01. Let's go out for old time's sake [Allie & Isaac]

Je fermai le robinet pour arrêter l'eau de la douche et passai une main sur mon visage pour dégager mes yeux du mince filet qui persistait à m'asperger. Quittant la cabine, je pris une serviette pour me sécher, tandis que de fines gouttelettes filèrent à toute allure vers le sol en glissant le long de mon buste et de mes jambes. Une fois sec, j'enfilai un caleçon et éteignis toutes les lumières de la pièce avant de refermer la porte derrière moi. Il m'était impossible de me rétracter maintenant, c'était le moment de revenir dans cette chambre et de m'expliquer.

Je tournai délicatement la poignée et entrai sans faire de bruit. Allie était couchée, les couvertures à moitié sur elle, la tête tournée vers le côté mur. Je ne distinguais pas ses paupières d'ici, mais j'étais persuadé qu'elle ne dormait pas, elle faisait semblant. Je m'approchai doucement et m'assis de mon côté du lit, elle était dos à moi dans cette position. Je posai une de mes mains à hauteur de son ventre, de l'autre côté d'elle pour la surplomber et déposai un baiser sur son épaule dénudée.

« Faut qu'on parle, bébé. A moins que tu préfères directement passer à la partie réconciliation... »

suggérai-je pour tenter de plaisanter un peu et détendre l'atmosphère.

J'avais gardé mon menton appuyé sur son épaule, ne le délogeant que lorsqu'elle daigna bouger pour me faire face. Je me redressai alors pour lui laisser un peu d'espace. Elle avait l'air d'avoir beaucoup pleurer, ses yeux étaient légèrement rougis et si elle ne s'était pas démaquillée, elle aurait sûrement eu des traces de maquillage sur les joues. Je baissai le regard, ça n'avait vraiment pas été mon intention de lui faire du mal. Au contraire, j'étais parti pour éviter d'empirer les choses par mon comportement catatonique et déplacé. Je n'avais pas eu les idées claires sur le coup, je n'avais pas eu le temps de faire le point.

« Désolé d'être parti. Je voulais pas que ça se passe mal comme ça. »

Je ne savais pas si elle comptait réagir violemment, mais avant qu'elle ne remonte sur ses grands chevaux, mieux valait s'excuser et lui exposer les faits. Je devais lui faire part de ma décision, de mes craintes et l'écouter ensuite. Il fallait que je fasse attention à ce qu'elle voulait, ce dont elle avait besoin. Il était temps qu'on reprenne les choses où nous les avions laissé à la mort de mes parents.

« On a des suppositions...Mais rien de concret. Si tu me laisses te raconter ce qui s'est passé au garage ce matin, tu pourras me dire que je suis dingue et que je m'emballe pour un rien si tu veux. Mais c'est pas des conneries, j'ai vraiment peur qu'il finisse par t'arriver quelque chose si tu restes ici. Je t'obligerai pas à rentrer à Cleveland, c'est à toi de décider. Si ça se trouve c'est pas grand chose finalement, j'en sais rien. »

Je marquai une pause pour qu'elle assimile ce brusque retournement de situation. Peut-être qu'elle me dirait d'aller me faire foutre et qu'elle ne voulait rien savoir. Ou peut-être qu'elle comprendrait enfin que ce n'était pas une excuse de la renvoyer à Cleveland pour ne pas vouloir du bébé. Mon regard dévia sur la commode où nous avions rangés partiellement nos affaires, surtout les vêtements. J'allais d'abord lui faire part de notre entretien avec Nathaniel avant de lui parler de ce qu'il y avait dans le troisième tiroir en partant du haut. Mes yeux se reposèrent sur elle, attendant un signe quelconque, une autorisation d'aller plus loin dans mon explication.

« Niveau réconciliation, tu peux te gratter pour le moment, je suis hors de moi, tu t'es barré comme un voleur ! Comme un voleur tu m'entends ? Tu peux vivement remercier ton frère crois-moi ! Dire qu'il a 19 ans et c'est lui qui est resté avec moi toute la soirée ! »

« J'ai pas fini ! J'ai vraiment failli me casser d'ici, mais maintenant que tu es revenu, j'espère pour plus de cinq minutes, je vais t'annoncer, mon cher, que je reste ici ! Et je t'annonce par la même, officiellement cette fois, que tu vas être papa. »

« Je tiens quand même à te signaler que je suis ravie que tu me dises enfin ce qu'on fou ici, donc maintenant je t'écoute Donnelly. »

Comme un voleur...C'était bien le mot. Un pic de culpabilité m'assaillit soudainement et mes épaules retombèrent un peu comme pour me faire tout petit. Je baissais les yeux, cette Allie hors d'elle me faisait peur au fond. Je fis un mouvement vers elle avant de me rétracter, et relevai les yeux pour lui répondre.

« Je sais, c'était vraiment pas bien. Je m'en veux, je te jure. Mais la discussion ne menait nulle part. »

dis-je pour essayer de me justifier.

Elle reprit sur le même ton, m'annonçant qu'elle avait bien failli se tirer d'ici sans un au revoir. Je ne l'aurais certainement plus jamais revu de ma vie et elle aurait emmené mon bébé avec elle ! J'avais envie de me frapper tellement j'avais pu être con. Bien sûr, je ne le fis pas, j'allais paraître assez dingue comme ça lorsque je lui ferais part de mes craintes et de ma solution à celles-ci.
Ma fiancée m'annonça ensuite qu'elle restait ici, que je n'avais pas vraiment mon mot à dire là-dessus et que j'allais être officiellement papa. Je fronçai les sourcils, ne voyant pas vraiment où elle voulait en venir avec « officiellement ». Elle venait de me le dire il y a deux heures à peine, non ?

« Je sais que je vais être papa ...Ne me dis pas que t'as pensé à ... »

Je reculai ma tête de quelques centimètres sous le coup de la surprise, ne voulant même pas imaginer ce à quoi elle avait pu pensé. Mon expression traduisait pourtant clairement mon idée, autrement dit « avortement ». Elle avait cru que je ne voulais pas de ce bébé, elle avait dû forcément hésiter à s'en débarrasser alors. C'était si...cruel, non pas que je lui jette la pierre. C'était ma faute, avec mes foutus plans et cette histoire. Et d'être parti ainsi n'avait certainement pas arrangé le démêlement de ses conclusions. Je soupirai, secouai doucement la tête. Je me repris, me rapprochant un peu plus d'elle et posant ma main sur sa joue en accrochant son regard.

« Allie comment tu peux croire que je ne veux pas de ce bébé avec toi ? »

Je penchai doucement ma tête sur le côté tout en continuant de lui caresser la tempe avec tendresse. Un sourire en coin se dessina même sur mes lèvres au fur et à mesure.

« Je t'ai demandé de m'épouser non ? Ça veut bien dire que je veux te supporter jusqu'à la fin de ma vie. Et ça comprend avoir des enfants. Et vieillir. »

Je fis mine de réfléchir, les rides d'expression de mon front se plissant légèrement pour cela. Mon regard se perdit vers le plafond d'un blanc plus si immaculé que ça.

« Tu me laisseras avoir une maîtresse quand tu seras ménopausée ? »

J'attendais qu'elle me frappe pour me faire oublier rapidement cette idée. Je ris d'ailleurs lorsque le courroux se fit sentir, et en profitai pour lui voler un baiser en la ramenant contre moi grâce à un bras autour de ses épaules. Mon autre main se posa sur son ventre, le plus délicatement possible comme si j'avais peur de lui faire du mal.

« Plus sérieusement. J'aime déjà ce petit Donnelly. Et tu vas faire une super maman. »

Elle se mit en tailleur et croisa les bras, attendant à présent que je lui fasse part de notre escapade du matin et de tout ce qui me tracassait à propos du meurtre - lapsus, je voulais dire accident - de mes parents. Je pris une profonde inspiration, la relâchai de mon étreinte et me mis face à elle en m'allongeant sur mon séant, les jambes à moitié dans le vide.

« On est donc allés au garage d'un certain Nathaniel Redd ce matin. Ça nous paraissait logique de commencer par là, puisque comme tu sais la voiture a été repêchée. On s'est dits qu'il y a dû y avoir une défaillance technique, que le garagiste qui leur avait réparé la Ford avait merdé quelque part. On lui a posé des questions...mais ça s'est pas vraiment bien passé. On était peut-être un tout petit peu sur les nerfs, il s'est senti offensé et Aahron a presque failli lui mettre son poing dans la tronche. J'aurais bien aimé, parce que ce mec est...Enfin, ça n'aurait pas aidé à l'enquête. Sam' a même dû intervenir pour calmer le jeu. J'avais déjà essayé en les entraînant tous à l'extérieur pour rentrer à la maison, mais Aahron a préféré y retourner et tirer ça au clair. Finalement on a pas eu de réponses supplémentaires. En apparence, ils sont innocents. »

Je haussai les épaules.

« Mais Allie, ce type était vraiment...Il y avait quelque chose de malsain chez lui. Ça se voyait partout sur sa tronche, dans ses yeux. Il ment. Je dis pas qu'il a saboté la voiture, mais y a quelque chose de louche, j'en suis sûr. Il cache quelque chose. T'aurais vu son sourire...Et le pire ça a été quand Aidan s'en est mêlé. Il a vraiment disjoncté, ça a failli très mal tourné. Ce mec a dit des trucs...vraiment bizarres. Comme s'il connaissait Aidan. Je sais que le gamin a flippé, même s'il préférerait crever plutôt que de l'avouer. »

Je secouai doucement la tête de droite à gauche, revoyant la scène devant mes yeux comme si elle prenait effectivement place. Je n'avais pas osé aborder le sujet toute à l'heure. Je voulais qu'il vienne de lui-même me parler de ses rêves, et peut-être de ce que ce Nathaniel avait à voir avec ça. Mais s'il décidait d'éviter encore une fois l'échéance, il me faudrait le pousser. Ça ne pouvait pas continuer comme ça, le manque de sommeil ou son sommeil étrange lui-même allait finir par le tuer. Il paraissait plus fatigué de jour en jour, et ça influait sur son moral. Qu'il boit de temps en temps, d'accord. Qu'il se sente obligé de boire pour pouvoir dormir tranquillement, c'était tout à fait hors de question.

« L'état d'Aidan m'inquiète vraiment. J'aimerais qu'il puisse m'en parler. Mais il a l'air de prendre tout ça sur lui. »

Je soupirai et attrapai la main d'Allie pour la serrer dans la mienne.

« Ce qui m'inquiète aussi, c'est que si j'ai raison, ce Nathaniel a vraiment un gros problème dans sa tête, et c'est certainement pas le seul dans ce trou de ploucs. Et toi t'es là au milieu de toute cette merde, avec notre bébé en plus. J'ai peur qu'ils s'en prennent à toi. Parce qu'il faut dire ce qu'il est, on est pas vraiment les bienvenus ici. Et j'ai peur que un jour ou l'autre, ils débarquent ici et vous fassent du mal. »

Je lâchai sa main et me levai. Je me dirigeai vers la commode et ouvris le troisième tiroir en partant du haut, fouillant sous les vêtements. Mes doigts entrèrent en contact avec un métal gris et froid. Je le sortis sans le prendre en mains, pour ne pas qu'elle sursaute. Je comptais pas utiliser ce truc de toutes façons, pas pour l'instant. Je me tournai vers elle et lui désignai du menton, puis observai sa réaction avant de reprendre.

« C'était à papa. Un magnum calibre 44. C'est au cas où. Si tu te sens en danger, et que tu es seule. Mais j'espère que je n'aurais plus à te laisser seule, et si ça arrive, crois-moi que ça sera pas mon choix. »

Je marquai une pause, restant immobile.

« Tu sais tirer ? »

« A propos d'Aidan... il faut pas le pousser, vraiment pas... »

« S'il veut en parler il le fera, on a beaucoup discuté tous les deux cet après-midi... et dès que j'effleure le sujet, il fait l'huître. Je sais ce que tu vas dire, je ne suis pas son frère mais on est très proche tous les deux et quand il voudra en parler, il le fera. Pour le moment ça sort pas... Et il dort plus du tout, il s'empêche de dormir à cause des cauchemars, c'est de pire en pire ! Tu crois qu'on devrait... enfin tu sais, un petit somnifère... »

« Et t'inquiète pas pour moi, je sais me défendre, et pour le moment on en est pas là, on vient d'arriver, alors on devrait pas imagine le pire ! Tu comprends ? Si je peux vous aider à savoir ce qu'il s'est passé, je le ferais tu sais... »

« Je euh, oui je crois. Tu penses sérieusement avoir besoin de ça ici ? »

« Je ne vais pas te hurler dessus pour ça, je suis d'accord pour qu'on le garde mais jure moi, jure moi de ne pas en parler aux garçons ! Surtout pas à Aidan ! »

« S'il te plaît Isaac. »

Allie et Aidan étaient proches, tout le monde le savait. Surtout depuis qu'il avait emménagé avec nous. Je n'avais pas la prétention de jouer les parents de substitution, c'était bien trop nous demander. Et puis le gamin n'apprécierait sûrement pas tant que ça non plus. Mais il avait sa famille autour de lui, c'est ça qui était important. A 19 ans, on est pas forcément prêt pour être laisser tout seul dans ce monde parfois obscur. Alors on était ensemble et on lui apportait ce don il avait besoin, sans pour autant exercer trop d'autorité sur lui. Lui faire avaler des comprimés pour qu'il dorme enfin ? A moins qu'il ne vienne m'en demander lui-même, ce n'était pas la solution. Il fallait qu'il en parle, qu'on réfléchisse, qu'on le rassure. Et peut-être après on envisagerait les médicaments. Allie serra plus fort ma main. Je savais qu'elle s'inquiétait beaucoup pour lui.

« Je crois pas qu'il réagirait très bien en se rendant compte qu'on lui a glissé des cachets dans son steak. Il faut qu'il parle. Mais tout ce qu'on peut faire c'est l'inciter un peu en étant là pour lui. Je veux pas le forcer non plus tu sais, mais... Il faut qu'il dorme, et bien de préférence, c'est important. »

Oui bien sûr on venait d'arriver à Grayson. On ne devrait pas voir le mal partout et avoir à se méfier de tout. Mais c'était plus fort que moi, cette sensation s'accrochait à mes tripes et me soufflait que le danger rôdait à chaque coin de rue. J'aurais préféré que ça ressemble plus à des vacances, qu'un périple au milieu de tarés, mais il n'en était pas ainsi. Logan n'était pas si mauvais par exemple, mais comment savoir s'il était inoffensif.

« Je sais que tu le ferais. Et puis tu as le droit de savoir aussi. Dorénavant je te dirais tout. Je n'ai pas envie que tu ais une mauvaise surprise. »

J'appréhendais plus que tout son expression face à l'arme. Je savais pertinemment qu'elle avait horreur de ça. Pourtant elle ne se remit pas à hurler, et même si elle n'aimait pas savoir que cet engin était là, elle ne me dit pas de m'en débarrasser. Par dessus tout, elle ne voulait pas que j'en parle aux garçons, mais ce n'était pas mon intention.

« Non bien sûr que non. Je voulais juste que tu saches que si besoin est, tu as de quoi te défendre. Mais personne ne compte s'en servir dans l'immédiat, et surtout pas moi, t'en fais pas. »

Je baissais une dernière fois les yeux sur l'arme puis la rangeai à nouveau dans le tiroir en prenant soin de la recouvrir par des vêtements. Je revins ensuite m'installer près d'elle et repris sa main dans la mienne avant d'y déposer un baiser.

« Je vais parler aux garçons bientôt. On s'y prend très mal pour avoir nos réponses. Ça ne sert à rien d'agresser les gens, et j'ai l'impression que de leur parler ne résout rien non plus. Il faut qu'on retourne au garage, quand il n'y aura personne. Qu'on fouille les registres, on y trouvera peut-être des informations. Pour le reste, il faudra aussi qu'on aille parler aux flics. Ils étaient sûrement sur les lieux. »

Je m'installai plus confortablement, mon corps s'allongea sur le matelas et ma tête vint reposer sur ses cuisses. Je relevai les yeux vers elle, hésitant quant à ce qui me passait par la tête, mais à quoi bon. Elle pourrait peut-être m'éclairer.

« Des fois j'ai l'impression qu'on a fait une connerie en venant ici, Al'... Tu crois qu'on aurait mieux fait de rester à Cleveland et de faire notre deuil comme tout le monde ? »

dis-je d'une toute petite voix.

« Je pense qu'avant toute chose, il faut qu'on se fasse connaître ici... et dans le bon sens, Donnelly. »

« Si vous entrez dans ce garage, quelqu'un s'en rendra compte et avec ce qu'il s'est passé plus tôt entre vous et ce garagiste, les coupables seront tout trouvés. Je pense donc, qu'il faut qu'on s'intègre et après les langues se délieront. Vous pouvez aller voir les flics mais je me demande si c'est utile... Je pourrais demander à Charlie déjà si elle sait des choses ! »

« Subtilité mon homme, de subtilité nous devons user ! »

« On a pas retrouvé les corps... n'importe qui voudrait être sûr à 100% que c'était bien un accident. Moi je pense que vous avez besoin de ça, et qu'on a bien fait de venir ici... après si on ne trouve rien de plus, il ne faudra pas s'accrocher, les accidents sont fréquents tu sais... Il faut rester lucide, si on trouve des choses bizarres, alors on creusera et on trouvera. Sinon, on finira par faire notre deuil, et la vie continuera. Tu vois ? »

Allie me fit part de ses plans, de la façon dont il faudrait s'y prendre selon elle. Tout d'abord se faire connaître des habitants de Grayson et dans le bon sens, et puis délier les langues petit à petit. Elle n'avait probablement pas cotôyé les bonnes personnes encore, ou les mauvaises plutôt, pour se rendre compte que l'intégration n'allait pas être facile, voire impossible. Je doutais sincèrement qu'on obtienne des réponses de cette manière, ils étaient bien trop soudés, bien trop terrés dans ce trou paumé pour faire confiance à des étrangers. Et puis il y avait cette impression qu'ils cachaient quelque chose, en général, mais aussi à propos de l'accident de nos parents. S'ils étaient responsables d'une quelconque façon dans ce qui s'était passé, alors il n'y avait aucune chance qu'ils avouent leurs crimes... Je restais pensif et finis par croiser les bras.

« Justement la subtilité. C'est bien de ça dont je parle quand je dis d'aller fouiller le garage sans que personne ne le remarque. Et puis tu te rends compte du temps qu'il va falloir pour les convaincre qu'on est là pour des vacances ? Ils se méfient. Comme nous. A ce rythme là, tu vas accoucher ici ! »

Je marquai une pause, me rappelant soudain de cette fameuse Charlie. Allie l'avait rencontré ? Je savais qu'Aidan l'avait évoqué toute à l'heure sans m'en dire plus. Je décollai légèrement la tête de ses cuisses en levant les mains en l'air, une expression d'incompréhension et frustré en plus de ça, sur le visage.

« Et puis c'est qui à la fin cette Charlie ?! »

Je laissais retomber ma tête sur ses cuisses, secouant légèrement la tête en recroisant mes bras.

« Elle est sexy au moins ? Sinon je veux pas savoir. »

Je relevai le menton pour la regarder dans les yeux, et fis une petite moue pour la provoquer.

Elle répondit ensuite à mes interrogations les plus sourdes, celles que je n'aurais osé avouer qu'à elle. Je ne me voyais pas vraiment dire aux garçons que je doutais qu'on ait fait le bon choix en venant fouiller ici. Elle trouva les bons mots pour me rassurer, je hochai d'ailleurs la tête et soupirai en guise d'acquiescement.

« Qu'est-ce que je ferais sans ma femme... »

Je me redressai légèrement sur un coude, et passai une main sa nuque pour l'attirer à moi et l'embrasser. Un sourire en coin se dessina malgré moi sur mes lèvres et me détachant à peine d'elle pour souffler quelques mots, une lueur malicieuse était venue éclairer mes pupilles.

« On peut passer à la phase physique de la réconciliation maintenant ? »

demandai-je sans la lâcher, mon regard ne pouvant s'empêcher à cet instant de faire la navette entre ses yeux et ses lèvres dans un air de tentation.

« Ouai elle est sexy mais c'est pas ton problème vieux satyre ! »

« Et non je ne compte pas accoucher ici, d'ici huit mois si on est pas parti, y'a vraiment un problème. Je compte accoucher dans un vrai hôpital entouré de tout le monde dont mes collègues sages-femme que je devrais appeler d'ailleurs ! On va avoir un bébé c'est dingue ! »

« D'abord on est pas marié, je suis toujours ta fiancée, pas ta femme ! Ensuite, tu ne peux pas dire que d'autres filles sont sexy sinon je vais mater tout ce qui bouge, et t'auras les commentaires et tout ! »

« Et qu'est-ce qui te dit qu'il va y avoir phase physique hein ? T'as pas été trop gentil aujourd'hui, en plus je suis enceinte... La vie n'est pas si simple Donnelly... »

« Euh t'es sur mes jambes là... »

Mon sourire s'élargit alors qu'elle n'en revenait pas qu'on allait être parents. J'ai dis parents, pas de bons. J'en étais pas encore certain ça. Allie ferait une merveilleuse maman, ça c'était sûr. J'espérais être à la hauteur de mon côté, pour elle et aussi pour ne pas avoir à passer mes vieux jours à me maudire. Évoquer l'hôpital me faisait me rappeler que j'étais toujours suspendu d'ailleurs, je priais pour que nos collègues ne me foutent pas dehors lorsqu'ils seraient temps de faire délivrer le petit Donnelly.

« D'ici là, ils voudront peut-être de nouveau de moi... Et t'as pensé à lequel de mes frères on va choisir pour être parrain ? J'oubliais qu'il allait falloir préparer plein de choses avant son arrivée... »

dis-je pensif, un index sur mes lèvres.

« T'as raison, il va falloir qu'on soit absolument rentrés bien avant. Et...il va falloir qu'on achète plus grand. »

C'était une proposition sous-jacente à vrai dire. Bien sûr qu'on vivait déjà ensemble, mais ce n'était pas pareil que de choisir vraiment un endroit ensemble, et surtout où on allait élever nos enfants. « Nos », ok là elle m'avait contaminé avec son enthousiasme hors norme. Un à la fois s'il-vous-plaît, ça sera pas mal déjà. J'étais en train de me demander si Aidan voudrait continuer la collocation, ou si on pourrait lui laisser l'appartement. Il aurait un chez-lui, et de toutes façons, on n'irait pas très loin. Il y avait tellement de choses à faire, la tête me tournait soudain.

Elle se retînt d'éclater de rire, m'expliquant que nous n'étions pas encore mariés et que les autres filles ne pouvaient pas être sexy. Je fis la moue lorsqu'elle rétorqua qu'elle aussi pouvait jouer à ce petit jeu. Je devais bien avouer que si elle s'adonnait au matage d'autres mecs, je serais atrocement jaloux. Mais ça, il ne fallait pas le dire à voix haute trop vite.

« Tant que tu ne pars pas avec l'un d'eux, moi ça me va. »

déclarai-je malicieusement en haussant les épaules.

C'était de la provocation gratuite en fait, et la réponse ne se fit pas attendre. Elle avait reculé pratiquement à l'autre bout du lit. Quoi, madame était déjà fatiguée ? Impossible.

« Je sais, j'ai été très vilain aujourd'hui, mais comme tu adores les mauvais garçons, ça ne te dérangera pas que je t'offre mes talents dans d'autres domaines. »

Je me redressai vivement en glissant au dessus d'elle alors qu'elle me faisait remarquer que j'étais encore sur ses jambes. Je déposai un baiser sur son ventre au passage avant de m'imposer au dessus d'elle, m'appuyant sur mes bras pour ne pas peser de tout mon poids sur elle.

« Et puis, t'es enceinte, pas handicapée. Tu t'imagines huit mois avec seulement un bisou de bonne nuit tous les soirs ? Tu tiendrais même pas une semaine ! »

la narguai-je pour qu'elle capitule.

Je souriais, réutilisant à mon avantage l'excuse préférée des femmes enceintes lorsqu'on les laissait de côté des activités les plus intéressantes pour leur propre bien. Elle n'y échapperait certainement pas avec cette excuse.
Je m'emparai de son cou de quelques baisers brûlants d'impatience, puis ne lui laissant même pas le temps de rétorquer, pris sa bouche en otage. Une de mes mains s'égara sur sa poitrine pour caresser ses seins, l'autre entreprit de commencer à la déshabiller. Elle cèderait bien vite, et ce n'était même pas du chantage.

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