06. Two pussycats, one tomcat

« Patrick ?... Patrick ? » résonnait la voix timide de sa mère depuis la cuisine « Patrick ? »
Logan, sans esquisser un mouvement, laissa ses yeux sombres couler en direction de son père. Celui-ci était affalé comme à son habitude dans son divan, ses cheveux sombres tombants en épaisses mèches noires sur son front buté. Pas la moindre réaction ne passe sur son visage et ses yeux tout aussi noirs que les siens restent fixer sans même ciller sur le poste de télévision où se joue un match de foot.
« Patrick… ? » reprend sa mère en venant se poster dans l’embrasure de la porte qui sépare la cuisine du salon où Logan et son père sont installés devant le poste.
Cette fois, Logan lance un bref regard à sa mère, avant de jeter un coup d’œil vers la télé, puis vers son père.
« … papa ? »
« Th, putain d’merde ! Qu’ess’tu veux ?! » aboya Patrick en direction de son épouse qui fit les yeux ronds.
« Je… oh c’n’est rien c’est juste… »
« Ouais bah si c’est rien tu peux t’la fermer alors. J’regarde le match. Logan, va voir c’qu’elle veut » ordonna-t-il avec rudesse, sans un regard vers le jeune homme.

Logan s’empêcha de lever les yeux au ciel et se redressa lourdement du divan où il était installé depuis le repas de midi qu’il était venu prendre là, comme bien souvent. Tout en se trainant vers sa mère (on n’pouvait faire guère mieux que se trainer par cette chaleur de toute manière) il termina de quelques longues gorgées son énième bière de la journée. Y’avait jamais que ça comme alcool chez ses parents, et malheureusement, fallait en boire beaucoup pour réussir à s’anesthésier l’esprit avec ça.

« Quoi ? » questionna-t-il sa mère.
« Eh bien … j’ai commandé une nouvelle nappe dans mon magazine, il faut renvoyer le bon de commande… » expliqua-t-elle, un peu gênée, en soulevant une enveloppe.

Ca… ça voulait dire qu’il allait falloir se taper la poste…
Il pousse un lourd soupir et laisse ses épaules s’affaisser en signe de lassitude, mais ne fait aucune réflexion. D’un air morne, il agrippe la lettre, et quelques instants plus tard, il claque la porte sans un mot, direction la poste.

Sans casquette, et avec ses cheveux noirs de jet, ce n’est même la peine d’espérer atteindre Adam street en vie. Du coup le jeune homme fait un crochet par chez lui, ce qui revient à traverser le jardin de chez ses parents puisqu’il vie dans la dépendance depuis des années (ouais enfin, le garage, transformé en dépendance)

Une fois à l’intérieur, il mit la main sur sa vieille casquette élimée qu’il vissa sur sa tête, avant d’attraper une bouteille de rhum qui trainait là pour en vider le fond et la laisser cul-sec. C’était loin d’être rafraichissant, au contraire, mais ça avait l’avantage de lui donner l’impression d’être moins lourd. Enveloppe dans la poche, il ressortit de chez lui pour prendre le chemin du bureau de poste. D’un côté, il espérait tomber sur Colleen. D’un autre, il espérait pouvoir l’éviter. Vu ce qui s’était passé au drugstore après la fausse disparition de Julie, ils avaient sans doute des choses à se dire…, mais encore fallait-il avoir le courage de les dires, et ça, ce n’était pas son fort…

La chaleur cuisante rendait le trajet affreusement long, même s’il n’en n’était rien en vérité, et le jeune homme fut bien content de voir apparaitre le bureau de poste en contre bas. Quelques mètres encore et il pourrait se mettre momentanément à l’ombre. L’air chaud qui émanait du bitume de la route était tellement bouillant qu’il en brouillait l’horizon, et c’est dans cette atmosphère un peu dansante qu’il vit apparaitre deux silhouettes élancées aux cheveux d’un blond si clair que sous les rayons du soleil, ils en paraissaient presque blancs. Ca donnait à la scène un aspect irréel. Comme un mirage. Elles venaient en sens inverse, sur le trottoir d’en face, et longeaient celui-ci d’un pas tranquille.

D’un plissement, il scruta les deux filles et fut bien obligé de se rendre à l’évidence, il ne les avait jamais vues ici. C’était soit des nouvelles au village, soit des gens de passage. Que ce soit l’un ou l’autre, elles étaient carrément mignonnes. Non, mieux : carrément baisable. Des jolis minois, une jolie petite peau pâle, de beaux petits seins, de belles petites cuisses toutes minces et de longues jambes. Il émit un petit sifflement discret et admiratif, non pas pour elles mais pour lui-même, avant de s’arrêter sous l’un des arbres qui bordaient la route afin de mieux observer le spectacle.

Il les observa marcher quelques instants avec grande attention avant d’ébaucher un sourire en les voyant ralentir l’allure devant le bureau de poste.

« Yes ! » souffla-t-il en les voyant s’introduire dans le bâtiment l’une après l’autre.

Un bout de langue dardant entre ses dents, il s’empressa de traverser la route pour entrer à l’intérieur du bureau à son tour. Et la bonne nouvelle c’est qu’elles étaient tout aussi mignonne de près. Qui étaient ces filles ?

« ‘lut Doris ! » salua-t-il.
« Hello Logan » lui répliqua la mère de Colleen.

Merde c’est vrai ça ! Du coup il l’avait totalement oublié… Pas grave, elle n’avait pas l’air d’être là.
Il allait pouvoir savourer de se trouver juste derrière les deux jolies blondes dans la file puisque trois petites vieilles se trouvaient encore au comptoir avant eux. C’était l’heure de pointe apparemment…

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Le soleil était à son beau fixe. La chaleur était toujours insupportable. La canicule ne s’arrêterait-elle donc jamais? Elsie avait décidé avec sa petite-sœur de se déplacer pour chercher un colis au bureau de poste. Ce colis concernait la maison, il était utile. La secrétaire médicale avait tenté un rapprochement avec sa frangine. Elle lui avait proposé cette sortie. Il était temps de changer un peu les habitudes. La femme n’avait jamais essayé de comprendre sa sœur. Elle la jugeait trop immature, rebelle, enfantine et capricieuse. Elle l’était, certes, mais Elsie n’avait pas le droit de lui jeter la première pierre. Elle l’avait accusé dès la naissance d’être une meurtrière. Elle n’avait pas le droit! Comment bien commencer dans la vie? Ironiquement parlant, adopter Elsie Johansson: elle sera comment vous mettre des bâtons dans les roues… . La blonde s’en voulait légèrement! Kaylee était née il y a dix-huit ans, et la mère des enfants Johansson mourut sur le coup. Leur père avait parlé de possession, de diable, d’exorcisme. Kaylee était-elle le démon? Avait-elle une autre entité en elle? Pourquoi était-elle vivante? Ces interrogations étaient celles des jumeaux à l’époque. Il fallait tirer un trait sur ces pensées! Même si Elsie était devenue cet être torturé depuis le décès de sa génitrice, elle n’était pas obligée de rendre sa sœur responsable de tous ses maux.

Présentement, Elsie avait lâché ses cheveux. La blondinette était peu maquillée privilégiant le naturel pour le coup. Elle portait un débardeur, plutôt simple, noir. A cela, elle avait ajouté une jupe blanche assez légère et courte, des sandales beiges pour parsemer le tout. Elle marchait en compagnie de sa frangine jusqu’au bureau de poste. Elle avait une bouteille d’eau à la main. Sur la route, les sœurs avaient discuté des projets de Kaylee. Ce fut intéressant. Elsie n’avait pas parlé d’elle. Ce n’était pas son genre et rien était assez important pour être raconter. La belle avait bien vécu des aventures mais elle n’aimait pas s’exprimer sur tout cela. Les deux filles Johansson entrèrent dans la bâtisse pour faire la queue. Elsie porta un instant son attention pour regarder derrière elle. Elle tomba nez à nez avec un bel inconnu qu'elle fixa quelques secondes sur le coup. Puis, elle se retourna et elle fit semblant de rien en regardant la pendule située en face de la file d'attente.

Aujourd'hui, Kaylee était assez contente ! Elsie avait fait le premier pas pour que leur relation s'améliore en lui proposant d'aller ensemble à la Poste, pour un des divers paquets qu'ils devaient recevoir pour la maison. Ce qui était assez agaçant, les facteurs n'allaient pas jusque les maisons par fainéantise ou c'était une façon d'attirer les gens à la poste ? Enfin, quoi qu'il en soit, elles étaient partis vers la poste toute les deux. La chaleur était toujours aussi écrasante et donc, les tenues étaient courte, surtout pour Kaylee qui préférait attraper un coup de soleil plutôt que de mourir de chaud avec un trop plein de tissu. Du coup, elle portait un short très court en jean, pas trop collant et un haut très large qui selon ses mouvements montrait son ventre, son dos ou ses hanches. Elle aimait ce haut, surtout que sous cette chaleur, cela apportait un petit vent agréable. Elle avait aussi des talons/sandales, comme elle aimait les appelés, talons mais presque rien sur les pieds, pratique ! Des lunettes de soleil rehaussait le tout.

Sur la route qui les menaient vers la postes, elle avait parlé, parlé et parlé encore. Utilisant presque toute sa bouteille d'eau pour l'allée. Elsie avait fait un effort pour la convier à cette expédition dont elles n'étaient pas sûre de revenir, du coup, elle parlait, pour montrer qu'elle était contente qu'Elsie est pris cette décision. Elle crut sauter de joie en voyant la porte de la poste ! Elle espérait qu'ils avaient investi dans une clim. Elle avait envie d'un petit peu de fraîcheur. Elle entra à la suite d'Elsie et regarda les vieilles devant elle. Elle ne put s'empêcher de pousser un léger soupire, les vieilles n'étaient pas réputées pour être rapide, ce qui gêna un peu Kaylee, elle ne se voyait pas attendre des heures pour un simple colis. Elle entendit quelqu'un entrait derrière elles et saluait une certaine Doris. Un Logan apparemment. Elle mit ses lunettes sur le haut de son crâne et prit le chouchou à son poignet pour attaché ses cheveux en un chignon lâche. Elle se tourna vers Elsie qui était tourné en arrière et elle fronça les sourcils. Ce n'était pas dans les habitudes d'Elsie de regardait quelqu'un fixement. Elle tourna la tête pour voir le garçon, sûrement, le dit Logan, il était plutôt mignon, même si un peu négligée peut-être. Elle ne put s'empêcher de penser tout de suite, que ça lui donnait un certain charme et qu'elle n'allait pas s'en plaindre, autant faire la queue avec de la compagnie, distrayante. Elle sourit poliement et regarda Elsie, s'attendant à ce qu'elle les présente. Elle était intriguée, qui pouvait bien intéressé autant sa soeur. Elsie n'était pas du genre à avoir des amants... Quoi qu'elle ne la connaissait pas assez pour affirmer cela. Elles n'avaient pas grand chose en commun, du moins, Kaylee le pensait, mais elle avait peut-être tord. Chose à étudier...

Qu’est-ce que vous vous faites livrer Elma ?

C’est un taser électrique

Un taser ?!

Vous rigolez j’espère ? Vous savez tout d’même Doris que nous avons frôlé l’émeute hier soir ! Je pensais pourtant que votre fille vous aurait raconté toute l’histoire en détail…

L’émeute, vous exagérez

Se taper sur la caboche à coup de tabouret, eh bien moi j’appelle ça une émeute. Notre pauvre adjoint n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs, c’est moi qui vous l’dit ! Hum, mettez-moi des timbres aussi, vous serez bien gentille

**Invité** Invité

Le temps paraissait long et ennuyant. L'horloge était une indicatrice fourbe qui ne servait qu'à rendre les gens encore plus frustrés et plus pressés que de coutume. Elsie Johansson aurait préféré être située derrière le jeune homme qu’elle avait fixé juste avant, au moins elle aurait eu une distraction. Les minutes seraient évidement moins pesante. De plus, la jeune femme n’arrivait pas à engager une nouvelle conversation avec sa sœur. Elles avaient déjà bien discuté de l'avenir de Kaylee pendant le trajet qui les mena jusqu'au bureau de poste. Ce fut très plaisant. Pour une fois, Elsie s'était montrée ouverte, patiente et à l'écoute. Mais présentement rien ne lui venait à l'esprit. L’animation arriva quand une vieille dame avoua à haute voix avoir commandé un taser. Elsie se mit à rire sans préavis. Elle ne l’avait pas vu venir. Les citoyens de Grayson étaient-ils tous aussi tarés les uns que les autres ou était-ce qu’une impression? Enfin si cette arme pouvait débarrasser le village de ses crétins comme ceux qui avaient osé salir la devanture de la maison de Johansson. La secrétaire médicale s’était pris la tête avec le shérif et sa standardiste à cause de cela. Sa famille ne le savait pas. La blonde avait dépassé les bornes. Elle avait failli se faire enfermer pour sa désinvolture. Elma évoqua une émeute. Il y avait eu du remue-ménage au soir. La dame âgée était donc très prévoyante: une bonne chose! Elsie rigolait moins. Avec de tels événements, elle devait protéger sa jeune frangine et son frère jumeau. Un taser n’était pas une si mauvaise idée à bien y réfléchir, avec une bonne alarme pour combler le tout. La vielle avait de l’humour. Au passage, Elsie fit tomber sa bouteille d’eau aux pieds du beau garçon qu’elle avait repéré. Elle ne fit pas attention à ce détail un peu grotesque. La jeune femme alla voir cette fameuse Elma.

- Vous l’avez commandé où votre taser? Pourquoi il y a eu cette émeute? Elle marqua une légère pause. Pardonnez-moi d’être aussi directe et d’avoir tout entendu. Mais je trouve cette histoire intrigante et j’avoue que je ne suis pas rassurée.

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