Isaac n'était ni insipide, ni détaché. Il était tout simplement malin. Ou en tout cas très fin.
Qualité dont n'avaient visiblement pas hérité ses trois frangins qui, comme il l'avait lui-même dit, débordaient de testostérones. Trois gros babouins qui se frappent le poitrail pour savoir qui à la plus grosse. Pas vraiment le genre de type dont Logan appréciait la compagnie. D'accord, il n'appréiait la compagnie d'à peu près personne. Néamoins avec Isaac, c'était différent.

Il y avait quelque chose chez lui. Quelque chose de voilé. Il ne savait pas si il pouvait lui faire confiance. D'ailleurs, cette simple idée lui donnait envie de se marrer. Bien entendu que non, il ne pouvait pas lui faire confiance, c'était un Donnelly ! Pourtant il aimait bien ce petit côté cynique, ce petit côté un peu froid.
Est-ce qu'il les croyait vraiment concernant cette histoire de voiture ou pas ? Est-ce qu'il croyait à l'hypothèse avancée par Nathaniel de la crise cardiaque de Sean Donnelly ? Si il ne pensait plus que l'accident était avait été délibérément provoqué, alors il les croyait innocent, forcément. Et si il les croyait innocent, pourquoi n'étaient-ils pas encore tous parti ?
Peut-être que Isaac avait été le seul à le croire. Peut-être les trois autres étaient-ils encore persuadé que les deux garagistes étaient mêlé à la mort de leur parents.
Mais si c'était le cas, alors les trois babouins avaient raison, et lui avait tord.
Cela ne collait pas au personnage pourtant c'est ce qui semblait arriver.

Logan se frotta les yeux. Ils étaient brûlant. Il allait falloir qu'il pense à dormir pour changer.
Tout ça était bien trop prise de tête et tout ce qu'il décida de retenir de ce début d'échange était que, peut-être, la graine qu'ils avaient essayé de semer chez les quatre frères était entrain de germer.
Il y avait encore une chance pour qu'ils évite le gros des problèmes et en sorte sans trop de casse, d'un côté comme de l'autre.
Honnêtement, c'était ce que Logan leur souhaitait.
Il leur souhaitait de rester ignorant, et de s'en aller. De faire leur deuil, puis d'oublier.

« J'en sais rien » répliqua-t-il finalement, ébauchant un soupir « C'est p'tètre pas du tout le coeur de ton père, c'est p'tètre... simplement un foutu cerf qui à traversé la route. »

Ou une bande de dégénéré de bouseux à la solde d'un maniaque ?

« La 169 est une route de merde » préféra enchaîner Logan sans grande conviction « Tout ce que je sais c'est qu'on y est pour rien »

En toute ironie, c'est magnifique Logan, tu y mets la forme, c'est bien.

Il se saisit ensuite de son verre pour le porter à ses lèvres et réalisa alors qu'il l'avait déjà terminé quelques temps plus tôt. Il reporta ses yeux sombre sur son compagnon et lui adressa un petit sourire un peu vague.

« Pour sceller cette réconciliation je propose que tu me paye un verre... » lança-t-il sans trop y croire.

Il n’avait pu empêcher un sourire vainqueur de venir étirer ses lèvres trop sèches qui ne le seraient plus pour longtemps.
Décidemment il avait du potentiel celui-là ! Le soir même, alors que plus tôt dans la journée ses frères et lui s’étaient disputé à propos de la mort de leurs parents avec son propre cousin dans le garage où il travaillait, il lui payait un verre !
C’était dans ces moments là que Logan arrivait à voir en quoi la vie était bien faite. Pas quand ce genre de choses se passaient non, jamais encore l’enfant d’une de leurs victimes ne lui avait payé de verre, non, c’était les moments où il était saoul.
Pas trop, juste assez pour pouvoir retrouver un peu de bonne humeur. Les nombreux soirs où il finissait complètement rond, il n’arrivait plus à rien voir du tout. Ce n’était pas si mal mais ce n’était pas les moments qu’il préférait c’était certain.
Là par exemple, tout était parfait. Sa compagnie était généreuse, leurs problèmes ne s’avéraient pas si grave que ça d’après ce que Isaac lui avait dit, il allait pouvoir siroter un verre tranquillement, la musique n’était pas dégeu, la température de l’air était parfaite, il n’avait ni trop froid, ni trop chaud, ni faim, ni envie de pisser.
Sa définition de la perfection n’était jamais allée plus loin, faute de bonne chose à lui apporter. Il se contentait de peu et c’était justement là la clé lorsqu’on n’avait pas grand-chose.

Comment était la vie à Grayson ? La bonne blague.

A Grayson, quand on ne voue personne à une mort certaine, on lit et on se bourre la gueule ! Ouais !

Oui il pouvait toujours lui répondre ça, mais alors ça allait gâcher son moment parfait et ça il n’en avait pas envie. D’accord il allait mentir. D’accord c’était la vraie définition de sa vie à Grayson, mais ça c’était leurs petits secrets.

Je ne dirai rien ne t’inquiète pas !

« La vie à Grayson… » soupira le garagiste « Et bien… j’ai toujours pas lu de bouquin qui explique comment faire alors, j’improvise au jour le jour personnellement. M’enfin il suffit d’avoir bu assez de rhum pour voir les bon côtés sans trop de mal. » il leva son pousse alors qu’il s’apprêtait à énumérer les fameux bons côtés « D’abord on ne meurt pas de faim… il fait souvent beau… hmmm on à pas eu d’ouragan depuis un moment… je ne me rappel pas d’aucun séisme, tsunami. Il n’y a pas d’épidémie non plus. On à des maisons, pour certaine elles tirent un peu la gueule m’enfin, il ne pleut pas à l’intérieur et il fait chaud… attends quoi d’autre… ah oui le pays n’est pas en guerre… quoi que j’ai entendu que si m’enfin… ça ne se voit pas à Grayson. » sourit-il, désignant le décor « Voilà à peu près comment c’est pour moi. Si tu veux savoir pour les autres tu n’as cas le leur demander. C’est pas notre problème »

Très inventif. Très « peace and love ».

« Note que j’ai très subtilement introduit ma commande dans cette réponse. Je ne suis pas si éméché que ça en fin de compte » conclu Logan avant de passer deux doigts sur sa moustache.

C’est nul ce mot … moustache. Ridicule.