Il avait été difficile pour tous de respecter cette minute de silence, à commencer par lui-même, mais ces quelques instants de calme retrouvés suffirent pour enrayer la machine destructrice qui s’était emparée d’eux tous sous le coup de la surprise. Une fois terminée, la foule s’était lentement dirigée vers la sortie du cimetière, comme le ressac d’une vague. D’un coup d’œil vers Alicia, il lui signifia d’entrainer les enfants vers la sortie eux aussi, et d’un petit hochement de tête, elle fit signe aux jumeaux de suivre le mouvement. Quelques protagonistes seulement furent laissés derrière, et William avait encore ses yeux clairs braqués sur le dos de L’inspectrice Sallander qui s’éloignait également lorsque le visage de Calvin s’interposa, juste devant lui.

Elizabeth observait la scène, quelques mètre plus loin, non loin du Père Callahan, Nathaniel se tenait là également ainsi qu’Aahron. Le mélange d’autant d’énergies et de personnalités aussi fortes et tendues ne pouvait que dégénérer si lui-même avait le malheur de se laisser emporter par les paroles de Calvin. Une fois de plus il lui échouait la responsabilité d’éviter que le feu ne soit mit aux poudres. Comme d’habitude donc, il fit le choix de l’impassibilité diplomatique. Pas de mépris ni de colère, aucune remarque, simplement l’illisibilité de son regard. Fort heureusement cet idiot de Calvin se détourna rapidement pour quitter les lieux à son tour, et d’une main ferme posée sur l'épaule d’Aahron, il l’empêcha d’interrompre son départ d’une bonne droite dans les gencives, ce que Calvin méritait pourtant un bon millier de fois…

« Quelqu'un devrait garder un œil sur lui. Il ne va pas en rester là »

Un coup d’œil froid vers Nathaniel, mais pas un mot pour lui non plus. Il devait pourtant se mordre la langue pour se retenir de lui balancer au visage qu’ils n’avaient pas attendu qu’il en parle pour y penser… William avait pourtant décidé de mener sa barque dans l’ombre et même ce détail là était de trop lorsqu’il s’agissait de Nathaniel. Il le nia donc superbement pour lancer un bref coup d’œil en direction d’Elizabeth afin de lui conseiller de coller aux basques de Douglas, et ce avant de reporter son attention sur Aahron.

Le voir déguerpir à son tour fut un nouveau soulagement. Moins les Donnelly se baladaient en terrain miné, moins l’on pourrait les accuser à tord de poser les bombes eux-mêmes.
Il se retrouvait donc seul, debout, devant cette tombe vide, dans le silence relatif que lui offrait cet instant solitaire. Seul avec ses certitudes.

« Je ne sais pas ce que Tu nous prépares… » Lui murmura-t-il avec défis « Quoi qu’il en soit, je crois que Tu as reçu mon message… »

Maintenant c’était la guerre ouverte.