04. The whore, the princess and the loser [Colleen, Kathleen & Logan]

"Mais je rêve, connard ! Il est malade !"

"Et il fait même pas semblant d'être poli avec moi, je crois qu'il m'en veut à mort... j'espère pas qu'il pense que je t'ai dépucelé hein, ce serait con de sa part."

"Si tu veux on peut rentrer hein..."

Logan tenta de reprendre un air plus détendu, mais le malaise était difficile à évacuer. Comme Colleen l’avait dit plutôt, à bientôt 30 ans, c’était ahurissant que son père soit après lui de cette manière. Du moins d’un point de vue extérieur. De l’intérieur c’était même plutôt logique. Depuis que les Donnelly étaient là, Logan n’avait fait qu’accumuler les bourdes et continuait de les collectionner comme s’il le faisait exprès. Ce qui était en jeu étai trop important pour que Patrick lâche la bride de son demeuré de fils. C’était ses mots du moins.

« J’te l’ai dis… il est comme ça parce que, en ce moment il tient pas à c’que je fasse… trop de trucs débiles » suggéra Logan sans rentrer dans les détails « Puis… comme on était carrément dans ce journal de merde… ça lui a pas trop plu »

Il récupéra sa fiole, la reboucha et la remit dans sa poche avant d’y fourrer ses deux mains.

« Mieux vaut qu’on rentre ouais… de toute façon j’ai soif. Ca m’assèche la bouche ton truc » sourit-il vaguement pour donner le change avant de se détourner pour regagner le musée.

"Oh bon dieu, ne mentionne pas ce putain de journal."

"Une raclure ce journal, quand je croiserai les gamins, je ne me cacherai pas de leur dire le fond de ma pensée. Non mais ils se sont prit pour qui ? Bordel je les hais, j'aurai jamais de merdeux pour éviter qu'ils deviennent comme eux..."

On peut leur laisser qu’ils ont choisi un modèle plutôt canon pour leur photo du mois… t’es plutôt mignonne là-dessus. Elle vient d’où cette photo ? On dirait que ça a été prit au Susan’s

"Tu trouves que je suis canon ?"

"Ouai ouai c'était au Susan's y'a au moins quoi... trois ou quatre ans. T'as vu cette coupe de cheveux ? C'était l'horreur, un hénné qui a mal tourné. Mais bref..."

"N'empêche que j'ai toujours envie de toi..."

C’bien les meufs ça, à faire genre qu’elles sont surprises quand on leur fait un compliment… alors que j’t’ai déjà dis pleins de fois que j’te trouvais bonne !

Arrête, pourquoi… pourquoi tu me fais du mal comme ça ?

"Je suis bonne ?"

"C'est pas un compliment ça gros crétin. Tu es belle, t'es canon ou encore j'ai super envie de toi. Ca, ce sont des compliments !"

"Je te torture pas, je sais que tu adores passer du temps entre mes cuisses, et j'ai toujours pas de soutien gorge... je sais que c'est comme ça que tu préfères."

Pas de soutien gorge hein ? Qu’il la complimente ou pas, le plus dur était de savoir qu’il n’avait cas claquer des doigts pour y avoir accès. Même pas besoin de la séduire ou de lui faire de gringue, pas besoin non plus de la faire boire ou de la droguer ! C’était même plutôt le contraire, c’était elle qui essayait de lui retourner la tête pour le faire craquer. A partir de ce moment-là, franchement, c’était presque inacceptable de la repousser. Combien de mec sur terre pouvaient se vanter d’avoir ce genre de nénette collé aux basques ?
Pas le moindre effort à faire, un corps de rêve et pas farouche… et puis, les toilettes n’étaient pas si loin que ça et c’était elle qui avait lancé l’idée. Peut-être même qu’il y avait d’autres toilettes à l’étage où ils seraient certain de ne pas être surprit par qui que ce soit !

Dans ses yeux sombres, Colleen pouvait certainement lire qu’il était à deux doigts de craquer.
Il émit d’ailleurs un léger grognement, tout partagé qu’il était entre son envie de voir ce qui se passait sous sa robe et sa réticence à faire ça ici, dans un endroit public, avec son père tout proche qui lui foutait les boules.

« Raaaah… non mais ... t’es sérieuse ? » lui demanda-t-il tout bas en lançant quelques regards alentours pour voir si personne ne les écoutait.

"Je suis toujours très sérieuse moi..."

"Ah et bien je sens que tu as très envie donc je propose que nous nous avancions vers l'étage..."

"Tu m'as manqué..."

Debout ça va pas être possible

Fais chier

"T'es vraiment plein de ressources Logan Redd..."

"Oh Logan..."

« Ne t’éloigne pas trop, Katie » la héla une dernière fois sa mère, un soupçon d e panique dans le regard

Kathleen acquiesça avant de se détourner, luttant de toutes ses forces contre elle-même pour ne pas laisser échapper le soupir irrité qui menaçait de s’échapper. Son père était dans un de ses ‘mauvais jours’ et depuis qu’il s’était réveillé de sa sieste, il était tout bonnement invivable. La jeune femme et sa mère avaient bien tenté de le faire rester chez eux mais Georges s’était mis en tête qu’il participerait à la vente aux enchères et ne comptait pas revenir là-dessus.
Elles avaient donc du préparer le fauteuil, la voiture, l’installer, supporter ses remarques et autres coup de cannes sans broncher jusqu’à Edgerton.
Kath avait failli faire demi-tour en remarquant la voiture de Colleen sur le parking, mais elle y avait renoncé, ne souhaitant pas abandonner sa mère à son sort. Ou plutôt, contrainte de l’aider puisque c’était ce qu’on attendait d’une brave fille comme elle…

Les minutes s’étaient écoulées avec une interminable lenteur depuis le moment où ils avaient enfin franchi les portes du somptueux musée tenu par Deena Browning. La standardiste y était venue de nombreuse fois par le passé et elle appréciait le calme et la beauté des lieux. Elle se laissait aller à rêver devant chaque pièce, se projetant dans le passé, dans la vie d’un autre qu’elle. Une vie pleine d’aventures, d’amour… Une vie rude mais heureuse, différente de la sienne.

Mais son père était parvenu à gâcher tout son plaisir et à présent, la brune n’aspirait qu’à fuir. Sa seule excuse avait été de s’éclipser pour aller aux cabinets. Après avoir entendu toutes les réflexions possibles sur la taille de la vessie des femmes, des reproches sur le fait qu’elle aurait du prendre ses précautions avant le départ, Kathleen avait pu abandonner le vieux couple grincheux.
Juste avant qu’ils n’aillent s’entretenir avec les parents de Logan Redd, eux aussi présent. Tant mieux…

Kathleen poussa la porte des toilettes pour dames et la referma en s’appuyant dessus. Elle pu enfin se laisser aller à soupirer tout son saoule, la tête rejetée en arrière, les paupières closes. Après avoir fait le vide dans son esprit, elle s’approcha d’un des deux robinets et ouvrit l’eau pour se rafraichir un peu. C’est à ce moment qu’elle capta du bruit dans la cabine juste derrière elle.
Visiblement elle n’était pas seule ici…

"Bonsoir Kathleen."

La surprise passée, Kathleen s’était raisonnée et avait repris son lavage de main avec sérénité, ou presque puisqu’elle était encore sur les nerfs. Elle s’était imaginé qu’ne utilisant les toilettes de l’étage au lieu de celle située près de l’endroit où se tenait la vente aux enchères, elle serait seule. Visiblement, elle s’était trompée.
Une fois ses mains savonnées, elle les laissa sous l’eau, appréciant le contact frai du liquide s’écoulant sur ses avants bras. La porte s’entrouvrit à ce moment, mais l’occupante ne sortit pas tout de suite de la cabine. Les sourcils froncés, Kathleen vit la porte se refermer puis entendit des bruits de vêtements.
Elle coupa finalement l’eau, vaguement intriguée, puis se dirigea vers le distributeur de serviettes à usage unique.

Elle venait d’en saisir une lorsque cette fois, la porte s’ouvrit pour de bon. La jeune femme fit naitre un sourire courtois sur ses lèvres, observant la femme dans le reflet du miroir suspendu devant elle. Sa mère lui avait appris à se montrer souriante en toutes circonstances, même lorsqu’elle utilisait des commodités dans un lieu public.
En revanche, elle ne lui avait pas vraiment appris à le garder lorsque la personne qui sortait des toilettes s’appelait Colleen Jefferson et qu’elle l’avait traitée de « pute » quelques temps plus tôt…

La standardiste se retourna d’un bloc, l’essuie entre ses mains encore humides, une expression entre la surprise et l’anxiété sur le visage.

« Qu’est-ce que… tu fais là ? » bafouilla-t-elle, prise au dépourvue

Question stupide.

« J’veux dire…Bonsoir » se rattrapa-t-elle en grimaçant nerveusement

"Ouai..."

Kathleen déglutit péniblement, ne sachant pas vraiment où se mettre, quoi faire d’elle-même et surtout, quoi dire. Peut-être valait-il mieux se taire finalement… Mais elle avait un arrière goût de « non fini » en bouche qui lui déplaisait.
Au lendemain du scandale qu’elle avait provoqué en ville, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, la standardiste était allé trouver Grifith pour s’expliquer. Elle s’était jurée de faire de même avec la postière mais n’avait pas encore trouvé la force de se présenter devant elle…
A présent c’était chose faite, Colleen lui faisait face, et c’était le moment où jamais. Si elle devait retourner la voir à Grayson alors qu’ici, elle avait l’occasion de lui parler seule à seule, elle aurait vraiment l’air d’une gourde. Plus encore qu’habituellement du moins…

La brune prit donc une grande inspiration avant de se lancer, terminant distraitement d’essuyer ses mains avec la serviette déjà détrempée et qui commençait à partir en lambeaux…

« J’ai voulu aller te voir après… Enfin j’ai beaucoup repensé à ce qui s’était passé l’autre fois et je m’étais dis que j’irai te parler mais j’ai été débordé avec… tout ce qui arrive en ce moment à Grayson » s’embrouilla-t-elle lamentablement avant de reprendre une inspiration pour se détendre un peu « Je voulais te dire que j’ai conscience d’avoir mal agi l’autre jour et j’en suis navrée »

Voilà, c’était dit. Mais elle ne se sentait pas mieux pour autant.

"Je l'ai cherché mais j'aurai juste préféré que ça ne finisse pas dans le journal. Mais tu nous pouvais pas le savoir."

"Je suis navrée... j'espère que cette histoire est réglée."

Il lui avait fallut fournir un gros effort pour lâcher ces quelques mots et surtout, pour ne pas en ajouter. Mais elle préférait garder le reste pour la suite, au cas où Colleen se montrerait belliqueuse et refuserait ses excuses. Elle pourrait alors lui dire qu’elle avait été trop loin la première avant d’enchainer sur le sujet épineux de sa non relation avec Grifith. Puisque c’était la postière elle-même qui avait décidé de rompre ses fiançailles et qu’officiellement, elle n’était PLUS en relation avec l’adjoint.
Alors pourquoi venir les ennuyer avec des sous entendus ridiculement cruels ?

Cependant, Colleen se montra mature et avoua ses torts. De manière succincte, certes, mais c’était déjà un grand pas vers une paix relative entre elles et Kathleen en fut soulagée. La dernière chose qu’elle voulait, c’était être en guerre ouverte avec la jeune femme. Mais s’il avait fallut en arriver là, alors Kath aurait pris les armes.
Le temps où elle se laissait marcher sur les pieds et se contentait de pleurer était bel et bien révolu. Elle aussi se montrait à présent mature…

Alors qu’elle allait répliquer, un bruit étrange s’éleva dans la cabine que Colleen venait justement de quitter. Les sourcils froncés, la jeune femme tourna un regard interrogatif vers elle, dans l’attente d’une éventuelle explication.

"Tu es venue seule ?"

"Tu sais quand ça commence ? On devrait peut-être filer..."

Le regard de Kathleen dévia une nouvelle fois vers l’une des trois cabines dans le dos de Colleen. Elle l’écouta engager la conversation, ses sourcils bruns toujours crispés par l’incertitude.
Elle avait entendu un craquement très net. Y avait-il quelqu’un dans les toilettes. Pourtant Colleen s’y était trouvée juste avant, elle l’avait vue en sortir…

« Je… Non, je suis venue avec mes parents et je ne crois pas que ça commence tout de suite » ajouta-t-elle en arrachant difficilement son regard de la porte pour le replonger dans celui de la postière « Il y a toujours du retard, les gens sont en train de discuter et de boire, ils en ont encore pour un moment. Tu n’as pas entendu un bruit ? Je jurerai avoir entendu quelque chose... »

Elle désigna ensuite la porte de l’index, encore un peu déroutée.
Une idée venait de germer dans son esprit, mais elle préféra la repousser. Elle venait de s’excuser d’avoir traité Colleen de pute, ça n’était pas pour la soupçonner maintenant d’être venue… « faire des choses » dans un lieu public.

"Non, j'ai rien entendu."

"Je vais y aller, tu descends ? J'avoue que me passer des petits fours de Deena me ferait pleurer..."

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