La vague de chaleur que Charlie avait ressentie au creux de son estomac en apercevant le visage de son petit-ami s’était bien vite estompée. Maintenant son estomac était plutôt noué et lourd et le sourire qu’elle continuait d’afficher vaille que vaille n’était pas des plus sincère, mais c’était pour donner le change. Le voir si pâle, allongé dans son lit d’hôpital, tout seul dans sa chambre, ça lui ruinait le peu de morale qu’elle avait réussit à garder jusque là. Elle se sentait frustrée et mal à l’aise. L’ambiance hospitalière n’y était pas pour rien, mais c’était principalement la toute petite mine de Sam qu’il lui était difficile d’encaisser, lui qui avait toujours l’air si robuste et solide, impassible.

La jeune femme garda sa main dans la sienne et s’assit sur le rebord du lit aux draps immaculés avant de poser sa seconde main sur la poitrine du garçon. Si les circonstances n’avaient pas été aussi graves, elle aurait sans doute bien rit de sa dernière remarque. Pourtant elle se contenta d’élargir un peu ce sourire forcé qu’elle continuait d’afficher.

« Même en pleine forme, j’te vois mal faire du footing » blagua-t-elle en retour sans grande joie.

Elle poussa un lourd soupir pour tenter de se défaire du poids sur sa poitrine, mais ce ne fut pas des plus concluants. Charlie se pencha tout de même en avant pour déposer un baiser sur les lèvres du jeune homme et replacer l’une ou l’autre de ses mèches blondes sur son front.
Après un raclement de gorge, elle reprit :

« Désolée de ne pas être venue plus tôt. Aidan et Julie sont venus me prévenir hier soir, juste après votre départ. J’voulais pas les laisser tout seuls et… j’pense qu’ils n’avaient pas très envie de rester tout seuls non plus alors… j’ai passé la nuit chez vous avec eux en attendant des nouvelles » elle haussa une épaule « J’ai fais un peu… de ménage dans la cuisine… » expliqua-t-elle sans entrain.

Et par ménage elle voulait bien sur dire « j’ai lavé ton sang sur le carrelage de la cuisine », mais elle ne se sentait vraiment pas le courage de le lui expliquer avec ces mots-là. Ca avait certainement été le moment le plus pénible de la nuit. Le simple fait d’y repenser lui levait encore un peu l’estomac

« J’suis rentrée chez moi ce matin pour dormir un peu. J’me suis dit qu’après tout ça tu devais sûrement en faire autant »

Même s’il avait plutôt la tronche du type en manque de sommeil depuis trois semaines…
La jeune femme ouvrit la bouche pour reprendre, mais se ravisa au dernier moment, préférant transformer ça en un nouveau soupir un peu dépité. Elle mourrait d’envie de lui lancer un « Bon, maintenant j’aimerai bien que tu m’explique une bonne fois pour toutes qu’est-ce que c’est que tout ce bordel » mais vu son état et ce qu’il venait de vivre, elle se sentait coupable rien qu’à l’idée de lâcher une phrase pareille. Tiraillée, elle hésita encore quelques secondes.

« Donc… les muffins de Lucy Redd, hm ? J’suppose que tous tes frangins doivent déjà être entrain d’établir le plan d’attaque de votre prochaine riposte dans la cafète de l’hôpital… j’me demande c’qu’ils vont bien pouvoir inventer cette fois-ci… vous pourriez peut-être chopper Clyde et… je sais pas moi. Le scalper par exemple ? … et puis clouer son salpe sur la porte d’entrée de chez son frère. Aahron est dans la construction non ? Peut-être qu’il devrait vous maçonner un bunker » dit-elle d’un ton tendu qu’elle voulait pourtant détendu mais sans y parvenir.

Puis elle haussa les sourcils et les épaules l’air de dire « bonne idée tu ne trouve pas mon ange ? »

Une exclamation désabusée franchit ses lèvres pleines et ses grands yeux noisette se levèrent au plafond d’un blanc immaculé l’espace de quelques instants. La jeune caissière devait lutter pour ne pas les laisser se remplir de larmes. Elle ne tenait pas à avoir l’air encore plus idiote que maintenant en jouant les stupides petites pleureuses. Ca n’était de toute façon pas son genre, même si elle restait quelqu’un de sensible. Seulement c’était tellement, tellement typique comme réaction. Tellement masculin aussi. Tellement « l’Histoire de sa vie ». Cette triste constatation la rendait aigre et l’obligeait à rapidement faire le bilan. Un bilan pitoyable, vraiment.

Depuis qu’ils étaient là, Grayson ressemblait à un champ de bataille. Des bagarres, des accusations, des accidents qui n’en n’étaient pas, des suspicions, des quand dira-t-on, des regards chargés de haine, et même des explosions, sans oublier d’autres faits inexplicables, comme ce qui s’était passé à l’épicerie qui continuait de la tourmenter depuis. Seulement elle n’avait pas le droit aux questions, ni aux ressentiments, et lorsqu’elle se l’octroyait quand même, on lui signalait clairement qu’elle allait trop loin et qu’elle n’avait pas son mot à dire. Ca n’était jamais le moment, jamais l’endroit. Elle devait se contenter de ce que les quatre frères Donnelly voulaient bien lui donner. Elle devait jouer les petite-amie agréable pour Sam, la bonne copine pleine d’écoute pour Aidan, et le fantôme pour les deux autres. Quant au reste du village, il ne fallait même pas en parler. Elle avait passé sa vie en tant qu’outsider, maintenant elle était clairement passée au rang de paria. Personne n’approuvait sa relation avec Samuel, pas même Elizabeth, et encore moins Colleen. Sa meilleure amie le lui avait clairement fait comprendre ce matin même.
Résultat, il y avait effectivement deux camps au village, et elle ne faisait partie d’aucun des deux. Elle était toute seule au milieu, et la solitude commençait à peser très lourd.

« C’que tu as envie d’entendre… » répéta-t-elle d’un ton morne, la gorge serrée, son regard perdu dans le vague « Je vois. J’suis quoi moi alors ?... Je dois faire quoi ?... Jouer les petites poupées sans avis ? C’est comme ça que tu me préfère ? Quand je fais la cruche ? » elle haussa les sourcils d’un air désabusé « Ok, Sam… si c’est ce que tu as envie d’entendre allons-y »

Elle replaça une mèche de cheveux sombres derrière son oreille et poussa un faible soupir fataliste.

« Donc… puisque je ne peux pas ni poser la moindre question, ni avoir le moindre avis, ni me sentir inquiète, ou mise en danger, ou prise pour une idiote soumise des années 60… de quoi tu veux qu’on parle mon chéri ? Du Super bowl ? … de cinéma ? Tu veux que je te raconte ma journée de boulot ? Ca ne va pas être possible parce que j’ai du prendre congé aujourd’hui… tu veux qu’on baise peut-être ? C’est à peu près tout ce qu’il nous reste à faire… »

Et peut-être que c’était tout ce qui l’intéressait chez elle après tout.

Des lustres qu’elle tannait pour connaître leurs petits secrets ?! Quel culot celui-là ! Ca faisait des semaines qu’elle se faisait le plus discrète possible, qu’elle laissait tout passer, qu’elle se contentait de subir sans poser trop de question en espérant que ça vienne de lui, en espérant le mettre justement assez en confiance pour qu’il se mette à table tout seul. Et à l’entendre, Monsieur lui faisait une grande faveur en cédant enfin à ses caprices imaginaires de curieuse ! Elle avait mordu sur sa chic bravement en essayant de se faire la plus petite possible et à l’en croire, elle l’avait pratiquement harcelé ! C’était vraiment le monde à l’envers ! Et en plus il avait le toupet de la gratifier d’une bonne grosse feinte bien machiste. La jeune femme devait se retenir pour ne pas tenter de l’étouffer avec son oreiller. Elle ne se priva pourtant pas d’afficher une moue réprobatrice, voir dépitée.

Parfois, la jeune caissière aurait aimé avoir été dotée de pouvoirs magiques, ou simplement de la faculté de se mettre dans la peau d’un autre ne serait-ce que cinq minutes. Car pour le moment, Charlie se demandait sincèrement de quelle manière son petit-ami la percevait. Après tout ils n’étaient ensemble que depuis deux tout petits mois, ça n’était pas grand-chose ne terme de relation, et la leur n’était pas la plus sincère qui soit, comme en témoignait la conversation qu’ils avaient pour l’instant.
Une chose était certaine, Sam n’était pas un habitué des relations à long terme. Il le lui avait déjà confié, du moins, il l’avait fait comprendre à demi-mots une ou deux fois, car le grand blond n’était pas du style à s’étendre sur quoi que ce soit. Tout ça pour dire que parfois, elle avait la désagréable impression qu’il avait du mal à la capter. Dans le sens où il n’avait pas encore compris certains aspects de sa personnalité. C’était normal pour un début de relation, ça n’en n’était pas moins frustrant.

Retenant un soupir de frustration, elle replaça machinalement ses cheveux sombres derrière ses oreilles.

« Dis-donc, tu crois vraiment que je t’ai attendu pour être prête à tout laisser derrière moi et me tirer d’ici ? J’ai pas eu besoin de te connaître pour ça j’te signal. Je l’ai déjà fais au moins cinq ou six fois, je t’ai expliqué tout ça il me semble. Des fois j’ai l’impression que tu crois que j’suis en sucre ou… j’sais pas, totalement idiote ! Et laisse-moi bien te dire que si toi t’es pas un bavard, c’est pas le cas d’Aidan. Tu crois que j’sais pas du tout ce qui se passe ? J’connais pas les détails, mais les grandes lignes sont plutôt faciles à capter, c’est pas comme si vous étiez super discret ok ? C’est même plutôt le contraire ! » s’exclama-t-elle en désignant le lit dans le quel il était étendu.

Enfin quoi ! Tout le village savait pourquoi ils étaient là, et si tout le monde faisait comme si de rien n’était, ça n’empêchait pas les trois quart des habitants de ne pas être dupe ! Surtout elle qui les côtoyait de plus près !

« T’es vraiment naze Samuel, tu pige rien ! C’est pas vos petits secrets débiles qui me font râler, tu peux t’les garder ! Vous voulez venger vos parents, ok ! Vous voulez faire la guerre aux Redd ? Faites-donc ça ! Mais si vous pouviez éviter de laisser Allie prendre des leçons de cuisine avec Lucy ça serait pas mal. J’te jure, mais quelle idée totalement débile ! » articula-t-elle sans cesser de s’étonner d’une telle bêtise « Et toi, franchement ! T’enfourner des muffins cuisinés par la femme du type qui aurait apparemment tué tes parents… j’veux dire… allo ?! Y’a quelqu’un là-dedans ? » cracha la caissière en venant tapoter sa propre tempe de son index « Si tu veux éviter d’me faire peur, commencez tous par vous acheter un cerveau les Donnelly ! Parce que jusqu’à maintenant, c’qui me fais vraiment peur Sam, c’est que vous êtes vraiment pas doué pour les vendettas »

Voilà qui était dit.

Charlie avait levé ses yeux chocolat au plafond lorsque les mots ‘cancer’ et ‘cirrhose’ avaient été prononcé. Même dans ce genre de situation son petit-ami réussissait à rappeler qu’il était un fêtard rebelle à la vie dissolue. Typiquement masculin !
Une pointe d’agacement se fit à nouveau sentir lorsqu’il enchaina en lançant comme si c’était son idée qu’il allait éviter d’ingérer quoi que ce soit estampillé ‘made by Redd’. Elle venait de lui suggéré l’exacte même chose deux petites minutes auparavant mais Monsieur n’avait pas eu l’air enchanté de se l’entendre dire.

Bon… il était vrai qu’elle ne le lui avait pas suggéré avec douceur et que empoisonnement ou pas, cirrhose ou pas, ce qu’il venait de vivre était effrayant, et surtout très fatiguant. Logique qu’on n’ait pas envie d’entendre sa copine pousser une gueulante après une expérience de ce genre, même si Charlie continuait de penser que c’était absolument et totalement justifier. Sauf que ça pourrait peut-être attendre un peu. Qu’il sorte de l’hôpital par exemple. C’est pourquoi elle se laissa faire sans broncher lorsqu’il se saisit de sa main pour la porter à ses lèvres.

Était-il aussi doux avec elle pour se faire pardonner ou parce que lui-même avait besoin de douceur ? Difficile à dire, sûrement était-ce un peu des deux.
La jeune femme mit quelques courts instants avant de répliquer à la dernière question de Samuel. Elle l’observa d’abord dans un mélange d’attendrissement et de suspicion. Cet espèce de manipulateur à deux balles avait gagné, comment pouvait-elle reprendre là où elle s’était arrêtée maintenant qu’il la regardait avec ces yeux là. Qui donc aurait pu résister à ses deux petites billes bleues rendues humides et cernées par la fatigue ?

Dans un bref soupir, elle laissa ses lèvres pleines s’étirer en un très faible sourire. D’un mouvement des hanches, elle se déplaça sur le bord du lit où elle était installée pour se rapprocher du jeune homme et poser son autre main sur l’avant bras du garçon. C’était un contacte qui la rassurait toujours. Elle adorait sentir sous ses doigts la peau tendue par les muscles. Ca lui donnait toujours une impression de force qui la rassurait et qui chassait les inquiétudes qu’elle éprouvait trop souvent à son égard. Ca lui donnait surtout la stupide illusion qu’il était trop fort et trop sur de lui pour qu’il lui arrive quoi que ce soit de vraiment dangereux. Faux ! Totalement faux ! Elle en avait la preuve ici, sous les yeux.
Charlie soupira à nouveau et l’air trembla sous sa gorge à cause de quelques vagues sanglots coincés dans sa gorge et qui y resteraient. Elle n’était pas spécialement une pleureuse, et puisqu’il était sortit d’affaire, il n’y avait donc pas lieu de pleurnicher, même si la petite gamine amoureuse qui sommeillait en elle en avait bien envie.

« Les deux ! » trancha-t-elle finalement sur un ton qu’elle essaya de rendre sévère, sans grand résultat « Crois pas être tiré d’affaire comme ça Donnelly. Un de ces jours… »

Elle ne termina pas sa phrase. Le ton d’avertissement le faisait pour elle. Un de ces jours, ils reprendraient cette discussion, et cette fois là, ce serait elle qui aurait gain de cause, qu’il le veuille ou non. Mais pas cette fois. Cette fois, elle allait simplement rester là jusqu’à ce qu’il s’endorme, et sûrement resterait-elle là encore un moment lorsque ce serait le cas.
Son visage adopta une expression moins tiraillée, et d’un geste un rien nerveux mais attentionné, elle vint dégager son front de l’une des grandes mèches blondes qui l’encombrait, comme elle aimait à le faire.

« Bref » conclu-t-elle dans un soupir qui boucla l’affaire et qui signifiait qu’elle passait à autre chose « … tu as faim ? Est-ce que les Docteurs ont dit si ça allait t’empêcher de manger ou pas ? J’veux dire… ce sang venait bien de quelque part » hésita Charlie en se remémorant une fois de plus le désagréable souvenir de la flaque d’hémoglobine au milieu de la cuisine des Donnelly…

Un peu trop tôt pour déconner en effet. Tout ce que Charlie aurait pu lui décrocher pour le moment, c’était un vague sourire qui disait ‘je me force’. Inutile de faire semblant, il connaissait déjà ce genre de sourire alors pourquoi se donner cette peine si de toute manière il pouvait voir que ça n’était pas sincère ? Du coup elle n’esquissa qu’un rictus faible qui disait plutôt ‘pas d’humeur mon lapin’.

Par contre, l’idée de s’allonger contre lui, ça c’était autre chose. Cette nuit durant l’attente interminable de nouvelles concernant l’état de santé de Sam, elle avait eu le temps de laisser son esprit envisager les pires scénarios, de se poser les pires questions. Elle avait du donner l’image de l’adulte raisonnable et tempérée pour rassurer les deux petits jeunes qui poireautaient avec elle, mais intérieurement, la paranoïa lui avait liquéfié le cerveau.
Elle avait envisagé le pire, et elle s’était justement demandé si elle pourrait encore un jour s’allonger de cette manière à côté de lui. Elle avait envisagé le drame en gros, le pire, tout en se disant ‘mais non ma fille, tout va bien se passer, arrêter de paniquer on dirait Colleen !’

Charlie vint donc le rejoindre de bon cœur, laissant tout de même ses bottines en dehors du matelas, pour ne pas se faire engueuler par une infirmière si jamais ils étaient surpris. Elle calla son épaule entre son buste et le bras qu’il lui avait tendu, et posa sa tête au cœur de son épaule, une main sur son torse. Parfaitement emboité, c’était merveilleux. Comme si le corps de Sam avait été prévu et taillé exprès rien que pour elle par un genre d’entité magique qui avait vachement l’œil question proportions.
Cette pensée lui arracha tout de même un sourire et l’anxiété éprouvée jusque là s’évapora un peu. Elle se sentait plus soulagée qu’autre chose à présent.

Elle laissa passer une petite minute sans rien dire, histoire d’apprécier l’instant comme il se devait, puis releva ses yeux noisette sur le jeune homme et ébaucha un rictus indéchiffrable.

« Si ça peut te consoler, Logan Redd avait encore une pire tronche que la tienne » dit-elle en songeant qu’il était forcément au courant de la dérouillé qu’Aahron avait mit au jeune comptable « Et il a une côte cassée alors tu seras quand même sur pied avant lui »

Comment ça gonflée ? M’enfin c’était le monde à l’envers cette conversation ! Pour qui se prenait-il à la fin ? Pour le coup il réagissait en vrai de vrai Donnelly ! Buté, qui ne comprend qu’a moitié et s’emballe sur un détail en ratant le vrai message.

« De quoi ‘gonflée’ ? Evidemment que non j’me fiche pas de Logan Redd. Dans le sens où… enfin tu vois ? J’me fiche de personne ! J’ai quand même grandis avec lui et on a presque le même âge, j’lui ai jamais vraiment causé mais il fait partie de mon décor depuis toujours et Colleen l’adore. Va savoir pourquoi !? Mais elle l’adore, qu’est-ce que je peux y faire ? J’ai pas choisi de me retrouver le cul entre deux chaises d’accord ? M’enfin bref, là n’est pas la question, que ça soit Logan ou un autre, j’suis pas d’accord. Personne ne devrait se faire tabassé de cette manière. Logan aurait jamais du frapper Aidan, mais c’est vrai ce que je te dis, c’est suite à ça que ton frère la rossé. Aahron l’a dit à Logan qui l’a dit à Colleen, et Colleen me l’a dit ce matin. Sauf que c’est débile ! En vengeant un de ses frères il en envois un autre à l’hôpital. Et le plus souvent c’est ce qui se passe quand tu tabasse un type aussi fort ! Parce que le type en question à forcément soit un frère, soit un cousin pour en remettre un couche par la suite… ou la femme d’un cousin qui empoisonne des muffins… aussi taré que ça puisse paraître » ajouta-t-elle d’un sourcil arqué.

C’est vrai que cette histoire en particulier prenait bien plus d’ampleur qu’une simple petite vengeance après un affrontement…
Ca avait tout de même commencé par des allégations de meurtre, et depuis, les histoires les plus acadabrantesques s’enchainaient mais ne se ressemblaient guère. Plus ça allait, et plus ils mettaient la barre haut. Maintenant ils avaient droit à l’empoisonnement, mais de quel genre d’horreur serait faite la suite ?...

« Et bref… le type qui s’est fait empoisonnés aujourd’hui à trois frères, et j’aimerai bien que les frères de ce type restent un peu tranquille, parce que ce type-là, c’est le mien, et que tu ne peux pas m’en vouloir d’être inquiète Sam » reprit-elle d’une petite moue désolée.

Elle vint coucher sa tête contre son torse pour laisser ses prunelles chocolat s’évader par la fenêtre.

« J’veux pas que tu me dise ‘je crois’ quand on cause de meurtre et j’veux pas que t’arrête de croire à la thèse de l’accident. J’veux pas que ce soit pas un accident… » admit-elle d’un gros soupir lourd.

Parce que ça voudrait dire que si les Redd étaient vraiment coupable, alors ce type qu’elle avait dans les bras était bel et bien en danger, et pas seulement à l’hôpital après un excès de muffins mal cuisinés…