01. Hands of time [Elizabeth & Isaac]

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Il allait tomber, l'équilibre allait être rompu, cela ne tenait plus qu'à elle de renverser la situation. Son geste pouvait être fatal comme sauveur. Toute une vie ne tenait qu'à un fil, qu'à l'unique choix d'Elizabeth. Tant pis, une inspiration, poumons gonflés à bloc, et elle s'élança.

Mais ce fut fatal. La fin, pour lui. L'échec avoué, les rêves brisés.

"Meeeeerde !" Grogna-t-elle malgré son élégance habituelle. Sa main n'avait pas réussi à rattraper le verre de soda et celui-ci venait d'éclater au sol. "Beurk." Ses chaussures trempaient maintenant dans une boue de soda.

Colleen l'avait observée durant toute l'action, sans esquiver un seul geste, et lui lançait un regard accusateur à présent.

"Oui, bah ça arrive à tout le monde. Bois-le si tu n'es pas contente. Mais avec une paille." Marmonna-t-elle avant de se retourner face à son comptoir. Elizabeth s'était entêtée à vouloir mettre un maximum de sodas possible sur la table. L'autre serveuse lui avait dit que le dernier ne tiendrait pas et allait tomber. Et elle avait eu raison. Mais c'était Elizabeth...
Hormis ceci, la bonne humeur revint rapidement lorsqu'une scène du film attira leur attention. Qui l'avait choisi déjà ? Ah oui, Handel... pas étonnant.

L'héritière Pryde nettoya ses dégâts rapidement lâchant bon nombre inutile de serviettes en papier dessus. Ecolo à jamais.
Plus tard dans la soirée, alors que l'ennui se faisait fermement ressentir, les pupilles d'or de la jeune femme se perdit sur le shérif qui assurait la sécurité. Ce dernier bombait le torse, jetait un regard brièvement aux alentours, mais son attention était attirée sur l'écran, ça ne faisait pas de doute.
Elle lâcha un soupir inconscient et baissa les yeux.
Ensuite, son attention se porta sur Nathaniel, qu'elle vit passer au loin avec une autre personne. Évidemment, Elizabeth sursauta, comme chaque fois à sa vision soudaine. Une thérapie aurait été utile, car il y avait décidément un problème. Mais à Grayson, non ils n'avaient pas cette merveilleuse chance d'avoir un psy !

La nuit était plutôt fraîche et la vue du ciel n'inspirait guère confiance. Il fallait espérer que la pluie ne s'invite pas, sinon bonjour les dégâts. En fait, cela aurait été drôle... Pourquoi ne pas faire la danse de la pluie ?

Des silhouettes passèrent devant les stands. Les Donnellys étaient présents, dissipés de droite à gauche. Ils attiraient tous les regards sceptiques.
Elle ne les avaient pas encore vraiment abordés, elle espérait juste qu'ils tracent leur chemin avant qu'ils se mettent en tête d'aller plus loin...
Colleen la fit sortir de ses pensées, lui tendant un verre à remplir, il valait mieux avant qu'elle ne pense à pire.

Sujet: Re: 01. Hands of time [Elizabeth & Isaac] Ven 08 Jan 2010, 23:07

Le film avait commencé depuis une demi-heure, les spectateurs avaient pris leur siège. C'était un peu comme un soulagement pour moi, les picotements dans ma nuque et cette impression d'être épié s'était quelque peu calmés. Les Donnelly n'étaient plus le centre de l'attention des habitants de Grayson, enfin un peu de répit. Je n'aurais su dire si cette attitude aurait été longtemps supportable. Allie paraissait ne pas trop s'en soucier, ou du moins elle n'en montrait rien. J'en venais à me demander si elle pensait encore que son plan allait fonctionner.

Les images défilaient sur l'écran mais ne me captivaient pas. Je posai une main sur celle d'Allie pour lui souffler discrètement que j'allais me dégourdir les jambes. Je me déplaçai lentement, rien ne pressait après tout, le film tournerait encore d'ici une heure. Sur le principe, c'était pourtant une bonne idée. Je supposais que notre présence mettait les résidents un peu mal à l'aise, mais il n'y avait aucune raison légitime pour nous virer de leur petite sauterie.
En passant devant le stand de restauration, je pus constater que le plat d'Allie restait pratiquement intact. Le pauvre qui s'était sacrifié pour y goûter devait avoir passer le mot. Le stand de boissons n'était plus très loin et une fois à sa hauteur, mes avant-bras se posèrent sur le comptoir. Mon poids pesait de toutes ses forces sur ceux-ci, sachant que ma position relevait plus de l'affalement que d'un véritable soutien.

Il y avait deux femmes chargées de servir les assoiffés, et l'une d'elle paraissait aussi peu propice à se laisser emporter par le film que moi.

« Vous avez quoi ? »

soupirai-je, en m'adressant à la brune.

Je n'avais même pas spécialement envie de boire, la soif ne me tiraillait pas encore. Il n'y avait pas grand chose à faire d'autres, c'est tout. Je lançai un coup d'œil par dessus mon épaule pour tenter de repérer mes frères. Allie, quant à elle, était toujours assise au premier rang et personne ne m'avait piqué ma place. Je reportai mon attention sur la bénévole du stand, pour ne pas avoir l'air de ne pas m'intéresser à ce qu'elle pouvait dire.

« Mettez-moi n'importe quoi en fait, ça m'ira. »

Elle allait probablement m'énumérer les différentes boissons disponibles avant de la couper, mais rien en particulier ne me faisait envie. J'espérais qu'elle ne prenne pas cela personnellement, ma dernière intention était d'être malpoli.

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"Crois-tu qu'ils sont vraiment passionnés par le film ou ils font tous semblant ?"

Demanda-t-elle à Colleen alors qu'elle s'endormait sur le comptoir. Elizabeth avait franchement besoin d'avoir une discussion avec un être-humain, mais sa collègue du stand n'était pas celle qui répondrait à ses désirs... Cette dernière avait le regard totalement perdu sur l'écran qui projetait la fiction, elle ne l'avait même pas entendue.

"Je crois que j'ai ma réponse."

Un soupir, et elle s'attela à une tâche totalement inutile : le recyclage par couleur des capsules de soda. Au moins, elle s'activait un peu. A Grayson, l'ennui était une corvée quotidienne à affronter à un moment où à un autre de la journée.

Son regard se leva, cherchant une cible de bavardages. Mauvais plan, l'idée d'aller voir le shérif lui avait même titillé l'esprit.

Au loin, une silhouette peu imposante marchait, mais l'ombre et la distance la rendait encore méconnaissable. L'enthousiasme de la brunette commença à lui faire papillonner l'estomac telle sa rédemption.
L'inconnu sortit de l'ombre. Et tous ses espoirs brûlèrent puis la fit choir six pieds sous terre.
C'était Madame Pietsky qui cherchait son chat.
Elizabeth soupira, haussa les épaules, puis se servit finalement une bière pour passer le temps, blasée.

Quelques minutes plus tard, un homme s'approcha de leur stand, c'était un des frères Donnelly, apparemment pas très convaincu par le film.
La serveuse allait se faire un plaisir de tout lui énumérer, c'est-à-dire... eaux, bière, soda, jus de fruits. De quoi en exciter plus d'un. Mais surtout quelques mots à dire enfin.

"Vous êtes sûr ? Vous ne voulez pas que je vous énumère mes quatre choix ? Ca me ferait vraiment plaisir, vous savez."

Oui, le pire était très certainement son ton non-ironique.
Finalement, elle acquiesça et fit son propre choix. Un verre, une bouteille, un versement, et sur le comptoir.

"Voilà. C'est le jus de fruit le plus infâme, qu'on ramène par principe mais qu'aucun villageois ne boit.
Je me délaisse que d'un seul verre... je vais devoir tout ramener à l'épicerie quand même."

Finit-elle plus pour elle-même.

"Le film n'est pas de votre goût, jeune étranger ?"

Simple question qu'elle s'empressa de poser pour ne pas qu'il parte et qu'elle retombe dans l'ennui ferme. Peut-être qu'ainsi elle en apprendrait plus sur les Donnelly, leur but et leurs raisons.

Sujet: Re: 01. Hands of time [Elizabeth & Isaac] Dim 10 Jan 2010, 20:27

Elle insista pour m'énumérer les choix disponibles en boissons mais devant mon regard peu enthousiaste, la tenante du stand finit par céder et me servir un verre au hasard. Soit elle était très bavarde, soit elle s'emmerdait autant que moi. Je la sentais prompte à relancer la conversation sur n'importe quoi du moment que quelqu'un la sorte de son ennui. Mon humeur à moi n'était pour ainsi dire pas vraiment propice à la discussion, en particulier avec une totale inconnue. Je ne savais pas de quel côté penchait la balance, si elle nous détestait et souhaitait à tout prix nous voir repartir, si elle faisait semblant d'être aimable mais qu'au fond elle nous maudissait ou qu'au contraire notre présence ne l'embêtait pas. Mais ici à Grayson, quoique les apparences puissent prouver, ce n'était absolument pas ce qu'on croyait. Je doutais qu'un seul d'entre eux nous accueillent réellement à bras ouverts, et la rapide conversation avec Aidan de toute à l'heure avait tendance à me le confirmer.

La brune m'expliqua que le jus de fruit qu'elle venait me servir était tout à fait imbuvable. Je pris le verre en main, le penchai légèrement pour en voir la couleur et l'approchai de mon nez pour le sentir. A première vue, cela ressemblait à du jus de fruit normal. Une des paroles d'Aidan me revenait soudain en tête, mon frère m'avait conseillé de ne rien accepter de la part de nos hôtes. Je levai mon verre et trempai à peine les lèvres dans le liquide orangé avant de le reposer en affichant une grimace.

« Il est vraiment infect votre truc ! Je crois même pas qu'on peut appeler ça du jus de fruit. »

Je repoussai le verre le plus loin possible de moi sur le comptoir, puis relevai les yeux sur elle tandis qu'elle me posait une question. Si le film n'était pas à mon goût ? Ce n'était pas vraiment ça le problème, mais plutôt d'être entourés de ces crétins. J'étais déchiré entre l'envie de repartir à Cleveland et de laisser cette histoire derrière nous, et celle d'avoir enfin le fin mot de l'histoire. Je savais notamment que cette voie là ne serait pas gratuite et qu'on s'aventurait dans quelque chose qui nous dépassait certainement de mille lieux. Je ne voulais pas mettre Allie et le bébé en danger. Ni Aidan, il était trop fragile même s'il encaissait pas mal jusque là.

« Je l'ai déjà vu. »

répondis-je simplement.

C'était en partie vrai. En fait, je m'étais endormi devant à cause de deux gardes de suite à l'hôpital. Je n'avais donc jamais vu la fin, mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je ne parvenais pas à me vider la tête et à me concentrer sur les images, comme si le fait d'être toujours sur la défensive m'empêchait de me concentrer et de me détendre. J'avais un mauvais pressentiment qui plus est, chose qui commençait à être récurrente ces temps-ci.

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On ne pouvait pas dire que les agents de police étaient dépassés lorsque de tels évènements sont organisés à Grayson. Bien sur, il y avait parfois des débordements occasionnels mais ce n’était rien de très grave. Des gamins aimant braver l’interdit, à la recherche d’une nouvelle imbécilité à faire. Grifith était passé par là lui aussi.

L’adjoint du shériff patrouillait comme prévu autour du guichet et du stand boissons. Grifith prit l’initiative de discuter aimablement avec quelques uns des habitants venus assister à la projection en plein air. En fait, c’était aussi le moyen d’éviter de croiser le regard de Charlie. La blessure était encore profonde et il l’ignorait royalement désormais…pour se protéger. Cela l’étonnait qu’elle soit encore à Grayson.

Puis, le film commença et les alentours paraissaient bien plus calmes. Vêtu d’une veste beige et d’un pantalon marron comme n’importe quel agent de police ici, Grifith ne pouvait passer inaperçu.

Une demi-heure après le début du film, le jeune homme se pointa dans le stand boissons. Il y avait un des Donnelly, Elisabeth Pryde et Colleen, la fiancée du shériff adjoint. Ce dernier se demandait bien ce que les Donnelly étaient venus chercher ici. Enfin, d’un autre côté, il n’avait pas non plus vraiment envie de savoir. Il y a toujours eu des histoires bizarres ici et il jugeait préférable de ne pas s’en mêler pour que sa vie paisible continue.

Enfin, il repoussa ces pensées et s’approcha tout sourire de Colleen. Une relation étrange s’était installée et Grif’ avait parfois l’impression de jouer un rôle en sa compagnie. Après avoir échangé un bref baiser, le shériff adjoint lui fit part de son envie…d’enfiler un verre de jus d’orange bien qu’une bonne bière bien fraîche aurait mieux fait l’affaire. Mais, Grifith était de service et le règlement était strict là-dessus. Enfin, Colleen et Elisabeth ne devait pas avoir de bière en stock de toute façon.

Le jeune homme porta son verre à ses lèvres avant de recracher le tout presque aussitôt. Ce jus de fruit devait avoir tourné. Une moue dégoutée apparaissait sur le visage du shériff adjoint. Il s’aperçut quelques instants plus tard qu’il venait de fusiller le visage et le haut du buste de sa fiancée. Désolé, il s’empressa de s’excuser auprès de Colleen, essuyant le visage de cette dernière avec une des serviettes mises à disposition sur la table. Finalement, elle prenait plutôt bien la chose et Grifith en était soulagé. Il aurait été bête de gâcher cette soirée avec une scène de ménage.

Puis, il s’avança ensuite vers Elisabeth et le jeune homme présent dans la pièce. Apparemment ils étaient en pleine discussion. Grifith prit la parole, l’air avenant, cherchant à s’immiscer dans cette conversation. Il s’adressa dans un premier temps à Elisabeth.

« Bonsoir....Elisabeth, vous allez bien ? j'ai une question...vous faîtes les donuts aussi ? après réflexion, je n'ai plus envie de jus d'orange... »

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Le frère Donnelly paraissait vraiment préoccupé. Il regardait derrière lui, pensif. Bref, pas vraiment la personne bavarde qu'Elizabeth rêvait d'avoir pour tuer le temps. Cette dernière eut un sourire satisfait quand il renchérit sur le jus d'orange infect. Non pas qu'elle voulait qu'il vomisse le breuvage sur le comptoir, ni qu'il se sente mal, mais pour prouver encore une fois que ce jus de fruit n'était pas comestible. Quand arrêtera-t-on de la forcer à en commander ?

Alors que le jeune homme fixait un autre point de l'horizon, l'héritière Pryde ne cessait de l'observer, elle essayait de le sonder, de comprendre ses pensées, voire même ses arrières-pensées. Il avait l'air de rêver d'être ailleurs. Qu'il parte alors, ce serait préférable pour tout le monde, les tensions tuaient bien trop l'atmosphère pour que cela continue.
Les yeux féminins suivirent ceux de l'homme, sur ses frères, cherchant à saisir les inquiétudes et leurs rapports entre eux. Mais c'était comme impossible.

La brunette trouva désespérément un autre sujet à entamer, tout en essayant d'en connaître davantage sur ce blondinet.

"Sinon, que faîtes-vous dans la vie ? Quelle profession exercez-vous, je veux dire ?"

Simple, efficace, et sans ambiguïté. Que pouvait-elle demander d'autres à part : pourquoi vous avez été obligés d'atterrir ici et foutre en l'air la presque tranquillité du village ? Hem, ceci aurait été trop direct, et sûrement sans réponse. Mais les nerfs d'Elizabeth était tout de même instables, elle savait ce qui pouvait arriver... En fait, elle envisageait le pire, comme toujours à Grayson, tout était à prévoir.
Finalement, elle décapsula une bière pour le Donnelly, en peine pour lui et son air de chien battu.

Le shérif adjoint arriva de sa posture nonchalante vers le stand à boisson, et sauva très certainement une conversation à mourir encore plus d'ennui que le rangement par couleur des capsules de soda.
Il embrassa sa femme, acte que Pryde ne put manquer. Elle aimerait faire cela, elle aussi. Le bonheur d'un couple sain, sans ambiguïté, rien. Pas une histoire de physique mais bel et bien une histoire de sentiments... Si seulement.
Quoique, aux vues de ce baiser et des comportements antérieurs, Elie se demanda si -une fois en couple- on vivait vraiment heureux. Tout autour d'elle lui faisait penser qu'une fois attraper une partie de bonheur, celle-ci devait forcement disparaître.

La brune sourit lorsque l'homme d'Etat prit le jus de fruit, contente que ce soir cette boisson fasse encore l'unanimité !

« Bonsoir....Elisabeth, vous allez bien ? j'ai une question...vous faîtes les donuts aussi ? après réflexion, je n'ai plus envie de jus d'orange... »

Elie prit sa bière presque finie qu'elle venait de poser sur le comptoir et but quelques gorgées de façon exagérée devant l'agent des forces de l'ordre. De la taquinerie. Il fallait bien essayer de sourire sous cette lourde atmosphère. Ou pas.

"Toujours, Grifith. Comment aller mal avec un tel film et de tels jus de fruits ? Et vous ? Madame Pietsky ne vous a pas encore agressé ce soir ?" Répliqua-t-elle sur le ton de la plaisanterie. "Et comment va le shérif ?" Finit-elle aussi naturellement que possible, jetant le jus de fruit au sol, rejoignant le soda tombé précédemment. Elle avait décrété que cet endroit serait la zone de déchet, au désavantage de Colleen, toujours aussi absorbée par le film que tout à l'heure.

"Pour les donuts, mon cher Grifith, il faudrait aller voir au stand nourriture, sinon c'est fichu. Revenez demain à l'épicerie, vous êtes mon seul client de donuts avec le shérif, étrangement...
Charlie sera de service à la première heure.
Ah ! Et si je mets de la bière dans un gobelet opaque, vous êtes sûr de ne pas en vouloir ?"

Sujet: Re: 01. Hands of time [Elizabeth & Isaac] Dim 17 Jan 2010, 18:48

Je ne pouvais que trop me rendre compte du regard scrutateur de la tenante du stand. Elle cherchait à sonder mes plus secrètes pensées comme à peu près tout le monde ici, mais quant à savoir ce qu'elle en ferait lorsqu'elle les aurait découvert...Je choisis plutôt de ne pas relever les yeux, préférant me concentrer un instant sur les rainures boisées du comptoir sommaire. Ces attitudes inquisitrices allaient finir par me mettre mal à l'aise, et pourtant au vue du tempérament familial, un Donnelly était loin d'être impressionnable. Je ne décelais aucune hostilité chez la brune, mais elle avait apparemment une curiosité à toute épreuve.

« Je suis médecin. Enfin, en vacances pour l'instant, on m'a suspendu. »

Pourquoi toutes ces questions sur moi ? Si elle n'avait pas été pas une habitante de Grayson, j'aurais pu jurer qu'elle cherchait quelque chose de beaucoup plus intime qu'une conversation. Mais c'était complètement idiot au vue de la situation. Il y avait bien cette Charlie dont m'avait parlé Aidan et Allie, mais je n'étais toujours pas persuadée qu'elle soit aussi bien intentionnée qu'elle puisse paraître. Les gens ici n'étaient pas normaux, on avait tendance à tous s'accorder là-dessus.
Je décidai de m'investir dans la conversation, bien que l'envie n'y était pas. Peut-être pourrais-je moi aussi obtenir des réponses.

« J'ai tué un patient. »

repris-je avant qu'elle n'ait eu le temps de poser une autre question, le ton empreint de culpabilité dissimulé sous un faux air d'indifférence.

La brune me décapsula une bière et la remerciant d'un hochement de tête, je portai immédiatement le goulot à ma bouche. Moi qui avait voulu éviter une boisson alcoolisée pour ne pas qu'Allie me fasse une remarque désobligeante à propos de l'autre soir, c'était mal barré. Enfin, la bière n'était pas de l'alcool dans mes critères.
Je reposai mes deux avants-bras sur le comptoir, me penchant un peu vers elle. Mes yeux suivirent ses gestes, lui signifiant que toute mon attention lui était à présent portée.

Un représentant des forces de l'ordre détourna cependant mon regard vers l'autre tenante du stand. Ils avaient l'air proches, même si des distances inavouées semblaient résider entre eux. Il commanda un jus de fruit et un sourire moqueur m'échappa. Je ne me fatiguai pourtant pas à le prévenir de l'atrocité qu'il allait ingurgiter d'ici peu. A peine porta-t-il le gobelet à ses lèvres que son contenu aspergea le visage et le buste de son interlocutrice. Embarrassé, il tenta vainement de réparer sa maladresse avec une serviette en papier avant de faire quelques pas en notre direction.

Il s'adressa à la dénommée Elisabeth et tandis qu'ils échangeaient quelques formalités, ma bière se vidait peu à peu. J'attendis que la conversation s'estompe peu à peu et tendis une main vers l'homme paré de l'uniforme de flic dont la plaque le désignait comme l'adjoint du shérif.

« Isaac Donnelly. Ravi de faire votre connaissance shérif adjoint. »

Je laissais passer à peine le temps qu'il me réponde avant d'enchaîner.

« Je me demandais si vous accepteriez qu'on se voit pour discuter, après les festivités bien sûr. Peut-être demain ou après-demain. »

Je voulais parler de l'accident de mes parents évidemment. En tant que shérif adjoint, il avait probablement été sur les lieux du sinistre. Nous avions la pseudo-version de Nathaniel, mais encore rien des autorités compétentes. Ils étaient sensés être totalement honnêtes, il s'agissait de flics après tout. Quelque chose me disait cependant qu'ils ne seraient pas plus causants que les autres.

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Grifith fronça des sourcils lorsqu’il s’aperçut que la jeune femme s’abreuvait peut être un peu trop abondamment de sa bière sous ses yeux. Oh il n’était pas du genre à lui en vouloir pour une taquinerie. Un sourire finissait même par se distinguer sur le visage de l’agent des forces de l’ordre.

«J’espère que vous mentez. Sinon, je me ferais du souci pour vos goûts quel que soit le domaine.»

L’adjoint du shériff se décida, après sa réplique, à jeter le gobelet dans lequel était entreposé cet infâme jus de fruit qu’il avait rejeté subitement sur sa fiancé. Oui, ce n’était pas très class mais Grif’ fut surpris que le stand boisson propose des breuvages aussi infectes. Enfin, il préférait éviter d’en faire aussi la remarque pour ne blesser personne. Toutefois, il se doutait qu'il ne serait pas le premier à se plaindre si il venait à en parler.

«Madame Pietzki ? Je ne sais pas…Elle se sent peut être mal après avoir ingéré votre jus d’orange qui sait…»

Rectification. Il ne fit pas la remarque que le jus d’orange était dégueux mais il le sous entendait en envoyant autant de signaux que la station radio de Grayson. Enfin, est ce qu'il y en avait une au moins ? Grifith l'ignorait totalement si c'était le cas. Il leur faudrait bien du courage pour s'implanter ici...

«Declan ? Je l’ai vu tout à l’heure. Il avait l’air d’aller plutôt bien. Han je vois…»

La perspective de revoir Charlie ne lui plaisait guère ce pourquoi il ne prit pas vraiment la peine de répondre de manière plus constructive. Il y a surement un moyen de commander des donuts depuis le poste de police ou soit, Grif' laissera Declan s'en charger. Il comprendra surement pourquoi le jeune flic refuse de se rendre à l'épicerie.

«Hum….Ca marche pour la bière. » ajoutait il avec le sourire ensuite.

En attendant que Elisabeth lui prépare sa boisson, le jeune homme qui se trouvait à leur côté s’invita dans la discussion. Grifith savait qu’il s’agissait d’un des Donnelly mais ne lui demandez pas le prénom. Il avait encore du mal à mémoriser tous ces blondins. Il se présenta comme Isaac Donnelly. Il ne semblait pas faire bonne mine. Le shériff adjoint l'avait remarqué en pénétrant dans le stand boissons.

«Grifith Armstrong, de même.»

Bizarrement, avant qu’il ne s’énonce, le shériff adjoint se doutait déjà du sujet de cette discussion. Ils étaient là pour une raison bien précise que Grifith ignorait pour le moment.

«Oui, passez au bureau demain en fin d’après midi. Je ne suis pas sur le terrain et j'ai de la paperasse à finir. »

La bonté et la curiosité du jeune flic l’avaient poussé à accepter sa demande presque sur le champ. Il se rendra compte plus tard si il a bien fait d’accepter cette entrevue. De toute manière, il était obligé de le voir en quelques sortes, vu sa profession. L’adjoint du shériff récupéra son gobelet opaque par la suite, préparé par Elizabeth. Celle ci semblait avoir en tête de créer sa propre décharge en jetant les cannettes et les gobelets au même endroit.

«Merci Elizabeth…je revis. » lui glissa il avec un sourire après avoir absorbé une première gorgée de bière.

Puis, l'adjoint du shériff scruta sa montre, juste pour se tenir au courant de l'heure actuelle avant de faire quelques pas pour quitter le stand boissons.

"Bien, je m'en vais de nouveau vadrouiller. Bonne fin de soirée à tous les deux si on ne se revoit pas."

Il ne fallait pas trop traîner non plus. Ils n'étaient que deux à assurer la sécurité sur un périmètre aussi étendu. Grif' leur adressa un dernier sourire avant de quitter les lieux, d'une démarche plutôt sereine.

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Médecin, il était médecin. Hm, il n'en avait pas vraiment l'allure... Quoique si, mais plutôt le médecin de séries télévisées alors, qui a six amantes et un amour caché.
L'homme dévoila la raison de sa suspension, et la surprise ne manqua pas. Son regard bloqua sur lui, aussi étonnée par le fait d'avoir tué un patient que par le fait qu'il lui est dévoilé ceci sans aucun problème, voire plus par ce dernier point.
Elle détourna rapidement le regard lorsqu'elle comprit que ceci le gênait.

"Les accidents arrivent à tout le monde..."

Souffla-t-elle d'un ton assez bas qui imageait ses pensées. Ses paupières se baissèrent quelques secondes, le temps que la tension s'efface.
L'adjoint au shérif enchaina sur la pauvre madame Pietsky, au lieu de penser à l'aider nous nous amusions de sa folie des heures entières.

"Le jus d'orange... ou sa nourriture pour chat. Peut-être se prend-t-elle pour son animal maintenant ?"

Un sourire, qu'elle ravala bien vite quand l'homme des forces de l'ordre cita Declan. Un papillon à l'estomac, c'était mauvais signe... très mauvais signe. Pourquoi n'arrêtait-elle donc pas de penser à lui ? Si seulement elle avait résisté la première fois, ils n'en seraient jamais venus jusque là.
La jeune femme lui servit sa bière et la salua avant qu'il ne s'en aille. C'était un bel homme, amical, mais il était franchement difficile à cerner. Elle jeta un bref coup d'oeil à Coleen, peut-être serait-il temps de solidifier ses liens avec elle, Elie voulait s'assurer que tout allait bien pour sa collègue de stand.

L'attention de la fille Pryde retourna sur le Donnelly après ces brèves minutes d'interruption, qu'elle n'avait bien sûr pas loupé. Peut-être devait-elle s'intéresser davantage à ce qu'il se tramait ici ces temps-ci. S'il y avait un moyen de contrôler tout cela, elle serait la première à y adhérer.
Ses mains se posèrent délicatement de part et d'autres du comptoir, pour faire entièrement face à l'inconnu, abandonnant ses torchons et ses capsules, adoptant une position plus proche de l'homme afin de pouvoir discuter plus sérieusement.

"Un conseil, Isaac -si vous me permettez de vous appeler Isaac-, ne cherchez pas plus loin avec Nathaniel, les deux frères sont bornés." Dit-elle sous la ton de la confidence, frissonnant rien qu'à la prononciation du prénom en question. Voyant l'air étonné de son interlocuteur, elle se rattrapa aussitôt, de façon naturelle : "Vous connaissez les stéréotypes sur les villageois sectaires... Et bien vous en avez la preuve vivante. Rien d'alarmant. Je suppose que vous et vos frères ne vous sentiez pas à l'aise, ici, mais si tout le monde s'occupe de ses affaires, tout ira comme sur des roulettes. C'est ce que tout le monde fait ici. Arrêtez de vous torturer l'esprit, occupez-vous plutôt de votre femme qui semble d'ailleurs s'ennuyer de vous..."

Un sourire amicale, et elle se détacha du comptoir pour reprendre une position plus normale.

"Si ce n'est pas indiscret, pourquoi vous a-t-on suspendu ? On a jugé votre faute comme volontaire ?"
Ses sourcils se froncèrent, elle demandait ceci par simple curiosité, bien qu'il n'allait sûrement pas lui répondre...

Sujet: Re: 01. Hands of time [Elizabeth & Isaac] Dim 24 Jan 2010, 18:56

Cette Elizabeth était peut-être bien la personne la plus normale que nous ayons rencontré jusqu'ici. Elle compatissait à mon malheur apparemment, mais ce n'était pas une raison pour en dire davantage sur ce qui m'amenait dans le coin. L'adjoint du shérif, quant à lui, avait beau sortir tout droit d'un cliché de flic de campagne, il n'en restait pas moins sympathique. Il avait accepté ma demande d'entrevue sans grimace d'un type qui se serait emmerdé, ou suspicion à mon égard. Enfin un qui prenait son boulot au sérieux. Peut-être que c'était simplement Nathaniel qui avait un gros soucis dans sa tête, et que les autres étaient plus ou moins épargnés par sa folie.
Alors que l'homme s'empara de sa bière et la dégusta comme si c'était un véritable miracle, il décida qu'il valait mieux qu'il retourne à assurer la sécurité des bons citoyens de Grayson.

« Merci, shérif adjoint. A demain. »

Il ne restait plus que la brune. Ma bière était bientôt terminée, et il serait temps de retourner me vautrer dans le siège à côté d'Allie. J'avais peur de l'avoir déjà laissé trop longtemps seule, mais je savais qu'Aidan n'était pas loin. La dénommée Elizabeth se plaça face à moi pour poursuivre notre discussion en vrai tête à tête, mais son discours me laissa sans mots. Pourquoi évoquer Nathaniel, tout le monde dans ce fichu bled était au courant de notre altercation au garage ?! Enfin au final, elle me recommandait à moi et aux autres de nous mêler de nos propres affaires. Que devais-je entendre par là ? Ne pas chercher à comprendre pourquoi mes parents avaient disparu, ne pas chercher à les retrouver ?
Je serrai la canette de bière au moment où elle parla d'Allie. Mon regard passa de la surprise à la menace, perçant cette gentillesse que j'imaginais fausse à présent. Son sourire soit-disant amical me m'inspirait plus aucune confiance après cet avertissement dissimulé en conseil. Non décidément, ils avaient tous un gros problème ici. Aidan avait raison...

Devant mon absence de réaction, elle changea de sujet à nouveau, reprenant là où nous nous étions arrêtés précédemment. Et notamment ma suspension. Je me penchai un peu plus vers elle, prenant bien garde d'accrocher son regard pour bien me faire comprendre. Je ne pris aucune expression particulière sur mon visage, elle se douterait bien vite que ma réponse ferait écho à la sienne. Je n'avais pas son tact pour faire passer un avertissement, ce serait donc sans. Après un dernier regard autour moi pour être sûr de n'être entendu que par elle, je repris à mi-voix :

« Vous savez ce que ça fait de perdre des êtres chers ? Je crois pas, parce que sinon vous auriez compris toute seule pourquoi on m'a suspendu. Je me mêle exactement de mes affaires en étant ici et en posant des questions aux gens que je rencontre. Alors à mon tour de vous donner un "petit conseil". Parlez encore une fois de ma femme à moi ou qui que ce soit d'autre, de n'importe quelle manière que ce soit, et je ne serais pas aussi courtois la prochaine fois. »

Je restais quelques secondes à l'observer d'oeil à oeil, espérant voir une quelconque réaction à mes paroles traverser son regard. Elle ne l'avait pas menacé à proprement parler. Pas Allie, non. Mais j'aurais préféré qu'elle soit invisible à tous ces cons, doublés de tarés pour qu'elle soit en sécurité. Je ne pouvais pas lui demander de partir, mais je pouvais faire en sorte que Grayson demeure aussi loin d'elle et du bébé que possible.
Je me redressai, relevant le menton sans détacher mes yeux perçants d'elle. Attrapant ma bière d'une main, je reculai de quelques pas.

« Bonne soirée Elizabeth. »

dis-je d'un faux air enjoué, avec un sourire tout aussi simulé.

Elle pouvait jouer la carte de l'amie à la perfection, je savais également le faire. Plus personne ne m'aurait désormais. Surtout pas une belle brune innocente qui servait des boissons. Je revîns m'installer à côté d'Allie, passant un bras sur le dossier de son siège et déposai un baiser furtif sur son épaule en lui souriant de façon rassurante lorsqu'elle se tourna vers moi. Je fis mine de me concentrer sur le film ensuite, mais aucune des images qui défilaient ne signifiait grand chose pour moi, mon esprit s'était égaré sur
un tout autre scénario...

**Invité** Invité

L'attitude de l'homme envers elle changea en un clin d'oeil. Qu'avait-elle bien pu lui dire pour lui faire prendre la mouche si vite ? Certes, ses "conseils" pouvaient porter à confusion, voire n'être qu'hypocrites, mais Elie semblait plutôt une personne sincère pour qu'on la prenne ainsi. C'était Nathaniel qui fallait mordre, pas elle.

"Ce n'est plus vos affaires que vous touchez jeune homme, mais vous venez de mettre les pieds dans un jeu dangereux..."

Murmura-t-elle alors qu'il était déjà dos à elle, marchant en direction des sièges, donc ne pouvant l'entendre. Un soupir, ses paupières s'abaissèrent. Son ton avait été comme si la partie était déjà perdue pour eux. Les dés étaient jetés, mais la case finale n'avait jamais été conçue, elle n'existait pas. Ils n'étaient pas décidés à le comprendre.

Mais qu'est-ce que ce médecin avait-il soudainement avec sa femme ? L'agressivité sur les conseils, Elie pouvait essayer de comprendre, mais sur son épouse, non, là, elle ne comprenait définitivement pas. C'était de l'agressivité gratuite. Il venait de la dégoûter de toute courtoisie ou charme qu'il avait pu dégager.

"Bonne soirée Monsieur Donnelly, mais il n'y aura sûrement pas de prochaine fois."

Pesta-t-elle, vexée. Elle n'était en aucun cas menaçante, mais elle avait simplement l'attitude d'une femme rancunière. Elizabeth n'acceptait de personne ce ton là. Ses yeux suivirent le blondinet rejoindre les siens. Pour qui se prenait-il ? Se croyait-il vraiment supérieur avec ses petits airs de faux médecin ? Allait-il jouer les hypocrites ? Ce n'était vraiment pas d'elle qu'il fallait se méfier... Vraiment.
Elle se retourna d'un geste brusque pour effectuer une tâche ménagère, le visage rouge d'énervement, afin d'essayer de se calmer. C'était sûrement la première fois qu'elle s'énervait pour si peu, en réalité, elle qui prenait un recul impressionnant à chaque fois pourtant.
A ce moment là, Coleen revint au stand et s'approcha de la fille Pryde. Elle avait apparemment tout entendu de la fin de la conversation. La jeune femme lui avait dit des mots comme "c'était évident qu'il le prenne comme ça, surtout après la scène avec Nathaniel, mets-toi à leur place" ou un truc comme ça.
Elie avait alors relevé le regard vers celle qui venait d'apporter le mot de fin à cette partie de soirée. Elle avait raison. Enfin, Coleen coupa vite court et retourna derrière le comptoir. Elle était comme Elizabeth, mieux valait fermer les yeux, oui.
Un soupir, un dernier, et la brunette-décapsuleuse se redressa pour continuer la soirée derrière son comptoir. Elle ne regarda même plus en direction des sièges, cherchant juste du regard le shérif, sans pour autant le fixer, mais simplement connaître sa position, savoir où il se trouvait.

Les deux jeunes femmes débutèrent une conversation typiquement féminines sur l'association du rouge et du bleu en général. Tout allait bien dans le plus merveilleux des mondes.

Ha. La blague.

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01. Hands of time [Elizabeth & Isaac]

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