Road to Salvation
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 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]

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Aidan S. Donnelly
Aidan S. Donnelly

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MessageSujet: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMar 06 Oct 2009, 19:18

01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] 316kf90
    Aidan porta une main à son visage, écarquillant ses yeux clairs puis clignant des paupières pour se maintenir bien éveillé. Il jeta un rapide coup d’œil en direction d’Aahron, assis à sa droite sur le canapé qui, cette nuit, lui servirait de lit. Son frère semblait somnoler depuis de longues minutes maintenant et ses bâillements n’étaient plus quantifiables sur ses dix doigts depuis longtemps…
    Après le trajet qu’il avait effectué dans la journée et depuis leur départ de Cleveland quelques jours plus tôt, il était normal qu’il commence à piquer du nez. Sans compter qu’il commençait à se faire tard et qu’ils avaient vu le soleil disparaitre derrière les vieux rideaux de la maison qu’ils louaient depuis quelques heures maintenant.
    Il était donc plus que l’heure pour eux tous d’aller se glisser dans les lits mis à leur disposition… et pourtant, Aidan n’arrivait pas à s’y résoudre.

    Le jeune homme arracha ses yeux clairs de la silhouette familière et rassurante de son ainé pour le poser sur la petite télévision à laquelle ils faisaient face. Il avait du mal à se concentrer et à suivre l’action du film d’action qui passait. Ses yeux brûlants de fatigue et son esprit embrumé ne l’aidaient évidemment pas. Mais pour rien au monde il n’aurait quitté la chaleur relative du salon pour aller se coucher. Son corps lui avait déjà envoyé bon nombre de signaux pour le convaincre d’aller se reposer, des vertiges aux bâillements intempestifs, mais il ne voulait rien entendre.
    Il préférait se sentir lessivé plutôt que de se laisser aller à dormir ne serait-ce qu’un instant. Aidan savait évidemment que son corps finirait par le trahir mais pour le moment, il avait encore la force de résister et persisterait aussi longtemps que possible dans cette voie.

    Et comme si une force supérieure et maléfique l’avait entendu et voulu le défier, l’écran de la télévision se fondu au noir. Rapidement, les noms des acteurs apparurent à l’écran, défilant devant les yeux presque douloureux d’Aidan, le narguant ouvertement.
    Près de lui, Aahron s’étira bruyamment avant de pousser un long soupir qui en disait long.
    Le jeune homme, pour sa part, garda son regard obstinément tourné vers l’écran, feignant de ne rien avoir remarqué. Son estomac était noué, sa bouche sèche. Il déglutit péniblement.
    Le blondinet savait ce qui allait suivre. Son frère allait lui expliquer comme il était fatigué, lui souhaiter une bonne nuit et attendre qu’il monte. Aidan savait qu’il serait injuste d’obliger son frère à veiller plus longtemps à cause de stupides cauchemars mais il ne pouvait s’empêcher d’envisager cette option.
    Bien sûr, il pourrait toujours réveiller Samuel qui était monté une bonne demi-heure plus tôt pour prendre sa douche et n’était pas reparu. Il pourrait aussi aller déranger Isaac et Allie, eux aussi à l’étage. Mais aucune de ces options ne le satisfaisait évidemment. Il se sentirait trop bête.
    Et en même temps, il ne pouvait pas s’imaginer dormir. Pas encore. Peut-être plus tard, quand il le sentirait comme ça, quand il serait prêt.
    Mais le serait-il un jour ?

    Soudain, la télévision émit un petit bourdonnement en s’éteignant. La main valide d’Aidan se referma sur le tissu de son pantalon sans qu’il en soit conscient et il retint son souffle. Les battements de son cœur venaient subitement de s’accélérer dans sa poitrine. Ils y étaient. Aahron allait le virer du salon pour pouvoir dormir et il allait être obligé de s’exécuter...
    Mais au moment où Aahron allait rompre le silence qui s’était installé dans la pièce au décor rustique, le jeune homme prit la parole. Son ton était enjoué et un sourire confiant étirait ses lèvres.

      « C’était cool, non ? » demanda-t-il en faisait référence au film qu’il n’avait même pas réellement vu « Dis, il reste un peu de ce truc qu’Allie a préparé ? Je grignoterais bien quelque chose ! Qu’est-ce que t’en dis ? Samuel a acheté quelques bières tout à l’heure, on pourrait s’en ouvrir une… histoire de fêter notre première soirée à Grayson dignement » dit-il dans un haussement de sourcils évocateur

    Bien évidemment, il savait que ce plan ne prendrait pas. Aahron avait envie de tout sauf d’une bière et Aidan n’avait pas besoin de croiser son regard pour le savoir. Il fallait qu’il rebondisse rapidement s’il ne voulait pas se faire recaler.

      « Tu penses que les commerces ferment à quelle heure par ici ? » Demanda-t-il innocemment « J’ai pas vu de bar mais je suppose qu’il y’en a un quelque part. Les petits villages en ont toujours dans les films ! Puis ils doivent avoir besoin de boire pour oublier qu’ils sont en plein no man’s land, tu crois pas ? » sourit encore Aidan, espérant que son frère enchaine autrement que par un : on parlera de ça demain, je suis fatigué…
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMer 07 Oct 2009, 19:55

    Depuis qu’ils avaient enfin investi la maison et déchargé les bagages, Aahron était sur les rotules. Pas vraiment fatigué, mais juste ultra las : rien envie de faire, même pas de réfléchir, seulement se coller sur le canapé. Après avoir dégusté le repas concocté par Allie, les autres étaient partis vaquer à leurs occupations, et Aahron s’était laissé tomber sur le canapé qui lui servirait de lit durant ces prochains jours, vite rejoint par son petit frère. L’aîné avait mis la première chose qui était parvenu à évoquer une petite étincelle d’intérêt dans son esprit embrumé par la lassitude, et avait laissé ses yeux suivre les images mouvantes sans vraiment se préoccuper de ce qu’il regardait : tant que cela bougeait, cela lui suffisait. Il se connaissait, quand il était dans cet état là, il n’avait pas envie de dormir, juste d’arrêter de réfléchir : les pires navets faisaient l’affaire, en général.
    Là, c’était un film d’action, mais le jeune homme avait déconnecté dès que cela avait commencé à requérir une pointe de compréhension. De toute façon, ce genre de films finissait toujours pareil : le héros sauve le monde, embrasse la fille et zigouille le méchant, enfin, à supposer que dans les petites images qui défilaient devant ses yeux, se trouvent incarnés une fille, un héros et un méchant. Il n’avait pas de doute sur le héros, pourtant : y’a toujours un héros.

    Mais la fin semblait venir, et Aahron sentit la fatigue s’abattre sur lui avec brusquerie. Depuis quelques dizaines de minutes déjà, il baillait à s’en décrocher la mâchoire, mais là, le seul fait de garder les yeux ouverts lui demandait un effort. Il allait bien dormir, cette nuit, et même l’inconfort du canapé ne parviendrait pas à l’empêcher de sombrer dans les bras de Morphée ! Le générique débuta, assombrissant encore la pièce, déclenchant un mouvement chez Aahron. Ce dernier s’étira longuement, ravi de bouger ses muscles endoloris par l’immobilité et la lassitude, avant de soupirer tout en se radossant dans le canapé, cherchant du regard où se trouvait son oreiller. Et où se trouvait Aidan, qui n’avait pas bougé d’un pouce, les yeux rivés sur l’écran de télé. Pourtant, il avait lui aussi l’air crevé, et besoin d’une bonne nuit de sommeil.
    Mais Aahron comprenait son immobilité. Quand on était aussi crevé qu’eux, se relever demandait un sacré effort ! Par compassion, et plutôt que de lui intimer l’ordre d’aller se coucher comme il l’aurait fait avec son fils, l’aîné appuya d’un geste délicat sur le bouton de veille de la télévision. Une invitation claire à aller se coucher, sans le dire tout haut : parfait, n’est-ce pas ? Un geste plein de tact comme il les aimait !

    Par contre, Aidan n’avait sans doute pas enregistré que la fermeture de la télévision signifiait une bonne nuit pour son frère aîné. Aahron envisagea un court instant d’éteindre aussi la lumière, et se décida finalement à lui dire clairement de monter dormir…enfin, il l’aurait fait si Aidan était resté silencieux, ce qui ne fut pas le cas. Le petit lui demanda avec un enthousiasme que son frère jugea un brin forcé comment il avait trouvé le film, avant d’enchaîner sur le fait qu’il se resservirait bien du dîner de ce soir, accompagné d’une bière. Et avant même qu’Aahron ne puisse ouvrir la bouche pour lui dire ce qu’il pensait de cette idée qu’Aidan enchaîna à nouveau sur l’heure des fermetures des commerces de Grayson. Décidément, il faisait les questions et les réponses, ne laissant même pas l’aîné placé un mot.
    Alors, dès qu’il se tût, Aahron sauta sur l’occasion d’ouvrir la bouche à son tour, lui faisant remarquer avec amusement.


    "Grayson a beau être un trou paumé, aux dernières nouvelles, nous sommes toujours aux Etats-Unis, et tu n’as toujours pas le droit d’aller boire un verre dans un bar, fut-il le refuge des paumés de la région. Et je n’ai pas vu de bar, d’ailleurs… ici, ils ont plus l’air d’être du genre à boire leur propre tord-boyaux, si tu veux mon avis."

    Aahron étouffa un bâillement avant de grogner pour la forme.

    "Et je savais que vous laisser, toi et Samuel, vous occuper des provisions était une mauvaise idée. Enfin, vous avez quand même fait quelques bons achats…"

    Déclara-t-il en s’étirant pour attraper un paquet de bonbons posés sur la table, et d’avaler quelques friandises. Oh oui, il le savait que c’était une mauvaise idée ! Mais ils avaient tous insisté, et bien qu’étant l’aîné, Aahron avait dû rendre les armes. C’est pourquoi, d’ailleurs, il n’éprouvait aucun scrupule à piocher dans les petites douceurs qu’avaient ramené les garçons !
    Tout en callant confortablement son dos dans un coussin qui avait connu des jours meilleurs, Aahron ne pût s’empêcher de dévisager son cadet avec curiosité. Il y avait quelque chose qui clochait, parce que comme tout le monde, Aidan n’aurait du avoir qu’une pensée en tête : dormir. Les signes ne trompaient pas le jeune homme, le petit était crevé, même s’il se refusait à aller dormir. C’était peut-être la perspective de dormir dans un nouvelle maison, et qui plus est, dans le village où leurs parents avaient dormi avant… avant tout ça. Aidan avait-il une quelconque appréhension quand au fait d’aller se coucher ? Si c’était le cas, Aahron ne voyait pas très bien comment aborder le sujet : quelque chose lui soufflait que si il y allait franco, le petit se refermerait comme une huître.
    Dans ce cas, il fallait utiliser la méthode détournée, et lui montrait que s’il voulait discuter, son frère était ouvert au dialogue bien qu’à cet instant, Aahron n’avait qu’une envie : dormir.


    "Tu angoisses de dormir avec Sam ? Je te comprends, ce n’est pas le camarade de chambre idéal. Il ronfle, mais il n’est plus somnambule depuis l’âge de cinq ans, alors, ça devrait aller. Au pire, t’as qu’à l’attacher : je dois avoir une corde dans la voiture."

    Plaisanta-t-il, tout en se rendant bien compte que sa vanne était complètement naze : quand il était fatigué, son sens de l’humour avait tendance à se faire la malle.
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Aidan S. Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMer 07 Oct 2009, 21:44

    Le jeune homme aux cheveux dorés se contenta d’hausser négligemment une épaule lorsque son frère évoqua le fait qu’il n’était pas censé boire d’alcool. Depuis quand cette loi stupide arrêtait-elle un Donnelly de boire ? Aidan avait trempée ses lèvres dans sa première bière avant de savoir réellement comment tenir sur ses deux jambes. Du sang irlandais coulait dans leurs veines à tous ; ils ne pouvaient pas lutter, c’était leur destin !
    Évidemment, il se garda bien de faire ces quelques remarques à voix haute. Aahron savait que son cadet buvait fréquemment et plus que de raison parfois, mais il le tolérait tant qu’il ne le voyait pas faire. Une bière de temps en temps pendant les réunions de famille, c’était tout ce qu’il lui accordait. S’il l’avait croisé après l’une de ses nombreuses et mémorables cuites, peut-être ne réagirait-il pas de la même manière et le priverait-il tout bonnement d’approcher une bouteille. C’était ce que son père avait tenté de faire de son vivant…
    Et ce soir, lorsqu’Aidan avait fait mine de reprendre une deuxième bouteille dans le réfrigérateur, il avait capté le même éclat réprobateur dans le regard de son frère ; le même avertissement silencieux qui apparaissait parfois dans les yeux clair de Sean. Il avait renoncé à sa seconde bière.
    Pourtant, il aurait bien eu besoin d’un verre. Être ivre lui garantissait un moment de répit et le préservait des mauvais rêves. Mais il n’était pas certain que cette excuse fonctionne avec Aahron…
    Il se tut donc et laissa son frère enchainer, relevant ses jambes et les entourant de ses bras.

    Face à lui, son frère venait de se pencher sur la table pour dérober une des friandises qu’il avait ramenée de l’épicerie avec Samuel. Aidan fut tenté de l’imiter mais y renonça finalement. Le simple fait de bouger une fois encore pour tendre le bras pour atteindre le paquet le fatiguait d’avance. De toute manière, il avait la gorge trop nouée pour avaler quoi que ce soit et n’avait pas vraiment la tête à s’empiffrer pour l’instant.
    Son sourire faussement radieux avait peu à peu déserté ses traits sans qu’il ne s’en rende compte et, lorsqu’Aahron reprit la parole en se forçant à son tour à paraitre enjoué, son air était grave, son regard terne.
    Les mots ‘angoisse’ et ‘dormir’ venaient d’être associés. Même si la formulation n’était pas la bonne et que Sam n’avait rien à voir là-dedans, la chose venait d’être rendue plus concrète.
    Aidan déglutit péniblement, essayant de donner le change du mieux qu’il le pouvait. Mais il savait qu’il ne tromperait personne, surtout pas Aahron qui ne le connaissait que trop bien.

      « Tu dis ça pour moi » railla-t-il en arborant une moue boudeuse qu’il aurait voulue plus convaincante

    Depuis tout petit en effet, ne se contentant pas de faire des rêves étranges et d’un réalisme parfois cruel, il lui arrivait également de les vivre. Son père avait même finit par faire installer un système d’alarme au cas où Aidan se glisserait hors de la maison durant une de ses crises de somnambulisme. C’était déjà arrivé plusieurs fois mais heureusement, il ne s’était jamais blessé au cours de ses excursions nocturnes. Sauf si on comptait la fois où son orgueil en avait pris un coup et où il s’était réveillé complètement nu dans le fond de leur jardin… il n’avait que 9ans à l’époque et c’était sa mère qui l’avait retrouvé, mais sa réputation aurait été à jamais ternie si c’était l’un de ses frères qui l’avait découvert en costume d’Adam !

      « De toute façon, Sammy ne me fait pas peur » enchaina Aidan en esquissant un sourire emprunt de moquerie « S’il savait se battre, ça s’saurait ! Il rendrait au moins quelques coups de temps en temps et ne reviendrait pas toujours en morceaux, pleurnicher sur le perron »

    Bien sûr, Samuel n’avait jamais fait ça et il aurait sûrement préféré se crever les yeux plutôt qu’être vu en train de verser la moindre larme. N’empêche qu’il revenait fréquemment chez eux le nez en sang, avec un œil au beurre noir où en se tenant les côtes. Et malgré les récits romanesques de ses exploits dignes des plus grands films d’action Hollywoodiens, la police n’avait jamais frappé à leur porte pour lui demander de rendre des comptes… pourtant, à en croire l’état dans lequel il laissait ses victimes, ça aurait au moins dû arriver une fois.
    Mais personne ne le lui avait jamais signalé ou n’avait remis en question ses paroles. On était comme ça chez les Donnelly !

      « J’ai juste… pas envie de dormir pour le moment. J'suis pas fatigué » reprit-il en s’armant de son plus beau sourire « C’est vrai quoi, on vient de débarquer dans une nouvelle ville, on devrait fêter ça ! Enfin… pas le fêter parce que… mais… tu vois ? J’veux dire qu’on pourrait en quelque sorte marquer le coup. On pourrait… porter un toast, faire quelque chose pour… enfin tu sais… papa et maman »

    Sa voix se brisa sur ces derniers mots.
    Il ne voulait pas marquer le coup. Aidan ne voulait pas qu’il célèbre leur arrivé à Grayson, grand Dieu non ! C’était bien la dernière chose qu’il voulait. Mais il ne trouvait rien d’autre et commençait à désespérer. Il ne voulait pas aller dormir. C’était tout simplement hors de question. Pas maintenant ; pas aujourd’hui.

    Pas ici.
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeJeu 08 Oct 2009, 11:39

    Décidément, Aahron ne voyait pas comment aborder le problème : il n’était pas à l’aise avec ça, et ce n’était un secret pour personne. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire, même s’il était conscient qu’il y avait un problème : l’aborder de front aurai été dans ses cordes, et encore, ça n’avait rien de sûr. Mais si Aidan ne se lançait pas et n’avouait pas ce qui le tracassait, son frère était bien incapable de lui tirer les vers du nez. Et le petit ne viendrait pas pleurnicher, c’était sûr : Un Donnelly lève la tête et serre les dents, mais il en fallait beaucoup pour lui tirer un aveu de faiblesse !
    Aidan reprit la parole avec une moue boudeuse qui arracha un sourire à l’aîné. Il allait lui aussi jouer la comédie du « tout va bien », alors. Peut-être qu’au final, tout irait bien, même si le jeune homme ne pouvait s’empêcher de doutait que tout finirait par aller bien un jour : leurs parents étaient morts, et ils se trouvaient ici, dans ce trou paumé à chercher des réponses aux questions qu’ils avaient même du mal à formuler. Ils n’étaient pas sortis de l’auberge, malheureusement !
    La remarque de son cadet sur le fait que Samuel devrait prendre des cours élargit son sourire, et il adressa un regard de connivence à son petit frère. Pour ça, sûr, il avait grandement raison : si Sammy savait se battre aussi bien qu’il le clamait, les hôpitaux de Cleveland auraient eu fort à faire ! Les hôpitaux, plutôt que leur mère qui s’affairait à remettre son fiston sur pied, sans jamais l’enguirlander plus que nécessaire. Et sans jamais poser trop de questions, à l’instar d’Aahron quand il avait vu arriver sur le pas de sa porte un Sam en triste état. Les précisions n’étaient pas nécessaire, de toute manière : chacun savait ce qui tait arrivé, et gardait ses réflexions pour soi. D’un côté, c’était aussi pour ça qu’Aahron s’abstenait d’aborder le sujet « sommeil » aussi ouvertement avec Aidan. Cela faisait partie des choses qui… qui n’étaient pas bonnes à dire. Tout le monde le savait, mais le sujet devait être évité, et jamais l’aîné ne se résoudrait à pousser son petit frère dans ses retranchements.

    Poussant un long soupir, le jeune homme se radossa à son coussin, posant ses yeux clairs sur son cadet. Il savait qu’Aidan était capable de lire en lui comme dans un livre ouvert, mais il s’en fichait. Il n’avait rien à dissimuler, de toute manière : le petit devait savoir qu’il s’inquiétait, qu’il se posait des questions, et qu’il doutait de beaucoup de choses. Mais, plus que tout, Aahron se faisait du souci pour son petit frère, et le dissimuler n’était pas dans ses intentions. Jamais il n’aurait dit ouvertement à quel point il s’inquiétait pour son cadet, mais ce dernier avait le droit de le savoir, pourtant : et les yeux clairs qui fixaient Aidan n’étaient ni accusateurs, ni même interrogateurs : seulement inquiets.
    Depuis qu’il était petit, Aidan avait des problèmes de sommeil : ce n’était un secret pour personne, pas même pour Aahron qui avait manqué une bonne partie de l’enfance de ses deux cadets. Et depuis la mort de leurs parents, cela s’était aggravé : Petey lui-même avait commencé à faire des cauchemars, et ceux d’Aidan avait toujours été particulièrement… vivants, et empreints de réalités. Peut-être était-ce pour ça, qu’il ne voulait pas dormir ? Par peur de faire des cauchemars ? Mais encore une fois, ce n’était qu’une hypothèse, et Aahron attendrait patiemment que son frère aborde le sujet, même s’il bouillait littéralement de l’intérieur. Etre patient n’avait jamais été son fort, mais il se la fermerait, par respect pour son cadet.

    Aidan reprit à nouveau la parole, affirmant qu’il n’avait pas envie de dormir. Ben voyons, comme s’il allait être crédible, alors que ses yeux se fermaient presque tout seuls ! Et puis il enchaîna difficilement sur le fait de marquer leur arrivée à Grayson, même si sa voix se brisa sur les derniers mots. Papa et Maman…
    Aahron avait du mal à s’imaginer ce que la mort de leurs parents représentait pour ses frères. Il était adulte, lui, et Isaac aussi avait sa vie, mais Samuel, Aidan… ils n’étaient que des gosses, encore. Des gosses dont les parents venaient de mourir et que lui, Aahron, entraînaient sur les routes à la recherche de réponses aux questions que, peut-être, lui seul se posait. Bien sûr que non, Aidan n’avait pas envie de fêter leur arrivée à Grayson ! Pas plus qu’il n’avait envie d’être là, sans doute, et Aahron se sentit affreusement coupable en y songeant. D’un côté, il ne pouvait s’empêcher de penser que tout était de sa faute, qu’il les avait entraîné là-dedans sans vraiment demander leurs avis.
    Et même si tout le corps de son petit frère hurlait qu’il avait besoin de sommeil, même si Aidan semblait prêt à s’effondrer de fatigue au moindre geste, Aahron ne pouvait pas se résoudre à l’envoyer dormir, et pas uniquement à cause du fait qu’il se sentait coupable de l’avoir emmené ici. Cela jouait, c’était sûr, mais devant la détresse qui semblait émaner de son frère, l’aîné des Donnelly se sentait complètement impuissant.
    Il s’efforça de sourire, reprenant le masque du « tout va parfaitement bien »… même si son sourire sonnait aussi faux que celui de son frère, et reprit la parole d’une voix qu’il espérait enjouée.


    "D’accord. Si tu ne veux pas aller dormir, dans ce cas, je vais t’apprendre à jouer au poker. A jouer correctement, bien sûr, parce que vu comment tu joues mal, je suis sur que c’est Sammy qui s’est chargé de ton apprentissage. Ou Isaac, ce qui revient au même : ils sont nuls.
    Je dois avoir vu un paquet de cartes quelque part, alors si ça te dit…"


    Aahron laissa sa phrase en suspens. Si son cadet ne voulait pas parler, lui offrir un dérivatif était ce qu’il pouvait faire de mieux. Sacrifier son sommeil pour qu’Aidan ne s’endorme pas ne lui semblait pas très grave, si cela pouvait redonner le sourire à son frère, et pas cette pâle copie qu’il affichait depuis tout à l’heure.
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Aidan S. Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeJeu 08 Oct 2009, 18:25

    Finalement, Aidan fut soulagé d’entendre son frère changer complètement de sujet et ne pas rebondir sur sa remarque. Il avait compris. Évidemment qu’il avait compris.
    Bien qu’Aahron n’est jamais été très présent dans sa vie et ait manqué une partie de son enfance à cause de disputes familiales stupides, l’ainé des Donnelly le connaissait par cœur, et la réciproque était vraie. Ils n’avaient pas toujours besoin de mots pour communiquer et l’expression seule de leurs regards leur permettait d’évaluer la position de l’autre face à telle ou telle situation, de connaitre ses désirs, ses craintes.
    Et ce soir, Aahron avait remarqué à quel point son cadet était mal à l’aise. Le terme n’était pas exact bien sûr puisqu’en réalité, le jeune homme était purement et simplement terrifié à l’idée de s’endormir.

    Chaque fois que le moment fatidique du coucher arrivait, c’était le même cinéma. A Cleveland, lorsqu’il partageait l’appartement d’Isaac et Allie, il avait sa propre chambre et pouvait donc s’adonner à une quelconque activité qui le tiendrait éveillé, sans gêner personne. Mais depuis qu’ils s’étaient mis en route pour Grayson, les choses s’étaient compliquées. Lors de leur première nuit à l’hôtel, il avait réussit à convaincre Samuel de l’emmener boire un verre après que les autres aient été se coucher.
    Le lendemain, il s’était lancé dans un débat enflammé avec Isaac et avait veillé une bonne partie de la nuit avec lui. Ce soir, il avait jeté son dévolu sur Aahron. Et comme ses frères avant lui, il avait saisit le message et semblait décidé à le soutenir.

    La question était maintenant de savoir combien de temps son petit manège prendrait. Ses frères n’allaient-ils pas finir par se lasser ? Quelque part, il était certain qu’ils ne le laisseraient jamais tomber et seraient toujours là pour occuper ses nuits à tour de rôle.
    Sauf qu’ils vivaient tous sous le même toit maintenant. Ils allaient bien finir par comparer leurs emplois du temps respectifs et réaliser que leur cadet n’avait pas fermé l’œil depuis maintenant près de cinq jours. L’attention que ses frères lui portaient allait alors passer de bénédiction à contrainte…
    Aidan appréciait qu’on s’inquiète pour lui ; il avait toujours aimé être au centre de l’attention. Mais pas ces derniers temps. Il aurait voulu qu’on l’oublie… tout en espérant qu’on lui tienne compagnie.
    Ses propres contradictions allaient probablement finir par le rendre dingue. Ça et le manque de sommeil qui commençait à sérieusement jouer sur ses humeurs, rendait les choses plus compliqués et l’empêchait de réfléchir à une solution convenable.

    Mettant ses raisonnements de côté, Aidan laissa un faible sourire étirer ses lèvres. Un sourire mêlant soulagement, reconnaissance et lassitude. Son regard terne exprimait les mêmes sentiments. Il n’avait plus besoin de jouer maintenant qu’Aahron avait compris. Faire semblant était épuisant physiquement et moralement et il se sentait allégé d’un lourd poids. C’était comme si son frère venait de prendre une partie de ses angoisses sur ses épaules, par quelques simples mots, par un sourire.
    Comme quand il était petit et qu’il s’entêtait à prendre un sac plus gros que lui quand ils allaient quelque part. Aahron le surveillait alors toujours du coin de l’œil pour le lui porter aux premiers signes de fatigue. N’était-ce pas à ça que servait un grand frère après tout ?

      « D’accord, ça me va » approuva-t-il en opinant du chef

    Il se redressa ensuite pour aller chercher le dit paquet de cartes, mémorisant l’endroit où il voulait se rendre avant de se lever. Comme il se l’était imaginé, dès qu’il fut debout, des sortes de grands papillons noirs vinrent danser devant ses yeux, obscurcissant son champ de vision. Il avait pris l’habitude de voir venir les vertiges et savait que tout ce qu’il avait à faire, c’était mettre un pied devant l’autre jusqu’à atteindre la grande commode boisée.
    Les ombres disparurent au moment où sa main atteignait le vieux meuble vernis et usé. Aidan n’eut pas à farfouiller bien longtemps à l’intérieur du premier tiroir pour trouver ce qu’il cherchait. Les placards étaient tous quasiment vides à leur arrivé et leurs affaires n’étaient pas parvenues à les remplir.
    Armé de son paquet de carte, Aidan retourna vers le canapé en l’ouvrant pour en extraire le jeu. Il jeta négligemment la boite sur la table basse devant lui puis se laissa tomber sur le sofa en battant les cartes distraitement. Il releva ses yeux délavés sur son frère, la mine interrogatrice.

      « Allez vas-y, je suis prêt à être éclairé par le maître sur ce jeu du vice et de la débauche ! Dis, on joue pour du beurre ou tu veux qu’on pari un tour de la ville en tenu d’Adam ? » demanda-t-il, taquin, sachant pertinemment que ce n’était pas le genre de la maison

    Avec Samuel, les choses auraient été différentes…
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeSam 10 Oct 2009, 00:03

    Aahron hocha lui aussi la tête quand son petit frère accepta sa proposition. Quelle idée avait-il eu de proposer une partie de poker ? Mais au moins, ça les maintiendrait éveillé, bien plus que la télévision qui avait, passé une certaine heure, tendance à vous faire piquer du nez. Et puis, le poker, c’était le jeu passe-partout : celui qui avait meubler les longues pauses sur le chantier, quand le ciel déversait des trombes d’eau qui rendait dangereuse toute tentative de grimper sur les échafaudages, celui qui permettait de faire connaissance avec des inconnus tout en buvant un verre. Aahron y avait beaucoup joué, même s’il n’était pas le champion qu’il clamait, et il savait d’avance que la concentration nécessaire permettait de faire s’envoler tout autre pensée parasite. Exactement ce qu’il fallait à Aidan, supposait-il, et c’était pour ça qu’il avait lancé l’idée. Une partie de jeu vidéo aurait tout aussi bien fait l’affaire, remarque, mais Aahron n’avait pas pu remettre la main sur la console de jeu. Tant pis, ce serait pour plus tard, car une étrange intuition lui soufflait que ce ne serait pas la seule nuit blanche de son petit frère. Enfin, plus tard, on verrait plus tard.
    Quand le petit se leva, l’aîné des Donnelly dût employer tout son self-control à ne pas voler à son secours. La brusque pâleur, la démarche hésitante… pas besoin d’être médecin pour savoir qu’Aidan venait d’être pris d’un vertige. Le jeune homme mit ça sur le compte du manque de sommeil, et sur le fait que son frère c’était sans doute levé un peu trop vite, et la suite lui donna raison, puisque le petit revint avec le paquet de cartes qu’il jeta sur la table basse.

    Aahron ne pût s’empêcher de le dévisager quelques secondes, se mordant presque la langue pour ne pas lui demander ce qui se passait réellement. Aidan allait l’envoyer bouler, c’était sûr, et cela ne les aiderait ni l’un, ni l’autre. Non, il fallait attendre qu’il vienne de lui-même en parler, même si l’attente semblait insupportable à l’aîné. Il n’était pas très difficile de voir qu’il s’inquiétait, d’ailleurs : le pli qui lui barrait le front, son regard soucieux et ses gestes prévenants étaient de bons indicateurs. Mais tant qu’Aidan ne viendrait pas parler, il ne devait pas non plus aborder le sujet, au risque de compliquer tout ça. Allie…peut-être qu’Allie devrait lui parler.
    Aahron l’avait remarqué, même s’il n’avait rien dit, que la fiancée d’Isaac exerçait une étrange influence sur leur petit groupe, et en particulier sur son jeune frère. Est-ce que cela venait du fait qu’Aidan partageait l’appartement d’Isaac et d’Allie, il n’en savait rien, mais une chose était sûre, le petit semblait lui apporter beaucoup de crédit. C’était une piste à explorer, il devrait peut-être lui en toucher deux mots. Il n’avait pas vraiment d’atomes crochus avec la jeune fille, même si elle lui semblait vraiment la personne parfaite pour Samuel, mais il devait lui en parler. Elle aurait plus d’influence que lui, c’était sûr : plus d »influence qu’aucun des autres.

    Aahron nota cette idée dans un coin de sa tête, et observa Aidan battre les cartes avant que ce dernier ne relève les yeux vers lui. Devant la question de son frère, l’aîné grimaça. A nouveau, il n’était pas très difficile de savoir à quoi il pensait : il n’appréciait pas l’idée. Son petit frère devait le savoir, d’ailleurs, puisqu’il ne semblait pas vraiment insistant. Et bizarrement, dans cette question somme toute anodine, Aahron distinguait sans difficulté la patte de Samuel. C’était Samuel qui s’amusait à faire n’importe quoi, à braver les interdits et à lancer, à lui-même ou à ses proches d’ailleurs, des tas de défis idiots. C’était encore Samuel qui entraînait le benjamin de la famille sur la pente douteuse de l’illégalité. Oh, rien de bien méchant encore, mais ça ne tarderait pas, si ça continuait comme ça !
    L’aîné poussa un long soupir. Sammy et lui ne s’étaient jamais entendu, c’était un fait : ils se ressemblaient trop pour ça, bien trop Aahron avait l’impression de se revoir dix ans en arrière, un peu plus paumé, et un plus enfoncé dans la mouise. Mais quels que soient les problèmes de Sam, et il en avait, entraîné Aidan n’était pas une bonne idée. Et même si ce défi était une idée amusante et somme toute bien innocente, elle révélait quelque chose de plus profond : chercher les problèmes ! Ce qu’Aahron fit d’ailleurs remarquer au plus jeune, quitte à paraître moralisateur.


    On fait ça, et c’est certain que la ville de Grayson au grand complet va venir nous réveiller demain matin avec des fourches et des flambeaux ! C’est une petite ville ici, Aidan : on est pas là pour chercher les ennuis et choquer les gens.

    Décidément, Aahron l’avouait bien volontiers, il endossait plus souvent qu’à son tour le rôle de moralisateur et de frein aux envies de ses frères, surtout les deux plus jeune. Mais c’était son rôle d’aîné, non ? Leur faire profiter de son expérience, tout ça… et même si ce rôle avait été dévolu à Isaac durant son absence, il trouvait qu’il ne s’en sortait pas trop mal. Jusqu’à présent, la petite fratrie était à peu près unie, et aucun de ses frères n’étaient encore parti en claquant la porte. C’était plutôt positif, non ?
    Il reprit d’un ton plus doux, en adressant un sourire complice à son frère.


    Le Maître, hein ? Ca me plaît bien, comme surnom. Mais on est pas obligé de jouer pour du beurre, va… proposes moi un défi acceptable, et je te jure de le relever. Parole.

    Ajouta-t-il en levant la main droite. C’était quelque chose qu’il faisait beaucoup avec son fils : voir son père promettre de se plier à ses exigences les yeux fermés, ça amusait toujours beaucoup le jeune garçon. Et cela permettait de faire passer bien des choses, surtout quand il perdait… même si Petey ne perdait pas bien souvent, il fallait l’avouer.


    Et sinon, tu comptes battre les cartes toute la soirée, ou bien tu as l’intention de jouer un peu ?

    Demanda-t-il, amusé, à son petit frère.
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeDim 11 Oct 2009, 21:46

HJ : désolée si la réponse ne correspond pas beaucoup, j'ai pas eu Internet ce week-end, donc pas possibilité de relire ton poste... j'ai fait ça de tête. Encore désolée
________________________________

    Aidan n’écouta les réprimandes de son frère que d’une oreille distraite. Il étouffa un bâillement derrière sa main plâtrée avant de recommencer à battre les cartes. Un court silence s’imposa que son frère rompit une nouvelle fois. Mais son interlocuteur n’écoutait plus vraiment.
    A nouveau, il s’était perdu dans les méandres de ses pensées.
    Son frère avait raison, ils devaient se faire discrets, mais quelque chose lui disait que ce n’était pas forcément pour les raisons évidentes... Ils ne devaient pas simplement se faire bien voir des habitants de Grayson pour éviter que ceux-ci ne répondent pas à leurs questions ; c’était plus élémentaire que ça ; plus effrayant aussi. Ils devaient faire preuve de subtilité pour ne pas réveiller ce qui sommeillait dans le village, ne pas s’attirer leur colère, ne pas connaître le même sort que leurs parents.
    Mais le jeune homme n’arrivait pas à savoir pourquoi de telles pensées lui venaient. Il le savait, c’était tout.
    Sa peur ne résidait pas dans le fait qu’ils pourraient ne pas obtenir de réponses et rentrer bredouille à Cleveland, c’était même l’inverse. Il avait peur d’en avoir. Il avait peur de découvrir le fin mot de cette histoire. Si c’était le cas, quelque chose lui disait que jamais ils ne partiraient d’ici.
    Le pire dans tout cela restait cependant qu’Aidan avait l’impression de déjà savoir, que les réponses à toutes leurs interrogations étaient en lui, dans ses cauchemars…
    Dans ces mêmes cauchemars qui l’avaient guidés jusqu’à Grayson. Ceux qui l’empêchaient d’aller se coucher cette nuit. Parce que maintenant qu’il était là où ses rêves l’avait conduit, il craignait de commencer à les comprendre ; de commencer à s’en souvenir au réveil.
    Jusque là, il n’arrivait à se remémorer que quelques bribes et luttait avec acharnement pour les effacer de son disque dur interne. Il voulait évidemment comprendre ce qui était arrivé à ses parents, tout comme ses frères, mais pas de cette manière. Pas de manière aussi crue. Il ne voulait pas le voir.
    Non, c’était encore autre chose. Il ne voulait simplement pas que les réponses soient celles-ci. Parce que c’était trop horrible. Tellement horrible que pour le préserver, son inconscient se censurait.
    Malgré ça, il s’était laissé guider jusqu’à Grayson. Bien sûr, c’était Aahron qui avait pris l’initiative de ce voyage, c’était lui qui avait nommé le village, loué la voiture, la maison et prenait les décisions pour eux. Mais Aidan n’avait pas eu besoin de lui pour savoir ce qu’ils avaient à faire. Pour savoir ce qu’ils allaient faire…

    Au fil de ses raisonnements, Aidan avait perdu contact avec la réalité et avec ça, toute notion de temps. Le jeune homme sursauta à l’appel d’Aahron et tourna ses yeux écarquillés de stupeur vers lui. Un pli soucieux barrait le front de son ainé et son regard brillant d’un éclat inquiet le scrutait avec la plus grande attention. Il s’était redressé et était penché vers lui. La prochaine étape aurait sans doute été de le secouer un peu pour le faire réagir.
    Le visage du plus jeunes des Donnelly se fendit d’un sourire qu’il aurait voulu plus rassurant et il prit la parole.

      « Désolé je suis resté bloqué sur cette terrifiante image de toi en train de cavaler nu dans les rues, poursuivi par des types avec des fourches » fit-il avant d’arborer un air écœuré « Maintenant j’aimerai assez m’arracher les yeux et me laisser mourir… »

    Mais sa remarque n’amusa que lui… et ce n’était qu’une façon de parler puisqu’elle ne l’amusa même pas. Aahron tiqua d’agacement avant de pousser un soupir las et emprunt d’inquiétude. Alors qu’il allait enchainer en prenant la parole, certainement pour enfin lui faire la moral, son cadet l’interrompit.

      « Je sais bien ce qui se passe dans ta petite tête et ce que tu te dis mais je t’arrête tout de suite : tout va bien » assura-t-il « Je me demandais juste si on avait pris la bonne décision et… enfin laisse tomber, on va plutôt jouer »

    Mais bien évidemment, Aahron n’était pas du genre à laisser tomber. Et maintenant qu’il avait lui-même lancé le sujet, son frère ne le lâcherait sans doute plus. Il n’avait sûrement attendu que ça d’ailleurs ! Qu’il se prenne à son propre jeu et finisse par cracher le morceau ! C’était perfide mais ça marchait assurément et il ne pouvait pas le blâmer.
    Et puis au fond, Aidan devait bien l’avouer : il n’avait attendu que ça lui aussi.
    Le plus dur était toujours d’aborder un sujet délicat. Tout le monde l’avait sur le bout de la langue mais personne n’osait se lancer ; on cherchait des formulations, on se creusait les méninges en espérant que l’autre finirait par craquer en premier. Cette fois, c’était lui. Et contrairement à ce qu’il s’était imaginé, il était soulagé de l’avoir fait.
    Poussant un long soupir et baissant les yeux sur le jeu de carte qui reposait dans la paume de son bras blessé, il se résigna.

      « Ce que je veux dire c’est que… toute cette histoire sent vraiment la merde » dit Aidan d’une voix cassée « Je suis pas sûr qu’on ait bien fait de chambouler nos vie pour venir jusqu’ici… Enfin j’sais bien qu’elles avaient déjà été bouleversées avec... enfin avec papa et maman et tout ça… mais je sais pas si c’est vraiment la bonne solution. Je sais pas si on aimera vraiment ce qu’on va trouver ici, ou même si on va trouver quelque chose. Si ça s’trouve on fait tout ça pour rien. J’en doute mais c’est possible… Peut-être qu’on devrait juste… laisser couler » ajouta-t-il en relevant la tête pour plonger son regard humide dans celui de son frère « Peut-être qu’on devrait remballer nos affaires et rentrer à la maison avant qu’il soit trop tard »
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeLun 12 Oct 2009, 19:08

    Au fur et à mesure des secondes qui s’écoulait, Aahron avait l’impression de plus en plus forte que quelque chose clochait chez Aidan. Déjà qu’il refusait de dormir, cherchant, il faut bien le dire, tous les prétextes possibles pour ne pas aller se coucher, et maintenant, il était comme… déconnecté. Black-out total, court circuit, peu importe le nom qu’on pouvait donner à cet état, le petit était en plein dedans.
    La fatigue ? Sans doute, même si Isaac était bien plus à même que n’importe qui ici pour dire ce que pouvait engendrer un trop grand temps d’éveil. Mais quelle qu’en soit la raison, Aahron sentit son angoisse monter, et l’impression de culpabilité qu’il éprouvait à ne pas pouvoir soulager son petit frère augmenta d’un cran. Il hésitait à le secouer quand Aidan sembla tout d’un coup sortir de ses pensées (reboot, ne pût s’empêcher de penser Aahron), et lui sortit une phrase bateau accompagnée d’un pauvre sourire. Est-ce qu’il se rendait compte, tout de même, qu’il n’était ni amusant, ni même crédible ? Est-ce que la pensée que son frère était mort d’inquiétude avait-elle seulement effleuré l’esprit du jeune garçon ? Et voilà qu’il tentait de faire le mariole, même s’il savait pertinemment que cela ne prendrait pas.

    Aahron ne répondit même pas, se contentant d’une grimace, avant de se laisser retomber sur le fauteuil avec agacement. Poussant un soupir fatigué, il s’installa confortablement, sans pour autant quitter son cadet des yeux, des yeux encore emprunts d’inquiétude et, également, d’une trace d’irritation. La situation commençait à l’agacer sérieusement, et la comptine du « je vais bien, tout va bien » que lui sortait son frère lui tapait sur les nerfs, doucement mais sûrement. Il ne lui faudrait pas longtemps pour exploser, et indiquer clairement à Aidan ce qu’il pensait… mais ce dernier le devança, concluant sûrement qu’il était moins dangereux de prendre la parole en premier.
    A nouveau, son petit frère lui assura que tout allait bien, ce qui était pour le moins très éloigné de la verité. Aahron ouvrit la bouche pour le lui faire remarquer, mais il la referma sagement en entendant la suite des paroles d’Aidan.

    Enfin ! Un éclair de soulagement passa dans les yeux de l’aîné, sur lequel on ne pouvait se méprendre : enfin, le petit abordait de lui-même le sujet, et les deux frères n’auraient pas à tourner autour du pot pendant encore des heures et des heures. S’il croyait réellement qu’ils allaient s’arrêter en si bon chemin… Mais Aidan le connaissait, et savait que son frère ne se contenterait pas de ces paroles sibyllines. Soit il en avait trop dit, soit pas assez, mais une chose était sûre, il n’allait pas s’arrêter là !
    Aidan poussa un long soupir et enchaîna, exposant ses doutes et ses peurs, relevant la tête pour plonger ses yeux bleus dans ceux de son aîné. Mais Aahron, maintenant qu’il se trouvait devant le fait accompli, n’avait plus vraiment envie d’entendre tout ça. Il se sentait déjà assez torturé avec ses propres doutes sans devoir, également, supporter ceux des autres. Et Aidan doutait de beaucoup de choses : de ce voyage, de ce qu’ils allaient découvrir, et du bien-fondé de tout ça, en règle général.
    L’aîné des Donnelly détourna le regard et se leva brusquement. A la crispation de ses poings, il n’était pas très difficile de comprendre que l’énervement le gagnait, et que le petit discours de son cadet ne lui plaisait pas. Aahron se détourna et demanda :


    J’vais me faire un café. T’en veux un ?

    Sans attendre la réponse, il se dirigea vers la cuisine de leur petite location, s’affairant d’un geste mécanique à tout préparer, en tout ça sans desserrer les dents. Il était visible qu’il essayait de lutter contre la fureur qui l’animait à ce qu’il avait entendu. Aahron avait l’impression que par ces simples paroles, son petit frère avait remis en cause tout ce qui les avait réuni jusqu’à maintenant, tout ce qu’il avait l’impression d’avoir établi jusqu’à alors.
    Ce fut seulement une fois le café prêt qu’Aahron revint à côté du canapé, sans pour autant se rasseoir. Sa voix était sans doute plus rude qu’il ne l’aurait voulu quand il reprit enfin la parole.


    Comme tu le dis, nos vies étaient déjà chamboulées, de toute façon. Vous étiez d’accord pour venir ici, je n’ai obligé personne. Mais si tu en as l’impression, tu peux rentrer à Cleveland, voir même convaincre les autres de te suivre, je m’en fiche complètement. Tu as raison, tout ça sent mauvais, mais j’ai pas l’intention de laisser couler, comme tu dis. Même si ce que je dois apprendre ne me plaît pas, je préfère savoir que rester dans l’ignorance.

    Aahron se rendit compte qu’il avait quelque peu élevé la voix, et poussa un soupir de lassitude. S’occuper à faire le café l’avait quelque peu calmé, et il se rendait bien compte qu’en fait, Aidan avait bien le droit de douter, et d’avoir peur. Lui-même, au fond, était totalement terrifié par tout ça. Mais ses frères comptaient sur lui, et il ne flancherait pas. Le jeune homme se laissa tomber dans le fauteuil faisant face à son frère, et reprit d’un ton plus bas, ses yeux plongés dans ceux de son cadet.

    Ecoutes. Tant que je serais là, je te promets qu’il n’arrivera rien, à aucun d’entre vous. C’est sur, toute cette histoire craint, je m’en rends bien compte, mais je ne peux pas laisser couler. Nous avons besoin de savoir, et quelle que puisse être la réponse, nous serons quatre à l’affronter. Qui oserait s’en prendre aux frères Donnelly, hein ?

    Demanda-t-il, dans une pitoyable tentative pour dérider son frère. Mais il avait beau lui dire cela, et le penser vraiment, Aahron ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Pour qu’Aidan soit aussi prêt d’abandonner, il fallait qu’il ait une sérieuse raison : malgré ses idioties et ses plaisanteries, le plus jeune des Donnelly avait un caractère bien trempé, et le raisonner relevait souvent de mission impossible. Alors, pour qu’il est l’air si terrifié, juste à cause de… ses cauchemars ?
    Le jeune homme aurait donné tout ce qu’il possédait pour sortir de la tête du petit toutes les horreurs qu’il avait pu voir dans ses rêves, mais ce n’était malheureusement pas possible. Et, en même temps, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son propre fils. Jusqu’à présent, il avait pris les cauchemars de Petey pour de simples cauchemars mais, à la lueur de ceux d’Aidan, cela prenait soudainement un tournant plus terrifiant… Et cette inquiétude transparaissant clairement dans les yeux de l’aîné, qui risqua pourtant une question.


    "Qu’est-ce que tu entends au juste par trop tard ? Tant que je serais là, il ne t’arrivera rien, c’est juré. Après tout, Grayson est peut-être glauque et bizarre à souhait, mais ses habitants restent des gens. Pas des monstres, des extra-terrestres ou je ne sais quoi. On va trouver des réponses à nos questions, et après, on laissera Grayson dans le rétroviseur à tout jamais. Il ne va rien se passer, crois-moi."

    Aahron se rendit compte, à ce moment, qu’Aidan pouvait très mal prendre le fait qu’il minimise ses cauchemars, ou ses intuitions. Mais c’était un tout petit peu tard pour regretter ses paroles, de toute manière !
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Aidan S. Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMer 14 Oct 2009, 22:45


    Les mots étaient sortis. Enfin. Il les avait eus sur le bout de la langue depuis leur départ, peut-être même avant cela. Évidemment, il n’avait présenté à son frère que la partie émergée de son iceberg de doute, n’avait fait qu’effleurer le problème. Mais il faisait confiance à Aahron pour creuser plus en profondeur et lui délier la langue. Le jeune homme n’était pas certain d’en avoir envie mais de toute manière, il n’était plus sûr de grand-chose ces derniers temps. Il ne savait pas ce qu’il voulait et n’avait aucune idée de ce qu’il attendait vraiment des autres.
    Voulait-il qu’on lui tende la main ? Voulait-il gérer ses problèmes seul ? Voulait-il les épargner ? Voulait-il parler ?
    Trop de question pour un seul homme, surtout quand ce dernier n’a pas fermé l’œil depuis des jours et que tout s’embrouille dans son cerveau ralenti.
    Mais contrairement à ce qu’il s’était imaginé, Aahron ne le relança pas. Il ne chercha pas à en savoir plus. Son regard se fit soudain fuyant et Aidan les traits de son ainé se durcirent, ses mâchoires se crisper sous le coup d’une colère sourde. Un nœud se forma dans le ventre du jeune homme tandis que de nouvelles questions l’assaillaient. Étaient-ce ses propos qui l’avaient agacé ? Le fait qu’il doute ? Était-il si inquiet que le voir dans cet état le révoltait ?
    Cette colère qui faisait briller ses yeux clairs était-elle dirigée contre lui ?
    Avant qu’il n’ait pu se reprendre ou poser la moindre de ces questions à voix haute, son frère se leva. Sans lui adresser un regard, il s’adressa à lui d’un ton cassant, dur. Le même qu’il utilisait parfois avec ses frères lorsqu’il était déçu de leur comportement et voulait couper court. Aidan détestait ce ton. C’était la première fois qu’il l’entendait l’utiliser avec lui.
    Le blondinet déglutit péniblement et observa son frère s’éloigna d’un pas mécanique et franc. Il disparu dans la cuisine et le jeune homme pu l’entendre s’afférer durant un moment.

    Aidan demeura immobile durant de longues secondes, observant l’ouverture par laquelle son frère avait disparu. Il ne se décida à bouger que lors qu’une larme brûlante roula sur sa joue. Il ne s’était même pas rendu compte qu’il commençait à pleurer. La fatigue sans doute.
    Non, c’était autre chose, évidemment.
    Il se sentait honteux. Affreusement honteux et stupide.
    Au moins Aahron avait-il répondu à l’une de ses nombreuses questions : il savait maintenant ce qu’il avait attendu de son frère. Du réconfort, de l’attention, de la compassion sans doute, juste un peu de chaleur humaine.
    Il voulait qu’il s’intéresse à son problème, qu’il le force à parler. Il voulait lui raconter. Lui raconter ses rêves... S’il l’avait forcé, il s’en serait souvenu, le jeune homme en était persuadé. Il n’attendait que ça. Qu’on lui demande de parler, qu’on l’écoute. Et alors peut-être qu’ils auraient pu enfin passer à autre chose.
    Au lieu de ça, Aahron lui avait tourné le dos. Il l’avait nié ouvertement, volontairement et lui avait tourné le dos d’un air déçu, irrité. Il l’avait abandonné, seul sur un canapé inconfortable qui n’était pas le sien, dans un lieu inconnu où il ne se sentait pas en sécurité.
    Il avait disparu sans un regard en arrière. Comme leurs parents.
    La comparaison ne lui semblait pas trop forte.
    Il se sentait stupide de dramatiser les choses mais c’était plus fort que lui.
    Aidan se sentait délaissé, abandonné, cruellement seul.
    Le jeune homme essuya ses yeux d’un revers rageur de la main, se maudissant pour sa bêtise et maudissant son frère pour sa négligence ; maudissant leurs parents qui l’avaient laissé chez Isaac pour partir et ne jamais revenir alors qu’il avait encore tant besoin d’eux ; maudissant Allie et Isaac qui pouvaient compter l’un sur l’autre et s’éloignaient de plus en plus chaque jour ; maudissant Samuel qui ne croyait pas vraiment à ce qu’ils faisaient ; maudissant les habitants de Grayson et le reste du monde.

    Lorsque son frère revint, une tasse de son précieux café entre les mains, le flot de ses larmes s’était tari. Il ne restait que la rancœur et la frustration. Le discours de son ainé n’arrangea en rien l’humeur du jeune homme qui serra les dents pour contrôler le flot d’insultes qui lui venaient à mesure qu’il l’écoutait s’exprimer d’une voix sèche et chargée d’animosité.
    Comment pouvait-il lui dire ça !? Rentrer à Cleveland ? Aidan était sans doute celui qui avait le plus besoin de connaitre le fin mot de cette histoire ! Il n’en dormait plus ! Comment Aahron pouvait-il lui dire ça ?
    Bien sûr, il doutait, mais de son point de vu, c’était tout à fait légitime ! Tout ce qu’il voulait, c’était s’entendre dire qu’ils avaient bien fait de venir, pas qu’on lui fasse la moral.
    La piètre tentative de son frère de faire de l’humour ne prit pas. Au contraire, elle ne fit qu’accroitre la colère du plus jeunes des indestructibles frères Donnelly. Aahron se moquait de lui, le tournait en ridicule. Voilà comment il interprétait son ton suffisant et ses plaisanteries douteuses sur les monstres et autres extra-terrestres.
    Pourtant il savait ! Il savait pour ses rêves ! Il savait que tout ça était sérieux ! Il le connaissait assez pour imaginer à quel point il avait dû être pénible pour lui d’engager la conversation !
    Mais visiblement, ce n’était pas le cas. Peut-être qu’en fin de compte, son grand frère adoré n’avait pas totalement rattrapé son retard… peut-être qu’il ne le connaissait pas aussi bien qu’il l’avait pensé. S’il l’avait vraiment compris, il n’aurait certainement pas réagit comme ça.
    A moins de ne pas se soucier le moins du monde de le vexer.

    Le calme tomba sur le salon de la maison de location. Aidan n’avait pas quitté son frère du regard une seule seconde durant son monologue. Il n’avait toujours pas desserré les dents, partagé entre un sentiment de dégoût, de rage mal contenue et de honte.
    Et finalement, n’y tenant plus, il prit la parole.

      « Va te faire FOUTRE !! » ragea-t-il en se levant à son tour, pointant un index accusateur en direction de son frère « Tu comprends que dalle ! Et me demande pas de t’expliquer parce que ça servirait à rien, tu m’écoutes même pas ! Monsieur est trop obsédé par sa petite personne ! Si tu voulais autant dormir, t’avais qu’à le dire, j’aurai compris et je t’aurais pas emmerdé avec tout ça ! Quand on veut pas entendre parler des problèmes des autres, on fait pas semblant de s’y intéresser ! Tout ce que tu voulais, c’était te donner bonne conscience ! Parce que me proposer une partie de poker et te priver de quelques heures de sommeil, c’est tellement NOBLE de ta part, Aahron ! » cracha-t-il haineusement, laissant échapper une exclamation dédaigneuse « Mais pas d’chance pour toi, j’ai ouvert la bouche et essayé d’te parler ! Seulement t’avais pas prévu de RÉELLEMENT jouer les grands frères à l’écoute ce soir, pas vrai ? Toute façon personne n’est dupe, même pas Petey ! On sait tous que c’est juste un air que tu t’donnes pour pouvoir trouver le sommeil et t’regarder dans une glace !! T’es qu’un sale connard hypocrite ! »

    Aidan avait conscience d’aller trop loin mais il ne pouvait contrôler le flot de paroles qui sortait de sa bouche. Ça ne le soulageait même pas, au contraire. Il se sentait méprisable, stupide et méchant. Mais c’était plus fort que lui.
    Il était épuisé tant physiquement que moralement et ses nerfs étaient en train de lâcher. Sa colère n’était même plus réellement dirigée contre son frère. Il était simplement là, au mauvais endroit au mauvais moment.

      « Comment j’pourrais croire que tu seras là pour moi ou pour les autres, hm ? T’as JAMAIS été là pour personne ! T’as même pas été foutu d’être là pour maman quand elle t’a appelé ! C’est TA FAUTE !! Tout est de ta faute !! Si t’avais répondu tout ça serait jamais arrivé et papa et maman seraient encore en vie !! »

    Aidan regretta ses paroles dès qu’elles eurent franchies ses lèvres. Cette fois il avait été beaucoup, beaucoup trop loin. Ses mots avaient outrepassées sa pensée et un sentiment de culpabilité le submergea, terrassant sa colère et tout le reste.
    Le souffle court, son cœur cognant sauvagement dans sa poitrine, il fixa Aahron de ses yeux agrandis d’horreur.

      « C’est pas…c’est pas c’que je voulais dire » se reprit-il d’une voix blanche, secouant sa tête d’un air affligé « J’te demande pardon, Aahron. C’est pas… j’voulais pas dire ça »

    Impuissant, Aidan observa son frère à travers ses yeux humides de larmes qui menaçaient de s’écouler. Horrifié par ses propres paroles, il se tu en attendant une réaction avec anxiété.
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMer 21 Oct 2009, 19:20

    Tout au long de son monologue, Aahron n’avait même pas pu relever les yeux pour les plonger dans ceux de son cadet. Il s’en voulait de s’être laissé emporter pour un rien, comme à chaque fois que cela lui arrivait d’ailleurs. Dans ces cas-là, pour ne pas cogner, la meilleure solution qu’il avait trouvé restait la fuite : seulement, l’inconvénient, c’était que rester seul lui faisait prendre conscience qu’il était stupide. Il le savait bien, pourtant, que s’énerver ne servait à rien ! Mais allait vous faire la morale quand votre cerveau commençait à partir en vrille…. Ce n’était pas si facile.
    Et cette fois-ci, la raison était encore plus futile : il se mettait en colère parce que… Aidan éprouvait les mêmes doutes que lui ? Parce que son frère voulait être réconforté, alors il voyait rouge ? Au final, si l’aîné était totalement honnête avec lui-même, c’était pour ça qu’il s’était énervé : comment pouvait-il réconforter Aidan, alors que lui-même aurait eu bien besoin d’être réconforté ? Que quelqu’un lui dise que tout irait bien, qu’il avait eu raison de faire ce qu’il était en train de faire. Seulement, la seule qui faisait ça, c’était sa mère, et elle était bien trop loin désormais pour pouvoir faire quoi que ce soit.

    Et au lieu de jouer les protecteur, de tenir son rôle de grand frère, qu’est-ce qu’il faisait ? Il fermait la discussion, voyait rouge et fuyait ! Bien joué Aahron, le diplôme du meilleur frère aîné, aucun doute que tu le louperais sans problème, avec peut-être même l’un des pires scores de l’histoire. Il n’était décidément bon à rien… et cette idée le faisait douter encore plus. Voilà pourquoi il n’osait affronter le regard du plus petit, persuadé d’y lire de l’incompréhension, de la rancœur… et Aidan aurait raison. Mais même s’il se sentait coupable, Aahron était conscient que baisser les bras n’était pas une solution. Il ne voulait pas montrer cette facette de lui aux autres, et tant pis si pour cela, il fallait prendre sur lui-même. Serrer les dents, il savait faire. Se calmer, beaucoup moins, mais il n’avait pas le droit de se mettre en colère à nouveau.
    Le calme était retombé sur le salon, et le jeune homme sentait bien que ce n’était pas bon signe. L’œil du cyclone, toutes ces bêtises de calme avant la tempête… et bien, il était en plein dedans, au beau milieu de ce silence trompeur qui précédait l’arrivée de l’ouragan Aidan sur les côtes.

    Et l’aîné des Donnelly n’eut pas à attendre longtemps, en effet. Plus son petit frère parlait, plus il se sentait coupable, mais pourtant, le petit avait raison sur toute la ligne. Enfin, en partie quoi… quoi que non, en vérité. Carrément pas !
    Aahron sentit la crispation familière de ses poings, et sa mâchoire se contracta tandis qu’il relevait la tête pour regarder son cadet qui, debout devant le canapé, le dominait de toute sa hauteur. Il le dévisagea en essayant de garder tout son calme, sans s’offusquer des paroles prononcées et que, il en était sûr, son frère ne pensait pas le moins du monde. Il ne pouvait pas les penser, tout simplement, parce que c’était complètement injuste. Et si Aahron connaissait bien son petit frère, ce n’était pas son genre d’être injuste, de garder au fond de lui toute cette frustration et de la balancer sur un coup de colère. Non, si Aidan avait quelque chose à dire, il n’attendait pas de le cracher à la figure de quelqu’un, il préférait… ménager ses effets, en général.
    Et ce garçon debout en face de lui, qui prononçait ses mots si infects, n’était pas son petit frère. Il était… fatigué, écœuré, apeuré, bref, il était tout un tas de choses, mais Aidan n’était pas dans son état normal. Du moins, Aahron essayait de s’en persuader tandis qu’il faisait face, tel l’îlot rocheux bravant la fureur des mers, aux accusations de son cadet.

    Mais dans son état normal ou pas, il y a des choses à ne pas dire. Le plus petit ne pouvait certainement pas ignorer la culpabilité de son frère aîné, ce poids imposant qu’il traînait depuis ce prétendu accident. Il s’en voulait de ne pas avoir répondu, encore plus certainement que ce que ses frères pouvaient s’imaginer. Et si, dans de rares moments de lucidités, il se rendait bien compte que ce n’était pas de sa faute, en général, il se sentait affreusement coupable. Il n’avait pas répondu à ce satané coup de fil, se contentant de jeter un coup d’œil à l’appellant avant de retourner avec Petey. Sa mère l’avait appelé peu de temps auparavant, et ce qu’elle avait à lui raconter attendrait sûrement une heure. Et puis il avait oublié, et… et c’était arrivé. Alors oui, il se sentait coupable, et aurait donné n’importe quoi pour revenir en arrière et décroché. Quand il était lucide, Aahron se rendait bien compte que cela n’aurait sans doute pas changé grand-chose, mais concernant la mort de ses parents, il était rarement lucide.
    Sans réfléchir, Aahron se leva, faisant face à son frère qui se rendait déjà compte qu’il avait été un peu trop loin. Ce dernier avait l’air horrifié, et ses excuses ne tardèrent pas. Un bref moment, l’horrible pensée qu’il s’excusait parce qu’il avait peur que cela dégénère, et non parce qu’il le pensait sincèrement, traversa l’esprit fatigué d’Aahron, mais cette idée disparut bien vite. Il n’y avait qu’à voir l’air horrifié de son cadet et sa voix altérée pour comprendre qu’il s’en voulait horriblement.

    L’aîné s’était levé, faisait face à son petit frère qu’il dépassait de quelques centimètres, plongeant ses yeux clairs dans ceux d’Aidan. Il avait la mine sombre, mais pourtant, la colère qu’il avait pu ressentir en entendant ces paroles étaient bien vite retombée face à l’air vaguement apeuré du plus petit. La culpabilité qu’il ressentait était toujours là, bien présente, étouffant toute velléité d’oubli, mais sa colère également.
    Aahron dévisagea quelques secondes son cadet, avant d’esquisser un pauvre sourire.


    Putain… On est vraiment deux gros idiots, tu le sais ça ?

    Commenta-t-il avec une certaine amertume. Mais sa voix n’était en aucun cas accusatrice : il le savait, il l’avait bien mérité. Et hurler n’aurait fait qu’accentuer le malaise entre Aidan et lui, il en était bien conscient, sans oublier qu’ils auraient fini par réveiller les autres. En soupirant, Aahron se laisse retomber dans son fauteuil, et prit la parole à mi-voix.

    C’est moi qui suis désolé d’être un gros nul, va. T’as bien raison, au final…

    Il laissa sa phrase en suspens : inutile de préciser sur quoi son frère avait raison, de toute manière. Et ce n’était sûrement pas des excuses, qu’Aidan avait envie d’entendre, mais bien des paroles de réconfort. Il n’assurait pas un pet en tant que frangin, c’était vrai, mais rien ne lui interdisait d’essayer.

    On peut reprendre ça à zéro ? Ou t’as qu’une envie, me défoncer le crâne à coup de pelle ? Je t’en voudrais pas, remarques.

    Indiqua-t-il avec fatalisme. En vérité, si on lui avait proposé une pelle, il l’aurait sans doute fait lui-même !
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeMer 21 Oct 2009, 23:31

    L’attente était pénible, le silence chargé de tension. Son discours enflammé avait terminé de vider Aidan de toute son énergie et il restait immobile, fixant son frère avec épouvante, les jambes cotonneuses. Son cœur cognait à tout rompre dans sa poitrine et son sang battait à ses tempes à un rythme régulier. Toute sa colère s’était échappée et il ne restait plus que l’étonnement et la honte.
    L’étonnement d’avoir osé parler de cette manière à son ainé. Il n’arrivait toujours pas à réaliser que tous ces mots affreux étaient sortis de sa bouche.
    Jamais il n’avait parlé de cette manière à qui que ce soit, surtout pas à l’un de ses frères. C’était comme si quelqu’un avait pris le contrôle de son corps. C’était une sensation qu’il avait détesté et qu’il ne voulait jamais plus ressentir.
    Le jeune homme aurait pu tenter de se trouver des excuses, des circonstances atténuantes, mais il n’en fit rien. Il était le seul, l’unique responsable.
    Il avait été odieux, et le terme était faible.
    La honte écrasait ses frêles épaules, comprimait sa poitrine, empoisonnait son esprit.
    Aidan savait que son envie était lâche, mais il ne pouvait s’empêcher d’attendre qu’Aahron le frappe. Qu’il le cogne aussi fort qu’il le pouvait pour le faire payer. S’il ne le faisait pas, les choses seraient pires. S’il ne se vengeait pas d’une manière ou d’une autre, alors il devrait complètement assumer ses paroles et elles planeraient au-dessus d’eux durant un bon moment.
    Les mâchoires crispées, les poings serrés et l’estomac noué, il attendait un coup qui ne venait pas.
    Qui ne viendrait pas.

    Le jeune homme le comprit en croisant le regard de son frère.
    Il n’y lisait aucune colère. Pas même de la déception. Seulement de la culpabilité, de la lassitude. C’était pire encore.
    Son discours stupide et méchant l’avait atteint et son acquiescement était muet. Aidan avait su appuyer là où il fallait pour le blesser et il le regrettait amèrement. Mais comment lui faire comprendre qu’il n’en pensait pas un mot ? Il n’avait aucun moyen de lui faire oublier ce qu’il venait de dire ou de l’occulter lui-même.
    Et son frère le croyait. Son frère partageait une opinion qui en fin de compte n’était même pas le sien.
    C’était lui le seul responsable ! Pas Aahron ! Qu’est-ce que ça aurait changé qu’il réponde ou non au téléphone ? Après tout, leur mère avait laissé un message tout ce qu’il y a de plus normal ! Si encore elle avait été en train d’agoniser dans ce message, peut-être aurait-on pu le blâmer de ne pas avoir su recueillir ses dernières paroles, et encore. Mais là, la situation était bien différente.
    Qui était-il pour se permettre de telles accusations !?
    Il était celui qui avait vu ses parents disparaitre des jours, des semaines avant que ça n’arrive effectivement. Pourquoi n’avait-il prévenu personne ? S’il les avait forcé à rentrer, ils ne seraient pas morts. Tout aurait été différent. Mais il avait voulu jouer les Donnelly, jouer les durs, nier l’évidence et qui il était. Il avait voulu tourner le dos à ses rêves, faire comme s’ils n’existaient pas.
    Et ses parents en avaient payé le prix.
    Tout ça était sa faute à lui.

    Alors que les larmes lui montaient de nouveau aux yeux, tandis qu’il cherchait à se rappeler comment s’y prendre pour s’exprimer et pouvoir ainsi tout avouer à son frère et s’excuser, ce dernier reprit la parole.
    Son ton était aussi las et morne que son regard éteint. Un sourire étira fugacement ses lèvres pour mourir aussitôt.
    Une fois encore, Aidan voulu ouvrir la bouche pour s’excuser de nouveau, tenter de faire comprendre à son frère qu’il n’avait pas voulu dire ça, qu’il ne devait pas s’en vouloir, qu’il pouvait le frapper s’il voulait, mais rien ne vint. Il demeura immobile, comme paralyser, son regard braqué sur le visage fermé de son ainé.
    Le jeune homme aurait voulu trouver les mots mais tout lui échappait. Le moment était venu qu’il avoue sa part de responsabilité dans la mort de leurs parents et pourtant, il en était incapable. Il ne pouvait pas formuler la phrase à voix haute. Elle prendrait tout son sens, tout deviendrait concret, il n’y aurait plus de marche arrière possible. Comment réagirait son frère s’il savait que tout était sa faute ? Comment réagirait les autres ?
    Pourtant, c’était à son tour de parler. Aahron l’observait d’un air résigné, usé. Il venait de prendre au moins 10 ans ce soir… et ça aussi, c’était sa faute.
    Aidan déglutit péniblement et ravala ses larmes. Il n’allait certainement pas jouer les victimes ce soir. Pas après ce qu’il venait de faire, c’aurait été plus que déplacé.

      « Nan… » finit-il par répondre en reniflant discrètement « T’es pas un gros nul… t’es juste… »

    Mais Aidan n’eut pas le cœur à sortir la plaisanterie douteuse qu’il avait prévue de sortir pour détendre l’atmosphère. Il n’avait plus le cœur à rien et ne voulait pas détendre l’atmosphère. Comme si c’était possible de toute manière…
    Poussant un lourd soupir, il passa une main dans ses cheveux dorés et garda la tête basse, n’osant pas soutenir le regard de son ainé.

      « C’est moi qui suis nul de t’avoir dit ça… J’le pense pas tu sais » ajouta le jeune homme en relevant son visage tourmenté vers Aahron « Tu le sais hein, dis ? Tu le sais que j’pense pas que c’est de ta faute tout ça, personne le pense d'ailleurs. Et…et si tu as organisé tout ce voyage parce que tu crois que t’as une sorte de dette envers papa et maman, alors…alors ouais, j’t’écraserai bien la tête avec une pelle pour te rentrer dans l’crâne que t’y es pour rien »

    Un court silence s’imposa et, avant que son ainé ait pu répondre quoi que ce soit, Aidan enchaina d’un ton monocorde.

      « Tu ferais mieux de dormir maintenant. La journée a été longue »
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeVen 23 Oct 2009, 17:28

    Le silence s’était à nouveau installé entre les deux frères, un silence tendu, seulement entrecoupé par quelques phrases creuses et vides de sens. A la limite, ils auraient tout aussi bien pu parler de la pluie et du beau temps, ça n’aurait rien changé à ce que chacun d’entre eux ressentait. Bien sûr qu’Aidan allait protester, de façon plus ou moins convaincante, rejeter la culpabilité sur lui-même. C’est normal… c’était son frère, après tout. Son petit frère qui s’en voulait certainement de ses mots terribles, qui s’en voulait aussi sans doute de la mort de leurs parents. A cause de ses rêves ? Qu’est-ce que cela aurait bien pu changer, de toute manière ?
    De la même façon qu’Aahron n’aurait pas pu changer le futur en décrochant le téléphone, Aidan n’aurait pas pu changer grand-chose en parlant. De toute façon, c’était trop tard, désormais, et ils restaient comme deux pauvres idiots à se croire chacun responsable. Et d’un côté, l’idée de se dire qu’on aurait pu changer quelque chose avait un étrange côté réconfortant… même si en vérité, nul n’avait le pouvoir de changer ce qui était arrivé. Aahron le savait bien, après tout, mais cela n’empêchait pas la culpabilité de le ronger. Et il était fatigué de faire comme si tout allait bien, comme s’il ne se sentait pas responsable : de toute manière, personne n’était dupe.

    Alors, au final, Aidan lui avait rendu service : il avait mis des mots sur ce que son aîné refusait d’avouer tout haut, et c’était un service à lui rendre. Il le remercierait sûrement, après, quand il aurait un peu digéré tout ça. Aahron observait son petit frère d’un air las, et une ébauche de sourire vint mourir sur ses lèvres : décidément, Aidan n’était pas doué pour le réconforter. Ces quelques mots maladroits… le petit releva soudain la tête, et Aahron le dévisagea d’un air vaguement amusé. Et un peu plus éveillé, quand le cadet sortit sa dernière phrase. Il devait peut-être aller se coucher maintenant…
    Le jeune homme eut la fugace impression de se revoir presque quinze ans en arrière, indiquant lui aussi à son père qu’il était sans doute l’heure de se coucher, et qu’ils en discuteraient plus tard. Chose qu’ils n’avaient jamais faite, au passage. Le décor ne collait absolument pas, mais l’attitude d’Aidan lui rappelait franchement la sienne, et Aahron esquissa un nouveau sourire, un peu plus franc cette fois.


    "Si tu crois pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement, compte là-dessus et bois de l’eau."

    Indiqua-t-il doucement, fixant son petit frère dans les yeux. Oh que non, il n’avait pas l’intention de dormir. Les paroles de son cadet n’étaient pas toutes des idioties, et il avait au moins raison sur un point : il s’était montré égoïste. Fichtrement égoïste, même, par peur d’affronter quelque chose qu’il ne comprenait pas. Il avait peur, terriblement peur que ses frères lui confient leurs problèmes et qu’il ne sache pas gérer : sur ce point, le plus simple, c’était quand même Samuel. C’était pas si compliqué de le sortir de ses problèmes… alors qu’avec Aidan… Aahron flippait à l’idée de ne pas se montrer à la hauteur. Mais ce n’était pas une solution, la fuite, il le savait depuis longtemps.

    "J’arriverais pas à dormir, de toute façon. Et ouais, je le sais."

    Ajouta-t-il sans plus s’étendre sur le sujet, persuadé qu’Aidan avait compris où il voulait en venir. De toute manière, quoi que n’importe qui puisse dire, il s’en voudrait certainement, alors, ce n’était pas la peine de continuer sur le sujet douloureux de sa culpabilité. Celle de son cadet, par contre, était un problème autrement épineux. Aahron avait beau remuer le sujet dans tous les sens, il ne parvenait pas à comprendre comment cela aurait pu être de la faute de quelqu’un d’autre que lui. Mais son instinct ne le trompait pas, et il savait que son petit frère s’en voulait énormément, sans oublier que les cauchemars qui le taraudaient ne devaient guère aider au repos de son esprit.
    L’aîné des Donnelly poussa un long soupir, appuyant son dos sur le dossier du fauteuil pour mieux contempler le petit Aidan. Il avait vraiment une mine cadavérique, et les cernes qui semblaient lui manger les yeux n’arrangeaient rien. Il n’avait pas franchement fait attention depuis Cleveland, occupé à tout autre chose, mais en contemplant le petit, Aahron était quasiment sur que ce n’était pas sa première nuit blanche, et peut-être même pas la seconde. Il poserait la question à Isaac, quand ce dernier serait réveillé, ou du moins, pas occupé à ce qu’il faisait peut-être. Mais en attendant, il était seul avec Aidan, et ce dernier avait besoin de lui. Hors de question de lui faire faux bond à nouveau ! De toute manière, c’était vrai : l’énervement, la lassitude même, ne lui permettrait pas de s’endormir avant de longues heures : à vrai dire, Aahron n’était même plus sûr d’avoir sommeil, désormais que la fatigue semblait avoir cédé la place à d’autres impressions.
    Il devait en reprendre là où ils en étaient tout à l’heure. Pousser Aidan à se confier, ne serait-ce qu’un peu. Etrangement, cela leur ferait sans doute autant de bien à l’un qu’à l’autre. Piochant une sucrerie dans le paquet qui semblait demander à ce qu’on se serve, Aahron demanda doucement.


    "Je sais que je ne mérite pas ta confiance, et tes confidences. N’essayes pas de le nier, d’accord ? Je ne vais pas t’obliger à me parler, mais j’aimerais comprendre. Savoir."

    Aahron marqua une pause, se souvenant avec amertume qu’Aidan n’avait plus douze ans, temps béni où son grand frère pouvait encore lui arracher des confidences sous la torture, ou la promesse d’un cadeau quelconque. Non, désormais, il allait devoir l’apprivoiser, jouer un rôle de grand frère qu’il avait balancé aux orties pendant des années, avant de revenir comme une fleur et de faire semblant de se rappeler comment on faisait. Isaac le lui avait bien assez souvent reproché !

    "Parles-moi. Je ne peux pas te promettre qu’en parler fera que tu les oublies, même si j’aimerais te le jurer. Au moins, tu te sentiras mieux en les partageant, crois moi. Ce n’est pas juste que tu portes ce fardeau tout seul, Aidan. Je suis là pour t’aider, et je vais pas t’abandonner."

    Oh oui, Aahron aurait sans doute donné n’importe quoi pour porter à la place de son frère le lourd fardeau qu’il traînait. Mais tout ce qu’il pouvait offrir, c’est seulement la promesse d’être là pour l’aider à porter. Le jeune homme détestait ce sentiment d’impuissance qui l’envahissait à chaque fois q’un de siens avait un problème, mais malheureusement, cette fois, toute la bonne volonté du monde ne lui suffirait pas pour échanger ses rêves avec ceux d’Aidan.
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Aidan S. Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeLun 26 Oct 2009, 19:44


    Aidan baissa son regard usé en direction du vieux parquet fatigué du salon. D’un côté, il espérait que son frère acquiesce à sa remarque et enchaine en lui conseillant de faire de même. Quelques instants plus tôt, il redoutait une telle réponse et avait perdu les pédales lorsqu’Aahron avait voulu écourter leur conversation.
    Maintenant, il n’aspirait qu’à fuir. Il était trop las et honteux pour affronter plus longtemps le regard clair de son interlocuteur. Leur dispute l’avait épuisé plus qu’il ne l’aurait imaginé et il avait besoin de temps, de calme pour faire le point.
    Il y avait toujours cette petite part qui refusait de s’isoler par peur de sombrer dans l’inconscient et d’être à la merci de ses cauchemars, mais une petite voix la contrait chaque fois rapidement. N’était-ce pas ce qu’il méritait ? Après la manière dont il avait accusé son frère ; après les avoir ignorés et ainsi joués avec la vie de ses parents.
    Et puis ils étaient là pour obtenir des réponses. Pourquoi avait-il si peur d’en recueillir dans ses rêves ?
    Tout s’embrouillait dans son esprit et même les questions les plus simples et évidentes devenaient insurmontables.

    Voulant sans doute se rattraper Aahron lui signala qu’il n’en avait pas terminé avec lui, captant à nouveau son attention. Le jeune homme l’observa lui sourire avec douceur.
    Aidan notait l’effort mais il venait un peu tard. Il l’appréciait à sa juste valeur cela dit.
    Seulement il n’avait plus envie de parler maintenant. Une réaction typiquement adolescente, puérile, stupide, tout ce qu’on voulait. On ne l’avait pas écouté au moment où il réclamait de l’attention et maintenant, il se refermait sur lui-même et fuyait toute forme de discussion.
    Il savait maintenant que la porte était ouverte et qu’il pourrait en parler avec son frère quand il le souhaitait. Sauf qu’il savait déjà pertinemment qu’il n’oserait jamais ré-aborder le sujet. Pas après ce qu’il s’était passé ce soir. Le jeune homme savait que c’était le moment où jamais de profiter de l’occasion, pourtant il n’en avait pas envie.
    La pièce était encore trop chargée d’électricité, la tension était encore palpable. Il ne voulait pas parler d’un tel sujet dans des circonstances pareilles.
    Comme s’il avait lu dans ses pensées, son frère tenta de le relancer et de lui expliquer qu’il pouvait avoir confiance.
    Aidan aurait voulu le couper, lui dire que ça n’avait rien à voir mais il se contenta de le fixer longuement de ses yeux gonflés de fatigue, sans un mot.
    Il ignorait si son frère pouvait lire en lui en ce moment, s’il savait déjà qu’ils ne parleraient pas de ses rêves ou de quoi que ce soit approchant de près ou de loin à Grayson et à la mort de leurs parents.

    Lorsque le silence qui s’était imposé de lui-même s’étira un peu trop, Aidan se fit une raison et se décida à ouvrir la bouche pour répondre d’un air ennuyé. Il poussa un long soupir qui fit gonfler ses joues avant cela.

      « J’sais bien tout ça, Aahron, et… c’est gentil de t’intéresser à tout ça » commença-t-il avant que son frère ne fronce les sourcils d’un air de dire « Mais ? »

    Aidan poussa alors un énième soupir et détourna le regard pour le porter vers l’extérieur un instant. Il observa le jardin mal entretenu qu’il apercevait, l’arbre bas au tronc large et noueux dont les branchages ondulaient sous le vent, la Volva garée dans l’allée, sans vraiment les voir ; comme s’il cherchait l’inspiration de ce côté-ci.
    Puis il replongea ses yeux azurés dans ceux d’Aahron qui attendait toujours.

      « Je vais passer » fit-il en passant une main dans ses cheveux « Ça a été une sacrément longue journée et on a des tas de trucs à faire demain alors… vaudrait mieux dormir. Tu connais Isaac, il sera debout avec le soleil et il se fichera qu’on n’est pas dormi, il voudra se mettre en route et jouer au petit chef ; ça va t’énerver et vous allez vous taper dessus, ça m’embêterait d’être responsable de ça » ajouta Aidan en grimaçant un sourire « Toute façon, je suis fatiguée et contrairement à ce que tu penses, j’crois pas que ça me soulagera de quoi que ce soit, au contraire… J’ai pas envie que tu m’regarde comme si… j’ai pas envie, c’est tout » trancha le petit blond

    Il espérait que son frère ne lui demanderait pas d’aller au bout de sa phrase ou chercherait à revenir sur sa dernière remarque d’une quelconque façon. Il voulait en finir avec tout ça et monter.
    Pas forcément pour dormir, simplement pour être seul.
    Mais une partie de lui savait parfaitement qu’il ne pourrait pas échapper au sommeil. Pas ce soir. Il était trop épuisé et n’avait même plus envie de lutter. Une fois à l’étage, il irait très certainement se laisser tomber sur sa couche et se laisserait aller à dormir. Tant pis pour ses cauchemars, tant pis pour Samuel qui serait très certainement réveillé au milieu de la nuit par ses hurlements. Aidan détestait réveiller les autres et s’attirer leur attention de cette façon. Il aimait qu’on fasse attention à lui, à ce qu’il faisait, mais pas dans ces circonstances. Surtout quand il s’agissait de ses frères. C’était affreusement humiliant…
    Mais tant pis. Il l’avait bien mérité.
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Aahron Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeDim 01 Nov 2009, 16:58

    Avant même qu’Aidan lui réponde, de toute manière, Aahron avait déjà deviné qu’il avait laissé passer sa chance. Le petit ne soufflerait pas un seul mot de plus, et son aîné n’en était guère surpris. Il avait blessé son petit frère en agissant ainsi, il le savait pertinemment, et la porte qu’Aidan avait entrebâillée s’était refermée. Pas tout à fait, mais suffisamment pour que plus un mot concernant Grayson ou leurs parents ne sorte.
    Pourtant, Aahron insista à nouveau, histoire de bien lui faire comprendre qu’il était là. Pour rassurer son cadet, ou bien pour se rassurer lui, s’assurer qu’il n’avait décidément pas tout cassé une fois de plus ? Parce qu’en ce moment, le jeune homme avait la sérieuse impression de ne rien arriver à faire. C’était si facile, avant : quand il ne savait pas, il y avait toujours sa mère vers qui se tourner. Et depuis la disparition de ses parents, de leurs parents, Aahron avait l’impression de perdre pied, de ne pas se montrer à la hauteur alors que c’était ce que tous attendaient de lui. Le doute… avant tout ça, jamais il ne l’avait éprouvé. Ses actions étaient peut-être désastreuses et idiotes, mais c’était les siennes, et il les avait toujours prises en connaissance de cause, sans jamais se voiler la face. Il faisait face aux conséquences avec bravoure, il agissait, et il ne se posait pas de questions. Mais désormais, cette attitude, ce n’était qu’une façade. Il doutait à l’intérieur, mais n’avait pas le droit de flancher : pour ses frères, pour Petey, pour tous ceux qui comptaient sur lui.
    Et avec Aidan, il venait de flancher, avec les conséquences qu’il pouvait observer maintenant. Non, décidément, il devait se montrer à la hauteur. Intérieurement, il se promit de se montrer plus fort, plus présent, même si, il devait bien se l’avouer, cela s’avérait plus compliqué que prévu. Si seulement sa mère pouvait être là, le réconfortant d’un regard, acquiesçant de la tête juste pour lui signifier qu’il avait raison. Il ne demandai pas la lune, si ? Mais malheureusement, ses parents n’étaient plus là pour le guider, et il devait servir à son tour de guide pour ses frères. Pour Petey, c’était simple : ce dernier était son fils, après tout, et Aahron et lui s’entendaient comme larrons en foire. Mais les autres, c’était légèrement plus compliqué : qui aurait pu dire ce qui se passait à l’intérieur de crâne de son cadet, assis devant lui sur le canapé ?

    Le silence s’était à nouveau imposé dans la pièce, qu’Aidan rompit après un long moment, quelque peu hésitant, tandis que son frère l’examinait avec curiosité. Mais… y’avait toujours un « mais », dans ce genre de phrase. Et Aahron savait ce que son petit frère allait dire avant même que ce dernier ne l’exprime. T’es sympa, mais laisse tomber… c’était en substance ce qu’Aidan allait lui sortir.
    Il ne s’était pas trompé, même si l’explication qui suivit était un peu plus flatteuse que ce qu’avait craint Aahron. Décidément, même crevé, son petit frère s’arrangeait pour le ménager, et il apprécia le geste. Un sourire las naquit sur les lèvres de l’aîné à la mention d’Isaac. Jouer au petit chef… c’était décidément ce qu’il faisait de mieux, leur médecin de frère. Il était même drôlement doué dans le rôle du donneur d’ordre, celui qui prend les décisions et qui mène sa vie d’une main de maître. Une place qu’Aahron se faisait fort de lui ravir, ce qui engendrait inévitablement quelques tensions. L’aîné comprenait, mais en même temps, il lui était plutôt difficile de bien s’entendre avec Isaac. Ils avaient des avis trop divergents, et le plus jeune avait du mal à le considérer comme le chef de file…. Ce qu’Aahron se targuait d’être, pourtant. Il lui était plus simple d’endosser ce rôle, après tout !

    A nouveau, Aidan glissa une ouverture, que son aîné s’empressa de saisir au vol. Il savait que la partie était perdue d’avance, mais cela ne l’empêchait pas d’y participer ! Doucement, il reprit la parole, sans quitter des yeux le fragile jeune homme qui lui faisait face. Son petit frère qui, en ce moment, avait l’air si perdu et désemparé que l’aîné ne prit même pas garde au ton qu’il employa, et qui était exactement le même que celui qu’il utilisait quand Petey, son fils, hésitait à lui dire quelque chose : celui du père qui peut tout entendre, mais qui ne s’offusquera pas si le sujet ne venait pas sur le tapis.


    "Comme si quoi ? Aidan, tu crois vraiment que ce que tu me diras changera quelque chose ? Tu resteras mon petit frère, quoi qu’il puisse se passer."

    Et jamais je ne t’abandonnerais… c’était tellement sous-entendu qu’il était impossible pour Aidan de ne pas le capter, mais pourtant, ces mots avaient refusé de sortir des lèvres d’Aahron. C’était trop personnel, peut-être, trop familier pour que l’aîné ait envie de le dire. Après tout, il les avait abandonné, non ? Il l’avait déjà fait, et s’arroger le droit de passer là-dessus juste parce qu’il avait envie ne ressemblait pas à Aahron. Mais il espérait néanmoins que le petit capte le message, et qu’il serait là, quoi que puisse révéler les rêves de son cadet. Après tout, ce n’était que des rêves, non ? Certes, il les prenait au sérieux, mais pour autant, jamais Aahron ne croirait que son destin était déjà tout tracé à travers les songes de son petit frère.
    L’aîné des Donnelly s’étira en soupirant, ouvrit la bouche comme pour parler, et se ravisa. Il en avait déjà assez fait comme ça, mieux valait peut-être lâcher le morceau. Se montrer buté, et chercher à obtenir les aveux d’Aidan, ça aurait été s’enfoncer encore plus da stupidité, et il s’était montré assez idiot pour ce soir. Alors, à contre-cœur, il finit par lâcher.


    "Mais tu as raison, tu devrais aller te coucher. Tu veux peut-être dormir là ce soir, histoire de ne pas réveiller Samuel en montant ? J’peux dormir sur le fauteuil, tu sais."

    Ohlala, que l’excuse était bidon : même en la formulant, Aahron savait bien qu’elle sonnait faux. Il n’avait pas envie d’abandonner Aidan à son sommeil, et que ce dernier se réveille seul. Certes, il dormait dans la même chambre que Sam, mais… mais ce n’était pas à ce dernier de jouer le rôle de protecteur. C’était à Aahron de tout faire pour qu’Aidan trouve le repos, et en envoyant le petit dormir, l’aîné avait l’impression de lâchement l’abandonner, encore. Et ce encore sonnait beaucoup trop mal à ses oreilles pour q’Aahron puisse se résoudre à laisser filer son cadet sans, au moins, essayer de le convaincre de parler, ou de rester dormir en bas.
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Aidan S. Donnelly
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeLun 02 Nov 2009, 12:37

    Un petit sourire taquin apparut sur les lèvres du plus jeune des Donnelly lorsque son frère opta pour un ton paternaliste à souhait en lui répondant. Il avait maintes fois eue l’occasion d’observer le comportement de son ainé avec son filleul et savait qu’il venait d’être la malheureuse victime d’un transfert. Mais quelque part, ça ne le dérangeait pas tellement. Il s’adressait à lui comme l’aurait fait un de leurs parents ; comme ils le faisaient quelques mois plus tôt seulement.
    C’était à la fois agréable et douloureux.
    Agréable puisque ce simple regard attentif, allié à ce ton à la fois assuré et rassurant, le replongeait quelques temps en arrière, à l’époque où ses seules préoccupation étaient liées à ses problèmes de couple. Une époque où sa mère encore en vie et lui-même pouvaient passer des heures à discuter de tout et de rien, à l’abri des regards de Samuel et de son père ; une époque où il se sentait comme l’une des merveilles du monde.
    Aidan savait alors que quoi qu’il fasse, il aurait le soutient de sa mère et de son père ; que peu importe le sujet abordé, il ne serait pas jugé, rejeté.
    Aujourd’hui les choses avaient changées et ses certitudes n’en étaient plus. Et c’était effrayant.
    La disparition de leurs parents lui avaient fait perdre tout repère. Il n’avait plus cette personne souriante vers qui se tourner lorsqu’il avait peur, plus de main tendue à attraper en cas de chute, plus d’épaule sur laquelle pleurer, d’oreille à laquelle confier ses tracas et autres petits secrets.
    Il ne trouvait plus la présence rassurante de son père dans la maison, ne l’entendait plus le sermonner puis venir s’excuser discrètement dans sa chambre et lui donner une petite tape dans le dos accompagnée d’un sourire.
    Evidemment maintenant, il avait ses frères. Trois frères qui, Aidan le voyait bien, s’inquiétait pour lui et étaient là. Mais il ne savait pas vers lequel se tourner pour répondre à ses besoins.
    Vers lequel devait-il se tourner pour se décharger ? Aahron qu’il ne connaissait pas vraiment et avait une fâcheuse tendance à prendre la fuite ? Isaac qui était si friand de discours moralisateurs et faisait croire qu’il avait réponse à tout ? Samuel qui semblait se moquer de tout et détestait aborder le moindre sujet un tant soit peu sérieux ?
    Non, décidément, aucun des trois n’étaient particulièrement qualifié pour répondre à son attente. Peut-être qu’il était trop exigent… Après tout, depuis l’enfance, le jeune homme avait toujours été dorloté, choyé, surprotégé par ses parents. Peut-être avait-il atteint un âge où l’on encaisse les chocs seul et où on se débrouille avec sa peine, sa rancœur et ses questions. Ses frères, eux, ne semblaient pas vraiment avoir besoin de lui ou des autres d’ailleurs.
    Sans doute devrait-il les imiter et arrêter de se plaindre et de s’apitoyer sur son pauvre petit sort. Il était en vie, il avait du talent et pouvait vivre de sa passion (avant son malencontreux accident qui pour l’instant le contraignait à écouter de la musique plus qu’à en produire), était jeune, beau et avait une personnalité appréciable selon beaucoup. Pourquoi se plaindrait-il ? Il n’était de loin pas le premier à perdre ses parents et il avait encore un cocon familial auquel se raccrocher, certes un peu éclaté, mais non négligeable. Les Donnelly étaient pour le moment comme une fourmilière dans laquelle on vient de shooter, mais le jeune homme ne doutait pas qu’un jour, ils retrouvent leur chemin. Que ce soit en partant chacun de leur côté où en s’alignant bien sagement pour travailler ensemble à se reconstruire.
    Oh, et en cadeau, il avait droit au bonus « cauchemars pour vous faire vivre encore et encore la fin atroce de vos proches ».
    Alors de quoi diable se plaignait-il ?

    S’arrachant à ses raisonnements, Aidan continua de sourire à son ainé qui venait de lui proposer de dormir sur le sofa, dans une parfaite imitation de son ancien lui, plein d’entrain et de malice.

      Si tu crois que je n’ai pas compris ton manège, sale fourbe, tu te mets le doigt dans l’œil ! » fit-il en levant son propre index d’un air inquisiteur « J’ai testé ce canapé durant les dernières heures figure-toi et j’ai bien remarqué qu’il était complètement pourri ! Je te le laisse ! Tu as fais ton choix mon p’tit père, assume-le ! Tu crois que je sais pas que dès que j’me serai endormi tu fileras te coucher dans mon confortable lit à l’étage ! » poursuivit le jeune homme en prenant un air scandalisé « Tu me croyais naïf à ce point ? Je sais bien que t’en as absolument rien à secouer de réveiller Samuel ! Tu t’es vendu tout seul, ah-ah ! »

    Pendant qu’il s’exprimait d’un ton théâtral - se souciant bien peu d’être discret et de ne pas perturber le sommeil des autres – le jeune homme se recula jusqu’à atteindre le bas des vieux escaliers boisé à la rambarde branlante. Il monta les deux premières marches à reculons, ne quittant pas son ainé des yeux un seul instant.

      J’espère que les cafards auront raison de toi, traitre à ton sang ! » ajouta-t-il encore, dirigeant index et auriculaire dans sa direction, sifflant entre ses dents

    Et sans un mot de plus, il se détourna rapidement et grimpa les marches quatre à quatre. Ce soir, c’était à son tour de fuir.
    Arrivée en haut des marches, sans un regard en arrière, il gratifia son frère d’un « bonne nuit » enthousiaste et disparu de son champ de vision.
    Maintenant plongée dans l’obscurité du premier étage, Aidan tendit les bras pour tenter de se repérer maladroitement dans ce lieu qui ne lui était pas familier. Mais il ne chercha pas la chambre à coucher qu’il partageait avec son frère. Non, il avait changé d’idée. La peur l’avait fait changer d’idée.
    Son sourire avait disparu depuis qu’il avait atteint l’étage et ses traits étaient maintenant soucieux.
    Il y était. La nuit était entamée et il avait quitté Aahron. Il était seul ou presque, ses vieilles amies fatigue et terreur l’ayant rejoint pour se poser sur ses frêles épaules.
    Sa main rencontra la poignée ronde de la salle d’eau au moment où un lourd soupir s’échappait de ses lèvres, gonflant ses joues. Il la tourna puis pénétra dans la pièce où il prévoyait de passer sa nuit…
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitimeJeu 05 Nov 2009, 13:47

    La proposition quelque peu bancale d’Aahron de laisser Aidan dormir sur le canapé eut une répercussion positive, au moins : la tension étouffante qui s’était installé dans la pièce sembla disparaître, pour quelques minutes du moins, et le ton malicieux du petit dernier résonnait dans le silence, avec autant d’entrain qu’avant. Avant tout ça, quand Aahron pouvait encore se pointer à la maison, sur d’y trouver tout ce dont il avait besoin. C’était étonnant, quand même, comment les bons souvenirs se rappelaient à lui, bien plus que les mauvais : les éclats de rire, sa mère aux fourneaux, son père essayait désespérément de faire marcher un vieux poste de radio dans le garage… C’était un peu comme si, à la disparition de leurs parents, tous les vieux souvenirs s’effaçaient pour ne laisser place qu’aux moments les plus marquants, et les plus heureux aussi. Aahron ne savait pas, à vrai dire, s’il devait s’en réjouir ou non : les meilleurs moments avaient tendance à lui serrer la gorge, mais aussi à le rendre heureux. Un curieux mélange dont il ne savait pas trop s’il devait l’apprécier ou pas.
    Retrouver un semblant d’Aidan faisait du bien, aussi. Tandis qu’il protestait contre la fourberie de son frère, ce dernier ne se lassait pas de le voir plus heureux et plus loquace, même si ce n’était qu’une façade. Aidan avait reculé vers l’escalier tout en parlant, et l’aîné considéra quelques instants l’idée de l’empoigner, et de l’asticoter jusqu’à ce qu’il regrette ses paroles. Et surtout, qu’il regrette de l’avoir nargué, bien qu’Aahron soupçonne pertinemment que le confortable lit à l’étage devait être aussi moelleux qu’une planche de bois. Et puis, une petite bagarre entre frangins, cela aurait sûrement assez fatigué le petit Aidan pour qu’il n’aie qu’a fermer les yeux !

    Mais ce n’était pas une bonne idée, pourtant. Déjà parce que réveiller les trois autres étaient tout sauf une idée merveilleuse, et ensuite, parce qu’Aidan avait toujours son plâtre. Il ne cessait de l’agiter sous leur nez à tort et à travers, inventant des excuses plus farfelues les unes que les autres en prétextant que son plâtre l’handicapait, ce qui était faux la plupart du temps. Mais n’empêche, il était bel et bien blessé, et seule cette conclusion l’empêcha de mener à bien son projet. Faussement menaçant, Aahron croisa les bras.


    "Tu as déjoué mon plan, mais le prochain sera si tordu que même moi je serais étonné de le comprendre. Je pense que demain matin, j’attendrais que vous soyez tous lever pour squatter vos lit et faire la grasse matinée jusqu’à au moins…demain matin."

    Proposa-t-il, avant de reprendre d’un air contrit :

    "Au moins, on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir essayé de t’embobiner, n’est-ce pas ?"

    Aahron prit un regard malheureux devant l’ultime malédiction de son frère, bien à l’abri sur ses deux marches d’escaliers. Il fit un pas menaçant dans sa direction, mais Aidan avait déjà pris la poudre d’escampette, montant quatre à quatre les marches du vieil escalier, avant de lui souhaiter bonne nuit en filant dans sa chambre. Du moins, c’est ce que supposa Aahron, qui se laissa tomber sur le canapé, en grommelant un « bonne nuit » pas tout à fait convaincu. Le canapé n’était pas de la première jeunesse, mais l’aîné avait le sens du devoir, et se sacrifier lui paraissait tout à fait normal. Attrapant son oreiller qui traînait dans le coin, il le calla sous sa tête et, ainsi allongé, contempla le plafond, tout en baillant à s’en décrocher la mâchoire. Au moins, il n’aura pas à pester longtemps contre ce lit de fortune, le sommeil l’emporterait assez vite. Ils avaient des trucs à faire demain, et nul doute qu’il lui faudrait quelques heures de sommeil pour se montrer un tant soit peu réactif.
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MessageSujet: Re: 01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan]   01. Give me a long kiss goodnight... [Aahron & Aidan] Icon_minitime

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