07. The dead leaves lay on the lawn, for they don't have trees to hang their own [EVENT]

Alors que Jeanne fixait patiemment le sol, attendant la fin de cette cérémonie, son attention fut sollicitée quand un bruit se fit entendre. Elle releva la tête et vit que le cercueil avait disparu. D'après ce qu'elle entendait autour d'elle, il était tombé dans le trou, plus vite que prévu on dirait ! Mais ce n'est pas ce que la psychologue retenait... Le corps de la vieille dame avait disparu ! La seule réaction qu'elle eut fut de serrer un peu plus fort la main de son mari, lui enfonçant sûrement ses ongles dans sa chair. La panique commença à gagner la foule, qui se demandait où était donc passé le corps de la vieille dame ! Voila une péripétie que personne n'avait prévu...

Jeanne ne lâchait pas Liam, mais elle ne disait rien non plus. Son regard se posait sur différentes personnes dans la foule : le prêtre, William, Donnelly, d'autres... Elle ne savait pas trop comment réagir, ni quoi faire. Paniquer n'était pas vraiment la solution. Rester la, prostrée non plus peut-être... Et puis, elle vit Ezra qui aidait Logan à se relever. Sans doute était-il le seul à se soucier du maladroit qui aurait sûrement le droit à un tas de reproches par la suite. Sa réputation n'était déjà pas rose, mais la... Et puis une autre personne s'intéressa à son cas, mais pas dans le but de l'aider. Le père de Logan fonça sur lui pour lui faire comprendre son mécontentement. De l'avis de Jeanne, il ne valait certainement pas mieux le mettre en rogne ce gars-la, vu comment il traitait son fils. Mais sans vraiment sa voir pourquoi, la psychologue lâcha son mari, et se dirigea vers ces trois personnes. Elle savait que ce qu'elle allait faire était stupide et qu'elle devrait se mêler de ses affaires, mais tant pis ! Elle le fit quand même. Avec son petit gabarit, elle essaya de s'interposer entre la masse du père et Logan.

S'il vous plaît monsieur, lâchez le ! Ce n'est pas le moment ni l'endroit pour faire ça !

Si il voulait tabasser son fils, qu'il le fasse mais en privé et pas au beau milieu d'un cimetière ! Surtout que la principale préoccupation pour le moment était de retrouver le corps d'Odetta...

Liam sursauta en entendant le fracas de Logan s'étalant contre le cercueil et se dernier se brisant. Il n'était vraiment pas concentré sur ce qui l'entourait et fut donc pris de court en constatant les dégâts. Et le drame qu'ils dévoilaient : le corps de la vieille dame avait disparu... Le médecin en lui décida qu'elle était trop vieille - quoique, certaines personnes n'avaient pas de scrupule - et surtout il faisait trop chaud pour qu'il puisse être utilisé pour du trafic d'organes - difficile de garder quoique ce soit en état par une telle chaleur, à moins d'avoir des installations du tonnerre - , alors où était-elle ? Liam regarda autours d'eux, sans trop savoir ce qu'il cherchait, et, face à la panique qui croissait dans la foule, se rapprocha instinctivement de Jeanne et passa autours d'elle un bras protecteur, prêt à la dégager de là si les choses tournaient mal. Encore un geste spontané qu'il n'avait pas prémédité mais qui témoignait de ce qui pouvait subsister entre eux... Et pouvait peut être être sauvé...

Seulement, c'était sans compter sur le coté chevaleresque - ou médical - de Jeanne, qui se précipita pour empêcher Logan de se faire démonter par un homme qui pouvait tout à fait être son frère. Si elle restait là, elle risquait fort de prendre des coups, et ca, Liam ne pouvait pas le tolérer.
Aussi, avec un soupir résigné, emboita-t-il le pas à sa femme avant que le père Redd n'ait le temps de réaliser que ce petit bout de femme lui demandait. Liam attrapa le bras du père, et s'efforca de dégager Logan de l'étreinte sans doute douloureuse qu'il lui faisait subir et qu'il n'était visiblement pas de taille à encaisser. Pauvre type - sans péjoratif là dedans, Liam avait une certaine pitié pour le jeune homme qui, visiblement, avait du en chier gamin pour que ca ne dérange pas son père de molester son fils adulte devant tout Grayson.

" Ecoutez la dame... Par cette chaleur, il fait pas bon s'agiter, vous pourriez faire un malaise aussi... " Il conclut par un regard entendu qui signifiait clairement que le malaise en question pouvait n'avoir rien à faire avec la chaleur s'il s'avisait de continuer à se montrer menacant avec Jeanne aussi proche de lui.

Eh non, Ezra et Jeanne n'était pas les seuls à se préoccuper de Logan. Oh bien sur, comme tout le monde ici réuni, elle avait eu un air horrifié en constatant que le cercueil était vide. La main devant sa bouche, elle regardait d'un air consterné le cercueil brisé, et comme tout ses concitoyens, elle se posait la seule question à se poser en ce moment précis : où était la malheureuse Odetta ? Vivante ? Morte ? Et dans un cas comme dans l'autre, que cachait cette mascarade ?
Les implications de ce qu'elle voyait lui semblaient trop nébuleuses pour être analysées de suite, mais ellles provoquèrent une vague de frisson dans toute sa colonne. Et si les choses se précipitaient trop pour qu'elle et William puisse faire quoi que ce soit de concret ?

Mais en attendant, la foule s'agitait, et Logan ne se relevait pas. Elizabeth ne pouvant rester sur place, elle fit un geste dans sa direction, mais le temps qu'elle fasse les quelques pas qui la séparait de lui, il fut rejoint par Ezra, puis le père de Logan - encore un Redd bien flippant - et enfin le couple Rickard.
Les choses risquaient de dégénérer, et un coup d'oeil à Logan suffisait à conclure qu'il valait mieux qu'il ne reste pas là, qu'on le mette hors de portée de son père - dans un premier temps. Mais Logan ne pourrait pas marcher dans cet état...
Lorsqu'elle eut rejoint le petit groupe qui s'agitait, elle prit le bras de Logan.

" Vient, on va se mettre à l'ombre, tu pourras t'assoir, et reprendre tes esprits... " Lui dit-elle de sa voix la plus douce. Puis elle posa une main sur le bras d'Ezra. " Peux-tu m'aider à l'emmener plus loin ? " Elle eut un regard pour le père de Logan, distrait par l'intervention de Jeanne et Liam. " Il ne faut pas qu'il reste ici... " Et elle ne risquait pas de trainer seule Logan où que ce soit, et Ezra semblait disposé à aider.

William, il faut les faire rentrer chez eux pour le moment

Prends le micro du prêtre et fais-toi entendre ! Toi ils t'écouteront

Il a raison

Il faut évacuer tout le monde d’ici en attendant l'arrivée du shérif

Dernière édition par Calvin Douglas le Sam 15 Sep 2012, 21:13, édité 1 fois

Dans ce village perdu, il fallait toujours qu’il y ait un rebondissement aussi pathétique que dérangeant et cela pour n’importe quelle occasion. A croire que plus personne ne savait faire correctement son boulot. Pour Calvin, cela demeurait compréhensible d’oublier une lettre mais de la à oublier de mettre un macchabé entre ses quatre planches, il y a de la marge tout de même. Ses sourcils se froncèrent en entendant le bois se fissurer puis craquer au fond de la fosse après le malaise du garagiste. Puis, ils se haussèrent sous la surprise annoncée par Monsieur William Ferguson le Sage, bien emmerdé pour déclarer devant tout le monde qu’ils étaient en train de pleurnicher devant une boîboîte vide. Un sourire se dessina quelques secondes sur le coin de ses lèvres tandis que la panique s’emparait de la foule. Ni une, ni deux, le barman se dirigea vers le prêtre Callahan, ne pouvant s’en empêcher après avoir entendu les conneries proférées par Nathaniel et Aahron. Sur son chemin, il en profita pour surprendre Colleen, blottie contre son amie, en pinçant brusquement ses hanches à l’aide de ses mains puis en lâchant un «Bouh !» moqueur et sans gêne. Visiblement satisfait de son initiative, il continua son bonhomme de chemin jusqu’à l’homme d’église.

«Allez dégage de là, t’es tout raide comme si tu n’avais jamais vu un cercueil vide de ta vie, passe-moi ça.. »

« Non mais..que faîtes vous ?! »

Obligé de lui arracher le micro des mains, Calvin reprit dans la foulée se faisant entendre quasiment de tous. Le sourire de tout à l’heure disparut aussitôt de son visage.

«…Je vais finir par régler deux problèmes, Saint Calvin va méchamment guider ton cul béni de Padre avec son pied jusqu’à cette fosse vide parce que tu sais que j’vais le faire ! »

Après un dernier regard explicite, le barman posa son fessier sur une pierre tombale et reprit la parole.

«Je sais vous n’vous attendiez pas à ce que j’sois là aujourd'hui mais c’est le cas ! C’est quand même dingue pour des personnes aussi concernées et attristées d’oublier m’dame Walker, enfin bref, Je m’attends à ce que le trio de cowboys débarque pour me dire de la fermer mais vous savez quoi ? Miss Wood n’a pas pris le soin d’me rédiger un règlement personnalisé cette fois-ci. Ohhh que c’est dommage ! . Comment ça Aarhon ? il faut évacuer tout le monde huh ? C’est sûr que ça va parfaitement fonctionner ! …Avec le shérif en carton bien plus occupé par sa bouteille et ses petits arrangements avec toi, tes blondins de frère, ton manche à couilles de voisin qui ne peut pas prendre le micro parce qu’il a oublié de ramener ses valoches parce qu’elles traînent toujours dans le sac à main de sa femme Alicia et ton autre voisin qui n’est qu’un fumier squelettique qui laisse son cousin se faire battre par son oncle !...T’as toutes les raisons d’y croire ! »

Et voilà, le ton était donné...

« Arrête ca ! »

« Tais toi Calvin ! »

Il ignorait comment se positionner face aux Rickards. Est-ce qu’il devait leur être reconnaissant de s’être interposé, ou est-ce qu’il devait leur en vouloir d’avoir aggravé son cas ?
Patrick n’oublierait pas l’affront. Celui de Logan d’abord, et celui de leur couple de voisin ensuite, qui avaient osés l’humilier devant tout le village et plus encore. Hors il n’y avait rien de plus important pour eux dont le monde se résumait à Grayson depuis des générations. Et détail d’importance pour son père, il venait de se faire interrompre et humilier par des étrangers. Des gens qui n’étaient pas nés et n’avaient pas grandis à Grayson. Pourtant c’était bien là le plus grand des péchés pour lui…

Doucement, Logan avait sentit sa poigne se desserrer pourtant, puis ses doigts épais déserter sa nuque, le laissant chiffonner et raide comme un piquet. Patrick avait toujours plus ou moins réussi à se contrôler en public, contrairement à son défunt frère le père de ses cousins. Ca ne le rendait pas moins dangereux pour autant, simplement plus vicieux, et Logan qui le connaissait bien pouvait lire dans le regard qu’il adressait à Liam Rickard qu’il n’oublierait pas l’offense et prévoyait de lui faire sauter toutes les dents. Pas un regard pour le nouveau venu qui l’avait aidé à se relever, il n’avait pas eut le temps d’intervenir, pas un non plus pour l’épicière puisqu’elle était réellement des leurs, et certainement pas pour Jeanne qui n’était qu’une femme, et qui donc par définition, n’avait aucune espèce d’importance. Tout ce qu’elle disait ou faisait devenait la responsabilité du type qui l’avait épousé, autrement dit Liam.

Pas un mot, plus un regard pour Logan non plus, juste une espèce de sourire malsain de bouledogue tandis qu’il toisait l’ouvrier de ces petits yeux noirs dont Logan avait hérité. Puis en s’éclipsant il prit soin de le bousculer d’un coup d’épaule, avant de retourner vers sa femme.
Saisissant sa ceinture marron, il remonta grossièrement le pantalon de costume qu’il portait, son attention désormais toute entière fixée sur Calvin dont la voix s’élevait près du trou vide.

« Calvin, arrête de jouer avec c’micro et ferme ta grande gueule » lança-t-il sur le ton de la formalité blasée.

Il aurait pu être d’accord avec le tenancier du drugstore sur certain point, le problème étant que celui-ci n’était pas né à Grayson, et que donc, c’était une sous merde qui n’avait même pas lieu d’être, et certainement pas droit au chapitre.

« N’empêche qu’il a raison sur un point : la jeune génération vous savez vraiment pas y faire. Il est temps que j’recommence à m’en mêler » lança-t-il

Et il ne parlait à personne d’autre qu’à ceux qui se reconnaitraient…

« Moi j’me rentre. Allez viens toi » grogna-t-il en direction de sa femme qui lui emboîta le pas aussitôt.

Entre temps, Elizabeth et Ezra l’avaient guidés jusqu’à un banc sous un arbre qui ombrageait ses alentours. La scène, vue d’ici, avec un peu de recule, était d’une étrangeté sans pareil…

Joshua et elle avaient connus Mr. Walker sur les bancs de l’école comme c’était le cas de beaucoup, mais ça s’était passé à la fin de sa carrière et ils ne l’avaient eu que peu de temps avant qu’elle ne prenne sa retraite anticipée. Du coup, Casey se sentait un peu attristé, mais simplement parce que l’idée de la mort était une pensée triste, pas réellement parce qu’elle allait regretter Odetta. La vie aurait certes pu lui accorder une petite décennie en plus, mais il n’en restait pas moins vrai que l’ancienne institutrice était vieille et que la mort n’était pas illogique à cet âge. C’était juste étonnant car à Grayson généralement, la vie était douce et l’on mourait très vieux.

En attendant, Casey se sentait bien plus concernée par la situation maintenant que le cercueil s’était fendu en ne révélant que du vide. Elle n’avait pas vu venir un rebondissement pareil, pas durant un enterrement. Pourtant il semblait que presque chaque regroupement ayant lieu à Grayson était comme destiné à se révéler chaotique. L’incompréhension était totale, et comme à chaque fois, les simples d’esprits en profitaient pour faire un esclandre. C’était un incroyable manque de respect pour Mr Odetta que de ne même pas réussir à se contrôler et laisser tout cela derrière eux le temps que le mystère de la disparition de sa dépouille soit élucidé. Casey trouvait cela méprisable mais éviterait de se mêler au moindre débat. Rajouter une voix qui crie dans tout ce raffut stupide et indigné ne ferait qu’aggraver les choses, et contrairement à ce que pensait cet imbécile de Calvin, son père avait la situation bien en main. Comme toujours.

« Calvin est un grossier personnage mais il n’a pas tord ! Il y en a plus qu’assez de tout ce laxisme ! » s’exclama Miss Pietsky qui consolait Benjamin, uniquement pour avoir une meilleure vue sur la scène Casey en était certaine.

Quelques voix, celles des plus âgés surtout, s’élevèrent en un murmure d’approbation contrarié.

« Je vais porter plainte ! Je n’sais pas encore contre qui mais c’est certain que je vais porter plainte ! » intervint la nièce de Benjamin entre deux sanglots.
« Le corps n’a PAS été oublié ! » insista le Père Callahan.
« Je vous prierais de vous calmer, tous autant que vous êtes ! » coupa court William d’un voix forte, puisque contrairement à Calvin, il criait peu, pratiquement jamais, mais lorsqu’il le faisait il n’avait pas besoin de micro pour se faire entendre. Sa voix tonnait par-dessus les murmures et son regard bleu et sévère dissuadait les plus hardis « Nous ignorons ce qu’il est advenu du corps de Mr Walker et en attendant que ça soit le cas je vous demanderais d’éviter le scandale. La cérémonie est ajournée mais nous nous devons tout de même de présenter nos respects à une femme qui ne méritait pas un tel évènement lors de son dernier voyage. Aussi je vous demanderai d’observer ici et maintenant une minute de silence en l’honneur d’Odetta Walker, car c’est le recueillement qu’elle mérite, et pas les hurlements. Merci beaucoup »

Dernière édition par Aahron Donnelly le Ven 21 Sep 2012, 11:38, édité 1 fois

Pourquoi fallait-il toujours que les choses dégénèrent à ce point dans ce foutu petit village ? Il pouvait comprendre que les gens soient à cran avec ce qui se jouait ici et la chaleur qui n'arrangeait rien, mais tout de même, il y avait des limites. Et justement, les franchir paraissait être la spécialité de cet imbécile fouteur de merde de Calvin ! A côté du gérant de bar du drugstore, ses frères et lui passaient pour des enfants de choeur, sérieusement.
Heureusement pour lui et leur réputation, Colleen Jefferson était intervenue avant qu'il lui saute dessus pour lui arracher le micro des mains. Enfin en réalité, son plan avait été de le lui faire bouffer jusqu'à le voir ressortir par...disons un autre orifice dans la continuité. William et lui avaient réagit, faisant mine de s'approcher mais elle les avait devancé tous les deux, sans doute pour le mieux. Elle n'avait pas vraiment fait d'esclandre et, même si elle avait du hausser le ton et avait l'air au bord de l'hystérie, elle avait su se maitriser pour désamorcer la situation bien mieux que le trentenaire aurait pu se vanter de l'avoir fait.

Le scénario de la bagarre du bar à laquelle il n'avait pas participé mais de laquelle il avait eu un rapport plus ou moins détaillé manqua de se reproduire, mais William intervint à son tour pour ramener l'ordre.
Tout le monde paraissait plus efficace que lui et Aahron ne comptait pas s'en plaindre. Au moins il serait mêlé à toute cette affaire au mieux il s'en porterait ! Cela dit, une petite voix perfide lui chuchotait au creux de l'oreille que ça ne serait pas suffisant et que, d'une manière ou d'une autre, quelqu'un allait finir par tenter de faire porter le chapeau de ce fiasco à la petite bande Donnelly... Ces étrangers qui étaient venus remuer la merde.

La minute de silence proposée pas William ne fut pas tout à fait respectée par tout le monde, à commencer par le père de Logan qui s'était échappé et avait fendu la foule d'un pas conquérant et digne, suivit de près par sa femme qui trottinait lamentablement à sa suite, la tête basse et l'air mortifiée. Il ne fut pas le seul à s'éclipser.
Benjamin, le veuf d'Odetta avait recommencé à sangloter et n'avait plus rien du vieil homme digne qu'il avait pu être précédemment. Aahron était persuadé qu'à sa place, il n'aurait rien eu à foutre d'une minute de silence. A sa place, il aurait voulu savoir où était le corps de sa femme et n'aurait eu de cesse d'hurler cette question à chacun des habitants. il aurait retourné chaque pierre, vérifié chaque habitations, retourné ciel et terre pour lui mettre la main dessus avant de trouver le responsable et de lui faire payer son erreur. S'il s'agissait bien entendu d'une erreur et non d'un acte odieux de cruauté gratuite...
L'homme n'était pas le seul à pleurer mais dans la majorité des cas, les gens étaient plus furieux de s'être fait remonter les bretelles de cette façon qu'autre chose. Les graysonniens n'étaient pas en train de prier pour l'âme d'Odetta Walker comme ils avaient pu le faire précédemment, ils ruminaient et attendaient leur heure. S'ils avaient obtempéré, c'était uniquement parce qu'ils étaient de gentils voisins américains et que régler ses comptes publiquement, le jour où une brave femme était enterrée n'était pas très correct comme comportement...

De son côté, Liam avait rendu regard pour regard à Patrick Redd. L'homme se montrait extrêmement clair : lui, le ressortissant étranger au microcosme Graysonnien, ne perdait rien pour attendre. Il risquait au mieux l'expulsion, au pire, la condamnation à mort. Mais ca n'avait aucune espèce d'importance pour Liam. L'important, c'était qu'il ne risquait pas de s'en prendre à sa femme - ou à qui que ce soit d'autre : Logan ne semblait pas spécialement à même de survivre face à son père... Il n'imaginanait pas forcément les conséquences de son geste à long terme. A court terme, il avait simplement évité à Jeanne de se prendre une trempe à la place de Logan.
Lorsque Patrick Redd finalement quitta la place, Liam se retourna vers Jeanne qu'il n'avait pas lachée. Le petit discours de Calvin lui arracha une grimace dubitative. C'était bien du tenant du drugstore... Mais le plus étrange était que des habitants lui donnaient raison. Et la dernière phrase de Redd lui fit froncer les sourcils : qu'entendait-il par "recommencer à s'en mêler" ? Se mêler de quoi ? De la politique de la ville ? Il ne fallait pas déconner non plus, William n'était peut être pas au top, mais pas au point d'imaginer de voir les anciens se présenter aux élections...

" Il faut vraiment pas grand chose pour que tout parte en couille par ici, on dirait... " marmonna-t-il pour Jeanne.

Une fois Logan hors de portée de son père et assis sur un banc, Elizabeth s'assura qu'il n'avait pas de blessure visible.

" On dirait que tu vas survivre à ca, pour l'instant... Mais... " Elle fit une grimace. " Il faudra peut être laisser Patrick souffler... Tu pourrais peut être aller dormir ailleurs quelques jours ? " Elle connaissait la tendresse des aînés Redd pour leurs enfants, et après cette cérémonie, elle se doutait que Patrick Redd n'aurait pas de pitié. Elle n'attendit cependant pas la réponse de Logan, attirée par une voix qu'elle connaissait et qui s'élevait au dessus des autres.
Elle tourna la tete en direction de la foule pour avoir la confirmation que Calvin avait pris la parole et s'était laché. Elizabeth se sentit consternée par cet opportunisme et la manière dont il s'y prenait, mais fut surprise par la réaction du père de Logan, de Mme Pietsky et d'autres qui lui donnaient raison.
Colleen lui avait arraché le micro, mais il y avait fort à parié que Calvin n'allait pas s'arrêter là. Or il fallait qu'il s'arrête là : le fait que les anciens lui donnent raison risquait de provoquer de nouveaux déséquilibres désastreux pour Grayson, désastreux pour ce qu'il risquait de se passer et pour ce qu'ils allaient tenter avec William. Elle confia donc Logan à Ezra et refranchit vivement les quelques metres qu'ils avaient fait pour rejoindre l'ombre, pour se glisser discrètement aux côtés de Calvin.

" Jolie sortie... même si ca manquait de panache... " Lui glissa-t-elle à l'oreille. " Si même Pietsky est d'accord avec toi... Laisse les parler maintenant. Je les connais, ils vont commenter ca un moment... " Elle lui servit un sourire charmeur. " On dirait que tu vas avoir ce que tu veux... " de ce qu'elle avait compris en tout cas, il voulait renverser l'ordre établit. Mais dans tous les cas, ca ne se ferait pas aujourd'hui, et elle savait que s'il en remettait une couche, ca tournerait à l'émeute, et personne n'avait besoin de ca. Ils avaient meilleur temps de respecter le silence.

Après Ezra, elle-même, et Liam, ce fut au tour d’Élisabeth de venir auprès de Logan. Celle-ci l'éloigna avec l'aide de Johansson de Patrick Redd. Ce dernier ne lança même pas un regard à Jeanne, mais celui qu'il lança à son mari en disait long. La psy avait sûrement encore fait une bourde en se mêlant de ce qui ne la regardait pas, et c'est son mari qui en récolterait les frais... Mais pour l'instant ce n'était pas ce qui lui importait. Après Redd, ce fut au tour de Calvin de faire son numéro... Décidément il y avait un tas de clowns dans le coin ! Il fit son petit speech histoire de mettre le feu aux poudres, mais une autre habitante lui repris le micro... Bref, la situation partait en cacahuète, et William -enfin- intervenait pour faire une minute de silence. Une minute de silence ? Il y a un corps disparu et il propose de faire une minute de silence ? Jeanne était de l'avis d'Aahron de faire évacuer tout le monde... D'ailleurs plusieurs personnes étaient partis déjà et le peu qui restait tentait certainement d'assouvir leur curiosité en glanant le plus d'informations possibles...

Liam ne pensait pas si bien dire... Une seule étincelle et on faisait péter le village à coup sur ! Au moins, il y avait de l'agitation et la vie quotidienne était moins morne qu'elle n'en avait l'air. Mais ce n'est pas ce qui se passait auprès de la tombe qui l'intéressait. Elle prit le bras de Liam et l’entraîna avec elle.

Viens, je voudrais savoir comment va Logan...

Loin d'être proche de lui, ce n'était qu'une excuse pour s'éloigner de la foule, mais surtout de la tombe, où le cercueil se trouvait encore, brisé.

Apparemment, c’est bien trop vous demander que de fermer vos grandes gueules pour une toute petite minute de silence de rien du tout ! Ca hurle, ça fanfaronne, ça se bouscule et ça s’indigne bien fort, et plus personne ici ne se soucie de cette pauvre Odetta Walker, qui ne méritait certainement pas que ses funérailles fassent un tel bide. Personne si ce n’est son pauvre veuf benjamin, totalement effondré.

La plus part des habitants se plient tout de même à la requête de William et un calme approximatif revient sur l’assemblée ébranlée. L’on perçoit encore quelques rumeurs et marmonnement coléreux de ci de là, mais ce bref moment de calme imposé endigue tout de même ce débat naissant qui n’a même pas lieux d’être.

Ou peut-être que si ? Après tout, il faut bien trouver quelqu’un à blâmer pour ce qui vient d’arriver dans le petit cimetière paisible de Grayson. Une tête de turc sur qui se défouler une bonne fois, pour faire passer le temps. Sauf que pour trouver un coupable, il nous faut un shérif bien sûr ! Où peut bien être passé le nôtre ? Quelque part au volant de son 4x4, à faire respecter la loi et défendre l’opprimé ? Au bureau, le nez pongé dans les paperasses en retard ? Peut-être ! … ou peut-être pas… c’est à Lucinda et James de nous le dire.

Quoi qu’il en soit, ce Brave Declan Spelling brille par son absence, et celle de son adjoint n’est pas plus appréciée. Où sont les défenseurs de Grayson lorsque celle-ci est mise à mal ? Et qui reste-il pour accomplir cette lourde besogne, si les deux cow boys du coin sont aux abonnés absents ?

La minute de silence n’est encore qu’à 45 secondes lorsque William lui-même brise la si chaleureuse harmonie du moment pour rejoindre l’Inspecteur Sallander afin de lui demander de prendre le relais des opérations en attendant que leur bon shérif daigne bouger son gros cul sur les lieux. Beaucoup de bêtises et d’énormités viennent d’être dites, mais une chose est certaine, rester planter là à regarder ce cercueil vide ne ramènera pas le corps putréfié d’Odetta, et ne donnera pas plus d’explications sur sa très mystérieuse disparition. Il est temps de regagner le village comme l'on déjà fait certains.

Dakota est désormais en charge de l’évacuation des lieux, dans l’ordre et le respect de l’autre s’il vous plait, bande de mal apprit…

C’était absolument monstrueux. Il n’y avait même pas de mot pour décrire l’horreur de la scène et encore moins pour décrire l’état dans lequel Kathleen se trouvait actuellement. Sa mère avait bien connu Odetta mais elle était tellement sous le choc qu’elle n’arrivait pas encore très bien à assimiler le tout et donc à être affligée par la disparition mystérieuse du corps de sa vieille amie. C’était une chance car si elle avait cédé à la panique comme sa fille, les choses auraient pu mal tourner.

« Respire allons ! Kath ! » finit par s’excéder la femme en giflant sa fille.

Cette dernière hoqueta de surprise, fixa son regard mouillé de larmes sur elle, puis recommença à sangloter de plus belle. Ca n’était après tout plus son premier choc de la journée et elle commençait à s’y faire…

« Kathleen, ça va aller ! Ils vont la retrouver allons, peut-être qu’en fin de compte, il y a eu un souci à la dernière minute et plutôt que de décaler tout l’emploi du temps, ils ont choisi de…de conserver le corps au cabinet de Clyde ! Peut-être qu’ils comptaient le remettre dans le cercueil cette nuit ! »
« Mais qui ferait une chose pareille ? Qui irait déterrer un cercueil pour revenir y placer un corps et POURQUOI et-ce que ce corps aurait eu un problème ? » réussit à coasser Kath, partagée entre l’indignation et la terreur.

Cette terreur qui ne la lâchait plus et l’avait totalement happée, obligeant sa mère à l’amener à l’écart de la foule juste après que les premières rumeurs de disparition du corps se soient élevées.

« Oh tu sais bien qu’il se passe toujours des choses de ce genre ici… Ne te pose pas trop de questions, va ! Tu t’éviteras beaucoup de peine ! »

Eviter de se poser des questions, éviter d’y regarder de trop près, se tenir à sa place et suivre les instructions. Toute sa vie, la jeune femme avait reçu ce genre de consigne lorsqu’il s’agissait de son village et aujourd’hui, elle se posait justement un millier de questions. Il y avait les incendies, il y avait ces périodes d’hécatombes, il y avait les lacs, il y avait les disparitions…
Elle était terrifiée sans arriver à savoir pourquoi et ce qui se passait au cimetière aujourd’hui était la goutte qui faisait déborder son vase.

Et tout à coup, le flot interminable de ses larmes se tarie comme par magie et son regard se fit plus dur, presque menaçant, alors que l’agitation autour du cercueil vide et renversé par Logan dans la fosse cessait enfin pour laisser place à un silence de mort.

« Où est…Odetta Walker, maman ? » articula froidement la standardiste, en plongeant ses yeux brillants de colère sur le visage pâle de sa mère.
« Je…je n’en ai aucune idée Kathleen et je ne poserai pas de question ! Toi non plus, ma fille. Tu ne dois pas poser de question ! Et maintenant viens, rentrons à la maison ! Nous sommes totalement inutile ici et ton père doit… »
« Je ne bougerai pas d’ici avant de savoir ce qui se passe ! Je travaille pour le bureau du shérif ! je suis une adulte responsable et les gens vont se tourner vers nous pour avoir des réponses ! De quoi est-ce que j'aurai l'air si je ne peux pas leur répondre ?» s’agaça Kath en repoussant la main de sa mère sèchement, essayant de se redresser et d’essuyer son visage humide de larmes.
« Kathleen Ann Wood, tu… »
« Oh va CHIER ! » cracha la brune avant de bousculer sa mère pour retourner avec le restant du groupe, animée d’une force insoupçonnée, son cœur battant la chamade dans sa poitrine.

Au moment où elle rejoignit le reste des habitants, l’Inspectrice Sallander prenait la parole. Elle ne fut cela dit pas très attentive à son discours, en partie parce que ses oreilles bourdonnaient trop désagréablement et parce que sa tête était trop encombrée par tout un tas de questions. A commencer par : qu'est-ce qui m'arrive ?
Jamais elle n'avait encore osé parler de cette façon à Tabata Wood et Kathleen ne s'était pas doutée une seule seconde qu'elle s'en sentirait si... soulagée ? Non, le vrai sentiment qu'elle éprouvait à cet instant était de l'euphorie.

Lucinda ne s’était pas contentée d’attendre son chauffeur sur le chemin et elle était venue à la rencontre de l’auto qui avait mis un moment à manœuvrer au milieu du chemin de terre plutôt étroit et des voitures garées tout du long pour pouvoir faire demi-tour. Le trajet avait été silencieux, mais pas du fait de James. Elle n’avait simplement répondu à aucune de ses questions, ouvrant la bouche simplement pour lui indiquer vers où se diriger. La voiture à peine immobiliser devant le numéro 03 de la rue Madison, Lucinda se rua hors de l’auto, laissant sa portière ouverte.
Elle remonta la petite allée menant à la propriété au pas de course et commença à héler son frère avant même d’avoir atteint le porche. Sans prendre la peine de sonner ou frapper à la porte, elle fit tourner la poignée et pénétra à l’intérieur de la demeure qui n’avait pas été verrouillée.

« Declan ! Dec…Declan ! » s’exclama-t-elle avec une pointe de soulagement, précipitant ses pas vers le fauteuil où était installé son frère.

Un frère qui somnolait, son menton reposant sur sa poitrine. Il ne tressaillit pas à l’appelle de son nom et continua de ronfler. Lucinda jeta un coup d’œil à la bouteille de scotch qui gisait à ses pieds et avait laissé échapper quelques gouttes de son contenu sur le parquet élimé du salon.
Se laissant envahir par une vague de rage, la chaleur lui montant au visage, Lucinda asséna une gifle à son frère qui émergea enfin.

« Espèce d’imbécile ! Tu ne pouvais pas choisir un PIRE MOMENT ! » cracha-t-elle en le frappant de nouveau.

Elle l’aurait bien giflé une troisième fois mais son frère avait attrapé son poignet pour l’en empêcher.

« Bordel, Lucy ! Mais qu’est-ce qui t’prends ? »
« Tu empestes l’alcool ! Cette fois tes fichues pastilles à la menthe ne suffiront pas à masquer l’odeur ! » l’accusa-t-elle encore, essayant d’utiliser son autre main pour l’atteindre.

Mais Declan l’en empêcha de nouveau et se redressa tant bien que mal sans lâcher prise.

« Tu veux bien m’expliquer c’qui t’arrives à la fin ? »
« Si tu étais venu à l’enterrement comme tu m’avais PROMIS que tu le ferais, je ne serai pas là ! »
« Quoi c’est… J’ai manqué l’enterrement ? » réalisa le shérif, relâchant enfin son emprise sur sa cadette qui massa ses poignets plus par principe que réellement parce qu’ils étaient douloureux.
« Oui, tu l’as manqué ! Mais je suppose que ça n’est pas si grave puisqu’il n’a pas pu réellement avoir lieu ! »
« De quoi tu parles ? »

Quelques coups s’élevèrent depuis la porte d’entrée et la silhouette de James finit par apparaître dans l’entrée. Lucinda échangea un regard avec son frère, totalement perdu, puis vers la bouteille qui trainait toujours. Et juste avant que son accompagnateur ne les rejoigne dans le salon, elle donna un petit coup de pied dedans pour l’envoyer sous le fauteuil où Declan avait cuvé.
C’était un geste totalement superflu vu la tête de son frère et l’odeur qui flottait dans l’air… Mais elle s’était sentie obligée de le faire.

« Vous êtes qui vous ? Qu'est-ce qui s'passe bon sang ? »

De son coté, Liam avait observé la minute de silence réglementaire lorsque William l'avait réclamée. Cette minute de silence, il l'avait mise à profit pour surveiller du regard ses concitoyens d'adoption, s'assurer que personne ne faisait mine de repartir dans l'agressivité physique - surtout à direction de Jeanne. Il gratifia aussi Calvin d'un regard teinté d'ironie. Que tentait donc de faire le barman avec cette sortie ? Acquérir des fans dans le 3eme âge ? Pourtant habituellement, Calvin les visait plus jeunes... Bon ce n'était pas vraiment le lieu ni l'endroit pour ce genre de pensées grivoises, mais d'un autre côté, il n'avait pas pratiqué depuis... Il avait cessé de compter...

Jeanne le tira de ses pensées pour aller rejoindre Logan. Pas une mauvaise idée, surtout que le cimetière était en train de se vider... En même temps, aller prêter plus d'attention au lopette-Redd ne risquait pas grand chose vu que Patrick avait déserté les lieux.

" Ouais... je te suis... " Il tourna les talons et emboita le pas à son épouse et alla rejoindre lopette-Redd. Une fois à côté du banc, il se planta à côté de Logan, les mains dans les poches de son pantalon et scruta le jeune homme. Il n'avait pas l'air bien, mais n'avait pas trop de trace des violences de son père. C'était déja un bon début... " Ca va ? Tu te remets ? "

Quelle étrange tournures prenaient les évènements. Charlie en avait complètement arrêté de pleurer, trop surprise, trop interloquée pour se souvenir de ses larmes. Toute pensée moribonde avait rapidement déserté son esprit pour ne plus laisser place qu’à la curiosité et le questionnement. Était-il seulement possible que les types des pompes funèbres aient oubliés de placer le corps à l’intérieur du cercueil ? A moins d’une énorme cuite la veille et d’un traitement continu au valium… elle ne voyait même pas comment il était possible d’oublier un cadavre ! Surtout qu’il n’y avait pas cinquante endroits où le mettre ! Sans oublier que le Père Callahan jurait l’y avoir vu ce matin, il avait insisté sur ce détail. Mais alors quoi ? … un corps ça ne disparaissait pas comme ça !

Ce genre d’histoire bizarre méritait au moins son article dans le journal du coin. Pas celui des petits jeunes de Grayson non, un VRAI journal, avec des vrais News ! Soit c’était l’oubli le plus honteux de l’Histoire, soit… soit quoi ? Un corps ça ne pouvait pas s’évanouir dans la nature…

Et en même temps, ces dernières semaines, elle s’était posé des questions plus étranges encore que celle-là. Ce qui s’était passé dans l’épicerie il y a deux mois l’avait profondément marqué, et aujourd’hui, elle doutait de sa propre réalité. Une part d’elle craignait la vérité et souhaitait que la réponse ne se cache pas plus loin qu’un honteux oubli, ou un échange de cercueil, quelque chose de bateau dans ce genre là. La plus grande part souhaitait sincèrement que le corps ait réellement disparu, que la dépouille charnelle d’Odetta Walker se soit évanouie, lui prouvant ainsi que le monde de l’invisible ouvrait de temps en temps ses portes sur leur dimension réalistement ennuyeuse…

Une espèce d’avidité subjuguée au fond de ses yeux bruns, rivés sur le trou vide et béant, Charlie ne perdit pourtant pas une miette des différentes interventions, notamment celle de sa meilleure amie qui avait déserté son bras pour retirer le micro des mains de Calvin. Bonne chose…

C’est fou c’qu’il fait le malin

Cela dit, elle renifla une ultime fois, ses larmes totalement taries désormais, et emboîta le pas de la jeune postière pour prendre la direction du village.

Dormir ailleurs quelques jours ? Chez qui exactement ? Chez Nathaniel et Lucy ? Plutôt crever, et de toute façon la chambre d’ami était prise par Suzanna. Il évitait cette gamine autant que possible et n’avait plus mit un pied chez son cousin depuis qu’elle créchait là-bas. Et aussi, accessoirement, parce qu’il évitait Nath comme la peste depuis qu’il l’avait obligé à tabasser Clyde. Ce qui rayait le second nom de sa petite liste qui ne comportait que deux noms. Impossible d’aller squatter chez son autre cousin puisqu’il lui avait ruiné la tronche…
Il n’avait personne chez qui aller passer quelques jours en attendant que son paternel se calme. De toute façon ça n’était que retarder une échéance inévitable…

Il fut soulagé qu’Elizabeth s’éloigne, le privant ainsi de l’obligation de lui répondre. Comme il ne connaissait pas le type qui l’avait aidé à se relever un peu plus tôt, il ne prit pas non plus la peine de lui parler, se contentant de rester assis sur son banc, le cœur affolé, la respiration courte et la poitrine alourdie par l’angoisse et cette culpabilité trop familière.

Le plus frustrant était de n’même pas savoir, de n’même pas comprendre pourquoi ses nerfs avaient lâchés de cette manière. Il avait toujours eut du mal avec ce genre d’évènements, ce genre d’endroit, mais pas autant, pas comme ça. Il ne regrettait même pas la mort de son ancienne instit’. Alors pourquoi ??

Tu sais pourquoi…

Logan porta une main encore un peu tremblante à son front, se frottant les yeux et la tempe avec force pour essayer de libérer son crâne de la lourdeur qu’il ressentait. Peine perdue.
Peut-être bien qu’il savait pourquoi, effectivement. Mais chaque fois qu’il laissait ses pensées affolées s’attarder de ce côté, la terreur se faisait trop cuisante et transformait ses pensées en élucubrations chaotiques et incontrôlable. Il avait beau essayé de garder la tête froide, de contrôler cette peur irrationnelle provoquée par ses déductions, c’était tout simplement peine perdue. Il n’était pas Nath, il n’avait pas ce courage…

« Ca va ? Tu te remets ? » lui lança une grosse voix.

C’était les Rickard qui étaient de retour à leurs côtés. Il avait envie qu’on lui foute la paix. Ou non, simplement qu’on arrête de lui poser des questions, de le regarder. Il avait simplement envie de rentrer chez lui et de dormir jusqu’au lendemain. Il se sentait vidé de toute substance. Epuisé, comme ça, d’un coup. Pourtant, puisque c’est sans doute ce que ce mec voulait entendre, il hocha la tête à l’affirmative, se contentant d’un petit ‘oui’ mal assuré.

Pour le prouver il entreprit de se remettre seul sur ses jambes, faiblardes et flageolantes, mais acceptant de le porter tout de même.
Il avait froid malgré le soleil de plomb.

« J’vais … rentrer chez moi » marmonna-t-il en voyant la foule s’amasser en direction de la sortie du cimetière, juste avant de trébucher sur les pieds d’Ezra « par-pardon »

Il leur tourna le dos sur quelques pas, puis réalisa qu’il était venu en voiture avec ses parents, et qu’il n’avait aucune envie de s’incruster dans celle de Nath…
Se retournant lentement sur le nouveau blond du coin, il hésita puis, décida de reprendre ses bonnes vielles habitudes de pique-assiette :

« J’peux monter dans votre voiture ?... »

La femme l’ignora pendant tout le trajet et cela le laissa quelque peu irrité. Il eut souvent affaire à des cinglées et des détestables mégères dans sa courte carrière, mais il pouvait facilement comprendre l’hostilité qu’on lui démontrait alors : il était patrouilleur, consigné aux quartiers chauds et problématiques. Mis à part pour quelques habitués, il représentait une sorte de menace en se pointant dans l’antre du crime avec son uniforme, un bouc émissaire pour du mépris mal placé.
Mais ici il n’était rien de plus qu’un simple citoyen, à la limite du touriste, qui accepta de porter assistance à une meute de campagnards aux pompes funèbres défaillantes de bonnes grâces. On le détournait de ses projets, le faisait se démener sur les petits sentiers de terre, et on ne se donnait pas même la peine d’afficher une once de gratitude ou d’humanité!

À voir la façon dont la sœur du shérif s’extirpa de la voiture et partie en boulet de canon vers la porte, James se demanda s’il n’aurait pas tout simplement dû se procurer l’adresse de l’homme pour aller le trouver seul plutôt que d’encourager cette hystérie. Il écouta les cris de la femme en soupirant, attendit patiemment quand elle sembla baisser le ton. Cependant, l’ancien flic fut plus attentif lorsque des éclats de voix lui parvinrent –probablement d’une fenêtre ouverte- teintés de colère pour la femme, et plus bourru pour l’homme. Comme si c’était l’heure aux prises de becs entre frère et sœur, soupira James en sortant de sa Jeep et en se massant les tempes, tentant en vain d’exorcisé son mal de tête. Il ferma toutes portières ouvertes et se dirigea d’un pas traînant vers la maison de campagne.

Il frappa par principe et pénétra la demeure, se rendant avec lassitude où devait être le salon dans un tel endroit, où sembla provenir les sons de tout à l’heure. Le curieux bruit de verre frottant le parquet attira son attention, et l’air quasi coupable dans les grands yeux de la femme lorsqu’il passa le cadre de porte le séparant de la pièce l’interpela… Puis des détails lui sautèrent presque au visage quand James promena son regard sur la pièce : un peu de liquide au sol, l’arôme de l’alcool fort, le verre vide sur la table, mais surtout l’allure de l’homme devant sûrement être le frère, avec cette méfiance déplacée…

« Alors là bravo, franchement… Vous êtes le shérif, c’est ça? » Commença James, sa voix fortement teinté d’ironie et de mépris.

« Bon dieu de… et qui l’demande? » l’ivrogne plissa des yeux rougis mais courroucés, gonflant le torse.

« C’est comme ça que vous faites par ici? Vous buvez toute la journée, écrasé dans votre living room… » Continua James avec plus de véhémence.

« Et pour qui tu t’prends, bordel?! Lucy, c’est qui ce clown, pourquoi tu l’as laissé entrer?! » le shérif grommela, se tournant vers sa sœur qui elle semblait sur le point d’éclater.

Mais avant qu’elle ne puisse répondre, Parker reprit de plus belle, sa voix cette fois plus forte et hargneuse:

« Et vous me parlez de clown en plus?! Écoutez, j’ai rien à foutre de ce qui vous pousse à boire, mais vous êtes très très probablement en service présentement, nom de dieu! Vous comptiez faire comment si un problème se pointait, han?! Vous alliez simplement dégobiller en fermant les yeux et fermer le dossier?! De la flicaille pas même capable de donner un semblant d’exemple ça me rend malade! » Il fit une courte pause, se massa les tempes encore une fois en tentant de regagner son sang-froid, question d’éviter un drame. Quand il reprit parole, son ton brûlait d’une colère sourde qu’on peinait à contrôler : « Vous voulez savoir qui je suis? J’aurais pu être le chauffeur, mais je crois que ça a tombé à l’eau… »

Il jeta un regard cuisant à la sœur, son ton soudainement froid, calme et venimeux :

« En fait, je crois même que je vais retourner à leur petite veillée funèbre pour les informer du fait que leur cher shérif n’est pas en mesure de faire de l’ordre dans son propre village. J'crois que ça va en enchanter plus d'un… »

S’il y avait quelque chose qui le mettait plus hors de lui que les sales caïds terrorisant les villes, c’était bien les mauvais policiers! L'attitude de la femme, la chaleur et le mal de crâne n'aidaient pas du tout son seuil de tolérance non plus d'ailleurs... Il fit quelques pas à reculon, son regard dur sur le frère et la soeur, prêt à quitter les lieux.

L’infâme culot du bonhomme ! Pour qui se prenait-il exactement à débiter toutes ces horreurs à la face de son frère ? A la face du SHERIF, comme il l’avait tout à fait compris et ne cessait de le répéter.
D’après les rumeurs, il était gardien de nuit au musée d’Edgerton et selon elle, n’avait donc aucune raison de faire le mariol ! Peut-être portait-il un uniforme toutes les nuits, mais pas du genre de celui de son frère, c’était certain. Aucune étoile n’était pincée sur sa poitrine et il n’avait aucun amis par ici, contrairement à Declan !
Mais défendre l’honneur de son frère lui était incapable à cet instant. Elle était trop furieuse ares lui et, si ce voisin trop zélé ne savait pas où était sa place, Lucinda, elle, le savait. La rousse était celle qui l’avait conduit (pas littéralement mais au sens figuré bien entendu) bien malgré elle jusqu’à la demeure de son frère et c’était sa faute s’il avait assisté à ce lamentable spectacle et pouvait à présent se permettre de donner son point de vue sur la question.
Declan et elle pourraient s’indigner tout ce qu’ils voulaient, ça ne changerait rien au fait qu’ils s’étaient mis dans ce pétrin tous seuls, le shérif en buvant et Lucinda en le laissant faire trop longtemps. Pas par désintérêt mais plutôt par manque de temps et parce qu’elle avait choisi de faire porter ses priorités sur le village et ses problèmes. Elle avait choisit de concentrer ses efforts sur le contrôle de Nathaniel, sur William et puis sur Clyde qui se cachait au cimetière sous une casquette qui ne lui allait absolument pas, le nez dans un mouchoir pour dissimuler son visage tuméfié au reste du monde…
Elle avait négligé son propre frère et le payait aujourd’hui.

« Attendez ! » s’exclama-t-elle, passant devant son frère pour venir rattraper l’homme, saisissant le tissu de sa chemise à pleine main, les yeux embués de larmes « Ne faites pas ça, j’vous en prie ! Pas maintenant ! Pas aujourd’hui ! Ne dîtes rien à personne s’il vous plait »
« Lucinda, qu’est-ce que… »
« Ils n’ont pas besoin d’entendre ça. Pas après ce qui vient de se passer ! Ils ont besoin de croire en quelque chose, de croire en quelqu’un ! Les gens font confiance à mon frère, je vous en supplie, ne faites pas ça ! » hoqueta-t-elle, des larmes roulant à présent sur ses joues alors, qu’elle fit mine de vouloir immédiatement essuyer, par fierté.

Elle parut d’ailleurs réaliser qu’elle image elle donnait tout à coup d’elle, celle d’une femme fragile, et s’écarta de quelques pas de James qu’elle avait relâché, ses joues se teintant de rouge.

« Je…je suis désolée, je… Le village a besoin de son shérif. Laissez-moi le temps de le remettre un peu en état. Il ne prendra pas cette affaire en charge, il était trop émotionnellement impliqué avec Odetta pour avoir le droit de s’en charger de toute façon. Mais s’il vous plait… Ne dîtes rien, monsieur… »

Elle s'était attendu à ce que Declan intervienne et gâche tout, mais son frère se tint à carreau, heureusement. Peut-être par honte, mais peut-être parce qu'il avait compris qu'elle essayait simplement de gagner du temps et de s'attirer la pitié de l'homme.
Il faudrait qu'ils trouvent quelque chose d'autre pour le faire taire bien entendu. Quelque chose de plus... radicale. Mais Lucinda se voyait mal retourner chercher le cadavre de bouteille pour le lui éclater sur la tête avant de faire croire au reste de ses voisins qu'il avait simplement pris la poudre d'escampette.
Elle ne pouvait pas faire ça alors qu'il était si près de la porte du moins... Le risque qu'il lui échappe était trop grand.

« Putain mais quel connard ! »

« Jte suis, j’ai besoin de me poser rien que deux minutes. »

Il en prête plus vraiment d’attention à ce qui se passe autour de lui. Tout ce qu’il voulait en venant au cimetière, c’était passer pour un bon voisin, capable d’encaisser les coups durs, de se montrer solidaire. Il n’a pas flanché durant la cérémonie, n’a pas eu l’air de s’ennuyer, à ramasser le mouchoir en tissu d’une femme sur le chemin, a baissé la tête quand il le fallait et, lorsque tout a dégénéré, il est venu en aide à Logan. Cependant, il n’est pas sûr que tout le monde apprécie qu’il soit venu prêter une main secourable à celui qui a fait tomber le cercueil dans le fossé… D’un autre côté sans cela, personne ne se serait rendu compte de la disparition du corps de la vieille femme. Mais aurait-ce était une si mauvaise chose que ça ? Seul le temps pourra répondre à cette question, suppose-t-il.
Ezra se tient donc aux côtés de l’homme à qui il a tendu la main, malgré lui. Il aurait préféré s’échapper une fois le couple arrivé mais c’était sans compter sur l’intervention musclée du père de Logan et puis sur l’épicière qu’il lui a demandé de l’aide. Depuis ce moment, Ezra se sent de trop. Il se sent étranger parmi tous ces gens tendus, furieux et en larmes, et n’aspire plus qu’à retourner dans chez lui en compagnie de Kaylee qui, il l’espère, n’est pas encore parti rejoindre Aidan chez lui…

Le grand blond tourne d’ailleurs son visage en direction de Aahron qui est aux côtés du maire et de quelques autres personnes, dont son voisin direct, Nathaniel Redd. Les choses commencent enfin à se tasser après l’intervention du patron de Carmen qu’Ezra a eu l’occasion d’apercevoir une ou deux fois depuis son aménagement.
Maintenant, la foule commence à se disperser et Ezra compte bien suivre le cortège, quitte à abandonner Logan à son sort. DE toute façon, il est entre de bonnes mains maintenant à ce qui semble et tout le monde semble se préoccuper de son état de santé. Tout le monde à part lui et lorsque leurs regards se croisent, l’ancien futur pasteur comprend qu’il a autant envie d’être ici que lui…

J’peux monter dans votre voiture ?...
C’est à dire… Je suis venu à pieds en fait. On m’a dit que ça n’était pas très loin et ma sœur avait besoin de la voiture. Mais je peux faire le chemin avec vous… On vit dans la même rue je crois.

Si aucun imprévu ne s’était présenté comme au pique nique à vrai dire, il n’en aurait pas profité pour tancer ceux qu’il déconsidère et pourrir la cérémonie funèbre de Mme Walker. Mais, comme rien ne tournait rond ici, cela paraissait presque inévitable. Et apparemment, les Graysoniens devaient être à cran pour réagir aussi rapidement, surtout pour des spécialistes de la politique de l’autruche. Calvin ne s’était pas saisi du micro pour étaler tous ses arguments. Non, il le voulait juste pour la forme. Après tout, le cercueil vide semblait être une occasion en or pour taper sur certaines personnes qu’il détestait au plus haut point. Bizarrement, il vit Colleen se diriger vers lui quelques secondes après avoir pris le micro en main. Qu’elle le reprenne. Il avait eu ce qu’il voulait : le non natif prenait ses aises. Mieux que ça, ses arguments semblaient en partie partagés par des vieux briscards du village. Le gérant du Drugstore n’apprécia toutefois pas l’air blasé et supérieur que se donnait Patrick Redd. La cerise sur le gâteau fut la réaction quasiment inattendue de la part de William. Apparemment, ce mec là avait une langue et savait s’en servir de temps en temps. Et puis, ce fut au tour d’Elizabeth de venir à sa rencontre et de tenter une approche plus douce pour le calmer. Mais, il n’oubliait pas la petite phrase de Patrick pour autant.

«Tout dépend avec qui Lizzie…Tout ce que je vois c’est que ce connard essaye de sauver son cul en faisant une minute de silence et ça me rend malade parce que demain ce sera toujours la même histoire ! »

Soit elle paraissait certaine de ce qu’elle lui disait, soit elle lui mentait volontairement pour le calmer. Laissant Colleen l’insulter copieusement, Calvin préféra s’occuper d’un plus gros poisson sur le moment. Le fait de voir William quémander l’aide de Dakota lui souffla méchamment dans le pif.

« Fergie’, tu n’as rien trouvé de plus pathétique, huh ? Même pas capable de respecter une minute de silence que tu lances, il faut que tu crois possible que Miss Sallander peut être en charge de régler ce bins pour gérer l’absence de l’autre incapable. »

Enervé, le barman s’approcha du maire pour le toiser du regard à une trentaine de centimètres, offrant un regard interloqué quasi furtif à Dakota sur le chemin tellement il n’en revenait pas.

«Tu te crois supérieur à tous ces gens, à moi pour leur imposer ça huh ?...je n’ai pas besoin de micro ou d’être né ici pour déclencher une émeute quand j’veux alors que toi…t’as presque autant de pouvoir qu’une pute en fin de carrière ?! Garde ça en tête. Le jour où je botterai ton cul marquera le début du changement. »

Certain de ses propos, il fixa fermement le maire avant de quitter les lieux à son tour subitement. Ce serait dommage de faire un tour en cellule pour camoufler la bourde du doué qui avait oublié le macchabé et servir les intérêts de la petite mafia locale. Sérieusement, comment pouvait on dire que le corps n’a pas été oublié si il n’était pas dans le cercueil ? Il faut arrêter les conneries trente secondes. Mais, tout le monde préférait les gober. Sur son chemin, Calvin en profita pour percuter l’épaule d’Aahron sans avoir fait l’effort de se détourner un minimum pour l’éviter, et cracher sur ses pompes furtivement dans la foulée.

Quelqu'un devrait garder un oeil sur lui. Il ne va pas en rester là

Ca va aller, Mon Père ?

Oui, oui… Je crois bien… Mais bon sang, que se passe-t-il ici ?

Je n’ne sais rien et j’espère que sur ce sujet, les voie de Notre Seigneur seront pénétrables. Allons parlez à mon frère, il en saura peut-être d’avantage. Après tout, c’est chez lui qu’était stocké le corps…

Liam gardait un oeil sur le groupe que formait les villageois. Vu d'ici, ils avaient l'air plutôt normaux. Personne n'aurait pu se douter du petit drame que les gens réunis cachaient. Comme toujours, tout était une question de perspective... Oh bien sur, il se demandait ce que le corps de la vieille dame avait pu devenir. Qu'un corps disparaisse de la sorte était pour le moins étrange, et Liam n'arrivait absolument pas à en percer la motivation. Il ne pouvait pas imaginer qu'il puisse s'agir d'une blague perverse ou juste d'une perversité. Il devait forcément y avoir une raison sensée derrière cet acte. Quant à savoir laquelle...

Il revint néanmoins à Logan quand celui-ci demanda à être ramené. Le "vous" employé lui fit immédiatement penser à lui et Jeanne - Ezra étant par essence tout seul. Pouvait-ils le ramener ? Il consulta son épouse du regard, incertain de ce qu'elle pouvait penser. Encore une chose qu'il commencait à perdre : sa capacité à comprendre ce qu'elle avait en tête. Avant, c'était toujours évident. Aujourd'hui, Jeanne lui semblait cachée derrière un mur et il ne savait plus aussi facilement ce qui la motivait.
De son côté, il ne voyait à priori pas d'inconvénient à ramener Logan où bon lui semblait - si ca ne voulait pas dire le laisser chez son taré de père. S'il avait été seul, Liam n'aurait pas hésité à lui proposer la chambre d'amis, mais il doutait que Jeanne apprécie...

" Tu veux sérieusement rentrer chez toi ? " Il lui jeta un regard dubitatif. " C'est toi qui décide... "

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