Aidan avait cru ressentir une certaine tension en arrivant auprès de la petite blonde, mais il mit ça sur le compte de leur dernière entrevue qui s’était soldé par un malaise. Littéralement. Il voulait évidemment éviter d’aborder le sujet de but en blanc avec elle et espérait vivement que Kaylee serait dans la même optique…
A la vue du sourire qu’elle lui adressa et la façon dont elle rentrait dans son petit jeu de rôle, il se disait que les choses étaient bien parties. N’empêche que quelque chose flottait dans l’air. Quelque chose de désagréable.

L’adolescent lui renvoya pourtant son sourire, avec un peu plus de conviction que la première fois, et un silence s’installa peu à peu. Il le combla par quelques banalités, lui demandant si elle était prête à affronter la journée, si elle était prête à mourir de chaud et s’ennuyer avec lui. Ils parlèrent un peu de leurs familles respectives qu’ils avaient tous deux délaissés, mais la conversation tourna vite en rond.
Du coup, le petit blond et son interlocutrice se concentrèrent un peu sur le discours de William puis de Kathleen. Mais juste un peu…

Le discours en passe d’être terminé, Aidan avait attrapé la jeune femme par le coude pour la guider à l’extérieur de la foule. S’ils ne voulaient pas stagner sur place ou se faire ennuyer par les habitants, mieux valait qu’ils s’éloignent. De toute façon, ils auraient l’occasion de se renseigner sur ce qui les attendait dans le courant de la journée. Au moins, le petit blond savait comment tout cela se terminerait : sur la scène, avec lui en premier loge, sous les projecteurs… Au moins le temps qu’on lui balance des trucs à la figure et qu’il se décide à fuir.

to be continued

Elizabeth acquiesca avec un sourire un brin envieux. Elle avait rêvé d'une famille, et avait cru toucher au but quelques jours plus tôt. Mais elle savait désormais que non seulement les enfants grandissaient vite, mais qu'en prime, ils pouvaient se montrer possessifs, manipulateurs et méchants, surtout quand ils se sentaient blessés. Et désormais, ses rêves de maternité s'éloignaient.

" J'imagine que c'est ce que doivent ressentir tous les parents... " Elle allait vite tomber dans le larmoyant si elle n'y prenait pas garde, alors qu'elle avait décidé de profiter de cette journée de détente pour s'offrir une parenthèse dans ses atermoiements. Aussi accueillit-elle le changement de sujet de Dakota avec un sourire plus franc.

" Oui, je suis d'accord. Reste à espérer que la journée se déroule sans anicroche... Tu sais comme certains peuvent avoir le sang chaud, surtout avec cette chaleur... " Et elle savait aussi bien que sa cousine que les plus dangereux n'étaient pas ceux que l'on entendrait ou verrait exploser, mais ceux qui oeuvreraient dans l'ombre et dont on ne découvrirait les méfaits que trop tard. " Mais dit-moi, vous avez projeté des activités particulières pour aujourd'hui, ou vous allez vous laisser porter par les animations ? " Bien qu'elle ait toujours du mal à se comporter naturellement avec Dakota, la question n'en était pas moins portée par un intérêt sincère.

Sans lacher son sourire, Elizabeth ressenti l'envie de hurler. Comment pouvait-on baigner dans de telles banalités à pleurer ? Que s'était-il passé pour que leurs relations soient aussi stériles ? Question rhétorique bien sur... L'épicière savait bien ce qui était arrivé : d'abord les parents de Dakota avaient quitté Grayson, et puis Elizabeth avait accepté son rôle dans la hiérarchie du village. Ca suffisait à créer un fossé avec n'importe qui étranger à ce qui se tramait dans l'ombre. Pourtant Elizabeth avait l'impression qu'il ne manquait pas grand chose pour qu'elle trouve un soutien et une oreille attentive auprès de sa cousine, mais l'épicière ignorait quel pourrait être ce déclic salvateur.

Elle se contentait donc de sourire comme elle savait si bien le faire, en enviant le semblant de quiétude dont profitait Dakota. Car quelle que soit la vie de sa cousine, elle n'avait certainement pas à porter le fardeau qui était le sien depuis tant d'années.

" Sa maman rien que pour elle, elle en a de la chance ! " Puis elle acquiesca à ce que disait Dakota. " Pas de problème, j'essaierai de me libérer, mais ca dépendra du monde qui aura décidé que la chaleur était insupportable... " Elle roula des yeux : vu la chaleur, elle allait voir passer tout le village au moins 4 fois dans la journée. Ce ne serait pas le jour à chômer. " Profitez en bien. Ces moments ne sont que trop rares... j'imagine... "

A nouveau, elle sentit une pointe de jalousie l'étreindre, mais elle se trouva aussitôt puérile. Elle salua sa cousine avant de trop laisser transparaitre ce qu'elle ressentait, et s'éloigna sans but précis, si ce n'est rejoindre tranquillement son stand. La journée s'annoncait longue...