

Faire confiance. Deux mots qui prenaient un sens étrange à Grayson, où tout un chacun complotait dans le dos de l'autre, à commencer par elle-même. Faire confiance équivalait souvent à signer son arrêt de mort, à peu de choses prêt. Ceux qui faisaient confiance, les voyageurs de passage, finissaient mal. Et les habitants du village, ceux qui savaient, apprenaient vite que ces deux mots étaient aussi vides de sens que demander "ca va ?" à chaque occasion.
Et pourtant, elle faisait confiance à Declan. Elle le savait droit et honnête. La question n'était pas là. De par leur situation particulière, c'était en l'avenir qu'elle n'avait aucune confiance. Quand leur futur dépendait d'un destin qu'ils contrôlaient encore moins que le citoyen lambda depuis l'arrivée des Donnelly, comment pouvait-elle rester sereine ? Elizabeth ne pouvait se raccrocher à pas grand chose, et ce qui lui tenait le plus à coeur n'était pas le plus solide à priori. Cette inquiétude inconsciente sourdait en elle depuis quelques temps, et ce soir, elle s'exprimait partiellement sans vraiment induire chez Elizabeth les bons mots, les bonnes idées. La jeune femme savait seulement que la situation l'inquiétait, sans réaliser que ce n'était pas seulement leur couple qui était en cause dans sa détresse.

Elle se passa les mains dans les cheveux, tout aussi défaitiste. Les choses étaient plus simples quand ils se contentaient de coucher ensemble...
" Je te fais confiance, ce n'est pas la question ! Juste... J'aimerais savoir quand, j'aimerais... Je ne sais pas... Je ne veux pas tout remettre en cause, ce n'est pas la question. Juste... Tu peux comprendre que malgré tout... Tu as un passé. Je n'y appartiens pas, et tu l'as dit toi même, ca ne sera jamais pareil, forcément ! Alors forcément, je ... je ne me sens pas à l'aise ! Et plus on reste immobile, plus je me demande si en fait, c'est parce que je ne soutiens pas la comparaison et... " Et plus elle parlait plus elle avait l'impression de manquer d'air et se sentait ridicule. Elle finit par fermer les yeux et se cacher le visage dans ses mains. " Oh laisse tomber... " Elle lui tourna le dos, se sentant seule bizarrement, inutile, et surtout ridicule...