A vrai dire, c’était bizarre de se l’avouer mais la journée s’était plutôt bien passée…
Au début pourtant il avait sué des goûtes grosses comme les pouces ! Tous ces regards, le scepticisme, les remarques sous capes, il avait bien cru suffoquer à quelques moments. Pas à cause de la chaleur non, plutôt de panique, comme souvent. Mais il avait tenu bon, avait résisté à l’envie tenace de fuir à toute jambe et de quitter le parc, voir le pays. Au final il était resté, il avait tenu ses engagements au près de Kathleen et c’était un sentiment bizarre, mais il n’en n’était pas peu fier.

Surtout que son stand avait eut du succès ! Il en avait les mains grisées de mine et des crampes dans les doigts tellement il avait dessiné. Des portraits, des paysages, des fleurs et autres insectes, même le nounours d’une petite gamine un peu trop timide. Et deux de ses voisins étaient venus lui promettre un peu d’argent pour quelques futurs dessins et commandes. Bref, rien pour venir entacher le tableau de son après-midi. Et pouvoir affirmer que les choses s’étaient bien passées pour une fois lui procurait un sentiment étrange et difficilement descriptible.

Il était justement entrain d’essayer de se le décrire, pour pouvoir peut-être l’expliquer à Kathleen plus tard quand il la croiserait en aparté, et la remercier aussi parce que tout ça, c’était forcément grâce à elle, la confiance qu’elle lui avait accordée, et plein d’autre truc nian-nian qu’il rêvait de lui souffler à l’oreille sous un ciel étoilé… et tout en se faisant, il rassemblait lentement ses quelques affaires. Il fut pourtant interrompu par une voix claire et un bras passé autour de sa taille qui le fit sursauter et se raidir.

Il se retourna d’un trais pour faire face à la rouquine. Bon sang à quoi elle pensait celle là ?!

« Non mais t’es dingue ?! » chuchota-t-il, ses yeux ronds et ahuris parcourant les environs pour s’assurer que personne n’avait vu ce qu’elle avait osé faire en PUBLIC !

Il tira d’ailleurs nerveusement sur son tee-shirt et passa une main dans ses cheveux, déçu une fois de plus de n’pas en trouver assez sur son crâne pour se cacher derrière, lui et son malaise.

« Qu’est-c’qui t’prend ? T’es folle ou quoi ? »

Mais c’est qu’elle insistait en plus ! Elle lui voulait quoi cette petite nana bizarre ? Pour lui c’était pourtant clair ce qui s’était passé l’autre soir. Un coup comme ça en passant et puis basta ! Non ? Eh bien non, elle revenait le hanter et il ne savait absolument pas quoi penser de cette fichue situation, ni quoi faire. Il ne savait même pas quel avis avoir, ni c’qu’il pensait d’elle. Ils avaient baisés comme des sauvages ça oui d’accord, mais ça n’voulait pas dire qu’ils étaient copains ça ! Ca voulait juste dire qu’elle avait un vagin et lui un pénis, et que ces deux parties de leurs anatomies respectives se connaissaient mieux que leurs propriétaires !

En plus elle lui disait qu’il n’y avait plus personne alors que c’était faux. Dans les environs directs, non effectivement il n’y avait plus personne sauf eux deux, mais ils étaient dans un parc bon sang, entourés d’une centaine de personne au minimum ! Comment savoir si l’un ou l’autre regard ne trainait pas de leur côté ?! Il n’avait pas envie de prendre le moindre risque, il devait faire profil bas et sauter toutes les nanas qui passent allait à l’encontre de ses résolutions. Il en avait marre de s’faire taper dessus et cette rouquine avait le mot « emmerdements » écrit sur le front.

Il piétina quelques instants encore avant de lui répondre, incapable de savoir quoi faire de lui-même et de cette gonzesse collante qui le foutait mal à l’aise.

« Bon… écoute… Sacha » débuta-t-il en essayant de prendre un ton plus calme, pour qu’elle se calme aussi et évite de dire n’importe quoi tout haut comme elle venait tout juste de le faire « C’est vrai que c’était… c’était cool l’autre fois mais là tu vois… là j’ai pas vraiment la tête à ce… ce genre de truc, en c’moment c’est compliqué donc… on causera une autre fois ok ? »

Ouais, une autre fois, genre jamais…

Oh merde la tarée !
Logan avait prit le temps de faire les yeux ronds tendit qu’elle portait déjà les mains à sa nuque, comme pour faire mine de se débarrasser de son petit débardeur qui ne cachait déjà pas grand-chose. C’était juste le temps de constater à quelle point cette fille avait un problème. Ca lui était apparut comme une évidence toute crue tout d’un coup, juste avant qu’il ne réagisse enfin. D’un bond en avant il se précipita sur elle pour l’obliger à baisser les bras et ne put s’empêcher d’avoir un mouvement agressif envers elle, juste avant de s’interrompre pour balayer les visages avec frénésie en priant pour que personne n’ait vu ce qui avait faillit arriver ici…

Sale gamine fouteuse de merde ! Comme s’il avait besoin de ça ! Pourquoi ? Mais pourquoi bon sang ? Qu’est-ce qu’il avait fait de si atroce pour mériter une telle vie d’con !?

D’une poigne ferme au niveau du coude, il agrippa son bras et l’obligea à le suivre. Ils s’éloignèrent jusqu’à se retrouver à l’abri de quelques arbres. Pas trop loin de la foule, mais à l’abri des regards surtout…

« T’es grave toi, ça va pas ou quoi d’faire ça ?! » en se tapotant la tempe à coup d’index rageur « J’ai des emmerdes jusqu’au cou et j’ai pas besoin d’une nympho dans les pates ok ?! » lança-t-il maintenant qu’ils étaient isolé et qu’il pouvait parler plus franchement « L’autre soir j’avais un peu bu et ça s’est fait comme ça, mais là c’est bon, tu me lâche ! T’as quel âge de toute façon ? » maugréa-t-il en la lâchant enfin.

Sa première réaction fut à la colère bien sûr. Encore une qui se faisait une joie de lui taper dessus pour un oui comme pour un non. Il en avait tellement assez d’être prit pour un punching ball que l’idée de rendre coup pour coup lui traversa furtivement l’esprit. Après tout il avait été capable de tabasser son propre cousin lorsque Nathaniel le lui avait demandé, et avec Sacha c’était facile non ? Elle était plus petite, menue…

Au final, la colère s’évapora pourtant comme elle était venue pour ne plus laisser que trois grands points de suspension à l’intérieur de son crâne…

17 ans ? Comme dans 27 moins 10 ? Comme dans 10 de moins que lui et 1 de moins que c’que la loi autorisait à fourrer ?! …
17 c’était surtout un an de plus que 16 et 16 c’était un an de plus que 15… et 15 c’était l’âge d’un enfant…

Logan se sentit pâlir et après quelques regards un peu affolés en direction du parc, il se contorsionna pour se dégager d’elle et en même temps, ne pas trop la toucher…

« Quoi… comment ça 17 ans ? » lança-t-il d’une voix blanche « Tu déconne ou quoi ? T’as pas 17 ans… » il s’essaya à sourire l’air de dire ‘tu t’fou de moi j’le vois bien’ ! Et pourtant en même temps il savait bien qu’elle disait vrai… son sourire disparu et il déglutit péniblement « Putain… »

Soudainement lui apparaissait le problème dans toute sa putain d’entièreté. Il était … dans une merde noire… encore plus noire que celle dans laquelle il mijotait depuis des semaines entières…

« Faut que tu le dises à personne, genre vraiment vraiment personne tu comprends Sacha ? C’est super important, j’veux pas d’emmerdes. J’peux pas avoir d’emmerdes pour le moment, j’peux vraiment pas… » s’étrangla-t-il, à deux doigt de la crise d’angoisse.

Le chaud lui montait aux joues et une vague de panique lui vrillait les entrailles. Si son père apprenait ? Si Nath apprenait ? Si Declan apprenait ?! PIRE : Si Kathleen apprenait ! C’était foutu, il était totalement et complètement foutu et c’était juste trop dur à imaginer. Il était mortifié…

Est-ce qu’elle était sérieuse ou pas ? Est-ce que c’était de l’ironie ou est-ce qu’elle était sincère en affirmant qu’elle ne voulait pas lui faire d’emmerdes ? Ca sonnait plutôt bien à ses oreilles, mais en même temps, il devait forcément y avoir une condition. Elle avait ce petit air de la gamine qui prépare un coup, ou tout du moins celui de la gamine qui à une idée bien précise derrière sa petite tête rousse. Est-ce qu’elle se rendait compte de l’arme qu’elle détenait contre lui ou pas ? Sûrement. Elle était à peine sortie de l’enfance mais cette petite garce avait l’air d’être une petite maligne !

Comment se dépêtrer de cette situation ? Il n’osait plus l’engueuler, n’osait plus la repousser, de peur qu’elle se fourre en tête d’aller raconter partout qu’ils avaient couchés ensemble, le pire c’est qu’elle avait une preuve matérielle avec ce putain de foutu dessin où elle était à poils et qu’il lui avait donné ! Putain quel CON !!

T’as cas lui donner rendez-vous cette nuit dans les bois, la tuer puis violer son cadavre espèce de débile…

Non. Le meurtre c’était encore plus d’emmerdements que le détournement de mineur, ça n’était même pas une option. Et l’herbe confortable non plus ça n’en n’était pas une !

« Non, elle a pas l’air confortable l’herbe, elle a l’air illégale ! » répliqua-t-il en ne sachant même pas ou poser ses mains pour la repousser « Arrête, sérieusement, j’vais vraiment avoir des ennuis Sacha, tu pige au moins ? Je… j’suis pas un mec comme ça moi, j’avais bu, il faisait noir, j’ai pas cherché plus loin, mais… c’est pas bien. Tu dois m’laisser tranquille maintenant j’rigole pas … »

Merde il s’était passé quoi dans la vie d’cette gamine pour qu’elle ait le cul en feu à ce point là alors qu’elle sortait à peine du berceau pour ainsi dire ?

Papa la faisait sûrement sauter sur ses genoux quand elle était petite, quelle importance ?

Au fond ça n’en n’avait effectivement aucune parce que concrètement, ça ne l’aidait pas. Ils étaient là, à peine dissimulés par quelques buissons touffus et troncs d’arbres un peu secs, … et elle ? Elle elle était à demie nue devant lui…

Logan s’était toujours dit qu’il fallait être sacrément perturbé dans sa tête pour avoir envie de baiser avec des mômes. Quand il entendait ce genre d’histoires il pensait toujours qu’un truc du style ne pourrait jamais lui arriver, que ça n’était tout simplement pas son genre. Il avait ses vices, mais celui-là n’en faisait définitivement pas partie. Du moins c’est ce qu’il avait toujours pensé, confiant sur la question.
Et là…

Là tu veux la baiser par tous les trous comme un bourrin !

Est-ce que ça faisait de lui un porc ? Un obsédé ? Un enfoiré ? Ca oui, sans doute… Une chose certaine, la culpabilité le dévorait littéralement de l’intérieur. Et le plus douloureux c’est que ça n’était pas la seule chose qui lui dévorait les entrailles à vif. Il y avait du feu dans tout ça, un désir brûlant qui lui consumait les reins et qui lui donnait envie de lui faire tellement plaisir qu’elle en aurait mal. Et entre culpabilité corrosive et désire qui ronge il était tout bonnement incapable de choisir. Sa gorge se serrait en quelques hoquets d’angoisses, son cœur battait la chamade, sa bouche terriblement sèche, la tête lui tournait presque tant il se foutait la pression et ce n’était pas le seul endroit d’ailleurs ou la pression le rendait fou. Il bandait comme un cheval et ce fut presque douloureux lorsqu’elle vint chipoter à la boucle de sa ceinture, et presque une torture lorsqu’il sentit ses lèvres sur son ventre. D’un côté il crevait d’envie de la repousser d’un autre c’était tout simplement trop dur de résister.

L’agrippant soudainement par le bras pour l’inciter à se relever et à se décoller de lui, il fut prit d’un ultime doute…

« Non ! »

… avant de céder.

« … pas ici » souffla-t-il de quelques nouveaux regards vers le parc.

Si quelqu’un arrivait maintenant c’était l’horreur. Et en même temps c’était encore plus bandant comme ça… Il avait beau se sentir affreux il ne pouvait juste pas réussir à faire taire tout ça.

Sacha ramassa donc rapidement ses vêtements, juste avant qu’il ne l’entraine par la main un peu plus profondément à travers les arbres. Il marchait à grands pas et devait littéralement la trainer derrière lui pour qu’elle arrive à le suivre. Au bout d’un moment il posa le regard sur un amas de buissons qu’il contourna pour trouver un lit de mousse. Y’avait quelques cailloux mais pas grave il n’en pouvait plus de toute façon.

Est-ce qu’il allait vraiment faire ça ? Non. SI.
Apparemment il allait le faire parce que déjà il s’était retourné vers elle pour virer son propre tee-shirt avant de venir se coller à elle pour lui arracher son soutien gorge comme il pouvait. D’un même mouvement il l’incita à s’étendre sur la mousse avant de se redresser à genou pour s’acharner sur son bouton et baisser son froc. L’instant suivant il la débarrassait de son petit boxer d’un mouvement sec, l’envoyant valser sans regarder.

Rien à foutre de ses affaires, et rien à foutre des préliminaires ou de lui susurrer des trucs pour essayer de la séduire. Il avait affaire à une salope de 17 ans qui voulait une queue, alors c’est c’qu’il allait lui donner, et sans se retenir. Mais elle l’avait cherché. C’est ce qu’il se dirait ensuite pour apaiser sa conscience, inutilement.

De toute façon t’es déjà maudit pour l’éternité mon pauv’ vieux, quelle différence ça peut faire ?...

Le souffle court et le corps en feu, son esprit s’était décérébré, comme pour pouvoir lui éviter de réaliser qu’il était entrain de sauter une gamine de 17 ans à peine. Il pouvait ainsi se contenter de laisser faire son corps qui connaissait la chanson par cœur et en raffolait au plus haut point. Avec l’excès d’alcool et l’euphorie qui en découlait parfois, il avait l’impression que c’était les seuls moments où il pouvait laisser sortir un peu de toute cette tension permanente qui l’oppressait. La laisser s’échapper de lui pour de bon et s’évaporer enfin, pour lui laisser rien qu’un peu de répits.

Du moins c’était le cas d’habitude, ici la situation était un rien différente même s’il prenait son pied comme un malade. Cette fois-ci, au lieu de l’embrasser et de la regarder sous toutes les coutures il préférait se contenter de fermer les yeux pour s’imaginer ailleurs, avec quelqu’un qui était elle, et pas elle en même temps. Quelqu’un qui ne l’obligeait pas à se sentir pervers et faible et détestable. Avec quelqu’un qui n’aurait pas eut à lui faire du chantage et du rentre dedans débrider pour le convaincre, dans une situation qu’il aurait pu vraiment choisir.

Pourtant tout au fond, il savait qu’au lieu de lui faire du bien et lui permettre de se défouler, c’qu’il était entrain de faire allait plutôt lui peser sur la conscience une fois qu’il aurait terminé, rajoutant toujours un peu plus de poids sur ses épaules. Comme s’il avait besoin de ça…

Il fut pourtant sortit de son illusion mentale lorsque la jeune fille le fit basculer de côté. Il finit dos dans la mousse et la terre, la rouquine au-dessus de lui pour onduler lascivement. En d’autres temps il aimait bien ça. Colleen avait toujours adoré cette position et ça lui avait toujours bien plu. Là, tout c’qu’il pouvait faire désormais c’était observer le corps fin et pâle et terriblement nu de la jeune fille. Et au lieu de la trouver terriblement belle comme c’était le cas, il n’arrivait plus qu’à la trouver terriblement jeune. Chaque centimètre de sa peau semblait lui crier son âge, et lui crier que cette petite gamine de 17 ans jouait avec lui sans se soucier de c’que ça pouvait lui faire, sans se soucier des conséquences, et ce petit air triomphant sur son minois l’excitait et lui filait en même temps la rage au ventre.

En proie à ses hésitations tumultueuses, il se laissa faire quelques instants avant de saisir ses deux bras d’un geste brusque qui l’a fit s’arrêter dans ses mouvements. Il n’pourrait jamais en finir s’il continuait dans cet état d’esprit, et même s’il avait atrocement envie d’la baiser comme la petite chienne qu’elle était, il avait aussi envie que ça se termine au plus vite d’un autre côté.

Sans ménagement il la fit basculer à son tour pour retrouver leur ancienne position, lui maintenant toujours les bras, au dessus de sa tête cette fois. Il se laissait marcher sur les pieds et même sur la gueule par tout l’monde les trois quart du temps, mais là il avait affaire à une gamine même pas majeure et il était hors de question qu’elle le prenne pour une connerie de joujou.

« Evite de parler » grogna-t-il avant de se plaquer à elle de tout son long pour reprendre où elle l’avait interrompu.

Il enfuit sa tête dans son cou, sa joue contre la sienne, et reprit ses martellements frénétiques, les yeux fermés pour faire défiler devant ses paupières clauses tout un tas d’images pornographiques pour accélérer le mouvement.
Jusqu’à libération, enfin…

Laissant échapper un grognement coléreux au creux de son oreille, il pressa encore plus fort sur les poignets de la jeune fille sous le coup du plaisir qui lui déchirait littéralement les reins, avant de relâcher la pression sur ses bras, et de s’écarter, haletant et moite.

Un gros salaud, bah tiens ! Alors celle-là c’était franchement la meilleure ! S’il n’avait pas eut aussi chaud et s’il n’avait pas été aussi haletant il se serait sans douter laissé aller à rire. Rire jaune mais rire quand même. Comme si c’était lui le gros salop dans cette histoire. C’était plutôt elle la grosse salope qui lui était tombée dessus, complètement en chaleur, pour pratiquement l’obliger à la suivre. Il n’avait pas rêvé elle avait clairement sous entendu qu’elle retournerait vers le parc presque à poils si jamais il ne faisait pas ce dont elle avait envie, cette petite garce de gamine capricieuse ! Et maintenant elle jouait les p’tites ados effarouchées. Pour quoi au juste ? Parce qu’il ne lui avait pas roucoulé dans l’oreille ? Elle s’attendait à quel genre d’accueil exactement ? Après la manière dont elle lui avait présenté les choses, c’aurait été vachement naïf d’espérer ne serait-ce qu’un peu de romantisme. Elle avait joué à la fille facile, il l’avait traité en fille facile. Personne n’avait de respect pour ces filles-là, lui y comprit.

Le problème étant que cette petite trainée se faisait maintenant la malle, complètement à poils, et qu’elle retournait en larme vers le parc… qu’est-ce qu’elle avait en tête exactement, se venger ? Allez raconter partout qu’il l’avait obligé ? Voir pire ! Qu’il l’avait violée ! C’était bien son genre, du moins il en avait l’impression, il la sentait impulsive et vicieuse. Indécis, il l’observa s’éloigner sans un mot, la mine mauvaise, avant de juger qu’il ne pouvait pas prendre d’aussi gros risques.

L’instant suivant il se redressait pour enfiler rapidement son jean et lui emboité le pas de quelques foulées de ses longues jambes. Alors qu’il allait tendre la main pour la retenir, la petite rouquine se retourna d’un bloc pour lui faire face, ses joues pâles striées de larmes grises. Cette vision lui tordit un peu les boyaux et une vague de culpabilité le traversa rapidement, avant qu’il ne se rappel que c’était surtout un service à lui rendre. Elle était mal tombée avec lui, mais y’avait franchement pire, et si elle continuait comme ça elle allait tomber sur un enfoiré qui lui ferait vraiment du mal, et pas juste à son petit égo…

Il s’adossa au tronc d’un arbre, bras croisés, pour la toiser d’un petit rictus indéchiffrable.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu chiale ? C’pas c’que tu voulais ? » le ton n’était ni agressif ni moqueur, plutôt insidieux « Tu vas où là exactement … ? »

Si elle prévoyait de retourner vers le parc, elle risquait d’être déçue…

Logan s’esclaffa brièvement, la mine railleuse. Niquer sa mère, bah tiens. Elle croyait qu’il était le genre de mec à devenir tout rouge quand on manquait de respect à sa p’tite maman chérie ? Certainement pas. Rien à foutre de cette vieille pie complètement stupide et inutile. Tellement coincée que le mot « niquer » paraissait surréaliste en parlant d’elle. Quoi qu’il en soit c’était débile comme remarque et c’était clairement affiché sur ses traits. La suite n’était pas plus brillante. Comme si elle lui apprenait quelque chose ! Evidemment qu’il avait des problèmes. Elle était la dernière au courant, le reste de Grayson avait déjà comprit. De toute façon tout l’monde avait des problèmes à Grayson. Elle commençait juste à piger dans quel genre de coin elle était tombée…

Sa mauvaise foi restait tout de même presque légendaire. A l’entendre, il la traitait comme une moins que rien alors qu’elle voulait juste passer du bon temps et sourire à la vie. Ca n’était pas du tout elle qui lui était tombé dessus sans lui laisser beaucoup le choix, qui l’avait menacé à demi-mots, qui avait jouée les allumeuses. Il lui avait dit non et elle s’était dessapée comme une petite garce avant de s’mettre à le tripoter. Mais c’était lui l’enfoiré évidemment. Classique des sales petites pestes dans son genre, qui débarquaient dans la vie des gens pour ‘en faire qu’à leur tête et tout péter sur leur passage si ça leur en disait. Une sale gamine égoïste qui trouverait le moyen de lui attirer des emmerdes il en était certain, même si elle disait le contraire.

Il était tenté de la laisser filer sans plus rien dire pour en être débarrassé, mais sa frustration le poussa à réagir tout de même. Avec elle il pouvait se le permettre, elle ne risquait pas de lui briser deux côtes en se rebiffant.

« Si j’inversai les rôles, alors ça serait moi la sale petite cochonne qui s’assume pas, et toi le mec qui baise une sale petite cochonne qui s’assume pas. Tu voulais t’faire baiser comme une pute, c’est c’que j’ai fais ! Pourquoi t’es pas contente ? Juste pour avoir un truc intéressant à raconter dans ton journal intime de gamine ? » railla-t-il, délibérément méchant et moqueur.

D’un côté il continuait de se sentir coupable et la seule réaction que ça lui déclenchait c’était encore plus de colère contre elle.

Bah tiens. Putain d’merde c’était trop typique. Il soulignait clairement ses tords, et il lui foutait le nez dans son caca du coup comme toutes les gamines de son âge elle changeait de sujet, juste comme ça, en espérant que ça fasse passer la pilule. On oublie tout et on fait comme si rien ne s’était passé.

Pour le coup franchement, il ne savait pas trop quoi lui répondre. Il était trop partagé, comme toujours. D’un côté il la maudissait parce qu’elle avait joué les tentatrice et lui avait forcé la main, avant de jouer les grandes dames parce qu’il ne l’avait pas traité en princesse des milles et une nuits. Franchement avec l’approche qu’elle lui avait réservée elle avait espéré quoi ? Qu’il lui récite de la poésie ? Il trouvait ça injuste, il se sentait frustré, il avait envie qu’elle reconnaisse que c’était elle qui avait déclenché tout ça, pas lui !

Et d’un autre côté, comme souvent la culpabilité venait insidieusement lui ronger les nerfs et l’esprit. C’était aussi redondant que corrosif et il en avait assez de se sentir oppressé, pesant, sale, tiraillé. Elle lui était tombée dessus d’accord, mais c’était lui qui n’avait pas été capable de dire non malgré ses petites menaces. Les aurait-elle seulement mises à exécution ? Il n’en savait plus rien au final, puisqu’elle assurait sans détour qu’elle ne lui apporterait pas d’ennuis avec la justice… Et personne ne l’avait obligé à y aller aussi fort avec elle après. Il savait bien pourquoi il avait agit comme ça, et trouvait ça vile au fond, pourtant il l’avait fait quand même. Juste pour se venger, pour faire mal à quelqu’un, pour être celui qui blesse pour une fois, et pas le contraire. Sauf qu’il était incapable d’aller au bout de ce genre de pulsion. Il n’allait jamais au bout de rien de toute façon…

N’empêche que maintenant c’était fait…

« J’suis pas un barbare » finit-il par répondre après quelques instants de silence hésitant.

La colère avait laissé place à une espèce d’aura morne, qui finalement lui ressemblait plus.

« C’est juste… tu m’es tombée dessus comme ça et … j’sais pas. T’es un peu une barbare aussi » conclut-il d’un ton terne « La rivière est asséchée de toute façon… t’as pas entendu l’histoire avec les lacs ? ‘Fais trop chaud, y’a plus d’eau nulle part »

Il allait enchainer en lui racontant que c’était pour ça que le Maire refaisait construire la piscine mais il n’en n’eut même pas le courage. D’un grand soupir se détourna pour s’éloigner de quelques pas et se laisser tomber sur un vieux tronc renversés sur lequel il s’assit, les coudes sur les genoux et une main dans les cheveux, ses yeux sombres braqués sur les griffes qui baffaient son bras, mais l’esprit ailleurs…

Et voilà qu’elle s’excusait maintenant. Il y a deux minutes encore, il voulait qu’elle reconnaisse ses tords et s’excuse, et maintenant qu’elle le faisait ça le contrariait presque. Il aurait préféré qu’elle soit une espèce de sale petite garce vénale jusqu’au bout, pour pouvoir continuer de la blâmer et de la tenir responsable de cette putain de situation. Au lieu de ça, tout ce qu’il avait devant lui maintenant c’était une toute jeune fille de 17 ans qui lui demandais pardon et qui changeait de sujet d’un ton guilleret en espérant que ça détende l’atmosphère.

C’était tellement… enfantin comme réaction. Rien d’anormal, elle avait 17 ans ! Mais difficile à croire que cette gamine était la même qui lui avait littéralement sauté dessus pour une partie de baise dans les bois. Une gamine qui n’avait pas réfléchi, qui ne s’était pas posé de questions, tout bêtement. Et il lui en voulait justement, de n’être qu’une gamine inconsciente sans vilaine arrière pensée. Parce que qu’est-ce que ça faisait de lui ? Ca faisait de lui le vrai connard de l’histoire, parce que c’était lui l’adulte, lui qui aurait du réfléchir. Et au lieu de ça il avait foiré, comme d’habitude. Au lieu de ça il s’était comporté en connard fini parce que c’est tout c’qu’il était. Un connard. Un détestable connard. Et il s’en voulait à mort d’avoir de nouveau raté le coche de faire c’qu’il fallait pour une fois.

La main toujours enfuie dans ses cheveux, il redressa ses yeux noirs sur le visage de la jeune fille et l’observa quelques instants, ailleurs. Puis ébauchant une espèce de petit rictus en coin, il laissa échapper une espèce de petit souffle, entre le rire et le soupir.

« … t’as même pas idée » confirma-t-il d’un ton très las.

Normalement, c’était le moment où lui aussi s’excusait de l’avoir brutalisé et traité comme une moins que rien, de l’avoir fait pleurer aussi. D’ailleurs il ouvrit même la bouche pour le faire, avant de se dégonfler. A quoi bon ? Les connards ça ne s’excusait pas.

« Tu m’dis pas ça parce que t’espère que j’aille te chercher une bière j’espère. Ca arrivera pas. J’veux pas qu’on m’accuse de t’avoir fait boire de l’alcool en plus d’être un putain d’pédophile. Fait chier » souffla-t-il, excédé, dépassé, morose, avant de se relever pour avancer vers l’endroit d’où ils venaient puisqu’il y avait laissé son tee-shirt.