Il avait passé la matinée avec la tête dans les toilettes, à se vider les tripes et à cracher d’la bile. Est-ce que c’était le stress et le trac qui le rendait physiquement malade ou bien la cuite d’hier soir qui avait plus de mal à passer que d’habitude ? Difficile de le savoir, c’était sûrement un peu des deux. Comme si inconsciemment il se créait une excuse pour pouvoir annuler sa participation au pique-nique. C’est vrai que maintenant qu’il y était, maintenant qu’il fallait sortir de chez lui et mettre en pratique ce qu’il avait promit à Kathleen… les choses n’étaient plus si simple. C’était facile pour lui de dessiner, mais devant tout le village ? Devant Kat, Colleen, Calvin, Grifith, Nathaniel, le Maire, le shérif, son PERE ?! Putain plutôt s’pendre…

Et en même temps il ne pouvait pas envisager l’espace d’une seule seconde de réellement faire faux bon à Kathleen. Elle avait déjà du se poser de sacrées questions sur son absence de ce matin et penser qu’il la laissait lâchement tomber. Il devait se raccrocher à l’idée que c’était lui qu’elle était venue voir en premier, en tout premier, lui qu’elle avait recruté avant qui que ce soit d’autre. S’il foirait c’était juste foutu pour lui, elle ne ferait plus jamais le moindre pas vers lui et tous ses espoirs tombaient à l’eau.

Lorsque 14 heures pointa le bout de son nez, il dut pourtant se résoudre à quitter son antre pour lentement prendre le chemin du parc, les pieds lourds, le teint pâle, la bouche sèche malgré les quelques gorgées de bourbon qu’il s’était enfilées avant d’partir. Une fois en vue du parc, il dut d’ailleurs serrer les dents pour ne pas tout rendre. Un monde bête… ou qu’il pose le regard, des gens, des gens partout, dans tous les coins. L’horreur. L’impossibilité de dessiner dans des conditions pareilles lui semblait évidente. Jamais il n’allait être capable de faire le moindre trait au milieu de tout ce monde ! Qu’est-ce qu’il avait fait ? Quel débile profond, pourquoi avoir accepté de participer ?

Tu n’as rien accepté du tout, j’ai tout vu, c’est ton pénis qui à signé à ta place. Je pourrais témoigner devant une cours si tu veux !

Déstabilisé, Logan s’engagea au milieu de la foule, l’œil un peu hagard, son bloc et ses crayons étroitement serrés contre sa poitrine. Il était habitué à se sentir bête, ou ridicule, dans ce cas précis il subissait les deux en même temps. Il allait totalement s’humilier une bonne fois pour toute devant tout le village entier…

Il mit une ou deux petites minutes à repérer Kathleen au milieu de tout ce merdier, et la trouva quelque part près du stand restauration qui scrutait la foule d’un regard inquiet. Ses magnifiques yeux noisette s’éclairèrent pourtant une fois que leurs regards se croisèrent et il resta planté sur place comme un benêt, obligeant la jeune femme à se déplacer pour le saluer.

Il ne lui en laissa pas vraiment l’occasion pourtant. Le regard fuyant, il lui fit signe de lui emboîter le pas et l’entraina quelques mètres plus loin, à l’abri des oreilles indiscrètes.

« J’suis… j’suis désolé d’pas être venu c’matin j’aurai du t’prévenir, hem… j’pensais pas… j’imaginais pas que y’aurait autant d’monde… » murmura-t-il, l’œil arrondit d’effroi « j’sais pas trop si ça va l’faire, j’sais pas si j’peux, tu comprends ? J'ai jamais fais ça avant … ta robe est très jolie » ne put-il s’empêcher d’ajouter.

Logan s’était attendu à ce qu’elle commente son compliment d’un merci simple, ou un peu timide, avant de passer à autre chose, mais il ne s’était par contre pas attendu qu’elle lui confie ses petites inquiétudes vestimentaires d’emblé. Il trouvait touchant et adorable. Inapproprié ? Difficile d’associer ce mot avec elle, tout lui allait bien. Il était certain que Kathleen aurait réussi à rendre mignon une combinaison de plongée ou un tablier de ménagère fleuri. Puis ce sujet de conversation lui donnait l’autorisation d’observer sa silhouette plus en détail et de laisser courir ses yeux sombres sur sa jolie petite robe d’un rouge lumineux et hypnotisant. Comme une version moderne et vachement sexy du petit chaperon. Dans le rôle du loup, c’était Grifith bien sûr, et lui le chasseur.

Pas du tout tiré par les cheveux.

Et elle s’excusait en plus ! Comme si c’était utile. D’un autre côté elle ne pouvait pas vraiment se douter qu’il aurait pu l’écouter parler de chacune de ses robes une à une pendant des heures sans se lasser une seule seconde. Mieux valait qu’il ne le lui confie pas ce détail d’ailleurs parce que dit tout haut, ce genre de truc aurait certainement sonné beaucoup moins romantique que dans sa tête…
Bref, il regrettait presque qu’elle change de sujet, surtout si c’était pour lui parler d’un Donnelly… Rien que d’imaginer ce sale petit con lui parler, ça lui donnait envie de cogner. Mais juste une envie fugace, parce qu’en présence de Kathleen il avait surtout tendance à se ramollir jusqu’à se liquéfier. D’ailleurs le seul fait de se trouver à côté d’elle lui faisait déjà passer tout envie de vomir. Mieux qu’un médicament.

« Nan je… j’connais déjà, j’ai lu un livre là-dessus y’a quelques années. Plein d’trucs zen aussi mais… j’suis un cas désespéré » expliqua-t-il d’un demi sourire pour balayer le sujet « C’est juste... je m’attendais juste pas à autant de monde, tu comprends ? Mais… j’vais l’faire t’inquiète… j’vais le faire » répéta-t-il en lorgnant la foule d’un bref regard circulaire, comme pour se convaincre lui-même de la chose. Il déglutit d’ailleurs péniblement avant de reprendre « Tu dois être contente n’empêche. C’est fou y’a vraiment… vraiment beaucoup d’gens » s’étonna Logan en triturant nerveusement son bloc de feuille, soudain prit d’une affreux doute « C’est pas sur la scène que ça s’passe j’espère ? Un p’tit coin dans l’herbe c’est mieux. Genre… mon jardin » blagua-t-il d’une petite grimace à la fois désolée et désespérée.

Il était pratiquement sur qu’il venait de la faire rire pour la première fois… Pas uniquement sourire, ou pouffer, ou s’esclaffer, non, un vrai, un franc éclat de rire. D’ailleurs il ne la voyait pas souvent rire de cette manière avec quoi que ce soit d’autre, pour ainsi dire jamais. Ce qui était atrocement dommage d’ailleurs parce que ça la rendait plus belle encore que d’habitude, tellement belle que c’en était presque insupportable à regarder. Son cœur battait la chamade, avec une certaine nuance de fierté qui ne lui était guère commune, pendant que des papillons hyperactifs lui malmenaient le ventre. Avec cette chaleur il avait l’impression de fondre, littéralement. Il passa d’ailleurs un bref revers de main sur son front sous sa casquette tandis qu’elle reprenait la parole.

Impossible de détacher son regard de ses lèvres, il mourrait trop d’envie de l’embrasser pour ça. Là maintenant, au beau milieu du parc, à pleine bouche et devant tout le monde. La scène lui apparaissait tellement nettement devant les yeux qu’il en avait presque du mal à se concentrer sur ce qu’elle lui disait. Et il dut se concentrer plus encore pour réussir à arrêter de loucher sur elle d’un air abruti. Une fois qu’elle se tut, il hocha d’abord la tête sans trop savoir à quoi il répondait, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il ne répondait justement à rien.

« J’ai vraiment hâte de t’entendre chanter. Tu vas être géniale »

Il n’était pas sans savoir qu’elle aimait et savait chanter, mais uniquement parce qu’il l’épiait de loin depuis longtemps. C’était arrivé qu’elle se mette à chantonner lorsqu’elle se croyait seule, et à l’une ou l’autre occasion au cours de leurs vies, mais ça n’était pas la même chose que de monter sur scène et de pousser la chansonnette dans un micro devant plus d’une bonne centaine de personnes.

« T’es vachement courageuse, moi j’oserai jamais. Même si j’avais la voix de Ray Charles »

Quant au reste, ce n’était pas une grande surprise. Il s’était douté depuis le début que les gens verraient d’un drôle d’œil qu’il soit soudainement doué pour quelque chose. Ce n’était pas soudain, il avait toujours su dessiner, mais n’en n’avait jamais réellement fait profiter grand monde. Les quelques petites-amies qu’il avait eut, Kathleen puis Colleen et cette étrange et jolie petite rouquine avec le feu aux fesses qu’il s’était fait il y a quelques semaines. C’était tout. D’ailleurs il lui restait à désigner un endroit dans l’herbe où s’installer. Franchement ça n’avait pas beaucoup d’importance, alors il désigna le coin le plus proche avec de l’ombre.

« Enfin bref, là ça m’parait bien. Hem… par contre… dis pas mon nom dans l’micro ok ? … parle juste des dessins, ça suffira, j’veux dire si c’est possible … c’est possible ? Enfin c’est toi qui vois … c’est ta journée » sourit le jeune homme, prêt à la suivre jusque dans la fausse aux lions.

Le salop, le salop, le salop, le salop, le salop, le salop.
Quelle horreur, pourquoi est-ce que ce connard prenait autant de plaisir à le mettre dans les pires situations qui soient ?! Il savait pertinemment quel effet devait lui faire une foule qui applaudit, qui l’applaudit LUI. Bande d’hypocrites, il les détestait encore plus lorsqu’ils faisaient semblant de l’apprécier. En attendant il avait juste envie de fondre, de creuser un trou pour s’y enterrer vivant et mourir étouffé. Mais pas par la terre non, par la honte. C’était juste plus fort que lui, c’était trop difficile de s’en réjouir ou même d’y croire, trop improbable aussi, comme situation.

D’un autre côté, et il aurait préféré crever mille fois plutôt que de l’admettre, il y avait bien une espèce de fierté, là tapie, quelque part au milieu des rampants et de la vermine qui lui parasitaient l’esprit. C’était une fierté ruinée et gâtée par l’angoisse et son envie instinctive de se cacher, mais c’en était tout de même. Une fierté teintée d’une espèce de vengeance. Et puis on l’applaudissait devant Kathleen. Est-ce qu’on avait déjà applaudit Grifith devant Kathleen ? Certainement pas, jamais. Il aurait aimé être capable de s’en réjouir mais ça n’était tout simplement pas le cas, et ce qui c’était passé dernièrement avec ses cousins n’y était pas pour rien.

Tout ce qui venait de Nathaniel était empoisonné. Surtout ces temps-ci. Depuis ce qu’il l’avait obligé à faire à Clyde, il l’avait évité comme la peste. Alors il ne savait pas ce que son cousin essayait de faire en l’applaudissant de cette manière, mais quoi qu’il en soit Logan n’avait aucune envie que ça fonctionne. Aucune envie de lui faire plaisir, de lui donner raison, ou la moindre satisfaction, ou son approbation. Et il devait se faire violence pour ça parce que pendant des années, c’est tout ce qu’il avait désiré.

D’ailleurs Logan se garda bien d’échanger de trop longs regards avec son cousin, ou d’arborer une tête trop confuse. Il se raccrocha à sa colère et se remémora le visage de Clyde en sang et la nausée après tout ça, pour éviter d’avoir l’air content, ou mortifié, ou en tout cas de céder aux violentes vagues de panique et de rage qui déferlaient dans son crâne. Le plus neutre possible, peut-être même un peu pincé. Du moins quelques instants, le temps de se détourner pour reprendre le dessin de Kathleen et y apposer son prénom dans un recoin de la feuille. Il lui rendit celle-ci en croisant ses jolis yeux de biche, et en étirant le coin de ses lèvres d’un petit sourire discret mais complice.

Il ne put cependant pas prolonger l’instant, puisqu’une voix qui lui disait singulièrement quelque chose venait de répondre à Nathaniel. Logan se détourna rapidement, le regard comme harponné par cette crinière d’un rouge artificiel qu’on ne rate ni de près ni de loin.
Du coup, terminé, le petit air neutre et pincé… il écarquilla lentement les yeux, ahuri, avant de baisser le regard sur son bloc redevenu blanc.

ALERTE ALERTE ALERTE

C’était elle ! La fille ! La rousse ! Il n’avait donc pas rêvé et ce qu’il avait fait ce soir là avec elle était vrai, non pas un délire de l’alcool ou quelque chose comme ça. Ca lui avait semblé tellement irréel comme rencontre, il en était venu à douter. Mais c’était bel et bien vrai, et elle était là, son petit minois provocateur braqués vers lui. Tout y était, comme dans son souvenir rendu vague par les vapeurs de l’alcool : les yeux bleus, les petits seins dressés, les longues jambes lisses, la peau pâle, une espèce de petite nymphe bizarre, sortie de nulle part.

Un nymphe ? Une nympho ouais !

Un peu oui… elle lui avait carrément sauté dessus cette fois là. Au début il s’était méfié il s’était dit ‘elle se moque de moi’, et non… pas du tout. Jusqu’au bout, elle avait tenu le rôle de la rouquine pas farouche pour un sous, jusqu’à ce qu’il termine par lui grogner entre les cuisses comme un sauvage.
Ensuite il l’avait dessinée toute nue… Ou était ce dessin ? Est-ce qu’il le lui avait donné ? Pas de souvenir. Enfin au moins cette fois-ci elle aurait des vêtements. Pas beaucoup, mais elle en aurait.

Un peu sans voix, et surtout totalement prit au dépourvu, Logan réalisa qu’il ne se souvenait même plus vraiment de son prénom. Merde ! Un truc en ‘cha’. Macha ? Natacha ? … Acha ?

Sacha.

C’était ça ! Sacha !!

De rien.

« Hum… salut Sacha » finit-il par marmonner.

Si elle espérait le même genre de garçon que l’autre soir elle allait être déçue, sans alcool, la fête était toujours moins folle, beaucoup moins folle … du moins avec lui…

« Tu… tu veux un dessin ? » questionna-t-il en se sentant immédiatement idiot.

Après tout, elle était assise sur le tabouret non ? C’était toujours mieux elle que Nathaniel…

Le temps qu’il réalise, Kathleen s’était littéralement enfuie. Pas un mot ni un regard en arrière, la jolie standardiste s’était contentée de se détourner pour partir, fioup, juste comme ça... A l’intérieur de son crâne ça criait ‘non pitié reste, reste !!!’, mais il se contenta de l’observer quelques petits instants encore, avec l’espoir qu’elle se retourne au moins une fois pour le regarder, ou lui faire un sourire, ou un petit signe de la main. Il n’y eut rien de tout ça et il finit simplement par la perdre de vue. Pour donner le change, il lança un très bref regard vers son cousin qui continuait de l’observer de son petit air typique, ce petit air qui semblait souffler sans cesse ‘je sais quelque chose que tu n’sais pas’, avant de redonner son attention à la rouquine assise en face de lui.

Merde est-ce qu’elle était entrain de lui faire du gringue ou est-ce qu’il était entrain de rêver ? Comme si c’était l’moment bon sang ! Il ne savait déjà plus ou s’mettre et Nathaniel lui compliquait la tâche en attirant toujours un peu plus d’attention sur lui, sans oublier le soudain désintérêt total de Kathleen qui lui faisait un peu de peine il fallait bien l’avouer. Si en plus cette fille essayait de le chauffer devant tout l’monde il n’allait plus y tenir et finir par s’enfuir en laissant tout en plan. C’aurait été ridicule mais il fournissait déjà un effort phénoménale juste à se tenir assit là, alors le reste lui paraissait aussi insupportable que la chaleur qui semblait vouloir l’étouffer.

Au sujet de la pause, tout c’qu’il fut capable de fournir à la jeune femme en guise de réponse fut un hochement de tête négatif. Et puis, la main un rien tremblante, il se mit directement à l’œuvre. Son crayon et sa feuille, c’était au moins ça qu’il pouvait réellement contrôler, et la seule chose pour laquelle il éprouvait un peu de confiance en lui pour l’instant. Et puis ça lui donnait quelque chose à faire, quelque chose ou s’enfuir et se cacher pour quelques longues minutes. Il s’y réfugia donc rapidement, essayant de ne plus voir Sacha qu’avec les yeux de dessinateur. Le dessinateur et rien d’autre. Surtout pas les yeux du mec complètement saoul qui l’avait culbuté sur son sofa…

Du moins il essayait très fort mais ça n’était pas une mince affaire. La manière qu’elle avait de le regarder le troublait et même s’il l’occultait plutôt bien pour le moment, il ne pouvait s’empêcher de se poser quelques questions sur elle, quelque part au fond de son crâne en panique.

Est-ce qu’elle habitait à Grayson ? Chez qui exactement ? Il connaissait tout l’monde et ne savait pas où la placer. Peut-être juste là pour l’été ? S’il avait su son nom de famille peut-être que ça l’aurait aidé à la situer. Puis quel âge pouvait-elle bien avoir ? Les yeux collés sur ses traits fins, il notait clairement maintenant toutes les rondeurs de l’adolescence encore présente sur son visage. Lorsqu’il l’avait rencontré il faisait très noir et il était vraiment très saoul, tout c’qu’il avait vu c’était une belle petite gueule avec un super cul et des cheveux rouges hypnotisant… Et maintenant qu’il était sobre, en plein jour, avec rien d’autre à faire que de la regarder de près, il commençait à se poser de très sérieuses questions. Il ne lui donnait pas plus de 21 ans en tout cas c’était certain.

Lorsqu’il eut plus ou moins terminé, il se redressa enfin et s’aperçu que son cousin s’était éclipsé lui aussi, discrètement comme le serpent qu’il était. Tant mieux.

« … j’crois que j’ai fini » lui signala-t-il timidement avant de se pencher pour y apposer sa signature dans un petit coin « … t’aime ? … »

Le compliment réussit à lui arracher un petit sourire, même si la main de la jeune femme au niveau de sa hanche avait plutôt tendance à le lui enlever. La plus part n’allaient rien noter mais les plus attentifs risquaient tout de même de remarquer quelque chose, aussi infime soit-il. Et le moindre détail pouvait déclencher tout un tas de rumeurs à Grayson. Pourtant il avait décidé de faire profil bas, c’était même gravement dans son intérêt. Avec les Donnelly d’un côté et Colleen de l’autre il avait largement eut son heure de gloire. Il voulait qu’ça cesse maintenant, vraiment. Il voulait qu’on lui foute un peu la paix, qu’on arrête de l’user et de l’trainer dans la boue, il avait eut son compte maintenant il n’aspirait qu’à un peu de repos et d’tranquillité. Et cette petite rouquine était diablement belle, vachement chaude et avait même l’air sympa mais elle puait surtout les emmerdes à plein né.

Sans oublier que comme n’importe quel mec, la main d’une fille dans une zone proche de la ceinture avait tendance à réveiller le second cerveau... C’était franchement pas le moment d’être à l’étroit dans son froc avec toutes les braves mères de familles flanquées de moutards et les vieilles bigotes qui lui tournaient autour pour le voir dessiner. Pour couronner l’tout elle sentait bon la garce, et l’odeur d’une fille ça avait toujours eut tendance à l’allumer un peu.

Il ne répliqua rien du tout à propos du premier dessin qu’il avait fait d’elle. Le simple fait d’y repenser lui filait un sacré coup d’chaud et il fallait qu’il se contrôle. C’était toujours beaucoup plus simple à faire sobre, mais même sobre il avait toujours eut tendance à transformer sa queue en bâton de sourcier. Quand on vivait dans un bled paumé avec rien d’autre à foutre que le dessin et la lecture assidue, baiser relevait du grand luxe et il aimait ça, il n’pouvait guère le nier. Il était prêt à lever n’importe qui, voir n’importe quoi pour pouvoir tirer un coup. Alors quand c’était une bombasse qui lui faisait du rentre dedans, et qu’il savait peu farouche pour ne rien gâcher, c’était toute une épreuve de rester de marbre. Du coup, même si d’un côté il aurait aimé qu’elle reste là pour l’aider, il préféra décliner.

« Nan… nan ça va merci… » baragouina-t-il sans trop oser la regarder dans les yeux.

Heureusement, ils furent interrompus par Sybille Hofgood qui s’avançait timidement vers eux, armée d’un petit sourire qui s’excusait d’interrompre.

« Désolée » souffla-t-elle « C’est vraiment très joli ce que tu fais Logan hem… en fait voilà, c’est l’anniversaire de ma mère le week end prochain et j’avais pensé lui offrir un joli cadre de décoration, mais j’avoue que s’il pouvait y avoir un dessin à l’intérieur ce serait vraiment mieux ! » sourit Sybille d’un air aimable « Du coup je me demandais s’il t’étais possible de dessiner les petits ? Ca lui ferait tellement plaisir un portrait de ses petits enfants. Je compte te payer bien sûr ! » ajouta très vite la mère de famille sur le ton de l’évidence.

Logan en resta bouche bée quelques fractions de secondes avant de se reprendre et de lancer un regard circulaire, puis de s’attarder sur une gamine qui réclamait un dessin de fleur à sa mère.

« Hem, oui. Oui d’accord pas d’problèmes » confirma le jeune homme.
« Oh superbe, je suis bien contente ! Passe à la maison demain, qu’en dis-tu ? »
« D’accord… »
« Bien. Oh je suis désolée je vous ais interrompue » en se tournant vers Sacha « Alors à demain Logan. Et bonne continuation, c’est vraiment magnifique ! » termina-t-elle en s’éloignant.
Il allait se tourner vers Sacha, sans trop savoir quoi lui dire, mais quand même, lorsqu’une petite voix l’interrompit à nouveau.
« Et est-ce que tu pourrais faire des fleurs pour moi ? » lui demanda la gamine a qui sa mère glissait discrètement de dire s’il te plait.

Bon, eh bien… voilà.