07 MAI 1998
manoir Moriarty EUGENIUS ♦ Tu vas vouloir détourner les yeux, mais tu ne le fera pas. Tu les garderas grands ouverts mais tu n’ouvriras pas la bouche. Ni pour crier, ni pour quoi que ce soit d’autre. Hors de question que tu verses la moindre larmes, tes yeux te serviront uniquement à regarder comme tu sais si bien le faire, c’est bien clair ? »
Bartholomeus hoche la tête, l’air pourtant incertain. Cette journée lui paraît fort étrange et l’agitation autour de lui commence à lui donner un peu le tournis. Ces derniers temps pourtant, il a pris l’habitude de voir tout un tas de gens débarquer chez lui pour parler affaire. Ni son père, ni son grand-père n’ont cherchés à l’écarter de leurs conversations puisque, selon eux, c’est le meilleur moyen de faire de lui un homme.
Faire de lui un homme. C’est apparemment le but ultime de Morpheus, son père, qui n’a de cesse de le bousculer quand il ne l’insulte pas pour qu’il apprenne à se défendre d’abord puis à attaquer le premier, comme un homme. A croire qu’il est une fille… Ce que certaines amies de sa mère pensent dans un premier temps à cause de ses cheveux blondins que sa mère laisse pousser et qui frotte le milieu de son dos. Mais ça ne le dérange pas qu’on le prenne un peu pour une fille, tant que sa mère continue de le prendre à ses côtés pour passer ses doigts de fée à l’intérieur et se détendre en chantonnant sur son fauteuil préféré. Bon, parfois ses cheveux lui servent aussi à le malmener, mais il oublie vite ce genre d’incident et les colères de Mère ne durent jamais bien longtemps. En plus, elle s’excuse toujours alors...
EUGENIUS ♦ Tu ne dois pas avoir peur. Aujourd’hui est un grand jour, mon garçon. Aujourd’hui, tu deviens un homme. Un homme avec un avenir… Un homme libéré des chaines d’un passé honteux… »
Grand-Père aime parler du passé honteux et de leur sang sale. Barth s’est déjà fait saigner exprès plusieurs fois pour voir à quoi ça ressemblait du sang souillé, mais il n’a pas vraiment remarqué quoi que ce soit de particulièrement laid, au contraire. Le liquide vermeil l’a immédiatement fasciné. Mais quand il a essayé d’expliquer ça aux adultes, ils l’ont disputés, ce qui l’a beaucoup contrarié. Pig, leur très vieil elfe de maison s’en souvient certainement encore puisque c’est sur lui qu’il s’est défoulé ensuite, comme on lui a apprit à le faire.
BARTHLOLMEUS ♦ Mais… Ca veut dire que je peux venir moi aussi ? Pour de vrai ? Quand le Lord sera là ? » réalise soudain le garçonnet, ses yeux s’éclairant d’une lueur d’espoir qui, il l’espère, ne sera pas noyée dans l’œuf.
EUGENIUS ♦ C’est bien vrai, petit. Tu vas avoir le privilège de le rencontrer. »
Alors ça… Pendant toute la durée des préparatifs, on avait refusé de répondre à ses questions et reproché de trop parler. Il n’a pas l’impression de trop parler pourtant et Père lui reproche souvent de rester planter là à ne rien faire, avec un air de troll. Bartholomeus lui répondrait bien qu’il ne fait pas rien, qu’il écoute et observe tout, que c’est parce qu’il utilise sa tête, mais Morpheus n’aime pas qu’il tienne ce genre de discours. Il préfèrerait le voir agir ; comme un homme, ça va de soit.
Aujourd’hui, le jeune garçon va pouvoir rencontrer celui dont il a si souvent entendu vanter les mérites, le sorcier le plus puissant du monde entier, qui a combattu aux côtés de ses parents pendant la grande bataille qui a vu mourir le traitre Harry Potter. Il va le voir de ses yeux qu’il gardera grands ouverts. Ah ça, il ne compte pas en perdre une miette !
EUGENIUS ♦ A présent va terminer de te préparer, nous nous reverrons plus tard… »
Bartholomeus prend le risque de venir étreindre son grand-père, porteur d’une si fantastique nouvelle. Les débordements de ce genre ne sont pas très bien vu pourtant Eugenius le laisse faire et appose même ensuite un moment ses mains noueuses sur ses épaules frêles, le décollant un peu pour observer gravement son visage irradiant de plaisir.
EUGENIUS ♦ Va. Et n’oublie jamais la leçon que tu vas apprendre aujourd’hui, mon garçon. »
BARTHOLOMEUS ♦ Jamais, jamais, jamais ! » promet innocemment le gamin qui n’a pas la moindre idée d’à quoi s’attendre mais n’en est pas moins terriblement excité. Tellement excité qu’il abandonne très vite Eugenius pour sautiller dans les couloirs du vieux manoir décrépit qu’ils habitent en scandant des : «
C’est le plus beau jour de ma VIE ! » à qui veut les entendre…
Cela dit sa mère ne tardera pas à le calmer d'une bonne gifle qui fera circuler son sang impur.
**
Il se pince le bras pour s’assurer qu’il ne rêve pas et sa bouche se déforme un instant sous la douleur provoquée. Il sait au moins qu’il n’est pas en train de rêver : le Lord est chez lui. Chez lui… Il sait que le faire venir n’a pas été une mince affaire et qu’il a fallut préparer l’événement avec le plus grand soin. Il a vu tout un tas de gens s’activer pendant près d’une dizaine de jour pour recevoir celui dont peu de gens osait encore prononcer le nom il y a quelques temps encore. Aujourd’hui, ce nom est célébré partout dans Londres pendant que ses détracteurs le maudissent dans l’ombre de leurs cachots ou dans les cachettes où ils se terrent. Bartholomeus espère qu’ils pourriront tous, où qu’ils soient !
Bref : le manoir reste vieux et sombre, mais les tapis ont été dépoussiérés, les tapisseries nettoyées, les plus beaux meubles de la maisonnée rassembler dans les pièces que le Lord foulera, l’argenterie polie et disposées sur une longue table de bois travaillée sur laquelle a été tendue une nappe finement brodée aux couleurs de la maison Serpentard. Sa mère s’est évidemment fait belle et est presque méconnaissable. Barthy a l’habitude de la voir errer dans leur domaine, les cheveux emmêlés, le regard vide, le teint cireux, mais aujourd’hui, c’est assurément la plus belle femme du monde. Père n’est pas en reste non plus et a revêtu sa plus belle robe de sorcier pour recevoir leur invité de marque.
Mais dès que ce dernier passe la porte, le garçon de huit ans n’a plus d’yeux que pour lui. Il ressemble à ce qui pourrait être son pire cauchemar : deux fentes en guise de narines, des yeux rouges et luisants aux pupilles verticales, un teint presque grisâtre et une allure fantomatique, des doigts osseux aux ongles crochues… Et pourtant, Bartholomeus n’éprouve aucune crainte. Il se sent chanceux. Tellement chanceux de pouvoir l’observer de plus près. Fier aussi ! Fier de le trouver chez lui, fier de savoir que ses parents se sont battus à ses côtés et qu’ils sont capables de le faire venir au sein de leur modeste demeure. Il se sent important dans le sillage du Lord qui ne lui adresse pourtant pas un regard.
Les membres de sa famille et quelques amis venus pour l’occasion ont formés une haie d’honneur au milieu de laquelle Voldemort s’avance sans vraiment faire attention à eux. Il a l’air de s’ennuyer à mourir… Il a l’air capable de tous les tuer en un tour de manche. Il émane quelque chose d’indéfinissable de lui, quelque chose qui fait presque mal à Bartholomeus qui met longtemps à réaliser que la douleur dans sa poitrine provient du fait qu’il retient son souffle depuis trop longtemps. Reprenant une grande inspiration, il observe le plus puissant sorcier de tout l’univers s’immobiliser face à Grand-Père qui se prosterne face à son Lord et lui souffle quelques paroles que le gamin n’écoute pas vraiment.
Il a un mouvement inconscient vers l’avant, désespéré d’entendre la voix de Voldemort, ne voulant pas en perdre une bribe, mais la main de Père se referme avec force sur son épaule pour l’immobiliser. Le garçon lève ses yeux chocolat vers lui, mais Morpheus ne lui accorde aucune attention. Son visage est grave, pâle. Il a presque l’air un peu triste… Ce qui est étrange vu la situation.
Mais Bartholomeus oublie tout lorsque soudain, le Lord se met à parler. Son cœur manque quelques battements et ses oreilles se mettent à bourdonner et à le chauffer. Il a l’impression qu’il va défaillir, comme la fois où il avait été très malade à force d’être enfermé dans le placard sous l’escalier. C’est la voix du Croquemitaine, et en même temps, la voix de sa mère. C’est une voix d’une froideur incroyable et qui pourtant vient le cueillir avec douceur. C’est indéfinissable. Il n’accorde aucune importance au sens des mots, tout ce qui compte, c’est leur consonance délicieuse.
Plus tard, il regrettera de ne pas avoir capté et imprimé à jamais les derniers mots d’Eugenius dans son esprit. Mais son geste est assez fort et se passe de commentaire en fin de compte.
Tout se passe très vite et, effectivement, comme son aïeul le lui avait fait promettre, Bartholomeus écarquille les yeux alors que le vieillard porte un poignard qu’il a déjà vu dans son bureau à sa gorge. Son corps comprend ce qui va se passer et se raidit un instant avant que la lame ne fasse son œuvre et que le sang ne commence à s’écouler à profusion de l’entaille.
S’il pouvait bouger le moindre muscle, Barth se pincerait de nouveau pour s’assurer qu’il n’est pas en proie à un mauvais rêve, qu’il ne s’est pas réellement évanouit alors que le Lord passait devant lui pour échanger quelques mots avec son grand-père. Son grand-père dont le corps vient de basculer en avant, aux pieds nus de Voldemort qui ne bouge pas non plus, mais certainement pas à cause du choc.
Les premiers cris commencent à s’élever et le gamin se fait la réflexion qu’il n’était sans doute pas le seul à ignorer ce qui allait se passer. Derrière lui, très loin, quelque part, il entend quelqu’un chuter. Il ne se retourne pas, pourtant il est intimement convaincu que c’est sa mère qui vient de s’effondrer dans le hall dans la salle de réception.
Bartholomeus continue de fixer le corps parcourut de spasmes de son aïeul, observant sa main qui s’étend un instant en direction de la robe sombre du Lord avant de retomber, inerte. Bientôt, la flaque grossissante de sang s’échappant du sourire macabre sous le menton d’Eugenius viendra tremper sa manche et elle se reflètera dans le liquide épais et chaud.
Il a l’impression que tout ça dure une éternité et en même temps, une part de lui a conscience qu’une poignée de secondes seulement se sont écoulées depuis que Grand-Père s’est tranché la gorge face au Lord pour des raisons qui lui échappent encore. Le silence revient tout à coup, presque assommant. Barthy se sent tout à coup ridiculement petit au milieu de tous ces adultes. Il se sent fatigué et son excitation s’est envolée assez vite pour lui donner le tournis. La main de son père, toujours sur son épaule lui paraît peser des tonnes et ses doigts, enfoncés dans sa chair commencent à lui faire mal… C’est sur cette douleur qu’il se concentre pourtant pour demeurer parfaitement alerte, alors que ses grands yeux sont toujours braqués sur le cadavre de Feu Eugenius moriarty.
MORPHEUS ♦ Tu es un homme maintenant » chuchote son père au-dessus de lui.
Il ne sait pas si c’est mots lui sont vraiment adressé mais ils l’atteignent au plus profond de son cœur et le transperce avec au moins autant de force que la lame qui a pénétré le corps de son grand-père à l’instant.
Et alors qu’il pense que la scène va durer encore une autre éternité, que jamais il n’arrivera à bouger, que personne ne parviendra plus à le faire, le Lord reprend la parole. Cette fois, Bartholomeus y prête une grande attention et les grave dans sa mémoire.
VOLDEMORT ♦ J’ai été convié pour un dîner, je crois… »
**
Un silence quasiment religieux règne dans la modeste salle de réception du manoir défraichi des Moriarty, uniquement rompu par les bruits de couverts ou de déglutition qui s’élèvent ça et là autour de la table. Mais peut des convives ont encore de l’appétit. Bartholomeus peut les comprendre et lui-même à le cœur trop lourd et l’estomac trop noué pour réellement savourer son repas. Pourtant, ses parents sont loin de mettre très souvent les petits plats dans les grands comme c’est le cas ce soir. Mais tous savent que, quelque part dans les étages, le corps de grand-père est en train de se refroidir au même titre que le pot-au-feu dans leurs assiettes. Tout le monde entend, Pig, l’elfe de maison, nettoyer le carrelage couvert de sang en pleurant la mort de son maitre sans beaucoup de discrétion.
Le gamin aimerait pouvoir pleurer lui aussi, mais il en est incapable. Il se sent encore trop excité. Le Lord est après tout installé au bout de la table (sa table), occupé à manger avec appétit. Par moment, il lâche un petit commentaire à l’un ou l’autre des sorciers et chaque fois, sa voix si pénétrante fait le même effet au gamin.
Les plats s’enchainent et soudain, Bartholomeus se retrouve avec une part de tarte aux potirons dans son assiette. Il a envie de vomir tout à coup. Pas à cause du dessert en lui-même mais plutôt pour ce qu’il implique… La fin du repas, le départ de celui qu’on appelle Voldemort, la fin d’une époque et de son innocence. Quand ils auront fini de manger ou du moins de faire semblant, du haut de ses huit ans, il sait que les choses auront définitivement changées. Décidé à retarder autant que possible l’inévitable, il ramasse sa petite fourchette à dessert et déguste la part. Il l’a malheureusement pratiquement terminé lorsque le miracle se produit…
VOLDEMORT ♦ Comment s’appelle-t-il, Morpheus ? »
MORPHEUS ♦ Je…heu….Vous demande pardon, Mon Lord ?»
VOLDEMORT ♦ L’enfant à ta table. Il est le tien ? »
Bartholomeus observe tour à tour son père puis le Lord dont les pupilles rougeoyantes sont braquées sur lui. Son cœur tombe dans le fond de son estomac et fait remonter tout son repas, l’obligeant à serrer les dents. Il déglutit péniblement pendant que son père le présente. Il n’entend que vaguement ses propos, les carillons étaient revenus à la charge.
VOLDEMORT ♦ Approche, jeune Bartholomeus. »
Il doit rêver. Il s’est sûrement évanoui en voyant le sang de Grand-Père éclabousser le sol et maintenant il délire et s’imagine que Voldemort s’adresse à lui personnellement, l’appelle par son prénom et l’invite à l’approcher. Rêve ou pas, il ouvre sa main et laisse tomber le couvert dans un tintement sonore sur le bord de son assiette. Dans des gestes mécaniques, il se lève de sa chaise et fait le tour de la table sur ses petites jambes tremblantes pour répondre à la demande du Lord. Ce dernier a reculé sa chaise par magie et sans un bruit et l’a tournée de manière à faire face au gamin qui est arrivé à sa hauteur.
Bartholomeus tente de le saluer comme il se doit, mais aucun mot ne lui vient. Il est pétrifié, fasciné, il se sent minuscule et géant en même temps. Il voudrait se prosterner, faire quelque chose de bien, mais il n’en est pas capable. Tout ce qu’il peut faire, s’est plonger son regard dans celui du plus puissant Sorcier du monde…
VOLDEMORT ♦ Tu n’as pas détourné le regard. »
Il n’arrive pas à savoir si c’est une question ou une affirmation. Le Lord lui tournait le dos au moment où son grand-père s’est coupé la gorge et il ne peut pas vraiment savoir que Barth n’a effectivement pas cillé. Pourtant ça n’étonnerait pas vraiment le garçonnet qui finit par approuver la remarque d’un signe de tête, à défaut d’autre chose.
VOLDEMORT ♦ Pourquoi ? »
BARTHOLOMEUS ♦ Parce que… ça aurait pas été bien, Mon Lord… » se surprend-t-il à répondre.
VOLDEMORT ♦ N’as-tu pas eu peur ? »
BARTHOLOMEUS ♦ Non, pas vraiment… »
VOLDEMORT ♦ Aussi brave que lui, je vois… peut-être pourrons-nous faire quelque chose de toi après tout… »
BARTHOLOMEUS ♦ Merci, Mon Lord… »
VOLDEMORT ♦ Aurais-tu été capable de faire la même chose ? Serais-tu prêt à donner ta vie pour moi ? »
Bartholomeus entendit un petit couinement s’échapper des lèvres de sa mère qu’il vit du coin de l’œil s’empresser de couvrir sa bouche derrière sa serviette de table.
BARTHOLOMEUS ♦ Oui, Mon Lord. Je crois que je pourrai faire ça si vous me le demandiez » réalise le gamin, malgré le dégoût que la vision de tout ce sang quittant le corps de Grand-Père lui a inspiré.
VOLDEMORT ♦ Parfait… »
Et sur ce simple mot, il a ce geste. Ce geste merveilleux qui des années plus tard encore fera vibrer Bartholomeus devenu simplement Dante Moriarty. Le Lord étend son bras et sa main crochue se pose une seconde sur le sommet de son crâne, comme pour le bénir. Tout son corps s’électrise, son cœur bondit hors de sa poitrine, passant par sa gorge qu’il bloque, lui coupant toute possibilité de reprendre son souffle.
Tous les convives retiennent également leur souffle et puis tout à coup, le temps qui semblait s’être figé reprend sa course et tout le monde respire à nouveau. Quelque chose vient de se passer et l’atmosphère se modifie immédiatement pour devenir moins tendu. Un homme que Barth a croisé une ou deux fois mais dont le nom ne lui revient pas bondit sur ses pieds et lève sa coupe.
SORCIER ♦ Longue vie à Lord Voldemort ! » scande-t-il, bientôt imité par tous les sorciers attablés.
Bartholomeus voudrait crier lui aussi mais sa gorge reste nouée. De toute façon, deux mains viennent de se refermer sur ses épaules et on l’entraine déjà vers la sortie. Il tente de résister mais la poigne de Veruka, sa mère, se fait douloureuse tandis qu’elle l’éloigne d’un pas pressé. Une fois dans l’entrée, elle l’immobilise, l’oblige à faire volte face et le soulève tout à coup du sol pour le serrer contre son corps tremblant et reprendre sa course vers les étages. Intrigué par ce comportement mais encore sous le choc de son face à face avec le Lord, il se laisse faire, ses bras étroitement refermés autour du cou de sa mère pendant que son regard se porte vers la flaque rosâtre sous les pieds de Pig qui s’acharne à récurer le sol.
Les choses ont changé, il le sent. Il sent surtout que lui a changé. Il est devenu un homme aujourd’hui... Mais s’il est un homme, comment se fait-il qu’il se sente si petit et fragile, qu’il ait envie de pleurer comme un enfant dans les bras de sa mère qui, pour sa part, se laisse aller sans se poser de questions ? Bartholomeus réalise alors seulement qu’il est un homme terrifié. Un homme terrifié par un avenir incertain qui lui échappe. Un avenir sans son cher Grand-Père. Tout s’est passé trop vite et il se sent perdu à présent. Perdu et désespérément seul au monde.
Malgré tout, il n’arrive pas à pleurer. Il essaiera en vain durant de longues heures sans y parvenir. Il ne pleurera plus jamais. Les hommes ne pleurent pas.