Road to Salvation
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 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]

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Aahron Donnelly
Aahron Donnelly

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MessageSujet: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeMar 15 Sep 2009, 20:13

    Aahron n’avait pas desserré les dents de tout le trajet, espérant que cela convaincrait ses frères de faire de même. Apparemment, il s’était planté sur toute la ligne, vu que le silence accordé se comptait plus en minutes qu’en heures. Au moins, personne n’avait demandé à intervalle régulier s’ils arrivaient bientôt, car là, l’aîné n’aurait plus répondu de rien : il n’était déjà pas de la meilleure humeur qui soit, ça aurait été la cerise sur le gâteau !
    C’est vrai, Aahron n’était pas d’humeur à faire la conversation. Depuis qu’ils avaient quitté Cleveland, il était beaucoup trop soucieux pour pouvoir faire semblant de rien, et préférait garder le silence. Au moins, il conduisait, et cela l’empêchait de trop plonger dans ses pensées, gardant une partie de son cerveau branché sur la route qui défilait devant ses yeux. Une route toute à fait monotone, d’ailleurs, et il comprenait parfaitement que ses deux frères essayent de meubler l’ennui en bavardant à tort et à travers. Il avait d’ailleurs obéi à leur demande, plus pour être tranquille que par réelle nécessité. Et d’ailleurs, c’est ce qui semblait se dérouler à nouveau.
    A peine arrivés à Grayson, la Volvo tout juste garée sur le bas-côté, et les deux petits derniers s’étaient déjà fait la malle. D’accord, il n’était pas de charmante compagnie, mais il n’empêche, les laisser vadrouiller alors qu’ils venaient d’arriver n’était pas une bonne idée. Mais Allie s’était senti obligé de prendre leur défense, suivie par Isaac, et il n’avait pu que se plier à la majorité, même si cela lui déplaisait fortement. Il n’avait même pas fait les recommandations d’usage, bien conscient que cela n’aurait servi à rien, alors, inutile de gaspiller sa salive !

    Il regarda les deux garçons s’éloigner en direction de l’épicerie et se tourna vers sa future belle-sœur, une lueur amusée dans ses yeux bleus : si elle commençait déjà à craquer aux supplications de ces deux monstres, il voudrait bien voir comment elle parviendrait à se faire obéir d’un mouflet qui serait le sien. Et puis, Sam et Aidan n’avaient pas eu tellement à insister qu’elle les avait encouragé, et ça, ça ne lui disait rien qui vaille pour la suite des événements. Il détestait se faire forcer la main mais là, seul contre quatre, il n’avait guère eu le choix. Et quand la situation se reproduirait, car il était certain que cela n’était qu’une question de temps, il se retrouverait à nouveau en infériorité numérique. Isaac ne se mettrait pas d’un autre côté que celui de sa fiancée, et les deux petits étaient bien trop soudés pour faire des bêtises à son goût. Enfin, il fallait au moins espérer qu’ils ramènent de quoi se nourrir, et pas des montagnes de choses qui ne serviraient à rien… on pouvait toujours rêver !
    Aahron haussa les épaules, comme pour se débarrasser de ses pensées maussades. De toute manière, qu’est-ce qu’il pouvait bien arriver à ses deux frères ? La ville était minuscule et, comme l’avait si bien souligné la jeune fille, il n’y avait nul besoin d’être à cinq pour signer le contrat de location et décharger les bagages. Pourtant, l’aîné des Donnelly ne pouvait s’empêcher de se laisser envahir par un profond sentiment d’inquiétude, qu’il mit sur le compte de la fatigue du voyage, et de sa décision de tous les entraîner dans le coin. Enfin, pour l’instant, il ne pouvait pas faire grand-chose, n’est-ce pas ? Même si l’aspect « petits malfrats » de ses deux frères ne passerait sûrement pas inaperçu, quoique sur ce plan, les regards qui avaient suivi la Volvo depuis son entrée dans la ville indiquaient clairement qu’ils étaient des étrangers, et déjà repérés qui plus est.


    "Va falloir continuer à pied."


    Indiqua Aahron en s’étirant, avant de désigner le panneau qui montrait clairement que les voitures n’étaient pas les bienvenues dans la rue, ou plutôt la ruelle, qui menait au bureau de poste/agence de location/Dieu seul sait quoi d’autre. Il ouvrit le coffre de la voiture et attrapa son sac, où étaient précautionneusement les documents nécessaires à la location de la petite baraque sur laquelle il avait jeté son dévolu. En vérité, il ne manquait qu’une signature, deux trois paraphes et un peu d’argent : cela ne devait pas être long. Vérifiant que la voiture était bien fermée, il se dirigea donc vers le cul de sac pompeusement baptisé « centre-ville », où se trouvait donc sa destination : l’agence de location qui faisait aussi office de relais postal.
    Le bureau de poste était à l’image de la ville : petit, lugubre et vide. Au moins, il n’aurait pas à faire la queue pour être renseigné, et signer les papiers qu’il devait signer. Curieusement, l’aîné éprouva rapidement l’envie d’expédier les formalités et de se retrouver quelque part où il pourrait se reposer de la fatigue de la route. Se massant les paupières en un geste fatigué, Aahron s’avança jusqu’au comptoir, désert lui aussi. La guichetière était sans doute occupée par l’une de ses nombreuses tâches : vu la petitesse de la ville, le mot « polyvalence » semblait régner en maître.

    Tout en attendant sagement, puisque de toute manière on ne pouvait manquer de le remarquer, à la fois à cause de sa carrure et aussi par son allure qui le cataloguait facilement comme « étranger », Aahron plongea à nouveau dans ses pensées. Une fois qu’il en aurait fini avec ça, il devrait appeler Trisha. Il lui avait déjà laissé un message pour dire qu’ils étaient arrivés à bon port, mais il voulait parler à Petey et le rassurer sur le fait que Grayson était vraiment une ville digne de très peu d’intérêt. Parce qu’il se sentait un peu coupable, tout de même, de ne pas l’avoir emmené, même si c’était la solution la plus logique, et la moins dangereuse. Oui, quand il aurait fini de signer les papiers de locations, il téléphonerait, et parlerait à son fils. Enfin, il fallait déjà que quelqu’un vienne, et il commençait légèrement à s’impatienter. Heureusement qu’il n’y avait pas de sonnette, comme dans les films… Aahron l’aurait sans doute déjà enclenché plus d’une dizaine de fois !
    En tout cas, à ce qu’il avait pu comprendre, il n’y avait pas de facteur dans le coin : c’était aux habitants de venir chercher leur courrier, un peu comme s’ils possédaient tous une boîte postale, sans doute. Du coup, le coin devait être plutôt propice aux rencontres et ça, c’était bon à savoir, parce qu’Aahron se voyait mal aller frapper chez les gens pour aller à la pêche aux renseignements. Avec un bon sourire, cela pouvait passer sans doute, mais Isaac avait toujours été plus prompt à attirer la sympathie que lui, en général.
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David S. Handel
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeMar 22 Sep 2009, 20:42

Le Fordisme et les chaînes de montage à la fine pointe de la modernité n’étaient pas nécessaires pour changer un homme en automate déambulant en son lieu de travail : à peine levé à l’aube et déjà rendu à cette ferme, à accomplir les très diverses tâches physiques qu’il répétait chaque matin selon le temps et ce depuis presque 10 ans. Ses pensées s’égaraient alors qu’il s’activait pratiquement par réflexe et passait d’un bâtiment à l’autre, de la grange aux champs, des enclos au poulailler : Handel avait ses tâches à accomplir, c’était tout ce qui comptait et il ne s’en plaindrait jamais, accueillant ce travail assez demandant avec indifférence. Tant et aussi longtemps qu’il avait la quiétude et ces heures de paix à réfléchir sur tout et rien… Mais aujourd’hui le nordique ne resterait pas la journée entière sur la terre Ferguson comme il l’avait fait hier et le fera demain : il avait bien droit à quelques après-midis libres dans une semaine après tout, même s’il n’en avait jamais fait la demande, le maire et propriétaire de la ferme l’avait gentiment pressé d’accepter ces quelques temps libres. Qu’avait-il à faire de toute façon, à part bien sûr vaquer aux tâches quotidiennes et aux commissions nécessaires d’une vie d’adulte possédant sa propre demeure, son propre véhicule, le très peu de bien qu’on lui avait légué… Observer ? Surveiller ce petit village – endormi qu’en apparence pour ceux au sens de l’observation aussi aiguisé que lui – et à distance comme on surveillerait les mouvements d’une meute de loup ? Ce n’est pas ce que l’on répond lorsqu’on nous demande quels sont nos passe-temps en tout cas…

Il ferait quelques courses dans ce cas…


David immobilisa son véhicule, un pick-up GMC rouge et défraîchit au vécu considérable*, sur le côté de la rue menant directement au petit centre nerveux de la communauté, tout juste en face du petit salon de barbier qu’on pourrait croire déserté depuis des lustres. Il pouvait sentir le regard perçant du propriétaire du commerce se poser sur lui alors qu’il descendit de son camion de ferme : le vieil homme passant ses journées à attendre ses clients, assis sur sa chaise de bois posée devant la vitrine expressément pour lui permettre d’observer tous ceux qui venaient à passer dans cette rue. Ce vieux bonhomme n’était pas le seul à monter la garde silencieusement d’ailleurs, mais c’était assurément le moins subtil de tout le village.

David referma la portière dans un claquement assourdi, la curiosité piquée à vif du détail délicat qu’il vint à percevoir : le vieux barbier avait froncé les sourcils et jeté un ou deux très brefs coups d’œil en direction du fond de la petite rue… Quelque chose dérangeait l’homme, et cela ne voulait dire qu’une chose selon la logique du nordique : le veilleur chenu associait l’arrivée irritante de David avec un autre évènement qui sortait de l’ordinaire, un évènement qui venait de se produire et qui impliquait le fond de la rue, le « centre-ville ». Le regard d’un vert-olive profond du fermier scruta les quelques dizaines de mètres menant au cul de sac devant lui, repérant aussitôt un véhicule peu familier stationné près du panneau spécifiant l’interdiction de poursuivre en voiture…

Des visiteurs.

Sans manifester la moindre expression, David se dirigea vers la place centrale du village, toujours à analyser la moindre information sensorielle qui lui provenait. Par exemple, Madame Hart, cousine de l’amie de feu grand-mère Handel et présentement à pointer son nez acéré par la porte vitré du Leo’s Deli, lançait un regard curieux et étrange vers un pan en particulier d’Adam Street avant de disparaitre à l’intérieur du restaurant accompagné de quelques murmures secs. Le Canadien continua dans la direction que la femme lui indiqua inconsciemment, dépassant le véhicule inconnu en l’examinant, l’air de rien. Une Volvo, immatriculation de l’Ohio, la poussière et les insectes écrasés sur le pare-brise et la calandre indiquant que le voyage jusqu’à Grayson était récent. Il frôla des doigts le capot : il était encore chaud.

David poursuivit innocemment vers le fond du cul-de-sac, le but de sa venue « en ville » devenant accessoire dans son esprit, les mains dans les poches de ses jeans délavés mais son regard exercé scrutant chaque boutique et commerce de la rue. Là, voilà, le bureau de poste faisant office de plusieurs institutions différentes à la fois : un homme qu’il n’avait jamais vu auparavant se tenait au comptoir, un sac avec lui, une posture laissant entendre qu’il s’ennuyait ou quelque chose comme cela.

David s’approcha et poussa la porte du petit bureau presque abandonné, pénétrant l’endroit et se dirigeant vers le comptoir, donnant l’impression d’ignorer la présence de l’autre homme. L’autre était d’une taille et d’une carrure assez semblable, probablement d’un âge assez semblable, sa constitution, la robustesse et l’usure de ses mains et les muscles de ses avant-bras laissant deviner que lui aussi pratiquait un travail manuel. Que venait-il faire ici, devenir fermier lui-aussi ? Ou employé, ou aide pour quelqu’un de Grayson ? Non, ici on engageait les proches de nos amis ou connaissances, que des gens bien du village et ce depuis des générations… Un touriste peut-être ? Non, les touristes ne venaient pas en solitaire, et encore moins s’ils avaient entre 20 et 40 ans…

David devait en apprendre plus, même s’il devait sortir de son mutisme : il fit semblant de s’intéresser à la vieille montre-bracelet qu’il avait au poignet, puis lâcha d’un ton sans expression, sans même poser son regard sur l’inconnu :


« La commis doit s’être permise une pause un peu plus longue qu’à l’habitude » il fit tout simplement, homme de peu de mots qu’il était.



------
* : voici la bêêête, miam XD: http://www.autoaubaine.com/images/photos_particulier/134649/1.jpg
HJ
Coucou ^^ je m'incruste et j'espère que j'ai laissé assez de matériel pour faire une réponse Neutral
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeVen 25 Sep 2009, 17:17

    Patient n’avait jamais été le premier mot qui venait à l’esprit des gens pour décrire le caractère d’Aahron : colérique, borné, insupportable, travailleur à la limite, mais patient, jamais. Et pourtant, depuis qu’il était arrivé dans cette ville, il devait faire preuve d’une sacrée dose de calme et de self-control. Non, avant même son arrivée, d’ailleurs, ça avait déjà commencé dans la voiture, et maintenant il était là, accoudé sur un comptoir vieux et usé, à attendre une personne sans doute toute aussi vielle et usée que le comptoir, voir que toute la ville.
    Oh oui, dès son arrivée à Grayson, le jeune homme savait qu’il aurait un peu de mal à se faire à cette ville. Forcement, il partait avec des préjugés négatifs, vu ce à quoi cette ville était rattachée : la mort de ses parents, avec qui il avait eu des différents certes, mais qu’il aimait pourtant énormément. Et puis, l’endroit était… un peu comme les villes fantômes dans les vieux western à la télé : il ne manquait plus que les bottes de paille qui roulaient au vent, les vieux qui chiquaient et le shérif, les deux pouces passés dans sa ceinture, qui le toiserait en disant un truc dans le genre : dégages de ma ville, étranger ! Oui, décidemment, cette ville ne semblait pas avoir beaucoup changé depuis l’époque du Far West, et cette pensée arracha un sourire à Aahron. D’ailleurs, il se pencha pour voir si, en entrant, il n’était pas passé à côté d’un abreuvoir et d’une barre en bois pour attacher les chevaux, mais il semblait que non. Dommage, ça aurait tout à fait collé avec le cadre de la ville : un mec en santiags n’aurait franchement pas dénoté ici. Il jeta un bref coup d’œil à ses propres chaussures, et dût bien se rendre compte qu’il ne faisait pas couleur locale. N’empêche, en parlant de couleur locale, voir Allie avec un chapeau de paille, des nattes et un tablier à carreaux, cela devait valoir le coup d’œil !
    Du coup, son esprit dériva sur les classiques de son enfance, et il s’amusa à imaginer toute sa petite troupe dans la peau des habitants de Walnut Grove. Tiens, quel rôle jouerait-il, lui ? Charles, le brave gars un peu stupide ? Ouais, sans doute, cela devait bien lui correspondre !

    Soudain, la porte du bureau de poste laissa le passage à un homme qui avait tout l’air du fermier rustique, y compris le caractère taciturne, vu qu’il sembla l’ignorer purement et simplement. Aahron haussa donc les épaules et, sans le détailler davantage, retourna à son attente silencieuse. Dieu, il commençait à s’ennuyer ! Il détestait rester immobile, enfermé ainsi dans une cabane en bois qui aura sans doute eu besoin d’un sérieux rafraîchissement. Enfin, ce n’était pas exactement une masure en bois, mais dans l’esprit du jeune homme qui commençait sérieusement à trouver le temps long, cela en avait tout l’air. Le bureau de poste abandonné d’une ville abandonnée…
    Sentant un mouvement à ses côtés, l’aîné des Donnelly fixa son regard sur le nouvel arrivant, qui regarda sa montre avant d’annoncer que celle qui tenait l’endroit devait être en pause. Charmant… quoiqu’en même temps, Aahron pouvait comprendre. Le temps devait passer tellement lentement, dans cette petite ville, que la perspective d’une longue pause devait être la seule chose qui faisait tenir les gens à leur poste de travail.

    Du coup, maintenant que l’inconnu avait pris la parole, Aahron se permis de le détailler un peu plus longuement : plutôt grand et costaud, la peau brunie par le travail en plein air, il devait avoir une petite trentaine d’années. Et il était du coin, visiblement, puisqu’il semblait connaître celle qui tenait le lieu. N’avait-il pas dit « la commis » ? Oui, cela devait être un habitant de Grayson, ou des villages alentours.
    En tout cas, le jeune homme ne resta pas de marbre : puisqu’il devait attendre, de toute façon, autant engager la conversation, non ? Il n’était pas stupide, il savait bien que l’arrivée d’étrangers étaient mal perçue dans les villages comme ceux-ci. Un peu comme quand des nouveaux voisins s’installent dans votre rue, on ne peut s’empêcher de les jauger, afin de savoir si ils étaient dignes d’intérêt ou pas. Si c’était ce qu’attendait le nouvel arrivant, autant ne pas le décevoir : et puis au moins, cela lui passerait le temps.

    Tendant une main amicale, tout en se détournant légèrement du comptoir où il était appuyé, Aahron prit donc la parole.


    "Oui, vous avez raison. Après tout, on ne peut pas l’en blâmer, je suis le seul client du coin à cette heure-ci, on dirait. Enfin, avant que vous n’entriez. Je m’appelle Aahron Donnelly, et vous avez dû voir mon frère et ma belle-sœur en entrant. On est là pour jouer les touristes."


    Annonça-t-il, prévenant d’avance la question qu’il était sûr que l’autre se posait. Il n’avait pas parlé de ses deux autres frères, pas par défiance envers l’inconnu, mais parce qu’il était sur que tôt ou tard, l’autre l’apprendrait. Dans une petite ville, les nouvelles vont très vite, et tout se sait. Justement, c’était pour ça qu’il avait tenu à se rendre en personne dans le village : il était sûr de pouvoir trouver des réponses à ses questions, enfin, quand on lui ferait assez confiance pour y répondre. Mais l’aîné des Donnelly ne s’en faisait pas trop : malgré leur apparence rude et soupçonneuse, ces gens étaient des gens normaux, non ? Ils n’avaient pas de raison particulière de vouloir voir sa tribu, incluant la petite Allie, faire ses valises rapidement, n’est-ce pas ? Il fallait juste les amadouer un peu, et se défaire de cette impression désagréable que la ville était étrange.
    Pourtant, des petites villes comme ça, Aahron en avait connu. Des gens méfiants, aussi : ouvrier itinérant sur des chantiers tout aussi itinérants, sans attaches… les gens le prenait souvent pour un vagabond, à cette époque là, et se montraient volontiers suspicieux. Mais une fois qu’on leur démontrait qu’il n’y avait rien à craindre, ces gens devenaient rapidement accueillants. C’était le propre des petites villes, la peur viscérale des étrangers, et Grayson ne faisait pas exception. Mais une fois qu’on aurait appris à les connaître, Aahron en était sûr, les habitants les apprécieraient, et vice versa. Il était même sûr que Samuel et Aidan le supplieraient presque de prolonger leur séjour, c’était dire !
    Quand à dire ce qu’ils faisaient réellement là… Il avait déjà précisé à la femme à qui il voulait louer la maison que ses frères et lui étaient là en une sorte de pèlerinage après la mort de leurs parents, une occasion de resserrer les liens familiaux et de changer d’air, également. Bon, ce n’était pas l’exacte définition de tourisme, d’accord, mais ça y collait suffisamment pour qu’Aahron ne doive pas se dépatouiller avec de plus longues explications.


_____
Hj: Incrustes toi, je t'en prie! Et jolie voiture, en passant^^
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David S. Handel
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeMar 06 Oct 2009, 18:45

La socialisation avait toujours fait parti de ces règles non-écrites qu’on apprend sans vraiment pouvoir par la suite nommer nos enseignants ou nos sources, des règles que le fermier n’avait jamais réellement saisie malgré le fait qu’il pouvait détecter tant de choses au sujet d’un individu seulement en observant ses réactions. Cela ne lui manquait pas, on ne peut s’ennuyer d’une chose à laquelle on a jamais goûté, seulement David ne pouvait s’empêcher d’éprouver tantôt une certaine curiosité innocente, tantôt un espèce d’embarras devant ce fait : il ne savait comment procéder. Demandez-lui de traquer un caribou sur des kilomètres, il savait toujours comment procéder depuis son adolescence, mais pour ce qui est de démarrer une conversation, il ne pouvait qu’espérer s’y être bien pris.

Une fois sa petite phrase pour briser la glace lâchée, Handel perçu du coin de l’œil les pupilles de l’autre se poser sur lui un court laps de temps avant que la réaction ne suive réellement : c’est que l’étranger l’avait bien étudié… Puis l’homme s’activa, se tournant légèrement dans sa direction et tendant une main ouverte vers lui, l’air ouvert et sincère pour s’adresser à David. Machinalement, le fermier serra la main qu’on lui tendait d’une poignée de main vigoureuse et brève tout en lâchant un simple : « David Handel » pour toute présentation avant que ce Donnelly poursuive.

L’autre reconnu d’abord le fait que l’endroit était déserté et les clients peu affluant dans l’établissement. Personne n’allait dire le contraire, c’était certain, surtout que les heures présentant le plus d’habitant au bureau de poste étaient rares en général. Les gens passaient tous par petits groupes selon leur horaire et leur train-train quotidien, ne s’écartant presque jamais de leurs habitudes : on aurait pu parier qu’il existait une sorte de « planning » pour chaque habitant de Grayson…

L’étranger se présenta et mentionna la présence de son frère et sa belle-sœur… Cela surpris Handel bien qu’il ne le laissa pas voir : il n’avait pas envisagé la présence d’une nouvelle famille entière ici, même qu’il n’avait pas remarqué ces deux autres inconnus. Ils devaient être dans la Volvo encore. Après tout, il ne jeta pas un coup d’œil par les fenêtres de la voiture, ne voulant pas sembler l’examiner avec trop d’attention et du coup attirer les soupçons sur sa petite enquête privée. S’il ne nota pas de présence à l’intérieur, c’était sûrement parce que les occupants se tirent bien tranquille lorsqu’il dépassa le véhicule, peut-être même inquiétés ou curieux de sa passage à proximité. Handel se réprimanda mentalement : ça lui apprendra de garder son esprit fixé sur un détail en particulier au lieu de considérer la situation en entière.


« Hmm… je ne les ai pas remarqué, mais si vous restez réellement ici pour le tourisme, je risque de les croiser tôt ou tard… » le Nordique lâcha, fronçant légèrement les sourcils pour mimer la réflexion.

David refit face au comptoir, ne sachant plus quoi dire à ce Aahron pour maintenir une conversation anodine, réfléchissant plutôt sur la situation : maintenant qu’il avait un contact avec un étranger, il allait pouvoir obtenir un approche différente de Grayson, une du point de vue de ceux de l’extérieur s’il réussissait à gagner la confiance de l’homme. Après tout, les gens du village n’avaient jamais paru grandement apprécier Handel même si cela faisait une douzaine d’année qu’il habitait ici, et le simple fait de s’écarter de son attitude taciturne et indifférente pour mieux s’informer sur ce que signifient les choses étranges se produisant parfois la nuit serait très mal vu…

Lui vint à l’esprit le visage de l’autostoppeur qui s’était présenter un soir à Grayson en cherchant un endroit où passer la nuit, un jeune barbu à la tignasse indomptée en imperméable coloré qui avait du partir à l’aube le matin : Handel ne l’avait plus croisé par après. Cette fois-ci, il ne pouvait rater sa chance d’en savoir plus.


« On vous avait parlé de Grayson ? »

Le fermier demanda soudainement d’un ton toujours aussi neutre, se retournant vers ce Donnelly pour l’observer de son regard perçant mais sans malice, presque naïf si on ne connaissait pas mieux Handel. Puis il réalisa que sa question, isolée ainsi, sans la piste de pensées qui y menait, pouvait paraître étrange et intimidante : l’homme à la chemise noire usée à travailler à la ferme ajouta donc :

« Après tout cela m’étonnerait que le maire de la ville fasse la promotion de la région dans les guides touristiques de l’État, alors on se demande toujours si les gens viennent ici par hasard ou si on vous a parlé de nous auparavant… »


HJ: hu hu ah bon ^^ désolée du temps de réponse au fait
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeMer 07 Oct 2009, 18:42

    A la poignée de main qu’ils échangèrent, Aahron devina qu’il avait vu juste : sans nul doute, l’homme était un travailleur. Il avait la main calleuse et ferme, et le jeune homme paria avec lui-même qu’il était sûrement fermier dans le coin. En même temps, il ne prenait pas trop de risques : fermier, ça devait être le principal métier du coin, vu que, de plus en plus, il doutait qu’il y ait réellement quelqu’un au bureau de poste. Un moment, il songea même à appeler, mais oublia vite cette idée. Non seulement ce n’était guère poli, mais en plus, il était là pour trouver des réponses, et se faire mal voir était une idée complètement stupide. Il fallait qu’il prenne son mal en patience, voilà tout. Et l’inconnu, qui n’en était plus tout à fait un puisqu’il venait de se présenter, lui offrait un excellent dérivatif pour ne pas penser à l’attente qui s’éternisait.
    D’ailleurs, Aahron se gronda intérieurement. Après tout, pourquoi était-il si pressé ? Dix ou vingt minutes d’attente n’allaient pas changer grandement ses projets, n’est-ce pas ? Peut-être qu’il s’inquiétai aussi de =ce que pouvait manigancer les deux plus jeune… aurait-il dû insister pour qu’Isaac et sa fiancée aillent les rejoindre ? C’était un peu trop tard pour ça, maintenant. Et puis, ils étaient grands, ils savaient quand même se débrouiller ! N’empêche…

    L’autre reprit la parole, et l’aîné des Donnelly s’efforça de se concentrer sur la conversation, sans trop de mal d’ailleurs. Tiens, David n’avait pas remarqué ceux qui l’accompagnaient ? Ils s’étaient sans doute éloignés, histoire d’être tranquille et de se retrouver un peu. Pour eux non plus, cela ne devait pas être facile d’être coincé entre eux trois ; les joies d’une famille nombreuse ! Aahron haussa les épaules en réponse au fait que l’homme ne les ait pas vu, puis reprit la parole.


    "On pense rester quelques temps, effectivement, vous les croiserez sûrement. Il faut dire qu’on… dénote un peu par rapport au coin."


    Plaisanta Aahron, après une légère hésitation. Il ne pensait pas que l’autre prendrait mal son allusion amusée au fait que dans Grayson, n’importe quel étranger dénotait, vu qu’en tout, le village devait contenir au maximum une cinquantaine d’habitants. Mais après tout, il n’en savait rien…enfin, si l’autre était dépourvu du sens de l’humour et prêt à défendre bec et ongles son village, au moins, l’aîné des Donnelly serait fixé, et cataloguerait David comme « personne à éviter ». En général, les gens pas très marrants et ultraconservateurs n’étaient pas vraiment adepte de la conversation, de tout manière.
    Tout en parlant, Aahron se rendit compte de la véracité de sa réplique : oui, dans Grayson, les étrangers devaient se remarquer, sans nul doute, et ce David était du coin. Il avait sûrement remarqué le passage de ses parents, quelques deux mois plus tôt. Des étrangers, cela devait représenter une sorte de petit évènement, dans une ville comme ça, non ? Pas qu’Aahron les prenne pour des pauvres gens sans distractions, enfin, quoique, il ne devait pas y avoir grand-chose à faire dans le coin. Oui, poser la question à David était peut-être judicieux. Mais avant même que le jeune homme ne puisse réfléchir à la meilleure façon de formuler sa question, son interlocuteur repris la parole.

    Est-ce qu’on lui avait déjà parlé de Grayson ? Question pour le moins dérangeante, que l’autre se hâta de préciser comme s’il avait peur qu’Aahron ne comprenne pas exactement où il voulait en venir, ou bien que ce dernier ne sache pas quoi répondre. Au final, il ne savait en fait pas quoi répondre, mais pour une toute autre raison que celle à laquelle devait penser son interlocuteur. Le souci avec ces petites villes (ou village, dans le cas de la minuscule Grayson), c’est que tout finit par se savoir, et très vite. Il faudrait qu’il en parle aux autres, d’ailleurs, histoire qu’ils s’entendent sur quoi dire, exactement. En attendant, Aahron ne voulait pas trop s’avancer : la petite histoire qu’il avait sorti à celle à qui il allait louer la maison avait déjà du faire le tour des habitants. Du coup, le jeune homme ne s’avança pas trop sur la réelle motivation de la présence des frères Donnelly dans le coin, au risque de paraître un peu trop secret.


    "En fait, mes parents sont passés dans le coin il y a quelques mois, et ont trouvé cette petite ville fort sympathique. Puisqu’on était dans le coin, on s’est dit, autant vérifier par nous-mêmes !"


    Conclut-il, sans préciser clairement qui était le « nous ». Certes, il enjolivait un peu la vérité, mais dire à David qu’en fait, ils étaient tous là pour savoir ce qui était arrivé à leurs parents après avoir quitté cette ville pas très intéressante, ne semblait pas une option très intelligente. Du moins, il était peu probable qu’en présentant les choses comme ça, ils parviennent à obtenir quelques réponses ! Diplomatie… ce n’était pas son fort, encore une fois, et Aahron aurait volontiers laissé ce rôle à Isaac, mais puisque ce dernier n’était pas dans le coin, il n’avait pas d’autres choix que de prendre les choses en main.

    "C’est vrai, j’imagine que vu la localisation de la ville, ce n’est pas un endroit très fréquenté par les gens de passage. Au moins, cela préserve la tranquillité du lieu ! Vous habitez à Grayson même ?"


    Bravo, Aahron, engages la conversation tout doucement ! On commence par un sujet sans grande difficulté, on enchaîne sur le tourisme et hop ! En espérant que David accepte de jouer le jeu ! Et ça, l’aîné des Donnelly n’en était pas vraiment convaincu.


_____
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeLun 12 Oct 2009, 22:35

Au ton léger et plaisantin de l’homme, l’employé de ferme lui adressa un sourire en coin un peu vague, n’étant pas vraiment du genre à rire aux éclats pour un rien, mais reconnaissant la tentative de Donnelly pour établir des liens, ou du moins tenter de briser le malaise qui pouvait facilement venir s’installer dans un tel lieu presque désert au cœur d’une ville qui l’était presque autant. Au moins ce Aahron n’était pas aveugle ou naïf : il lui avoua en quelque sorte avoir remarqué qu’au village régnait une sorte d’atmosphère d’exclusivité tantôt chaleureuse, tantôt pesante et étrange de la part des habitants.

Handel l’avait remarqué lui-même : avec sa personne on était méfiant, à la nouvelle d’étrangers à Grayson aussi, mais en présence de ces étrangers, juste sous leurs yeux, les gens – mis à part certains des plus jeunes qu’il avait pu croiser – devenaient soit fuyants et embarrassés comme s’ils avaient peur de quelque chose, soit soudainement très ouverts et généreux, aux petits soins pour leurs « invités ». David connaissait quelques uns de ces gens chroniquement bien accueillants, incertain cependant de ce qui les motivait à agir ainsi… Peut-être qu’ils n’étaient qu’assez préoccupés par la survie de l’économie Grayson par l’apport de capitaux d’étrangers, qui sait ?


Au moins, maintenant il était fixé sur un point : Donnelly et ses quelques proches avaient l’intention de demeurer dans les parages quelques temps… Cela allait sûrement aider Handel à avoir un œil sur tout ce qui se trame en ville après tout, seulement maintenir le contact et s’informer mine de rien représentait une grande avancée potentielle.

Rapidement, le canadien sortit de ses propres pensées et s’aperçu de l’hésitation d’Aahron lorsque le sujet de la raison de la présence à Grayson fut abordé. C’était subtil, mais décelable lorsque y portait attention : Handel détourna légèrement son regard pour s’assurer de ne pas paraître insister sur une question qui, pour une raison ou pour une autre semblait déranger quelque peu son interlocuteur, même si l’envie de fixer intensément l’autre afin de tenter de lire quoi que ce soit sur son visage le brûlait. Il ne reposa ses yeux sur l’autre homme que lorsqu’il reprit la parole et s’expliqua. Automatiquement, David poussa un simple :
« Ah, je vois » à la réponse donnée, bien que déjà ses méninges étaient passés à un niveau d’analyse de données encore plus poussé. Leurs parents ? Donc, de un, ils entretenaient encore des rapports avec leur parents, et de deux c’étaient des liens assez forts pour que leurs conseils et impressions sur une petite ville perdue donne envie à Aahron et les deux autres avec lui de se déplacer jusqu’au fin fond du Missouri pour aller voir d’eux-mêmes. L’employé de ferme eut une pensée pour le couple qui serait venu au village auparavant : il laissa défiler dans sa mémoire les visages étrangers dont il se souvenait avoir remarqué, sachant qu’il ne risquait pas de se souvenir d’eux en particulier si leur venue remontait à plusieurs mois ou même années. Il abandonna, non seulement puisqu’il lui aurait fallu des portraits des fameux parents Donnelly afin que le Nordique les reconnaisse, mais aussi puisque le nouveau venu reprenait la parole.

Un commentaire sur la tranquillité et l’isolement de Grayson. Oui, c’était vrai : la vie ici était marquée par les limites de leur communauté et la façon dont tous et chacun devait participer à la vie ici et consommer localement auprès d’amis, de proche connaissances et de voisins afin de garder cette bourgade en vie. Mais Grayson en était un parmi tant d’autres au pays, un petit bout de terre occupé presque entièrement par des champs et de ces vieilles forêts particulières à certains coins plus humides du Midwest, avec quelques petites bâtisses rurales ça et là, un vrai choc culturel pour tous ces citadins ou banlieusards qui ne pourraient envisager la possibilité de connaître tous les habitants de leur quartier, ou alors qu’une tâche municipale n’ait pas son ou ses employés attitrés et spécialisés…
Pourtant, pour ce qui était des gens de passages en ville, Handel ne pouvait se défaire de quelques soupçons tenaces…


« Non, en fait j’ai ma propre maison à la limite même de la ville. J’ai toujours eu l’habitude des grands espaces, même le centre-ville d’un endroit comme Grayson n’est pas assez tranquille à mon goût. » David fit de sa voix grave mais d’un ton toujours aussi neutre, étant entièrement sincère dans ses paroles malgré le fait que cela pouvait paraître bien étrange pour plusieurs. Mais qu’y pouvait-il, lui qui avait déjà habité à au moins 4 kilomètres de la route de campagne la plus proche ? « J’ose imaginer que vous êtes à la recherche d’une petite auberge ou d’un endroit à habiter le temps de votre séjour ici, vous venez d’arriver en ville je crois, non ? » l’homme aussi taciturne qu’un trappeur ermite ajouta ensuite ses intonations encore aussi privées des grandes émotions humaines.

Il devait bien tenter de savoir où il allait pouvoir trouver les trois Donnelly par la suite, le temps qu’ils resteraient, savoir qui seraient leurs voisins, qui ils allaient pouvoir croiser régulièrement, s’ils allaient être à proximité d’un lieu que lui-même pourrait approcher sans attirer les soupçons de qui que ce soit. Quoique s’ils choisissaient de se prendre une chambre de motel, cela ruinerait quelque peu ses tentatives de rapprochement futures : l’établissement de ce genre le plus proche devait se situer dans une des villes voisines que lui-même ne fréquentait presque jamais.

Dehors, une des commis de la partie servant de musée de la bibliothèque passa devant la vitrine du bureau de poste : Handel posa son regard de lynx sur elle, ne ratant pas l’expression pincée et curieuse que la femme d’un certain âge affichait. David jeta un coup d’œil oblique à l’horloge murale : cette femme ne venait jamais dans les parages à cette heure les jours de semaines… Encore une qui avait remarqué les éléments nouveaux de Grayson, c’était fou à quel point certains étaient aux aguets par ici…
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeLun 19 Oct 2009, 17:39

    Aahron prit le sourire discret de son interlocuteur pour un assentiment. En effet, ils dénotaient pas mal, c’était prévisible… leur petit groupe venait de Cleveland, qui, sans être une ville exceptionnellement à la mode, était bien loin d’être un trou perdu. Certains quartiers devaient même faire le triple de la superficie de Grayson ! Et, effectivement, le côté « paysan du coin » n’était pas un style vestimentaire très populaire là-haut, ni même un idéal de vie. Alors oui, clairement, les frères Donnelly et la petite Allie étaient catalogués étrangers. Même s’il n’y avait que peu d’espoir que cela s’arrange, tout au moins, ils devraient faire ‘effort de s’intégrer.
    En tout cas, David remarqua sans peine son hésitation quand à ce qui amenait la petite troupe dans le coin, et Aahron lui fut reconnaissant de ne pas insister lourdement, ce qui n’aurait servi à pas grand-chose d’ailleurs, le jeune homme étant ferme sur ce qu’il pensait devoir divulguer ou non. Pour dire toute la vérité, rien que la vérité, il faudrait attendre un peu : assurément, nul n’avait besoin de savoir ce qui poussait exactement Aahron et ses frères à se pointer dans le coin, sauf lorsqu’ils estimeraient que cela servait leurs intérêts. Et pour l’instant, ce n’était pas le cas : le plus urgent était sans doute de trouver leurs marques à Grayson, le reste viendrait sans doute après. Plus tard.

    David finit par répondre à sa question, et Aahron le regarda plus attentivement : ainsi, il ne faisait pas partie de ce petit noyau dur d’habitants, tous regroupés au centre ville et qui se côtoyaient chaque jour que Dieu fait. L’homme était un solitaire, limite même un ermite, puisque même un coin mort comme Grayson se trouvait être encore bien trop bruyant à son goût.
    Bizarrement, Aahron se sentait plutôt à l’aise avec cet homme taciturne et plutôt sauvage. Il avait un côté… vrai, authentique, on pouvait appeler ça comme on voulait, mais ce David Handel inspirait la confiance et le bien-être, même si Aahron s’efforçait de rester sur la défensive. Peut-être était-ce ce côté « ours descendu de sa montagne », voir le fait qu’il n’était pas, comme le devinait le jeune homme, pleinement intégré dans la communauté exclusive de Grayson. Ce côté de fraîcheur et de grand air était étrangement revigorant, et l’aîné des Donnelly n’hésita pas un seul instant à répondre à la question que son interlocuteur lui renvoyait. La confiance… oui, décidément, cet homme suscitait une sorte de confiance, une sorte d’aura qui poussait Donnelly à continuer à lui parler, et à se sentir à l’aise en sa compagnie.


    Vous devinez juste.

    Confia Aahron à son interlocuteur, avant de regarder tout autour de lui.

    On pense habiter ici un petit moment, alors nous avons loué une maison sur… East Jefferson. C’est d’ailleurs pour ça que je suis ici, vu que la personne que j’ai eu au téléphone m’a indiqué que le bureau de poste faisait aussi agence de location. Et bien d’autres choses encore, j’imagine.

    Risqua Aahron, bien conscient de la polyvalence obligatoire des commerces de ce petit village. S’il avait hésité sur le nom de la rue, ce n’était pas par défiance envers David, non. Simplement, la femme lui avait indiqué par téléphone, et l’aîné des Donnelly avait eu du mal à se rappeler le nom exact. D4ailleurs, il se riait de lui-même : Grayson devait compter en tout et pour tous environ six rues, et il n’était pas foutu de se rappeler celui d’une seule. Pour la mémoire, il pourrait repasser !
    A nouveau, bizarrement, Aahron avait utilisé ce « on », si pratique pour éviter de désigner nominalement ceux dont il parlait. Bien que l’autre homme ne puisse que faire le lien lorsqu’il croiserait Samuel et Aidan, chose inévitable dans un si petit coin, Donnelly ne les avaient toujours pas désignés comme faisait partie du petit groupe. D’ailleurs, il songea avec amusement que si on y pensait sérieusement, l’arrivée d’Allie, de ses trois frères et de lui-même s’apparentait quasiment à une invasion. A eux cinq, il venait sans doute d’augmenter la population d’environ 10% !
    Il reprit la parole pour confirmer.


    Et effectivement, nous venons tous juste d’arriver. La route a été longue, et nous n’avons qu’une envie : nous reposer ! Mais je pense que cela ne devrait pas être difficile, une fois que nous aurons déchargés nos bagages…

    Un bruit soudain interrompit le jeune homme, qui se pencha pourvoir si quelqu’un arrivait. La jeune commis avait sans doute fini sa pause, et elle serait là d’un instant à l’autre. Il se tourna vers David pour lui demander s’il voulait passer devant lui, ignorant si la signature de la location retarderait l’homme dans ce qu’il venait faire dans le coin, et son regard suivit celui de son interlocuteur, pour voir une jeune femme passer en leur jetant un regard curieux. Aahron poussa un long soupir exagéré et lança avec une fatalité teintée d’amusement.

    Je crois que nous sommes l’attraction principale ! Dites, il se passe des choses à Grayson, parfois, autre que l’arrivée d’une voiture immatriculée d’un autre état ?

    Pas qu’il ait particulièrement quelque chose dans le fait d’attirer l’attention, mais à la longue, cela devenait réellement très étrange !



[Désolée pour l'attente, j'étais un peu malade et je croyais que cela passerait, mais non... du coup, désolée aussi pour la piètre qualité de ce post, je suis bourrée de médocs]
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeLun 26 Oct 2009, 00:38

Habituellement, il recevait toujours un ou deux commentaires frôlant l’amusement suffisante et hautaine lorsqu’il mentionnait son aversion pour les moins peuplées des petits patelins au même titre qu’un banlieusard craindrait le centre-ville de Tokyo pendant les heures de pointe. Bien sûr Handel n’était pas certain de pouvoir comprendre ces gens méprisant son besoin de calme et de solitude poussé à l’extrême ou presque, mais toujours était-il qu’il savait que ces réactions moqueuses se répétaient pratiquement à chaque fois. Ce fut pour cette raison, cette habitude qu’on lui avait presque imposé, que David ne fut pas surpris – il était souvent trop placide pour se surprendre entièrement– mais quelque peu curieux par la réaction et l’attitude en apparence indifférente d’Aahron face à la déclaration que le fermier ex-homme des bois fit. Ou peut-être pas tout à fait indifférente : ce fut très subtil, presque invisible avec l’éclairage fatigué du bureau de poste et la lumière trop éclatante qui s’infiltrait par les vitrines de l’établissement, mais il sembla à David que le regard de l’autre se fit plus attentif seulement par le fait que l’étranger ne cilla pas pendant un court moment. Le Canadien en déduit que l’homme fut aussi étonné par ses goûts de solitaire que les autres qui l’apprenaient, sauf qu’au moins ce Donnelly démontrait d’un peu plus d’ouverture d’esprit.

Mais assez songé à ce détail : Aahron entreprit de lui fournir une réponse au sujet de l’endroit où lui et ceux qui l’accompagnaient allèrent demeurer en plus de plusieurs autres informations qu’Handel enregistra soigneusement dans son esprit en écoutant avec une attention difficile à percevoir. East Jefferson, pas encore familier avec la rue comme si on en lui avait parlé que peu, ici pour un petit moment, venant tout juste d’arriver sans sembler avoir fait autre chose que de petites escales anodines, leurs bagages traités d’une façon laissant entendre qu’il ne s’agissait pas que du nécessaire pour trois ou quatre jours… Ce Aahron semblait être de ces personnes très communicative qui renseignent sans le savoir : il parlait beaucoup, sur des sujets plus ou moins légers, mais le seul fait de d’être à s’exprimer aussi souvent représentait une mine d’informations pour l’employer de ferme. Toutes indices, toute possibilités, toutes motivations de la part des étrangers à Grayson suffisaient à David pour composer sa propre banque de données dans laquelle il plongerait avec minutie dès qu’il se retrouverait seul avec ses pensées. C’était toujours dans le but de tisser des liens entre chaque parcelle d’information, les schématiser et les relier entre elles pour éventuellement comprendre ce qui pouvait bien se produire au village. Même le plus socialement mésadapté des ermites aurait pu sentir que quelque chose clochait ici après tout…

L’instant présent ne convenait visiblement pas pour les réflexions poussées à fond et détaillées en tous points puisque David fut vite distrait : deux choses de produirent presque à la fois, le passage pas si anodin de la commis du musée et le bruit étouffé de pas sur le parquet provenant de l’arrière du bureau de poste. Puisque l’homme avec lui décida de se concentrer plutôt sur la passante, Handel décida qu’il s’agirait de sa priorité jusqu’à ce que la commis du bureau de poste se manifeste enfin :


« Il y a toujours quelques activités communautaires et les discussions entre voisins lorsqu’ils se croisent sur un lieu public. Sinon les gens s’occupent plutôt chez eux et en petits regroupements, pour des soupers ou s’entraider pour divers travaux manuels »

David répondit d’un ton neutre et de son anglais toujours aussi dépourvu d’expressions ou de contraction phonétique familière. D’abord, il n’avait pas participé à la plaisanterie de Donnelly, plus parce qu’il n’avait pas été capable justement de détecter qu’il s’agissait d’une moquerie inoffensive et non un réel questionnement que parce qu’il se sentait agressé d’une façon qu’elle soit. De plus, il s’était bien garder de mentionner les brouhahas nocturnes d’une bonne vingtaine de personnes se voulant silencieuses – éparses ou rassemblées – dans les champs la nuit, ou de l’atmosphère étrange et difficile à décrire qui régnait à Grayson le reste du temps.

La curieuse qui passa devant le bureau n’était plus en vue, mais le semi-Américain demeura un court instant à observer la scène placide comme une photographie que la vitrine lui offrait de la rue principale. Il aurait remplacé tout ce paysage par une de ces larges plaines au sol gelé en permanence. D’autres bruits de pas résonnant sur le plancher de bois usé lui parvinrent et David se retourna immédiatement vers la porte derrière le comptoir qui menait à des bureaux ou des salles quelconques réservées aux employés surtout. L’instant d’après, une courte femme rondelette devant atteindre la cinquantaine fit son arrivée dans la pièce, se figeant instantanément et lançant un regard presque sceptique sur les deux hommes attendant au comptoir. Puis la commis fit apparaître sur son visage un grand sourire qu’Handel devinait faux – ses lèvres souriaient, mais pas ses yeux – avant de s’adresser à Aahron :


« Oh, de la grande visite! Bonjour et bienvenue à Grayson, et comment puis-je vous aider mon garçon ? »

La dame fit d’un ton chantant de grand-mère amusée de voir son petit-fils se présenter à la porte de son manoir, ignorant sciemment la présence de David pourtant juste en face d’elle. Le fermier ne s’en formalisa même pas et écouta la suite avec attention.


HJ : pas de problème, même que c’est moi qui est désolée de toujours répondre à un rythme si lent… disons que c’est difficile ne pas manquer de temps pour faire une réponse de plus de 2 lignes Embarassed
Et si tu veux faire parler la ptite dame en couleur, j'ai choisi celle appellée "Indianred" Razz
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeJeu 29 Oct 2009, 23:20

David ne semblait pas avoir compris la plaisanterie, ou alors, il ne s’y intéressa pas. Quoiqu’il en soit, il répondit sur le même ton dénué d’expression qu’Aahron lui avait v employé depuis le début, de ce don d’analyste qui ne s’intéresse qu’à ce qu’il juge digne. Du coup, l’aîné des Donnelly se retrouvait devant une colle : ce David Handel le jugeait-il digne d’intérêt ou pas ? Vu son coté ermite, associé avec leur présente conversation, Aahron était tenté de répondre oui, mais il n’en savait trop rien.
Enfin, au moins n’avait-il pas l’impression d’être épié sous un microscope, comme il en avait eu la désagréable impression en croisant les regards des habitants, alors que leur voiture descendait la rue. C’était déjà un plus, et peu être était-ce un peu pour cela que e jeune homme trouvait son interlocuteur plus sympathique, même si sa réponse était des plus communes. Allons bon, rien d’étonnant à ce que les gens restent chez eux, après tout, vu la myriade de choses qu’il n’y avaient pas à faire à Grayson… c’était à se demander comment sa petite famille tiendrait sans se sauter à la gorge, vu qu’ils n’avaient pas trop d’autres choix que de rester ensemble toute la journée !

Mais un bruit de pas le sortit de ses réflexions et, de même que David, Aahron se tourna vers le bureau de bois, pour voir arriver une petite femme rondelette. Cette dernière marqua une courte pause, sans doute le choc de voir autant de monde dans son bureau de poste, songea Aahron avec amusement, avant de se fendre d’un sourire jovial. C’est vrai, on pouvait dire ce que l’on voulait sur les petites villes, leur communautarisme exacerbé et leur manque d’activités de divertissement, mais à Grayson, les étrangers semblaient être accueillis avec le sourire… et les regards interrogateurs, également. Mais Aahron était persuadé qu’une fois que l’idée de leur arrivée serait acceptée, il n’y aurait plus de problème. Bon, peut-être que les habitants se montreraient réticents à l’idée que la petite fratrie Donnelly, y compris Allie, s’installe plus ou moins durablement, mais cela ne serait probablement rien de grave.
La dame d’un certain âge l’accueillit donc avec le sourire, et lui demanda d’une voix ravie ce qu’il venait faire ici. A l’écouter, on aurait bel et bien dit qu’elle n’avait rien d’autre à faire qu’à l’écouter lui raconter ce qu’il venait faire, pourquoi, comment et avec qui. Le jeune homme esquissa un sourire presque malgré lui, devant cet accueil pour le moins amical, et prit la parole.


Bonjour. Je ne sais pas si c’est vous que j’ai eu au téléphone, mais je suis Aahron Donnelly. J’ai appelé pour la location d’une maison il y a quelques jours. Sur East Jefferson, apparemment, et j’avais quelques papiers à apporter… ainsi que le contrat à signer.

Il semblait bien au jeune homme que c’était cette femme qu’il avait eu au téléphone : sa correspondante s’était montrée aussi charmante que la vieille dame qu’il avait devant les yeux. Mais le réseau de communication n’était pas des meilleurs à Grayson et, avec la déformation inhérente à toute conversation téléphonique, Aahron n’en aurait pas mis sa main au feu.
Mais de toute façon, la dame qu’il avait eu au téléphone avait dit qu’elle les attendaient dans la journée, alors, il y avait sûrement quelqu’un au courant. Aahron était persuadé que cela ne durerait pas longtemps, et que d’ici une dizaine de minutes, toute la petite famille qu’ils formaient allait enfin pouvoir se reposer. Et grignoter ce que les garçons avaient ramené… quoi qu’ils aient pu ramener, d’ailleurs, et l’aîné s’attendait au pire.

Un bref mouvement, à la lisière de son champ de vision, attira soudain son attention : David. L’homme était resté immobile, et Aahron se rappela soudain qu’un détail, dans le bonjour amical de la femme, avait attiré son attention. Elle ne s’était adressé qu’à lui, avec son sourire amical et ses paroles joyeuses, mais n’avait pas mentionné l’homme à ses côtés. Etrange… mais bon, comme l’avait avoué lui-même David quelques secondes auparavant, il était un solitaire. Peut-être que les natifs de Grayson ne l’appréciaient pas plus que ça, et faisaient comme s’il n’était pas là. L’autre homme devait bien leur rendre la pareille, estima Aahron après un bref coup d’œil, constatant que l’autre n’était pas vexé le moins du monde, ou du moins, qu’il cachait extrêmement bien son jeu.
Et de toute façon, Aahron n’était pas là pour se mêler des affaires des gens d’ici. Il avait ses propres soucis, sa propre affaire à régler, et s’intéresser à la vie du village n’était pas, pour le moment, l’un de ses sujets de préoccupations. Il en avait assez pour se créer des insomnies, inutile d’en rajouter d’autres sur la liste !

La vieille dame hocha la tête d’un air concerné, avant de se pencher sous le comptoir et de fouiner dans des papiers. Aahron soupira en s’accoudant un peu plus sur le meuble qui le séparaitde la commis, quelque peu soulagé que son affaire avance. Il posa les papiers nécessaires sur le comptoir, visible également de David, avant de se retourner vers l’homme.


Bon, eh bien, j’imagine que nos routes se séparent ici. Ravi d’avoir fait votre connaissance et… heu… j’imagine qu’on se reverra.

Arf ! Commentaire stupide s’il en fallait, Aahron s’en rendit bien compte. Dire à David qu’il le recroiserait, c’était comme affirmer que la Fête Nationale tombait un 4 juillet : une évidence ! Grayson était si petite qu’il recroiserait sans peine l’homme !
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David S. Handel
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MessageSujet: Re: 01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David]   01. "Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes" [Aahron & David] Icon_minitimeMer 18 Nov 2009, 01:23

David avait déjà mené un semblant d’enquête d’observations subtiles sur le terrain, à la recherche de facteurs, de points ou de traits particuliers qui lui permettraient de pouvoir distinguer mais surtout expliquer les diverses réactions et comportements des habitants de cette ville. Parce qu’il y vivait depuis environ 11 ans après tout, même ci parmi celles-ci il passa 9 ans pendant lesquelles sa grand-mère –avec qui il habitait avant son décès– n’avait cessé de ne répondre que d’une façon à ses interrogations pour la plupart muettes. Un regard curieux sur une personne qu’il croisait, un coup d’œil de trop par la baie vitrée de son ancienne maison après la tombée de la nuit et la vieille dame le prévenait aussitôt des affres et dangers de la curiosité comme un curé prêcherait contre le pêché de l’orgueil pendant son sermon. Oui, malgré ces répressions et réprimandes n’ayant peut-être servies qu’à lui faire prendre conscience des bienfaits de l’intériorisation, cela ne changeait rien au fait qu’Handel était présent pour capter quelques miettes d’informations par-ci par-là, avoir vent de certaines rumeurs et surpris quelques changements d’attitude brusque chez certains habitants de Grayson lorsqu’il se retrouvait dans son centre névralgique.
Ce que sa présence effacée lui avait apprise c’est qu’il y avait de ces habitants qui l’ignoraient et en faisaient de même avec les étrangers de passage, qu’il y avait d’autre gens de Grayson qui se comportaient de la sorte avec lui, mais semblaient éviter les nouveaux venus, quelques uns qui l’ignoraient aussi mais semblaient presque choqués par la présence de visiteurs et il y avait ces autres qui paraissaient constamment désapprouver sa présence ma adorer celle de personnes venant de l’extérieur… Deux facteurs, de multiples réactions, mais rien qui semblait justifier ces observations : que lui reprochait-on, et que reprochait-on aux nouveaux venus qui serait à la fois source de sympathie pour d’autres habitants du village ?

Eh bien justement ces questions avaient bien leur place dans la situation présente, au bureau de poste avec la commis dont le nom lui échappait –l’avait-il déjà entendu? – Aahron et lui-même : la dame le discriminait sans qu’il ne sache pourquoi en même temps qu’elle traitait avec chaleur l’homme Donnelly. Un traitement qui sembla inspirer de l’estime de la part de l’homme au regard pâle : il sourit, s’adressa poliment à l’autre, exposa clairement la raison de sa venue dans cet établissement… Aahron ne le laissa pas paraître s’il avait décelé l’air étrange de la femme caché derrière son comportement bienveillant, mais David ne pu s’empêcher de remarquer que l’autre homme lui lança un bref coup d’œil qui lui donna presque l’impression que l’étranger voulait s’assurer qu’il ne s’était pas évanoui dans la nature.

Cela ne dura peu puisque la commis attira l’attention une fois de plus en s’activant et bien vite Donnelly fit sa part de son côté du comptoir. Pas dépité pour autant mais plutôt soucieux de ne pas sembler s’insinuer dans les affaires d’autrui, Handel fis semblant de s’intéresser à l’affiche collée au mur juste à côté de lui, un bout de papier jaunit indiquant les divers services de livraison et leur prix que le bureau de poste demandait. Il devait plutôt réfléchir à ce qu’il allait faire en ces lieux : après tout, David vint dans ce bâtiment sans même en avoir vraiment ressentit le besoin avant d’apercevoir Aahron y pénétrer. Et une fois l’étranger servit par la commis, il allait devoir se trouver un excuse pour se trouver ici même…

David entendit un froissement de tissus et perçu un mouvement du coin de l’œil –il était resté aussi vigilant qu’un trappeur à l’affut car il ne faisait que semblant de ne pas écouter après tout– et se retourna aussitôt et innocemment vers Aahron lorsque ce dernier lui adressa la parole justement. Ce Donnelly le saluait donc, marquant officiellement la séparation de leurs chemins, ou du moins celle temporaire puisque David comptait bien poursuivre subtilement ses observations en mettant en place quelques rencontres dirigées par un faux hasard.


« Ravi aussi »

David répondit avec un hochement de la tête presque solennel, adressant à l’autre un léger sourire poli qui pu bien être considéré comme un des premiers qu’il fit depuis leur rencontre. Une idée lui vint soudainement à l’esprit, une idée qui lui permettrait de tirer sa révérence en douceur, et il se tourna brièvement vers la commis du bureau de poste pour lui demander innocemment :

« Il n’y aurait pas de colis pour moi par hasard ? »

« Quoi? Euh, non, non, rien pour vous… désolée » La dame a répondu l’air de rien, mais David avait plutôt l’impression qu’elle prétendait ne pas l’avoir remarqué plus tôt et être surprise de sa présence.

Le canadien refit à nouveau face au nouveau venu, lui adressa un autre sourire courtois et ajouta :


« Bien, espérant vous revoir bientôt. Encore bienvenue à Grayson et profitez bien de votre séjour ici »

Sur ce, David tourna les talons et se rendit à la porte, la passant pour se retrouver à nouveau dans le cœur de la petite ville, de nouvelles données et de nouvelles questions en tête : il allait avoir matière à réfléchir pendant un long moment. Lorsqu’il dépassa le véhicule des Donnelly, il y jeta un coup d’œil subtil et curieux, mais la Volvo était vide… Tant pis, cela ne ferait que repousser la rencontre pour plus tard : Grayson était si petite après tout!

En bon ermite, il retourna auprès de sa maison, la plus isolée de la communauté.
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