Aidan enjamba le rebord de la baignoire et passa une serviette autour de sa taille qu’il noua distraitement. Il posa ensuite son regard délavé et hagard sur le miroir lui faisant face et fit glisser sa main humide sur sa surface lisse et froide, faisant ainsi apparaitre son pâle reflet. L’idée de cracher dessus le traversa et lui arracha un sourire. C’était tellement pathétique… tellement lui. Le grand comédien de la famille, le nombriliste invétéré, l’égocentrique de renommé familiale !
Son sourire moqueur déserta rapidement ses lèvres tandis que sa conversation avec Aahron refaisait surface dans son esprit aussi embrumé que la salle d’eau. Lui aussi en avait marre de ses propres conneries. Aidan avait envie de passer à autre chose. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, d’autant que sa mémoire lui faisait défaut et que sans une base solide, il ne pourrait pas progresser. Comment tirer parti de ses erreurs quand on ne se rappelle même pas les avoir commises ?

Le jeune homme poussa un soupir et se détourna pour terminer de se préparer, essayant à nouveau de faire le vide pour se concentrer sur Petey et ces dix minutes de sa vie qu’il avait perdues. En vain. Et ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Il s’était déjà adonné à cet exercice par le passé, après s’est réveillé sur le sol du rez-de-chaussée en compagnie d’Allie, une hache à quelques mètres de lui. Mais aujourd’hui encore il ignorait où il l’avait trouvée et pourquoi il s’en était servi pour menacer sa belle-sœur…
Il y avait aussi eu cette fois où il s’était imaginé en train de discuter avec une fille et son chien au cours de la soirée cinéma plein air. Enfin il ne l’avait pas complètement imaginée puisqu’il avait retrouvée une vieille photographie sur laquelle elle apparaissait, mais elle semblait usée et n’avait pas pu être prise ce soir-là.
L’explication la plus logique était qu’il était simplement somnambule. Après tout, chaque fois que c’était arrivé, il avait été endormi ou évanoui, ce qui revenait au même. Depuis tout petit, Aidan était sujet à ce genre de crise mais jusque là, les manifestations avaient été plutôt soft… Aujourd’hui, il venait de perdre son neveu.
Il était rongé par la culpabilité ; il n’avait même pas été capable d’exprimer ce qu’il avait pu ressentir à Aahron quand ce dernier l’avait pris à part pour qu’ils s’expliquent. En réalité, il n’avait pas seulement eu peur qu’il arrive quelque chose à Petey : il avait eu peur de lui avoir fait quelque chose.
Après le départ de ses frères, il avait fouillé l’entièreté de la maison avec frénésie sous le regard plein de jugement d’Allie. Il se sentait coupable vis-à-vis d’elle aussi mais elle n’était pas une priorité. Finalement, après avoir longuement hésité, il était allé dans le fond du jardin pour s’assurer que la terre n’avait pas été retournée là où il avait enterré la hache avec laquelle il avait menacé la fiancée d’Isaac. Heureusement, ça n’avait pas été le cas. Il ne s’en était pas senti soulagé pour autant. Une fois de retour à l’intérieur, il avait passé une bonne dizaine de minutes à tenté de forcer la serrure de la porte de la cave, en vain.
Et finalement, Samuel était rentré, bientôt suivi par ses frères et Petey qui était sain et sauf.
Si Aidan avait été soulagé, il avait très vite déchanté en voyant sa famille s’éloigner en l’abandonnant au salon. Le jeune homme s’était déjà senti seul depuis la mort de ses parents, mais jamais à ce point. C’était presque douloureux. Non, pas presque : ça l’était tout court.

Une fois rhabillé, Aidan se dirigea vers la chambre qu’il partageait avec Samuel. Ce dernier était en bas, avec les autres. Ils s’étaient tous installés devant la télévision, bien décidé à ne rien faire de productif aujourd’hui ; personne n’en avait la force de toute manière. Seule Trisha avait décidé de se bouger (certainement pour éviter Aahron plus qu’autre chose) et elle s’était éclipsée pour faire quelques courses à l’épicerie en prévision de son voyage de retour et pour la maison. Allie avait souhaité l’accompagner mais l’avocate avait décliné son offre en lui faisant comprendre qu’elle préférait être seule un moment. Aidan avait profité de son départ pour disparaitre lui aussi et aller prendre une douche rapide.
Le jeune homme se laissa tomber sur son lit simple, poussant un lourd soupir. Il contempla le plafond sale de la pièce durant un long moment, les bras en croix, essayant de se concentrer sur les battements réguliers de son cœur pour se vider l’esprit. Mais c’était bien évidemment impossible.
Déglutissant péniblement, il finit par se redresser et tendre sa main valide vers le tiroir de sa table de chevet. Il farfouilla dans son bazar un moment et finit par trouver ce qu’il cherchait. Le cadre qu’il avait pris avec lui au moment de faire sa valise. Il avait besoin de voir sa mère et c’était le seul moyen qu’il avait de le faire.
De nouveau étendu sur le lit, il le retourna pour contempler la photo qui s’y trouvait. Sauf que ce n’était pas le cas.
Les sourcils à présent froncés, il observa le cadre vide un long moment, l’information peinant à se transmettre à son cerveau. Après une dizaine de secondes, il se redressa subitement et abandonna le cadre sur son lit pour fouiller à nouveau son tiroir. Comment une photo pouvait-elle s’extraire de son cadre ?
Agacé, il finit par retirer le tiroir du meuble pour retourner son contenu sur son lit. Mais il dû bien vite se rendre à l’évidence, sa photo n’était pas ici. Aidan se leva alors pour fouiller son placard, puis le bureau qu’il partageait avec Samuel. Il défit ses draps et les jeta négligemment sur le sol avant de s’attaquer aux affaires de son frère qu’il commença par traiter respectueusement avant de finir par tout envoyer sur le sol rageusement.
Comment une photo pouvait-elle s’extraire de son cadre !?

La réponse lui vint subitement. Elle ne pouvait pas. Il ne l’avait jamais retirée et ne l’avait pas perdue : quelqu’un l’avait déplacée. Quelqu’un avait pris sa photo. Le souffle court et le cœur battant, Aidan resta immobile un instant au milieu du chantier qu’il avait créé. La tête lui tournait et il essaya de réguler son souffle pour ne pas entrer en hyperventilation et risquer un nouveau malaise.
Après un moment, sa colère légèrement passée et ses vertiges dissipés, il se décida à se mettre en mouvement, non sans avoir été récupérer son cadre vide au préalable.
Il descendit les escaliers en vitesse et pénétra dans le salon d’un pas assuré. A part Samuel, aucun de ses colocataires ne daigna lui accorder d’attention. Aidan le fixa un moment et son frère ne tarda pas à comprendre que quelque chose clochait.

« Qu’est-ce qui s’passe ? » demanda-t-il, s’attirant l’attention d’Isaac qui finit par faire porter son regard vers Aidan
« Est-ce que l’un d’entre vous… a pris ma photo ? » articula le plus jeune des Donnelly en essayant de rester maître de ses émotions
« Quelle photo ? »
« Ma photo de papa et maman »
« Nope » répondit simplement Sam

Isaac hocha négativement la tête à son tour puis se tourna à nouveau vers l’écran de télévision, passant son bras autour des épaules d’Allie qui attrapa sa main pour la caresser délicatement. Aidan les observa une seconde avant de fixer Aahron qui ne bougea pas d’un iota.
Petey, en revanche, sembla soudain très peu intéressé par ce qu’il regardait, et il se risqua à jeter un rapide coup d’œil anxieux à son jeune oncle. C’était lui. Aidan en était persuadé.

« Petey ? Tu y as touché ? » demanda-t-il finalement
« N-nan » répondit l’intéressé en jetant un coup d’œil prudent à son père
« Si… je serai pas fâché si c’est toi, d’accord ? » reprit Aidan en s’avançant dans la pièce « Je veux juste que tu me la rende et on en parle plus »
« Je l’ai pas pris… »
« Écoute… je sais que papy et mamie te manquent aussi mais… c’est ma photo, tu comprends ? J’en ai besoin »
« Mais… »
« Il te dit qu’il ne l’a pas, Aidan ! » s’emporta soudain Aahron « Alors fiche-lui la paix maintenant ! »

Aidan serra les dents pour essayer de maitriser la colère sourde qui l’envahissait peu à peu et le faisait trembler. Il fixa Petey longuement et le petit finit par détourner son regard, ses joues rosissant tandis qu’il triturait nerveusement le bas de son tee-shirt.
Il l’avait fait. C’était lui. Il avait pris sa photo et il refusait de la lui rendre ! Il le faisait exprès pour qu’Aahron soit fâché après lui…

« Rends-la-moi… »
« Aidan » tenta d’intervenir Samuel
« NON !! Ça suffit !! » hurla Aidan, faisant sursauter Allie qui tourna un regard inquiet vers lui, au même titre que le restant de la famille « Ça n’m’amuse pas du tout ! Je veux qu’il me la rende et je veux qu’il le fasse maintenant !! »
« Tu vas te calmer tout de suite ou bien c’est moi qui vais te calmer ! » gronda Aahron en se redressant soudain
« Quoi tu vas m’cogner ? Bah vas-y ! J’t’attends ! »
« Ne m’tente pas, Aidan… Sérieusement… » articula froidement son ainé
« Personne ne va cogner personne ! On va tous se calmer et… »
« Je veux pas m’calmer je veux qu’il me rende ma photo !! »
« Personne n’a touché à ta putain d’photo ! »
« Si ! Il l’a prise ! Je sais qu’il l’a prise !! » cria Aidan d’un ton proche de l’hystérie, désignant Petey de l’index « Il l’a fait exprès pour que je m’énerve et que vous me disputiez ! »
« …Quoi ? Mais bordel, Aidan, est-ce que tu t’entends ? »

Aidan leva ses yeux écarquillés vers son frère. Oh oui il s’entendait. Il s’entendait parfaitement et savait qu’il avait raison. Tout était clair à présent…

« C’est…c’est vous tous… » réalisa-t-il d’une voix tremblante « Vous…vous m’l’avez prise »
« Aidan… tu..tu deviens flippant, j’te jure » tenta de la raisonner Samuel en s’approchant prudemment, ses mains tendues devant lui « On va s’asseoir et en discu… »
« Non,… vous…vous essayez… vous faites ça… vous essayé de vous débarrasser de moi » souffla le jeune homme en faisant voyager son regard de l’un à l’autre de ses frères
« Q-quoi ? »
« Vous avez tout manigancé… la disparition de Petey, la photo… Vous essayez de prouver que j’suis fou pour vous débarrasser de moi »
« Tu… Ok, Aidan. Tu vas prendre une grande inspiration et arrêtez ce délire tout de suite »
« Non, non, non. Je suis pas en train de délirer. C’est c’que vous essayez de m’faire croire mais ça marchera pas » assura Aidan en reculant de quelques pas, un sourire un peu fou étirant ses lèvres « Ça marchera pas parce que j’ai compris votre petit jeu ! Je sais ce que vous voulez faire mais j’vous laisserai pas m’faire passer pour un dingue ! Vous entendez ? J’vous laisserai pas faire ! »

Le visage rougis par l’effort et son manque temporaire d’oxygène, Aidan fixa longuement son frère, les yeux écarquillés d’effarement. Il avait encore du mal à réaliser ce qui venait de se passer et n’avait pas vraiment eu le temps de réaliser qu’il était passé de l’intérieur à l’extérieur de la propriété. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il avait mal et qu’il avait peur. Une peur viscérale qui l’empêchait d’entendre un traitre mot de ce que pouvait lui raconter Isaac. Il avait un mal fou à se concentrer et tout ce qui lui importait, c’était de rester éveillé, alerte, sur ses gardes. Il ne pouvait pas les laisser gagner. Il ne pouvait pas les laisser l’avoir ! S’il se laissait aller, ils pourraient faire ce qu’ils voulaient de lui et il se réveillerait très probablement dans une cellule capitonnée. Il ne le supporterait pas. Ça non !

Aidan tenta de reprendre le train en marche lorsque la pression sur sa gorge se desserra soudain. Le bruit de ses oreilles bourdonnant avec force mêlé à celui de sa respiration haletante l’empêchait de réellement se concentrer mais il percevait l’idée générale du discours de son frère.
Pourquoi lui racontait-il tout ça ? Qu’est-ce que ça pouvait lui foutre !?
Il fallait qu’il se tire, il fallait qu’il trouve un moyen de lui échapper et de fuir avant qu’il soit trop tard. Le jeune homme détourna son regard clair pour chercher une échappatoire mais Isaac le plaqua alors à nouveau contre le mur avec force. Aidan laissa échapper un petit cri plaintif lorsque l’arrière de son crâne cogna la surface rugueuse de la façade.
Isaac l’obligea à lui faire face, son regard d’acier plongé dans le sien tandis qu’il lui demandait de fermer les yeux et d’évoquer sa mère.
Le souffle court, des points lumineux clignotants dans son champ de vision, Aidan soutint son regard. D’abord avec incompréhension teintée de surprise puis, peu à peu, il n’eut de place que pour la colère.

« C’était une lâche, pleurnicharde et idiote » articula-t-il froidement en se penchant vers Isaac du mieux qu’il le pouvait malgré sa position « Elle a laissé papa se vider en couinant comme un porc qu’on égorge sur le plancher pendant qu’elle se faisait baiser par tous les trous. Et elle m’a mis aux premières loges pour assister au spectacle… Alors tu vois, Isaac,… y a plus de connerie de Disneyland pour moi maintenant… »

Il ne savait pas d’où ces répliques lui étaient venues et s’en moquait royalement. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il avait pensé chacun des mots qui étaient sortis de sa bouche.
Aidan la détestait. Il méprisait sa mère depuis cette-nuit là. Depuis qu’elle était morte et qu’elle s’était connectée à lui pour la dernière fois dans son sommeil, lui envoyant les images de sa fon et de celle de son père.
Il la haïssait pour l’avoir abandonné en lui offrant cette dernière image d’elle, de son père et pour continuer à les lui envoyer chaque fois qu’il fermait les yeux.
Tout était de sa faute. À elle.

L’instant d’après, sa vision se flouta, faisant disparaitre l’expression bouleversée du visage de son frère, la tête lui tournait et il se sentait partir. Mais c'était sans compter sur Isaac qui n'était pas décidé à en rester là...

Aahron avait parfaitement conscience d’être un hypocrite fini, mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir une opinion critique sur le comportement d’Isaac. Ce n’était pas la première fois qu’une dispute éclatait entre eux quatre et qu’elle finissait par quelques coups de poings ou insultes en tout genre ; mais c’était certainement la première fois que son médecin de frère s’en prenait au benjamin. Et il ne lui avait pas laissé la moindre chance de rendre les coups ; il avait même été jusqu’à l’attaquer alors qu’il était à terre et de manière perverse en prime. S’il n’avait pas eu Petey dans les bras, Aahron aurait sûrement agit de la même manière… mais il était plus simple de juger Isaac puisqu’il était passé à l’acte.

Une part de lui désirait l’approuver pour son audace, mais il tentait de la faire taire. Aidan avait dépassé les bornes et de loin, mais il restait leur frère. Un frère irresponsable, trop sensible et égoïste. Un frère qu’il ne connaissait pour ainsi dire pas, qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir grandir et qu’il ne supportait donc qu’à petite dose… Surtout ces temps-ci.
Mais il restait un membre de leur famille qui, tout comme eux, traversait une mauvaise passe. Le manque de sommeil devait jouer aussi et était certainement à blâmer dans cette horrible histoire. Pourtant Aahron ne voulait pas lui servir trop d’excuses sur un plateau d’argent. Ils étaient tous en deuil, ils souffraient tous et avaient des problèmes de sommeil. Aidan avait décidé de rester discret sur ses cauchemars : il n’avait qu’à s’assumer à présent.

Le père de famille, Petey encore dans les bras, jeta un regard mêlant colère et culpabilité à son jeune frère, que Samuel aidait à s’asseoir sur le sofa. D’ici quelques temps, son visage serait tuméfié et sa belle gueule ne le serait plus tant que ça… Si Aidan venait à s’en plaindre, Isaac et lui sauraient le recevoir.
Les cries discordants de son fils arrachèrent Aahron à ses contemplations. Il fallait qu’il prenne l’air, qu’il fasse le point et qu’il fasse taire Petey. Ses plaintes étaient maintenant éraillées et l’ouvrier supposait que la gorge du petit devait être devenue douloureuse. Ses lamentations étaient à présent monocordes, agaçantes en réalité. Les nerfs à vifs, Aahron les supportaient très difficilement et sentait la pitié disparaitre peu à peu pour être remplacé par de la simple irritation.

Sans perdre davantage de temps, se détourna de Samuel et Aidan qui peinait à rester conscient, il franchi la porte d’entrée pour rejoindre le perron. Une fois sur place, il déposa enfin Petey et s’agenouilla devant lui, apposant ses mains sur ses épaules en l’obligeant à lui faire face.

« Hey, ça va aller bonhomme, c’est terminé maintenant »

Le visage déformé par le chagrin, Petey recommença à chouiner, cherchant à retourner se blottir contre lui. Aahron le laissa faire un instant puis, saisissant ses avant-bras, il l’obligea à se reculer.

« Écoute-moi bien attentivement… Je sais que tu as eu peur, que ce que tu… »
« Je voulais pas l’faire » baragouina le blondinet en hoquetant « J’suis désolé »
« Tu…tu n’as rien fait ! Tu n’as rien fait, c’n’est pas de ta faute »
« Si, c’est ma faute. Tout est d’ma faute » pleura-t-il encore, reniflant bruyamment
« C’est Aidan le responsable, d’accord ? C’est le seul responsable » articula froidement Aahron en secouant doucement son fils, espérant lui faire entendre raison

Ce dernier sembla se calmer un peu et après avoir vaguement essuyé son nez dans sa manche, il plongea sa main dans la poche de son jean pour en sortir un morceau de papier plié. Il finit par le lui tendre, son regard humide plongé dans le sien.
Le cœur d’Aahron manqua quelques battements lorsqu’il comprit. Il n’avait pas besoin d’ouvrir le rectangle de papier glacé pour savoir de quoi il s’agissait.
La photo. La photo qu’Aidan avait réclamé à Petey et était la cause de tout cela.

« J’te demande pardon, c’est ma faute » recommença à sangloter Petey
« C’est… Pourquoi ? » demanda simplement Aahron, bouche bée, n’osant pas se saisir de la photographie de ses parents
« Je voulais pas l’faire mais il m’a obligé »
« Qui ? Qui ça Petey !? » demanda son père, malgré lui sur un ton de reproche
« Le monsieur »
« Le mons… Nathaniel ? C’est Nathaniel Redd qui t’as demandé de faire ça !? » s’écria Aahron, furieux et déjà prêt à se rendre chez lui pour lui faire payer tout ce qui venait de se passer et plus encore
« Non… pas lui » hoqueta encore Petey « Le…le monsieur qui parle dans la bouche d’Aidan »

Aahron ne trouva rien à répondre à cela. Les sourcils crispé par l’incompréhension, il se contenta de fixer le gosse qui finit par reprendre la parole.

« Il me fait peur tu sais… Et il fait peur à Aidan aussi » expliqua-t-il avant de faire passer ses bras autour du cou de son père pour chuchoter la suite de ses paroles dans le creux de son oreille « Il est très méchant, papa… et il veut que vous partiez de sa maison… »

Avec lenteur, dans un geste mécanique, le trentenaire enserra le corps tremblant de son fils, la bouche sèche et le cœur battant. Il comprenait ce qu’il venait de lui confier sans vraiment pouvoir lui donner un sens. Une tonne de questions lui venaient en tête et pourtant, il fut incapable d’en formuler une seule.
Qu’entendait-il par là ?
Au moment où il se décida enfin à parler, du mouvement dans la rue attira son attention. Faisant passer son regard par-dessus l’épaule de son fils, il aperçu alors Trisha qui remontait la rue en compagnie de Charlie.
Et rien qu’à sa démarche, il comprit que quelque chose n’allait pas…