Il faisait nuit, et Jeanne était agrippée au bras de son amie. Elle avait du mal à marcher droit dans la forêt, mais peu lui importait car elle était comme anesthésier par tout l'alcool qu'elle avait avalé. En effet, Carmen et elle avaient passé la soirée ensemble, elles avaient discuté de tout et de rien autour de bières. Mais après plusieurs heures, les sujets de discussions s'étaient amenuisés, et la serveuse lui avait proposé d'aller faire un tour. Pas n'importe où, dans les bois. Jeanne est une fille de la ville, et la seule forêt qu'elle avait connu avant Grayson était celle des films. Et autant dire que ceux là ne donnent pas vraiment envie d'aller se promener dans les bois ! Cela faisait maintenant quatre années que la psychologue s'était installée dans la petite ville, et depuis ce temps elle côtoyait les bois, mais de loin, sans jamais n'y mettre les pieds. Alors quand Carmen lui avait proposé cette excursion, Jeanne émit quelques protestations. Mais elle s'était vite laissée entraîner par son amie. Sans doute que son taux d'alcoolémie avait joué contre elle ce soir la... Et donc, après avoir traversé le minuscule village en riant comme des baleines, elles s'étaient retrouvé dans les fameux bois. S'accrochant l'une à l'autre, les deux amies avaient fait un bout de chemin et s'étaient avancée profondément dans la forêt. Rien ne les inquiétait, car sous l'effet de l'alcool, tout n'était qu'amusement. Au bout d'un moment, Carmen lui demanda ce qu'elle voulait faire :

Je ne sais pas trop... Mais maintenant qu'on est arrivé là on n'a qu'à continuer ! On verra sur quoi on va tomber !

Les deux femmes continuèrent donc leur virée. Elles rigolaient toujours autant, ne savant pas vraiment pourquoi, mais au moins plus personne ne les entendait ! Plus d'une fois, la psychologue faillit se retrouver le nez par terre. Déjà que sur terrain plat elle avait eu du mal à tenir debout, maintenant avec les trous, les branches, les racines d'arbres... Heureusement que Carmen était la pour la tenir plus ou moins. La jeune femme était dans le même état qu'elle... Soudain, Jeanne s'arrêta net.

T'as entendu ?

La forêt est un endroit rempli de bruits étranges, la plupart du temps provoqués par des animaux, ou même le vent. Mais toutes ces options la ne vinrent pas en tête de la brune. La seule chose à laquelle elle pensa était que quelqu'un aurait pu les suivre...

Jeanne était aux aguets. Elle avait entendu un bruit, et pour elle ce n'était pas bon signe, du tout du tout ! Elle continuait de fixer les arbres devant elle, mais on n'y voyait rien. Il faisait noir comme dans un four et les deux femmes n'avaient pas prévu les lampes torches... Le ciel était dégagé et en partant de la maison, elles voyaient clair grâce à la lune. Mais maintenant dans les bois... Les rayons de la lune faisaient apparaître des ombres inquiétantes parfois. Quelques minutes plus tôt, elle n'y faisait pas attention, et son amie n'y croyait pas non plus apparemment...

Te moques pas de moi ! Je suis sure qu'il y a quelque chose !

A ses mots, la psychologue lui mit une légère tape sur le bras. Elle n'aimait pas qu'on se moque d'elle, et surtout pas maintenant qu'elle était tout à fait sérieuse ! Jeanne ne changea pas d'avis, elle avait entendu un truc, et elle serrait le bras de son amie de plus en plus fort jusqu'à ce qu'un deuxième craquement retentisse. Carmen l'avait elle aussi entendu cette fois-ci. L'une pouvait très bien avoir des hallucinations auditives, dues à l'alcool peut être, mais les deux ? Peu probable ! La serveuse s’agrippa elle aussi au bras de Jeanne. Les deux femmes scrutaient la nuit à la recherche de quelque chose expliquant ces bruits... Quand Carment vit quelque chose bouger. Elle regarda dans la direction indiquée :

Je vois rien ! On serait dans le cul d'une poule qu'on verrait pas la différence !

Elle ne voyait que dalle ! Elle fit un pas et s'appuya contre un arbre. Carmen toujours agrippée à elle la suivit. Et la elle vit aussi quelque chose. Quelque chose avait bougé entre les arbres. Son pouls s’accéléra, et le premier réflexe qu'elle eut fut de se baisser, se planquer derrière l'arbre. En se baissant, elle entraîna Carmen avec elle. Sauf que celle-ci ne s'y attendait pas et elle tomba à la renverse contre Jeanne. Les deux femmes se retrouvèrent par terre en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf ! La relève ne fut pas évidente. Elles s'étaient empêtrée les jambes, et l'alcool ne les aidait pas vraiment... Enfin au moins pendant quelques secondes elles ne pensaient plus vraiment aux bruits qu'elles avaient entendu...

Les deux amies réussirent à se remettre debout. Et Carmen commença à paniquer. Jeanne tentait quant à elle de garder plus ou moins son calme. Sauf que l'alcool ne l'aidait pas à se remettre les idées au clair. En quelques secondes elle fut elle aussi prise de panique... Comme son amie, elle pensa à fuir, ce qui n'allait probablement pas être aussi simple... Carmen n'arrivait pas à aligner trois pas ! Jeanne n'allait tout de même pas la laisser dans la forêt toute seule ! De toute façon, avec ou sans elle, la psy n'irait pas beaucoup plus vite. Elle n'arrivait sûrement pas à marcher droit, et en plus, avec les arbres, les racines, les cailloux et tout le reste... Si elles devaient se mettre à courir, elles étaient fichues ! Que pouvaient-elles donc bien faire d'autre ?

Jeanne lâcha le bras de son amie pour prendre sa main. A moitié courbée, et sans lâcher des yeux le reste des bois, elle murmura :

On peut pas rester ici, alors on va avancer. OK ?

Elle n'attendit pas la réponse et commença à bouger. Elle essayait tant bien que mal de faire le moins de bruit possible. Après à peine quelques enjambées, la panique la reprit tout à coup. Elle oublia un peu la menace qui se cachait dans les bois et se tourna une fois encore vers Carmen.

Tu sais d'où on est arrivées ?

Elle regarda à la ronde, comme si elle allait reconnaître un arbre, ou voir un chemin, quelque chose qui lui donnerait un indice. Mais rien. Elle ne reconnaissait rien ! Voila que les deux amies, déjà bien alcoolisées, et qui avaient quelque chose à leur trousse, étaient perdues !!!

Carmen paniquait. Elle n'essayait même pas d'être discrète. Jeanne quant à elle, paniquait aussi, mais de façon plus silencieuse. La situation semblait remplacer les effets de l'alcool par ceux du stress. On aurait pu croire que c'était une bonne chose, mais non. Ses idées étaient toujours embrouillées, et elle ne voyait pas de solution à leur problème. De plus, une odeur des plus pestilentielles s’amplifiait. Elle ne savait pas d'où ça provenait mais elle ne sentait rien de tel deux minutes plus tôt. Peut être était-ce son imagination ? Elle demanda alors à son amie :

Tu sens ça ? Cette odeur ? Qu'est ce que ça peut être à ton avis ?

Jeanne scrutait l'obscurité en attendait une réponse de la serveuse. Réponse qui ne venait pas... La psychologue se retourna alors vers son amie.Celle-ci avait les larmes aux yeux et ne semblait plus capable de rien. Jeanne l'agrippa par les épaules et la secoua gentiment.

Carmen ! Putain Carmen c'est pas le moment de me laisser !

L'odeur emplissait maintenant l'air. Jeanne en était sure, ce n'était pas son imagination. Une odeur de mort flottait dans l'air... Que cachait donc ces bois ? Alors que Jeanne imaginait alors le pire, elle fut tirée de ses pensées par Carmen. Carmen qui cria ce qui fit sursauter Jeanne. Celle-ci la regarda d'un air interloqué, ne voyant pas pourquoi elle faisait autant de bruit...

Carmen hurla. Cette réaction interloqua Jeanne, qui n'avait rien senti elle. Son amie recula apeurée et trébucha. La psychologue continuait de la regarder et elle vit se qui avait fait peur à Carmen. Son cœur s'arrêta pendant quelques secondes. Ça ne pouvait être vrai ! Son esprit devait lui joué des tours ! Elle voyait une forme, ça ressemblait à un animal, mais il était bizarrement fait. L'obscurité. C'était ça qui devait empêcher Jeanne de voir exactement ce qui se dirigeait vers son amie. En tout cas elle ne prit pas le temps d'essayer de mieux détailler la chose. Une idée lui vint à l'esprit et elle décida de la mettre en pratique.

Bouge pas Carmen ! Bouge pas !

Jeanne se mit en place, sur le coté de Carmen et donc de la chose. Son plan était de shooter dans le truc qui les « menaçait ». Seulement ce n'est pas tout à fait comme ça que ça se déroula... Jeanne arriva bien à donner un bon coup de pied dans la chose, mais elle glissa aussi et se retrouva sur les fesses à coté de Carmen. Elle avait du se tordre la cheville parce qu'une douleur s'y fit ressentir. Elle serrait les dents et informa son amie :

La vache Carmen ! Je crois que je me suis tordu la cheville, ça fait mal !!!

Alors que Jeanne pensait s'être débarrassé de la menace, celle-ci revint. En fin de compte, elle n'avait pas du l'envoyer valdinguer bien loin... Une cheville en moins, elle lança un appel à l'aide du regard à son amie, toujours par terre...