Avec les Donnelly, l'incendie, la fête nationale, les problèmes inhérents à Grayson, Elizabeth venait seulement de se rendre compte que l'anniversaire de Declan était passé à la trappe. Elizabeth s'était fustigée toute seule dans son coin. Bon en même temps, peut être que Declan n'attendait rien de tel de sa part... Peut être qu'elle se trompait, qu'il continuait à la considérer comme... un loisir ? Bien utile pour se détendre mais dont on se passe aussi facilement ? Dans un coin de l'esprit, la jeune femme nota qu'il serait peut être temps qu'ils mettent les pieds dans le plat et savoir où cela va les mener, cette histoire. Quand même. Non ?

En attendant, elle l'avait fait venir chez elle, histoire de passer "une soirée tranquille".

Et Elizabeth avait vu... assez grand. Le salon baignait dans une lumière tamisée orangée, la table de la salle à manger était dressée avec la nappe en dentelle fine de sa mère, la porcelaine de ses grands parents, et deux chandeliers posées de part et d'autre des assiettes. Dans l'air flottait une délicieuse odeur de rôti épicé, avec un fond de chocolat pour le dessert. Elle s'était donné du mal, vraiment. Et pour ca, elle avait laissé les clés de l'épicerie à Charlie, après avoir réquisitionné une bouteille de champagne - qui attendait au frigo -, une barquette de fraises, en gros, tout ce qu'il pourrait être nécessaire pour une soirée en...tre adultes consentants... - on verrait plus tard pour la soirée en amoureux.

Elle meme avait profité de la cuisson du rôti pour passer trois plombes dans la salle de bain, et tout y était passé. Elle était propre comme un sous neuf, parfumée, habillée avec soin, maquillée avec légèreté, et nerveuse comme une débutante. A croire qu'elle n'avait jamais eu de petit ami...

Ne manquait plus que l'essentiel...

Elle l’avait appelée il y a deux jours, juste après que l’enquête au sujet de l’incendie se termine. Il devait lui consacrer la soirée. Pas un passage en coup de vent, ni même quelques heures, elle avait bien insisté là-dessus; aussi qu’il devait arriver à l’heure, pas en uniforme et surtout ne pas poser de question. Fatigué de tout ce qui venait de se passer, il avait accepté sans opposer de résistance. Mais là, il se posait des questions. Ce n’était pas qu’il n’était pas content, au contraire. Il trouvait qu’il l’avait délaissée ces derniers temps et il avait pensé à lui rendre visite par surprise, après le boulot. Mais elle l’avait pris par surprise et posait ses conditions, Declan n’aimait pas vraiment ça. Il avait déjà du danser sur l’air de Dakota dans la semaine … se ‘soumettre’ une nouvelle fois ne l’enchantait guère. Seulement, il avait dit oui.

Il était devant la porte, rasé de près et habillé sobrement. De quoi avait-il l’air en ce moment? Faisait il réellement ses trente-cinq ans? Il ne le pensait pas. Au cliché de l’amoureux du premier rencard de bonne famille, il ne lui manquait qu’un bouquet de fleur, une boite de chocolat et une bague dans sa poche. A songer à ça, il se demandait quand Suzanna allait lui ramener un homme à la maison. Puis il frappa à la porte, presqu’aussitôt, elle s’ouvrit, lui laissant découvrir l’épicière.

«  Bons … swow. » balbutia le shérif en apercevant Elizabeth. Elle était resplendissante, non pas qu’elle ne l’était pas en général mais là, Declan se sentait un peu dépassé. Après tout, il n’avait mis qu’un jeans et une chemise dans lesquels il était à l’aise et elle se tenait devant lui toute apprêtée. «  Eh bien … si j’avais su, j’aurais mis autre chose. J’ai l’air de quoi maintenant? » continua-t-il sur le ton de rigolade. Il n’arrivait pas à détacher ses yeux d’elle, bien qu’il se sentait gêné et lui en voulait un peu de ne pas lui avoir dit de prévoir une tenue plus chic, il ne pouvait s’empêcher de la dévorer des yeux.

Elizabeth faisait les cents pas dans son salon en repassant dans sa tête tout ce qu'elle avait prévu. Mais le rôti était tranquillement au chaud, le fondant au chocolat finissait de cuire lentement, tout était en place... Plus rien à faire... Et puis elle entendit le coup frappé à la porte. Des papillons dans l'estomac, elle se dirigea vers la porte d'entrée. La main sur la poignée, elle se ravisa, se recula de deux pas pour faire face au miroir, et réarrangea ses boucles brunes qu'elle avait laissées libres. Puis, prenant une inspiration pour se donner du courage - illusoire - , elle ouvrit la porte en souriant. En se retenant de lui sauter au cou au passage... Les voisins étaient souvent cachés derrière des rideaux si aidants dans ces situations, et Elizabeth, si elle était une des premières récipiendaires des quolibets, elle n'aimait guère en faire l'objet. Il y en aurait deja assez le jour où - s'il arrivait jamais - ils officialiseraient...

A la réaction spontanée de Declan, elle se sentit rougir et baissa légèrement le nez avec un sourire plus gêné. Elle en avait peut être fait un peu trop... Avec un gloussement peu mature, elle secoua la tête. De quoi il avait l'air ? Rasé de prêt comme il l'était, il n'avait rien du sheriff rustique de la ville, mais plutôt, effectivement, d'un jeune premier... Peu importait la tenue, à dire vrai. Et puis son regard compensait toute éventuelle faute de goût : à la regarder comme ca, il aurait pu avoir un costume de lapin rose, elle l'aurait trouvé tout aussi parfait.

" Non, tu es très bien comme cela... Viens entre... "

Elle était restée dans l'encadrement de la porte, bloquant tout le passage. Elle s'effaca donc, collant sa joue contre le battant, et lui laissait le passage pour qu'ils puissent se mettre à l'abri de Grayson entre les murs de la maison familiale.

En entrant dans la demeure Pryde, Declan fut surpris du cadre. Tout avait été mis en œuvre pour … pour quoi d’ailleurs? Les chandeliers sur la table éclairaient la pièce d’une lumière chaude et feutrée, l’air sentait la bonne cuisine et Elizabeth était plus jolie que jamais. Ca ressemblait furieusement à un de ces dîners amoureux où l’organisateur déclare sa flamme à la personne invitée. Après ce bref coup d’œil, Declan ne se sentait plus aussi à l’aise que face à la porte. Déjà qu’il ne l’était pas plus que ça.

Il aurait voulu tenter de prendre le contrôle de la situation, du moins, tenter d’avoir une prise quelconque dessus seulement ça n’était pas possible pour l’instant. En passant le seuil, il avait réprimé l’envie d’enlacer l’épicière, de la tenir par les hanches et reclaquer la porte derrière elle, et, comme un jeune adolescent fougueux l’embrasser. Malheureusement, le voyeurisme des habitants de Grayson n’était pas quelque chose à prendre à la légère. La relation que partageait Declan et Elizabeth n’était connue que d’eux seuls, enfin … plutôt de pas encore tout le monde.

«  Que me vaut l’honneur d’être reçu de la sorte » demanda le shérif sur un ton un peu inquiet, après que son hôtesse ait fermé la porte. Il était venu en supposant une soirée calme et cozy pour se retrouver et de rattraper le temps perdu de ces derniers jours et se retrouvait au beau milieu d’un repas où il se sentait tout sauf à sa place

Elizabeth aurait bien aimé perdre l'impression qu'elle était à son premier rendez vous, le coeur battant la chamade, et l'impression que ses joues étaient en feu. Heureusement, pour l'instant, elle avait de quoi se donner un peu contenance : elle pouvait fermer la porte, déja, c'était un bon début. Et surtout, maintenant qu'ils étaient à l'abri entre les quatre murs de la maison, elle pouvait se laisser aller un peu - pas trop, ca risquerait de perturber son planning. Elle s'approcha donc de lui avec un sourire empreint de tendresse, lui posa une main douce sur la joue et l'embrassa avec la même douceur. Avoir de l'éducation, des fois, c'est un peu contrariant... se cacher aussi... Elle repoussa néanmoins sa contrariété, bien décidée à profiter de la soirée.

Elle se recula légèrement, et constata qu'il avait l'air aussi à l'aise que s'il était dans le champ de Nathaniel, avec le propriétaire des lieux armé d'une carabine et décidé à jouer à "pigeon vole"... Bref, il n'avait pas l'air très rassuré... Le sourire d'Elizabeth s'effaca un peu, et elle rougit à nouveau.

" Je me suis rendu compte que c'était ton anniversaire, et qu'on ne l'a pas fêté... Alors... Voila... Ca ne te plait pas ? J'en ai trop fait ? "

Elle guetta sa réponse avec un air un peu anxieux, genre petite fille prise en faute... Il est vrai que la nappe blanche, les chandeliers et l'ambiance générale... moui, ca faisait peut être trop...

Son anniversaire … tout ça, pour juste ça pensait le shérif. Elle s’était donné tout ce mal simplement pour lui fêter son anniversaire. Dire que pour son anniversaire, lui s’était contenté d’un sandwich pris sur le pouce suivi de cette soirée explosive qu’avait été le quatre juillet. Comparé au dîner à venir, ça faisait plus que minable. A savoir qu’Elizabeth accordait tant d’importance à rattraper ça, une vague de joie mêlée de fierté et de passion submergea Declan. Quoi que submerger était un bien grand mot au vu de sa réaction. Quand la presque trentenaire se fut écarté de lui, il réduit quasi immédiatement la distance à zéro, et avec un sourire en coin se pencha doucement vers elle.

«  Merci  » lui glissa t’il dans l’oreille d’un ton des plus suave, avant de poser un baiser dans son cou. Posément, il fit un pas en arrière et prit les mains d’Elizabeth dans les siennes. «  Ca me fait vraiment plaisir que tu y aies pensé » poursuivit Declan, tout sourire. «  Ce soir, je suis tout à toi, que me réserves tu pour la suite? » continua-t-il d’une voix espiègle et les yeux brillants d’un éclat espiègle.

Il reprenait un peu confiance en la situation, ce n’était qu’un repas pour sa fête d’anniversaire. Il était un peu plus rassuré que tout à l’heure, même s’il restait ‘à la merci’ de sa compagne.

[pardoooon j'avoue, j'ai oublié de compter ca ne se reproduira plus ! ]

L'air anxieux d'Elizabeth disparu quand Declan réduisit aussitôt la distance qu'elle avait mise entre eux. Même, lorsqu'il la remercia avec un baiser dans le cou, elle sourit sans s'en rendre compte, et ferma les yeux en lui passant un bras autours des épaules, respirant son odeur à pleins poumons. L'espace d'un instant, elle envisagea d'envoyer paitre son programme en quatre actes pour en établir un autre, beaucoup moins convenable, et qui ne compterait qu'une seule étape... Mais avant que sa volonté ne vacille totalement, Declan s'était deja reculé en lui prenant les mains. Oui, ce soir, il serait tout à elle - pousserait-elle le vice jusqu'à lui subtiliser son portable et le couper pour être sure qu'ils ne seront pas déranger, ni par Griffith, ni par Suzanna ? - et ils allaient oublier un peu tout le reste.

Le sourire d'Elizabeth s'élargit alors qu'il lui demandait la suite du programme, en réponse à son sourire espiègle. Elle lui serra les mains en sautillant légèrement. Encore une fois, elle évoquait une petite fille un jour de fête des mères, fière du collier de nouilles peintes en vert qu'elle offrait à sa pauvre génitrice - qui souhaite aussitôt que sa progéniture ait 30 ans, un métier, et de quoi lui offrir une cafetière what else ?

" Va t'assoir sur le canapé, je t'apporte l'apéritif ! "

Elle lui colla un baiser sur les lèvres avant de disparaitre en cuisine. Elle sortit du frigo les deux verres décorés de sucre qu'elle avait préparés à l'avance et placés au frais pour éviter que le sirop ne coule. Du même frigo, elle sortit un shaker plein d'un cocktail vert fluo intriguant. Elle ajouta de la glace pilée et secoua le tout avec vigueur avant de le verser dans les verres, et une gorgée dans un gobelet à côté d'elle. Elle gouta ainsi le résultat de son labeur... correct, quoiqu'il eut été meilleur fraichement élaboré. N'importe, il aurait fallu plus de temps. Ce serait aussi bien ainsi.
Elle placa les verres sur un plateau avant de sortir de son frigo magique une assiette comportant sur son pourtour des toasts carrés tartinés d'une pâte brune non identifiable au premier coup d'oeil et surmontés d'un cerneau de noix, et en son centre de feuilles d'endives formant des barquettes pleines d'une autre pâte, blanche celle-ci, et parsemée de points verts.

Elizabeth jeta un coup d'oeil à son rôti et à la minuterie avant de se saisir de son plateau et de rejoindre Declan dans le salon en jouant les équilibristes. Vraiment, les plateaux, ce n'était pas son truc. Il ne manquerait plus qu'elle fiche tout par terre.

" Attention ! "

Et avec précaution, elle posa le plateau sur la table basse avant de se laisser tomber avec grace à côté de son amant. Elle se pencha pour prendre son verre et le tint devant elle, le temps que Declan prenne le sien pour trinquer avec elle.

" Bon anniversaire à toi... Que cette nouvelle année t'offre le meilleur... "

Avec un regard chargé de promesses.

Tout semblait surréaliste, il y a peu encore, il était embourbé dans cet affaire d’incendie et maintenant, il se serait cru dans un restaurant étoilé en compagnie d’une créature de rêve.
Bien que Declan ne fut pas trop à son aise, tout lui semblait clair ici, pas d‘ennui à l‘horizon, seulement une soirée où il pouvait oublier ce qu‘il était. Grayson était loin derrière lui et il se trouvait dans une sorte de refuge … quoi que trop efféminé pour qu’il lui corresponde réellement, mais un havre de paix tout de même.

Toujours sur son petit nuage, il s’assit sur le sofa, et le temps qu’Elizabeth ne revinsse de la cuisine les bras chargés de mise en bouche de toutes sortes, il songeait à ce qu’aurait pu être sa vie sans Grayson. Sa défunte épouse serait elle encore en vie? Vivrait il des jours heureux avec sa fille? Et si Grayson cessait d’être à l’instant, partirait-il d’ici avec Elizabeth? Ce ne fut que quand elle poussa un petit attention pour poser les plateaux que le shérif sorti de ses pensées. Définitivement, si Grayson se terminait maintenant, il partirait avec elle, il en était certain.

Les yeux plongés dans les siens, il fit tinter son verre contre celui de sa compagne, se souhaitant un’A nous’. Un jour il trouverait le moyen de vivre leur idylle en plein jour se promit il. Ca allait être ça, son meilleur.
Bien que la couleur radioactive du cocktail le laissait perplexe, Declan le trouva bien à son gout. C’était un mélange doux et fruité, il aurait pu en boire des litres sans en être lassé.

«  Exactement comme je les aime » déclara-t-il en troquant son verre contre ce qui ressemblait le plus à un toast sur le plateau apéritif. Il n’avait pas confiance en la feuille, elle pouvait très bien décider de se laisser appuyer dessus et mettre de la crème partout sur ses doigts. Or … ce n’était que le début de la soirée, les cochoncetés auraient lieu plus tard.

Une main sous le toast qu’il tenait du bout des doigts, il se retourna vers la jeune femme un sourire banane sur le visage.

«  Fais aaaahhhhh »

L'aurait-elle avoué ? Elle espérait qu'elle faisait partie de ce meilleur. Elle s'était menti pendant un temps, mais le fait était que les sentiments qu'elle éprouvait pour lui étaient des plus sincères. Ah il était loin, le temps où elle écrivait du "Declan + Elizabeth" sur ses cahiers d'ado ! Pourtant, elle se sentait dans le même état un peu idiot. Mais il parait que c'est normal, quand on est ... entre adultes consentants... bon d'accord, elle était encore réticente à mettre le mot en a sur leur histoire, mais en même temps, elle lui semblait tellement fragile qu'elle n'avait guère envie de presser les choses.

En tout cas, elle lui rendit un regard ardent à leur toast et but une gorgée à son verre. Elle l'avait largement goûté et savait qu'il collait à peu prêt à ce qu'elle voulait - un cocktail revigorant et qui se buvait sans doute beaucoup trop facilement.

" C'est vrai ? Je parie que tu ne trouves pas ce qu'il y a dedans ! " Elle avait à nouveau un sourire espiègle de gamine. Le cocktail sentait la menthe et l'orange, restait à savoir si le palais de Declan allait trouver ce qui donnait ce goût particulier.

En attendant qu'il lui réponde, elle répondit avec la même espièglerie à sa proposition. Elle ouvrit grand la bouche pour lui laisser lui mettre un toast en bouche, lui sucant un doigt au passage.

" Mais c'est surtout pour toi, tout ca ! Moi je les ai goûté en les faisant ! Attend... " En riant, elle se pencha à son tour pour poser son verre et ramasser elle aussi un toast et le tendit à Declan de la même facon.

" A ton tour ! " Elle avait vraiment l'air mutin. La tournure de la soirée l'amusait déjà. Elle n'avait pas espéré que les choses se passent d'entrée aussi bien, mais en même temps ce n'était guère étonnant : ils n'en étaient pas à leur coup d'essai, en tout cas pour des soirées ensemble. Mais il est vrai que ce genre de soirée était rare. Il n'aurait donc pas été étonnant que les choses soient un peu empruntées. Mais non. Autre preuve que leur couple allait plus loin qu'une simple passage ?

Trouver ce qu’il y avait à l’intérieur lui était impossible. Declan avait beau trouver cela très bon, il n’était cependant pas un assez fin gourmet por mettre un nom sur les saveurs qu’il goutait. Il avait presque englouti la bouchée qu’Elizabeth lui tendait, faisant attention à ne pas toucher ses mains. Tout ce que lui aurait réussi à faire, ça aurait été de lui mordre un bout de doigt. L’effet en aurait été bien moins érotique que celui qu’elle avait créé quelques secondes auparavant.

«  C‘est surtout pour moi, » dit le shérif en regardant les plateaux après avoir avalé son toast. «  Si je dois en manger la majorité, j‘espère que ce qui suit sera léger, sinon …Pprrrffff » il gonfla ses joues et arqua ses bras autour de son ventre, mimant ainsi un croisement entre un bonhomme de neige et le bonhomme Michelin. «  Sinon, je sens hum … que tu y as mis beaucoup de ça » poursuivit il en embrassant du bout des lèvres sa compagne. «  Et de ça aussi  », il l’embrassa encore, dans le cou cette fois. «  Et je dirais qu‘il y a un soupçon de ça aussi » continua Declan avant de poser sa main sur le visage de l’épicière avant de l’embrasser passionnément à pleine bouche.

Il se comportait comme un adolescent de dix huit ans en ce moment avec l’innocence et l’imprudence de la jeunesse dans ses poches. Sauf qu’il avait deux fois cet âge là maintenant. « Tu m’as manqué pendant cette foutue enquête Liz’  » lui susurra le shérif à l’oreille.

Sa main glissa lentement du visage à la hanche d’Elizabeth. Il crevait littéralement de l’envie de la prendre dans ses bras pour se gaver du réconfort et de ce sentiment de paix qu’elle lui procurait. Et juste après, … l’allonger sur ce divan lui arracher cette robe avant de laisser libre cours à la passion qui le brûlait. Mais dans sa tête une petite voix lui disait d’attendre encore, et il savait qu’elle avait raison. De quoi aurait eu t’il l’air s’il lui sautait dessus maintenant? Simplement d’un homme qui la considérait comme un jouet sexuel, bon à sortir de temps en temps de l’armoire quand le besoin se fait sentir avant de l’y ranger à nouveau une fois l’affaire faite.

Avec un sourire toujours aussi éclatant, Elizabeth récupéra son doigt, le sucant rapidement au passage et rit doucement à sa remarque.

" Eh bien... " Elle leva les yeux vers le plafond, l'air plongé dans une profonde réflexion, avant de faire une petite grimace. " Il faudra sans doute se coucher tôt pour digérer tout ca... " Elle eut un petit haussement de sourcils comique. Oui, elle comptait bien s'amuser follement durant cette soirée, et laisser loin derrière eux leurs problèmes respectifs ou communs. Et puis un peu de légèreté n'a jamais tué personne, si ?

Alors que Declan poursuivait, elle arqua légèrement les sourcils, surprise lorsqu'il vint effleurer ses lèvres. Puis son visage se détendit en un sourire un peu idiot, le tout accompagné d'un gloussement d'adolescente ravie.

" C'est bien possible... "

Elle frissonna de plaisir en sentant ses lèvres dans son cou, et ferma les yeux.

" mm mmm... " marmonna-t-elle en guise d'acquiescement.

Elle ressentait une délicieuse impatience en se demandant où ses lèvres se poseront à la prochaine phrase. Souhaitant qu'il ne traine pas, mais appréciant l'anticipation. Son attente fut de courte durée : il l'embrassa fougueusement, et elle le lui rendit avec la même ardeur. L'espace d'un instant, son programme partit aux oubliettes aussi rapidement que sa préparation avait demandé de temps, et fut remplacé par un autre, nettement plus salace. Ou en tout cas, beaucoup moins gastronomique.
Elle glissa un bras autours de ses épaules, posa l'autre main sur sa poitrine et se lova contre lui.

Elle fut rassurée, d'une certaine manière, de savoir qu'elle lui avait manqué. Manquer impliquait de l'attachement. Un bon point pour eux. Elle lui répondit avec un sourire : " Et je suis là... c'est terminé maintenant. On aura plus de temps... "
Alors que la main de Declan perdait de l'altitude, elle lui caressa la joue du bout du nez, les yeux à demi fermés, prête à s'abandonner...

Quand la minuterie du four tinta.
Liz sourit plus largement et se recula légèrement pour croiser son regard, l'air bien amusé, mais aussi d'une tendresse infinie.

" Il faut que j'aille sortir le rôti du four... A moins que tu ne l'aimes carbonisé ? "

Aussi étrange que ça pouvait paraitre, quand la température avait commencé à monter, Elizabeth n’avait pas été décontenancée et répondait même aux avances du shérif. Tout se passait pour le mieux quand, évidemment, un contretemps surgit de nulle part. Cette fois-ci il avait pris la forme d’une pièce de viande épicée menaçant de finir en morceau de charbon de bois puant. Brisé dans son élan, Declan haussa les épaules, regardant sa belle s’éloigner. Il ne pouvait rien contre ça. Cependant, son élan ne fut pas brisé longtemps … à peine l’épicière s’était elle levée et disparue dans la cuisine qu’il se leva pour la rejoindre. L’envie était trop forte que pour être éteinte comme ça.

Quand il débarqua dans la cuisine, elle venait de couper le four, ou du moins d’y changer les réglages car il ne sonnait plus. Faussement désolé il l’attrapa par les hanches et la retourna sur lui.

« En fait … j‘ai trop envie de toi. » lui dit il langoureusement à l’oreille.

Il se sentait comme jadis, quand adolescent il laissait encore ses pulsions le conduire. Il était jeune à nouveau, comme quand il ignorait encore tout. Après avoir été mis au courant, il avait prix vingt ans d’un seul coup. Et ici, il les perdait, à chaque fois.

Il prit le visage d’Elizabeth entre ses mains et l’embrassa à nouveau, comme sur le canapé. Doucement, sa main droite glissa le long du corps de sa partenaire pour s’arrêter sur le haut de sa cuisse. Lentement, Declan releva un pan de la robe de l’épicière, dévoilant ses jambes.

« Pas envie de toi, non … besoin de toi. » murmura-t-il.

A peine les mots furent ils sortis de sa bouche que Declan se rendit compte de ce qu’il venait de dire. C’était sorti tout seul, d’un coup … ce qui paralysa le shérif une fraction de seconde. Liz’ l’avait t’elle entendu? Qu’allait elle faire maintenant? Devait il continuer ce qu’il faisait? Était il plus judicieux d’arrêter et d’attendre? Dans la tête de Declan, les questions fusaient, chacune d’entre elle en amenant deux autres. Sa tête allait exploser.

[han le fourbe ]

Avec un sourire d'excuse amusé, Elizabeth le laissa sur le canapé, après avoir effleuré ses lèvres d'un baiser et laissant trainer sa main sur sa joue. Elle se faufila dans la cuisine en chantonnant. Elle s'approcha du four l'air un peu anxieux, pas sure que le rôti ait survécu à la cuisson. Elle se colla donc contre la vitre après avoir éteint l'appareil et sourit vaguement, soulagée : le rôti arborait une couleur caramel parfaitement appetissante, et l'odeur la ravissait. Apparemment, elle avait réussi son coup.

Elle poussa un soupir de contentement. Elle se sentait parfaitement bien, légère comme cela faisait longtemps que ca ne lui était pas arrivé. Comme elle l'avait souhaité, Grayson et ses turpitudes étaient loin, derrière la porte de sa maison, et tout était bien.

Elle était donc en train de tripoter les boutons du four pour garder le rôti en four quand elle sentit les mains de Declan sur ses hanches pour la faire pivoter face à lui. Elle commenca à rire doucement avant de froncer les sourcils dans le dos de Declan. Trop envie d'elle ? Au point de ne pas pouvoir tenir une petite soirée civilisée ? Elle voulut protester, qu'ils avaient peut être dépassé le stade où tout est prétexte à coucher, mais Declan lui cloua le bec d'un baiser tout aussi ardent que le précédent, lui faisant perdre du même coup toute volonté. Elle ferma les yeux sous sa caresse, tout en lui rendant son baiser. Elle passa ses mains autours de ses épaules, caressant sa nuque au passage. Elle prit quand même le temps de lui glisser :

" On risque de manger froid... " avec un sourire mutin et s'apprêtait à reprendre là où ils s'étaient arrêté, quand Declan se reprit : pas envie, besoin d'elle... Ooh ca oui, elle avait entendu ! Besoin d'elle pour quoi ? Pour passer le temps ? Pour autre chose ? Pour le fun ? Par... amour ?
Elle se recula légèrement et posa une main fraiche sur la joue de son amant. Elle croisa son regard, emprunte d'une infinie douceur, mais avec une pointe d'inquiétude aussi.

" Tu sais que je suis là pour toi... " lui dit-elle doucement, à peine audible. Elle marqua un silence, déglutissant difficilement. Elle avait peur de la suite, de ce qui pouvait suivre. " Tout dépend ce que tu attends de moi. " Elle attendait plus qu'une simple passade de leur relation. Mais quoi qu'il puisse demander, elle était prête à le lui donner. Et tant pis s'il lui faudrait ensuite ramasser les morceaux de son amour-propre blessé.

Elle s'efforca de sourire tout en le sondant du regard, cherchant une réponse à ses propres inquiétudes, et sentant que lui-même n'était sur de rien.

" Et surtout, tu n'as pas à y répondre tout de suite. " Son sourire s'élargit, se voulant rassurant. " J'ai fait tout ca pour toi pour que tu te détendes, par pour que tu passes la soirée à te poser des questions à n'en plus finir ! "

Elle se retint de l'embrasser : après tout, c'était sa soirée à lui, autant lui laisser l'initiative.

Il avait merdé, il en était sur. Tout foutu par terre. Quelle idée de dire ça aussi, j’ai besoin de toi mais qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête? Lui-même n’en savait rien. Declan ne savait toujours pas comment reprendre le contrôle de la situation et ce malgré les propos rassurants d’Elizabeth.

« Mais non … heu … oui, enfin … » balbutia le shérif, tout se bousculait dans sa tête mais rien n’arrivait à passer le seuil de ses lèvres.

En plus il n’arrivait même plus à parler correctement, ce qu’il avait l’impression de s’enfoncer encore et toujours plus. Il se sentait en train de se faire ensevelir dans des sables mouvants, sans branches à portée de main ni cheval bien attentionné avec une corde pour l’en sortir, juste une saleté de vautour géant au dessus de sa tête se demandant s’il peut venir lui manger les yeux ou encore attendre un peu.
Bien décidé à ne pas laisser un quiproquo s’installer entre eux, ni à ce que cette soirée pour laquelle sa compagne s’était donné tant de mal finisse en queue de poisson, Declan se rua presque sur l’épicière. Plus brusquement qu’il ne l’aurait voulu, il la prit dans ses bras. Pas de réponse tout de suite qu’elle lui avait dit. Mais la réponse, il l’avait déjà, il lui manquait juste … le courage, la force, l’assurance, l’approbation de ses pairs? Qu’est-ce qui manquait pour qu’il se déclare d’abord?

« Si seulement tout était moins compliqué … » lui souffla-t-il à l’oreille. « Tu sais, je … je t’ … je tiens à toi, vraiment, … beaucoup. Si ce n’était pas Grayson, tu sais … enfin … voilà » continua-t-il, puis aussi, il y avait sa fille. Accepterait-elle une ’remplaçante‘, que son père soit capable de refaire sa vie avec une autre?

Il s’était calmé du mieux qu’il avait pu. Si bien que même si ses mots n’étaient pas juste, ce qu’ils sous-entendaient était plus que clair. Mais il jouait quand même à quitte ou double. Soit il s’en sortirait, accroché aux pattes du piaf, ou alors il se serait fait énucléé.

Wowowowww... stop, rewind... Comment ils en étaient arrivés là ? Oh bien sur, ce serait hypocrite de dire qu'elle n'avait pas envie qu'ils mettent les choses à plat - elle y pensait avant qu'il n'arrive. Mais elle n'avait pas imaginé la chose se produire à l'échelle d'une soirée. Et maintenant, comme un raz-de-marée, il était impossible de faire reculer ce qui s'était enclenché. Néanmoins, elle se blottit contre lui, lui rendant son etreinte pour répondre à ce qui semblait être un gros besoin de réconfort. En un sens, elle aussi en avait besoin : elle avait envie de plus et ca ne venait pas aussi vite qu'elle le voulait. Mais à qui la faute ? Grayson ? Les Donnelly ? Autre chose ? Dans cette ville où tout venait à point, elle avait du mal à tolérer que leur relation n'évolue pas aussi facilement que ses stocks à l'épicerie.

Elle frémit en captant ce qui avait failli franchir le seuil des lèvres de Declan et, le menton sur son épaule, elle fronca les sourcils. Avait-elle seulement bien entendu ? Elle tentait de calmer les battements de son coeur, de se convaincre qu'elle avait été victime d'une hallucination auditive et se raccrocher à la part froide de son cerveau. Ce n'était rien, aucune raison de s'enflammer...
Le problème était que l'autre moitié de son cerveau, elle, se révoltait quelque peu devant ce qui lui semblait être antinomique : amour et complication ne pouvait pas aller ensemble. L'amour déplace les montagnes, lifts us where we belong, all you need is love et tout ce baratin devaient forcément se baser sur quelque chose ! Si ce qui avait faillit devenir concret ne pouvait pas avoir été bloqué par une quelconque complication !
Et cette moitié enflammée prenait le dessus... comme souvent...

Elle se recula donc pour pouvoir le regarder dans les yeux, et s'efforcant tout de même de rester calme. Aussi sa voix ne fut qu'un souffle quand elle parla :

" Mais ce n'est pas le cas. Nous vivons ici. Avec ce que cela implique. C'est comme ca, et on ne pourra rien changer à ce qui nous entoure. Mais si tu... " à son tour elle hésita, et ne voulu pas se hasarder sur ce qu'il avait presque dit. Après tout, c'aurait pu être autre chose... * tu parles... * " si tu tiens à moi, alors tout cela ne devrait pas être un problème. Le seul problème, si tant est que c'en soit un, est de savoir ce que tu veux. Le reste... trouvera naturellement sa solution ! " Oh naïveté quand tu nous tiens ! All you need is love... Allons jusqu'au bout... " Mais ca veut dire savoir ce qu'on veut... " Elle prit son inspiration, hésitant à finir. Mais il avait commencé. Il avait lancé la manoeuvre. Son coeur s'accéléra... il était temps d'être un aigle et s'envoler... Il était trop tard pour redescendre de toute facon... " Moi je le sais. Et toi ? "

Coincé, il était coincé, comme un rat dans une souricière ou encore une fourni dans la résine. Declan avait déjà imaginé comment, quand et même où il aurait du se ‘déclarer’ et cette situation ressemblait à tout sauf à ce à quoi il avait réfléchi. Mais le pire, c’était qu’il s’était mis tout seul dans la merde, comme un grand garçon.
Il savait depuis plusieurs mois déjà ce qu’il voulait, il cherchait l’opportunité, le bon moment se disait il. Et chaque fois, qu’il en avait eu l’occasion, il avait trouvé un petit quelque chose qui lui donnait une raison de reporter sa proposition à plus tard.

Le shérif n’était pas une aussi grande gueule que son beau frère, mais il n’avait pas sa langue dans sa poche; excepté lorsque ça concernait sa vie sentimentale. Quand ça n’impliquait que du sexe ça allait, un plan cul, une partie de jambe en l’air, ce n’était que des histoires sans futur, sans conséquence. La seule histoire sérieuse que Declan avait vécue, c’était son union avec la mère de Suzanna et c’était elle qui l’avait … forcé à l’épouser.

«  Elizabeth …  » commença-t-il, hésitant, «  je … enfin, tu sais que je … et heu enfin …  », tout se passait si facilement dans les différents scénarii qu’il avait imaginé. Pourquoi les mots refusaient t’ils de sortir maintenant. Pourquoi maintenant alors qu’ils étaient le plus nécessaires, le shérif désirait qu’ils sortent de sa tête, que l’épicière puisse les entendre.

Le visage de Declan se crispa, … frustré de ne pas réussir à s’exprimer avant d’afficher une mine déconfite, résignée. Il baissa les yeux et marcha jusqu’à être derrière son hôtesse, dos à elle.

«  Liz‘ … je ne peux te promettre une autre vie. Je ne peux pas changer ce que nous sommes ni ce que nous avons fait. Je ne pense pas non plus pouvoir t‘offrir mieux que ce que tu as déjà. » énonça-t-il calmement, il ne la voyait pas et cela rendait les choses plus faciles.

Il craignait sa réaction, ça le rendait mort de trouille. Il se lançait enfin, toujours aussi peu confiant, mais la machine était en route. Il allait finalement se débarrasser de ce qu‘il avait sur le cœur; littéralement.
A nouveau il se retourna, inébranlable, inarrêtable et se pencha à l‘oreille de compagne pour y murmurer ces quelques mots.

«  Seulement … je souhaite que tu restes à mes côtés, j‘ai besoin de toi. J‘ai envie de toi même. Je te veux pour moi. Moi et moi seul. »

Elizabeth avait lancé son truc et se tenait devant Declan, le coeur battant la chamade. Pour se donner contenance, elle avait fini par croiser les bras. Ca lui permettait aussi d'éviter de se retrouver à se tripoter les cheveux, ou, plus critique encore, céder à son impulsion et prendre au moins la main de son amant. Elle avait toujours eu besoin du contact, de tripoter quelque chose, ou mieux encore, ses interlocuteurs, mais elle sentait, elle savait que ce n'était pas le moment. Elle resta donc plantée là, les bras croisés, mais finissant tout de même par jouer nerveusement avec ses doigts, derrière l'abri de son coude.

Lorsqu'il ouvrit la bouche pour commencer, elle haussa les sourcils, l'air plein d'espoir. Le soufflé monta d'un coup, sa tension avec, pour retomber aussi sec : Declan lui passa à côté pour lui tourner le dos. Elle esquissa un geste pour se retourner, mais l'intention mourut avec la montée des larmes. Elle resta donc immobile, toute son expression figée dans une dureté qui ne lui était pas habituelle. Mais elle s'exhortait à rester de marbre, à ne pas donner plus d'importance à tout cela que ca en méritait. Après tout, ils ne s'étaient rien promis. Ce n'était qu'une aventure, une histoire pour passer le temps... On y croiiiit...

Et dans son dos, Declan commenca à parler. Elle fronca les sourcils, et aussitôt la température remonta. Elle ne lui demandait rien de tout ca ! Même si elle imaginait souvent ce que serait leur vie si Grayson n'était pas ce qu'elle était, la situation faisait partie d'eux, et ils ne pourraient rien y changer, même s'ils le voulaient ! Elle faillit donc se retourner avec une certaine colère au ventre, mais elle l'entendit se retourner et se rapprocher d'elle. Elle retint son souffle, électrisée par cette proximité plus intensément que s'ils s'étaient touchés.

Et puis elle se sentit fondre. Pas littéralement, sinon elle aurait fini sur le carrelage de la cuisine. Mais toute sa colère, sa révolte, se vaporisa dans une envolée de bulles qui la parcoururent en un frisson. Elle se détendit largement. Ce n'était pas exactement une déclaration en bonne et due forme. Mais elle résonnait comme une promesse. Ca ne voulait pas dire qu'il cesserait de se cacher dès le lendemain, mais on avait effectivement dépassé le stade de la partie de jambes en l'air anti-stress. Elle baissa légèrement le nez.

" Je ne veux rien changer, et je ne demande rien de tel. Bien sur, il y a des facettes moins brillantes que d'autres... Mais elles font partie de nous et de ce que nous sommes... C'est ce qui nous a amené ici, maintenant. " Declan serait-il aussi attentionné si les choses avaient été différentes ? Elle-même serait-elle restée à Grayson sans cet héritage encombrant ? En allant même plus loin, s'IL n'était jamais venu à Grayson, ils auraient certainement tous eu des destins très différents. Et très éloignés les uns des autres. Elle serra les lèvres. " Non, je ne demande pas... mieux. Juste... "

Elle tourna doucement la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, de la tendresse et ... oui, sans doute de l'amour dans le regard. Elle lui sourit doucement.

" Je suis déjà toute à toi... Declan... " Et effectivement, à la regarder comme cela, on ne pouvait pas en douter un instant.

Je ne demande pas mieux, je suis déjà toute à toi. Ces mots résonnaient avec force sans la tête du shérif. Devant lui, Elizabeth resplendissait. Non pas que d’habitude, il ne la trouvait pas jolie, loin de là, mais ici, c’était différent. Il y avait un truc en plus.
Doucement, Declan pris le visage de sa belle entre ses mains et approcha son visage du sien. Passionnément, mais avec un soupçon de retenue, il l’embrassa. C’était la seule réponse qu’il avait réussi à fournir. Aucune mot n’aurait put mieux retranscrire ce qu’il ressentait. Ses tripes lui faisaient savoir qu’elles auraient préféré foutre le camp, son cœur battait à cent à l’heure et sa tête et bien, elle était là, mais incapable de tenir le moindre raisonnement.

S’il écoutait ses instincts, Declan aurait déjà surement accéléré les choses. Plus sauvagement, il aurait déjà commencé à la déshabiller, pour lui faire l’amour à même le sol de la cuisine. Seulement, il était sur que ça ne lui aurait pas plus, ni à elle, ni à lui. Là tout de suite, il voulait lui donner de la douceur, de la tendresse, faire monter la pression jusqu’à son paroxysme. Du visage de l’épicière, les mains du shérif se posèrent sur sa taille. Il la souleva, rompant en quelque sorte leur étreinte, et la porta jusque dans le canapé où ils étaient installés quelques minutes auparavant.
Il l’y allongea et m’embrassa à nouveau, glissant sa main le long de sa cuisse et relevant sa robe lentement. Dieu qu’il la désirait cette femme, elle avait le don de le rendre fou. Pour calmer ses ardeurs, il venait même d’hésiter à lui dire ‘On ne mangerait pas un bout d’abord, pour prendre des forces? ’ seulement, ce n’était pas ça qu’il voulait manger, par contre elle … c’était une autre affaire, elle pouvait, et de loin combler ses appétits.

Si elle s'arrêtait pour prendre le temps de vraiment réfléchir à ce qu'il venait de se passer, elle réaliserait que ce qu'ils venaient de se dire n'allait pas apporter grand chose de plus à leur relation. Techniquement, elle venait de donner son accord pour qu'ils en restent au point où ils étaient - du moins pour l'instant. Donc pas d'étalage au grand jour, pas question de l'accueillir à l'épicerie avec un sourire niais ni de lui apporter son déjeuner au bureau en plaisantant avec Kathleen sur la difficulté de nourrir un homme correctement.
Et cela sans parler des autres attentes, plus éloignées dans le temps, mais tout aussi pressantes, que pourrait avoir Elizabeth : une vie de couple dans son intégralité, avec l'anneau au doigt, une cérémonie où Nathaniel ne manquerait pas de ficher le feu à sa robe juste pour s'amuser et où Logan passerait sans doute son temps à roter. Sans parler de la crise de larmes réglementaire des parents et de la demoiselle d'honneur.
Et ne pensons même pas à l'évênement entrainant l'achat de vêtements trois tailles trop grands pour elle...

Non, ce qu'il venait de se passer, d'être dit, ne correspondait en rien à un éventuel projet d'avenir.

Pourtant, cela allait changer les choses. Ca avait changé quelque chose : désormais, ils savaient qu'il n'était plus question, ni pour l'un, ni pour l'autre, de simplement passer du bon temps. Désormais, ils savaient ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, et cette certitude eu sur Elizabeth un pouvoir libérateur : ses doutes et inquiétudes sur les sentiments de Declan étaient dissipés. Elle se sentait soulagée d'un énorme poids, qui s'envola d'autant que le baiser de Declan déclencha en elle une volée de bulles de plaisir.

Elle s'abandonna totalement à son étreinte et se blottit contre lui lorsqu'il la souleva pour l'emmener au salon. Elle n'avait aucune envie de se détacher de lui, et s'il avait été possible de passer toute leur vie sur ce canapé dans les bras l'un de l'autre, elle aurait sans doute été comblée.
Un sillon frissonnant parcouru sa cuisse sous les doigts de son amant et remonta dans sa colonne vertébrale, l'électrisant plus qu'elle ne l'était déja, et tout en cherchant ses lèvres pour poursuivre son baiser, elle tatonna pour trouver les boutons de sa chemise et commenca à les ouvrir lentement.
Elle avait senti la retenue de Declan, et y répondait de la même facon : ils avaient tout leur temps et cet instant était le leur. Pas question d'en manquer une miette.

Elle était à lui comme il était à elle. Il sentait ses mains à elle déboutonner sa chemise, ses mains se poser sur son torse. Elles étaient un peu fraiches. Lui, abandonna la remontée de la robe pour glisser sa main le long de ses cuisses. Tout dans cette soirée lui avait paru faire partie de quelque chose de nouveau, alors maintenant aussi, ça devait être … un nouveau départ.

Entre baisers et caresses, Declan enleva la robe de son hôtesse, aucun geste n’était calculé, ni trop le ni trop rapide. C’était comme s’il tenait à la découvrir à nouveau, profiter de la sentir frissonner sous ses mains, d’entendre sa respiration s’accélérer sous ses baisers, la sentir se cambrer lorsqu’il effleurait son intimité. Tout ici n’était que sensualité, érotisme et douceur.

Tout était si différent de la première fois qu’ils s’étaient retrouvés ensemble. Après une énième réunion de l’assemblée de Grayson, elle l’avait invité à boire un verre, Nathaniel les ayant particulièrement énervé cette fois là. Ils avaient bu et parlé, et encore bu surtout. L’alcool aidant, ils s’éraient retrouvés à coucher ensemble, noyant dans l’alcool et le sexe leur frustration. S’en était suivi une période un peu tendue, pleine de gêne. Et maintenant tout avait changé. C’était … mieux, bien mieux.

Declan embrassa sa maitresse sur les lèvres, la joue, dans le cou, descendit jusqu’entre ses jambes. Je suis déjà toute à toi lui avait elle dit, il allait en profiter, s’occuper d’elle comme jamais il ne l’avait encore fait.
Les efforts qu’elle avait déployés pour préparer le repas qu’ils ne mangeraient pas ne comptaient plus, la tenue de soirée qu’elle portait était déjà oubliée, … rien ne comptait plus maintenant que de lui donner du plaisir, que de lui dire combien il tenait à elle, mais sans mot.

Un sentiment d'absolu s'était emparé d'elle. L'impression d'avoir trouvé sa place, d'une certaine manière, et d'appartenir à autre chose qu'à cette farce macabre que représentait leur village et leurs vies. Soudainement, sa vie ne se définissait plus simplement par ce qu'il se tramait dans les recoins obscures de Grayson. Elle était désormais en droit d'espérer autre chose, d'aspirer à une vie - presque - normale. Bien sur, leur double héritage resterait une menace sourde au dessus d'eux. Mais ils n'étaient plus seuls : ils étaient deux.
Elizabeth savourait en prime le bonheur d'être dans les bras de son crush d'adolescente. Même si elle avait connu d'autres hommes avant lui - heureusement - , aucun ne soutenait la comparaison. Peut être parce que dans leurs ébats, il y mettait une part de lui particulière, que planait quelque part celle qu'il avait perdue ? Ou cela tenait-il au fait qu'elle avait mis des "D + E" dans des coeurs sur toutes ses affaires pendant au moins 6 mois ? Elizabeth n'en avait aucune idée, et à dire vrai, elle n'en avait cure. Il était là pour elle, rien qu'à elle désormais, et elle bénéficiait de toute son attention. Très égoïstement, elle s'en réjouissait, d'autant que l'instant présent était teinté d'un éclat particulier : ce serait le premier jour du reste de leur vie.

Tout son corps réagissait à cet état de fait, chaque sensation décuplée tant par la douceur inédite de Declan que par la force de leurs sentiments enfin dévoilés.
Elle finit de repousser la chemise de Declan, passant ses mains sur ses épaules et dans son dos avant de se perdre dans ses caresses. Apparemment, il avait décidé de prendre les choses en main, et, fait assez surprenant, elle était toute prête à se laisser aller quand jusque là, elle avait plutôt eu tendance à se maîtriser. En prime, elle se débattait entre deux aspirations opposées : le laisser faire durer le plaisir et grossir la vague qu'elle sentait croître en elle, ou le presser de la laisser l'emporter. Incapable de se décider, par la force des choses, elle laissait Declan mener le rythme. Ce qui n'était finalement pas plus mal : elle n'avait aucune envie que ce moment se termine.

Declan se donnait à elle comme il ne s’était donné jusqu’à présent qu’à sa défunte femme (pas quand elle était déjà froide, bande de dégueulasses !!!). Ils étaient presque nus à présent, sur eux ne restaient que leurs sous vêtements. Il avait envie d’elle, une énorme envie d’elle, que rien n’aurait pu cacher d’ailleurs. Doucement, le shérif se redressa et colla son corps à celui de sa belle il désirait ses lèvres sur les siennes, son corps autour du sien.
Tout en l’embrassant fougueusement, Declan allait ôter le soutien gorge de sa compagne lorsqu’une vague de pudeur l’envahi. Pas ici, pas comme ça lui soufflait une voix dans sa tête. Par un jeu de caresse, il lui fit passer ses bras autour de son cou. Il ressentait sa poitrine contre la sienne, dommage qu’il y avait encore un morceau de tissu entre eux pensa brièvement Declan. Ensuite, il la pris par les cuisses et se leva.

« Je connais le chemin » lui murmura-t-il sensuellement à l’oreille.

La bosse de son caleçon frôlait régulièrement l’entre jambe de son amante. Le feu montait en lui, le désir le brûlait, le consumant petit à petit. Il arriva enfin dans la chambre de la maison. Dans un ultime élan de douceur, il allongea sa compagne au dessus des draps et pressa son corps contre le sien.
Il ne tenait plus. Et ce n’était pas cette fameuse bosse, qui rendait son caleçon trop étroit, qui aurait pu convaincre quiconque du contraire.
Rapidement, mais sans pour autant âtre brutal, Declan fini de la déshabiller, et lui aussi, par la même occasion. Après quoi, Grayson s’estompa dans la tête du shérif. Son quotidien était loin derrière. Plus que du sexe, plus que s’évader de la prison dorée dans laquelle il était enfermé, plus que simplement faire l’amour avec l’épicière, Declan tirait un plaisir monstre de cette union. Quand il s’approchait de sa partenaire, il entendait son souffle, il la sentait s’accrocher à lui quand elle passait par une pointe de plaisir.
Il allait et venait en elle, voyageant entre ses reins, caressait sa poitrine, … tout n’était que plaisir brut, jouissance exquise du moment présent.

Chaque seconde semblait se rallonger à l'infini, ce qui n'était pas pour déplaire à notre épicière. Chaque fibre de son être réclamait que ce moment ne cesse jamais, pour ne pas avoir à faire à nouveau face au monde qui était le leur, et pour l'instant, ca marchait plutôt bien : le monde avait disparu. Elle était plus que prête à se fondre en lui, à l'accueillir en elle quand il l'attira à lui dans un magnifique baiser qu'elle lui rendit tout aussi passionnément. Declan... ils étaient deux, mais en cet instant, elle avait l'impression qu'ils n'étaient qu'un. Elle attendait avec impatience de ressentir l'extase qu'elle savait rencontrer bientôt, tout en souhaitant que les choses durent pour qu'elles n'en soient que meilleures, quand, sans trop savoir comment, elle se retrouva dans ses bras, ses cuisses à elle autour de sa taille à lui. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'il faisait, et lorsque ce fut fait, elle lui sourit avec tendresse et se blottit contre lui, balancant ses chaussures au passage. Alors qu'il remontait le couloir en direction de sa chambre, les doigts d'Elizabeth parcouraient son dos dans une longue caresse, le simple fait d'etre ainsi collée à lui - et de sentir son désir flagrant contre elle - ne semblant pas suffire à maintenir l'intensité du moment.

Il l'allongea finalement sur les draps et finit de la déshabiller. Une soudaine fraicheur la parcourue, accentuant encore ses sensations. Elle n'y tenait plus, et visiblement, son compagnon non plus. Enfin unis comme seuls peuvent l'être deux amants, elle s'abandonna complètement à lui dans un soupir de soulagement, comme si elle avait redouté qu'il recule au dernier moment.
Ses hanches montaient à sa rencontre pour mieux l'accueillir, alors que son souffle se faisait de plus en plus court, à mesure qu'elle sentait la vague de plaisir qu'il avait créée grossir, prête à déferler. Les mains d'Elizabeth attiraient Declan à elle en rythme, reagissant avec force à chaque assaut passionné. Elle ne se retenait pas, ne réalisant pas vraiment qu'elle plantait au passage ses ongles dans la peau de son compagnon. L'eut-elle voulu qu'elle aurait de toute facon eu du mal à réfréner ce réflexe passionné.
Ses jambes enserrant les hanches de Declan et sans le quitter des yeux, elle ne pouvait retenir ses gémissements, et se sentait au bord de l'abime, chaque parcelle de son corps résonnant de plaisir.