03.1. Let's begin...[INTRIGUE]

Sujet: 03.1. Let's begin...[INTRIGUE] Sam 20 Nov 2010, 21:50

Emily Carver poussa un lourd soupir et se détourna de Jackson en lui servant un regard assassin. Son petit ami appliqua une fois encore la politique de l’autruche et préféra redonner toute son attention au film qui était projeté dans le parc. Son précieux film qui semblait bien plus important que son énième migraine…
La jeune institutrice maternelle se faufila jusqu’à l’extrémité de la rangée de sièges, escortée par un bon nombre d’exclamations agacées, et rejoignit bientôt l’allée par laquelle elle comptait s’éclipser. Seule donc, puisque Jackson s’était contenté de lui proposer de rentrer chez eux pour se reposer un peu, le tout dans un sourire mièvre absolument détestable qu’elle lui ferait payer. La prochaine fois qu’il voudrait jouer au docteur avec elle, elle ne manquerait pas de lui faire le coup de la migraine ! Ca lui ferait les pieds. A cette pensée vengeresse, un sourire amusé vint s’étaler sur les lèvres pleines de la jeune femme.

Mais alors qu’elle se rapprochait de la cabine de projection, une odeur désagréable et étrangement familière vint titiller ses narines. Son estomac se noua d’angoisse bien avant que son cerveau ne parvienne à identifier l’odeur de bois brûlé qui lui parvenait.
Ses sourcils clairs se froncèrent et ses pas se firent plus hésitants tandis qu’elle scrutait l’obscurité pour tenter d’identifier la source. Elle avait cru pendant un instant qu’il pourrait s’agir d’une odeur provenant du coin restauration, mais il était placé à l’opposé et de toute façon, le barbecue n’avait pas été organisé ce mois-ci. Les risques que quelque chose flambe de ce côté-là du parc étaient donc moindres…
Et soudain, son regard capta l’origine de cette désagréable odeur. Devant la petite porte boisée de la cabine, des brindilles et du papier journal se consumaient joyeusement, laissant s’échapper une discrète volute de fumée tandis que quelques flammèches venaient mordre les vieilles planches de bois de la cabine.

« Oh mon Dieu… » souffla-t-elle, ses yeux s’écarquillant soudain « La cabine de projection brûle ! LA CABINE BRÛLE !! » hurla-t-elle pour prévenir ses voisins, faisant passer sa voix au-dessus de celles des acteurs en plein dialogue

La jeune femme voulue éteindre le début d’incendie en le piétinant mais réalisa alors qu’elle portait des sandales…
Comme si elles n’avaient attendues que ça, les flammes grossirent alors et une vague de chaleur étouffante balaya le visage pâle d’Emily.

« Nom de Dieu ! » s’écria Calvin, gérant du bar, à présent à ses côtés

D’autres de ses voisins arrivèrent et l’un d’eux eut la même idée qu’elle. Elle le vit piétiner le sol devant la porte de la cabine de projection. Mais alors qu’elle avait bon espoir qu’il parvienne à ses fins, l’homme se mit soudain à hurler en constatant que le bas de son pantalon était en train de prendre feu à son tour…

« Est-ce qu’il est sorti !? »

Une main venait de se refermer sèchement sur l’épaule de la jeune instit, l’obligeant à faire volte face. Alors que des cries s’élevaient dans son dos et que ses voisins venaient en aide au malheureux, Emily plongea ses yeux écarquillé dans ceux de Nathaniel Redd.

« Q-quoi… ? »
« Joshua Ferguson ! Est-ce qu’il est sorti ? »

Mais Emily n’eut pas besoin de répondre. Des coups s’élevèrent bientôt depuis l’intérieur de la cabane qui vibra sous les impacts, accompagnés par une série de toussotements. Il y avait indéniablement quelqu’un à l’intérieur de la cabane.

« La porte est coincée… » réalisa soudain Emily alors que Nathaniel l’avait relâchée, son regard affolé braqué sur la cabane « Il va brûler vivant… Il va brûler ! Il faut faire quelque chose ! »
« Des seaux ! Apportez des seaux ! » cria Nathaniel près d’elle, en s’approchant à son tour de la petite porte dans l’idée de l’ouvrir

Mais les flammes se propageaient rapidement et le garagiste faisait à présent face à un mur brûlant.

« Comment une porte de ce genre pourrait être coincée… » murmura encore Emily, portant une main à ses lèvres tremblantes « Comment est-ce que c’est possible… ? »

Mais personne n’était là pour répondre à ses questions. Ils avaient tous mieux à faire. William Ferguson déboula près d’elle et la bouscula sans ménagement, le visage tourmenté.
Nath se tourna alors vers lui, arborant la même expression ou presque.

« Les feux d’artifices sont à l’intérieur William… et Joshua aussi… »

Il n’avait pas besoin d’aller plus loin dans ses explications. Le maire cernait sûrement parfaitement la situation dans laquelle se trouvait son fils. Dans laquelle ils se trouvaient tous…

**Joshua F** Invité

Joshua Ferguson

Assis sur sa chaise, Joshua attendit que le temps passe. Participer au cinéma de plein air n’avait pas été à ses yeux une perspective aussi ennuyante que la dernière fois, pour diverses raisons... et notamment le fait que depuis sa cabine de projection, il n’avait pas à prendre part à cet indigeste et stupide rassemblement social. Projectionniste, voilà un métier qu’il n’aurait peut-être pas détesté faire, profiter d’un tas de films gratuitement... sachant que resté cloîtré devant un écran était dors et déjà ce à quoi il occupait la plupart de ses journées. .. Mais bon, ça aurait voulu dire qu’il devrait songer à quitter Grayson (parce que bon, la notion de cinéma, à Grayson..), et ça il n’y comptait pas spécialement, encore moins maintenant que les choses commençaient à devenir intéressantes. Et puis bon, travailler... Comme on dit, le travail c’est la santé, rien faire, c’est la conserver. Mais au moins, la prochaine fois que l’un de ses géniteurs remettrait son avenir sur le tapis (même s’il s’agissait là d’un sujet de conversation qu’ils avaient abandonné depuis longtemps), il saurait quoi répondre... il pourrait toujours sortir une connerie du genre que cette soirée lui avait ouvert les yeux et qu’il avait trouvé sa vocation... Mais bon, ça restait un peu trop risqué, ça pourrait fournir à ses parents un prétexte pour l’obliger à faire quelque chose de sa vie. Qu’importe.

Le film était donc en train d’être projeté, et bien qu’y jetant un coup d’oeil de temps à autre, Joshua ne se sentait pas vraiment d’humeur à apprécier pleinement le film, bien qu’il aurait pu, en fait, être à son goût. Ne pas être d’humeur, ça ne lui ressemblait pas, pourtant, Joshua n’avait... tout simplement pas d’humeur. D’habitude. Mais cette fois, la conversation qu’il avait eu avec Casey avait réussi à lui peser sur la conscience... Et lui avait rappelé au passage qu’il en avait une, de conscience. Il finirait presque par l’oublier.

Il en était à ces quelques considérations pas franchement joyeuse quand un odeur désagréable vint lui chatouiller les narines... Comme quand on laisse un gâteau trop longtemps dans le four... l’odeur du gâteau en moins. Il ne s’y attarda pas plus longtemps... du moins, pas avant les flammes. Le feu s’était propagé si vite que Joshua n’eut ni le temps de réagir, ni véritablement le temps de saisir la situation. Bientôt, le feu vint le cerner de toute part. Et notre Joshua, aussi dénué d’humeur pouvait-il être en temps normal sentit une bouffée d’angoisse l’envahir en même temps que la chaleur, dans la cabine, se faisait de plus en plus forte. Il n’eut que brièvement le temps d’atteindre la poignée de la porte. Elle était brûlante. Mais surtout, elle ne s’ouvrait pas. Joshua passa plusieurs secondes à s’acharner sur cette fichue porte, mais elle ne cédait pas, et les rares forces qu’il réussissait à monopoliser pour s’extirper de là étaient inutile, des années de paresse et l’absence de tout exercice n’aidant pas franchement. L’air devenait irrespirable. Ses yeux s’agitaient de droite à gauche à la recherche d’une autre issue, d’une autre solution, mais cette cabane de projection était minuscule, et comme si ça ne suffisait pas, il y avait ces putains de feux d’artifice. Quand Joshua se décida enfin à appeler à l’aide, ce qu’il n’avait pas fait encore, les conséquences absurdes de sa fierté mal placée, il ne put sortir le moindre mot, juste cet incontrôlable quinte de toux. Il avait le sentiment que sa tête ne tarderait pas à exploser, la fournaise où il se trouvait devenait insupportable, il ne voyait aucun moyen d’éviter ces flammes de lui lécher la peau. Il lui semblait distinguer des voix à l’extérieur de la cabane. Mais merde, qu’est-ce qu’ils faisaient? Il était en train de crever, ça se voyait pas? Joshua était à peu près sûr qu’il allait mourir au terme de cette réflexion si basse. Heureusement, (pour une fois) il avait tort.

© Joseph Gordon-Levitt
PV interprété par LAPIN MALIN

INFORMATIONS
19 ans
Fils de William & Alicia, jumeau de Casey Ferguson
Chômeur

Sujet: Re: 03.1. Let's begin...[INTRIGUE] Lun 22 Nov 2010, 06:23

Après sa discussion intense avec Aahron Donnelly puis sa dispute avec Nathaniel, William avait passé un long moment assis au premier rang, à ruminer, ses yeux clairs fixés sur l’écran sans vraiment voir les images qui y défilaient.
Ou en tout cas pas au début… finalement, il n’était pas si mal ce film ! Et l’histoire faisait étrangement échos à la leur. Il s’était laissé happer par l’histoire et y voyait là comme une sorte de signe. Les habitants de ce village voulaient réussir à échapper à cet être qui les terrifiait, à cette présence malsaine autour d’eux. Il comprenait tellement ce sentiment…
Tout comme le sentiment de dépasser ses peurs pour sauver les siens. C’était bien cela qui le motivait, et c’était à ça qu’il devait s’accrocher pour ne pas se laisser envahir par le doute.
Chose plus facile à dire qu’à faire malheureusement.

Il lui fallut quelques instants pour finalement capter l’agitation qui s’élevait dans son dos. D’abord intrigué, il fronça ses sourcils clairs et se détourna sur sa chaise pour jeter un coup d’œil.
Il ne comprit pas immédiatement non plus ce qu’il voyait. Puis il détermina enfin ce qu’était cette tâche clairs et rougeâtre dans la pénombre du soir.
C’était de la fumée produite par un feu…
Mais de quel genre de feu s’agissait-il ? Le Maire ne se figura pas l’ampleur immédiatement. Et tout autour de lui, de plus en plus de personne se détournaient du film pour prêter attention à tout ce remue ménage.
Ce fut seulement à ce moment que William réalisa que quelque chose de très sérieux était entrain de se passer. Il se leva d’un bond pour avoir une meilleure vue d’ensemble sur la situation, et ce fut à cet instant précis qu’une voix féminine s’exclama « il va brûler vivant ».

Le douche froide fut intense, et le sentiment d’horreur comme un violent coup dans le plexus. Durant quelques affreuses et atroces secondes, William réalisa que c’était la cabine de projection qui flambait allègrement sous ses yeux écarquillés, et il réalisa surtout que son garçon était encore à l’intérieur…
Une nausée fugace, une moiteur soudaine, un étau autour de la poitrine, et de la panique à revendre. Pendant l’espace d’un instant, le Maire perd tous ses moyens.

Puis l’instant suivant, il court comme un fou vers la scène. Peu lui importe comment, pourquoi, quand, ou même qui, pour l’instant, la seule et unique chose qui est encore clair dans son esprit, c’est de sortir Joshua de cette fournaise.
Il sait qu’il les mets en danger avec sa quête de justice, mais pas comme ça, pas maintenant.

Une fois sur place, quelqu’un lui signale que les feux d’artifices sont à l’intérieur. Il ne réalise même pas vraiment de qui vient l’information. Le danger est énorme et les feux risquent d’exploser à tout instant, blessant toutes les personnes autour. Il faut évacuer il le sait, mais pour l’instant William ne peut pas s’occuper de ça, quelqu’un d’autre devra s’en charger, car il ne peut s’occuper de personne d’autre que de Joshua.

Alors c’est ce qu’il fait. Il va le sortir de là, même si il doit en être défiguré par les flammes. Il faut qu’il s’en persuade pour être efficace.
Sans réfléchir, il contourne rapidement le cœur des flammes pour se retrouver de l’autre côté du cabanon. C’est de par là que sort le plus de fumée car c’est là que se trouve la seule ouverture du cabanon sans compter cette fichue porte close. L’ouverture en question, en plus de déverser tout autour de grosses gerbes de fumée, laisse également sortir les rayons lumineux du projecteur. William se colle devant le faisceau, son ombre doit apparaitre sur l’écran mais l’heure n’est plus au divertissement. Il fourre son bras dans l’interstice et repousse violemment la machine. Il l’entend tomber, et mieux encore : il entend tousser. Joshua n’est pas encore inconscient, il a encore une chance, tout peux bien se passer. Tout VA bien se passer. Il le faut.

« Joshua ?! Joshua tu m’entends ?! Eloigne les feux d’artifice mon garçon ! Je vais te faire sortir ne t’inquiète pas » réussit à articuler le Maire avant d’être prit d’une quinte de toux lui aussi.

Ses yeux pleurent à cause de la fumée et sa gorge le brûle mais le sentiment d’urgence l’anesthésie complètement. Il ressent la chaleur mais résiste tant qu’il peut.
Le seul moyen de tirer son garçon des flammes, c’est renverser cette foutu cabane. Elle n’est pas fixée au sol il le sait.
Il se recule d’un pas pour jauger la situation, inconscient du monde autour de lui, puis sans plus hésiter, se jette sur la cabane pour la faire flancher et basculer.

Seulement la fumée est insupportable et l’handicape. Et réaliser ça le panique plus encore lorsqu’il imagine ce qu’endure Joshua à l’intérieur de cet enfer. Il lui faut de l’aide, il à besoin d’aide où son fils va mourir…

**Suzanna** Invité

Suzanna Spelling

Suzanna avait déjà vu le film. Avec Casey, elle l’avait vu à sa sortie au cinéma. Et l’adolescente n’avait pas tellement accroché à cette histoire bizarre se passant dans un petit village paumé. Tout cela avait un gout de déjà vu. Donc les filles ne se trouvaient pas parmi les sièges installés de manière linéaire face à l’écran. Non, elles s’étaient réfugiées près de la nouvelle piscine. Le lieu du crime comme Suz’ l’appelait. Les deux amies décortiquaient toujours la bagarre qui avait eut lieu plus tôt dans la journée. Se demandant ce qu’avait pu dire Nataniel pour énerver Aidan au point que ce dernier se jette sur lui. Elles pouvaient débattre des heures durant. Les seuls ayant la réponse étaient le jeune Donnelly, absent ce soir, et son oncle, à qui elle ne parlerait que sous la contrainte. Cet homme la terrifiait plus qu’elle ne pouvait le dire. Et pas de chance pour elle, sa très chère tante Lucy était mariée avec ce malade.
Suzanna écoutait distraitement Casey expliquant ses diverses théories sur le prélude de l’incident. L’adolescente rêvait de jouer les infirmières auprès du blondinet. Mais cela lui était impossible. L’une des raisons était la réaction de son père envers les Donnelly. Ils n’étaient pas les bienvenues et même son paternel de shérif était de cet avis.
Puis une odeur bizarre la sortit de ses songes. Une odeur suivit de hurlement. Les deux filles se regardèrent intriguées et se levèrent de façon synchrone. Plus loin dans le parc elles apercevaient des volutes de fumées ainsi que des gens courant dans le même sens. Les sièges se vidaient peu à peu. Il y avait un problème. Cela ne faisait aucun doute. Un peu dépassé parce qui se passait face à elles, les deux adolescentes avançaient prudemment en direction de la foule. Et là Suz’ comprit. Lorsqu’elle vit les flammes, lorsqu’elle entendit les cris. Il y avait le feu au niveau de la cabine de projection. Et ce soir, c’était Joshua qui s’en occupait. Casey avait compris avant elle et courait déjà en direction du lieu du drame. Suzanna ne pouvait bouger. Elle avait peur. Terriblement peur. La dernière fois qu’elle avait vu de telles flammes sa mère était morte. Elle attrapa Molly qui trainait au fond de son sac et la pris dans ses bras. En la serrant tout contre elle, un peu de calme lui revint. Au moins était-elle capable d’avancer. Elle regardait partout autour d’elle au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du monde. Ou était son père ? Il ne fallait pas qu’il reste près du feu. Les flammes sont dangereuses. Elle imaginait son père se lançant dans l’action et ne revenant jamais, la laissant orpheline.
Mais il s’agissait de Joshua tout de même. Le jumeau de Casey. Il ne devait pas mourir. Il ne pouvait pas mourir. Elle couru alors jusqu’à la cabane. Essayant d’en faire le tour malgré les bras qui la retenait et toutes ses fumées. Personne ne pensait à éteindre ce foutu feux ou quoi ? Elle commença alors à hurler sur les gens qui l’entouraient.

Mais putain, il y a personne qui pense à éteindre ce foutu feux ?

Les gens se retournaient vers elle. Sa voix commença à se faire moins assurer. Elle détestait qu’on la fixe du regard ainsi.

La piscine… Il y a plein d’eau…

Pas très cohérent mais cela sembla réveiller la population qui restait figé. Nataniel arriva au milieu d’eux et l’attrapa par le poignet. Molly tomba à terre.

Pour une fois que tu dis une chose censée, Suzanna. Lui dit-il à l’oreille. Puis s’adressant aux villageois tout en entrainant Suz’ avec lui.Bougez vous et venez nous aidez à ramener de l’eau !

L’adolescente courait en direction de la piscine toujours tenu par son oncle. Ce contact la révulsait et il serrait vraiment fort. Et sa pauvre poupée gisait seule au milieu du parc. Quelques habitants les suivirent, ramassant sur le passage tout ce qui pouvait servir de contenant.

© Rachel Hurd Wood
PV interprété par Veruka

INFORMATIONS
18 ans
Fille de Declan Spelling
Étudiante

Sujet: Re: 03.1. Let's begin...[INTRIGUE] Sam 27 Nov 2010, 21:49

Clyde regardait ses chaussures. Une fois de plus. Enfin, il scrutait surtout la façon dont l'herbe s'aplatissait tout autour des ses semelles. Et il levait la tête de temps à autre vers l'écran de projection. Il n'avait pas envie de vraiment regarder ce film. Il l'avait déjà vu. Et ça avait été une sorte de choc la première fois.

Il ne se souvenait plus vraiment pourquoi il l'avait vu, ce film. Ni quand d'ailleurs. Mais il se souvenait très bien de ce qu'il avait ressenti : une profonde angoisse. Pourquoi ? Parce qu'il avait retrouvé l'histoire de Grayson, dans ce film. Les personnages lui avaient rappelé ses voisins, chacun à sa manière. Et puis, cela n'avait fait que renforcer son sentiment de culpabilité, son mal être profond face à sa situation, leur situation.
Aussi, il avait préféré ne pas trop se rapprocher de la projection. Une fois, un seul visionnage avait été largement suffisant selon lui. Mais voilà, il ne pouvait pas vraiment s'en empêcher et, il lui arrivait de lever la tête vers l'écran. Avant de rebaisser la tête dès que la scène du moment lui rappelait un peu trop sa vie.

C'était Charlie qui avait eu l'idée de choisir ce film. Ça ne pouvait être qu'elle de toute façon. Qui d'autre aurait bien pu oser mettre les pieds dans le plat, comme ça ? Alors que tous se demandaient ce qui se passait ici, qui aurait pu avoir l'audace de défier les habitants comme ça si ce n'était elle ? Clyde l'admirait. Il restait muet face à tout ce qu'elle était. Il ne parlait déjà pas beaucoup à la base mais cette fille le laissait encore plus paumé que sa propre vie. Et pourtant, son existence le déroutait déjà beaucoup.
Oui, il en pinçait pour elle. Mais ce n'était pas comme lorsqu'un homme est séduit par une femme. Non. Parce que lui, il ne ferait absolument rien pour se rapprocher d'elle comme ça ou même oser lui dévoiler ne serait-ce qu'un petit pan de ce qu'il ressentait. Etrange ? Non, tout simplement Clyde. Il était sûrement amoureux mais sa définition de l'amour était tellement extravagante que c'était un amour incompréhensible. Enfin, que lui puisse être amoureux était incompréhensible. Parce qu'être sous le charme de Charlie, c'était trop facile justement. Beaucoup s'étaient laissés prendre au piège. Un Donnelly pour le dernier...
Est-ce que ça l'embêtait de la voir avec d'autres types ? Non. Pourquoi ? Parce qu'il ne l'imaginait pas avec lui. Alors ce n'était pas comme si il aurait aimé être à leur place. Il se contentait de sourires et de petites phrases par-ci par-là. C'était tout ce dont il avait besoin...

Tiens, c'est quoi cette odeur ?
Il avait relevé la tête, intrigué par ce que son nez envoyait à sa cervelle : une odeur de brûlé. Puis ses oreilles prirent le relai de messagères : des cris, de l'agitation. Il réfléchit à toute vitesse et comprit que quelque chose clochait. En même temps, c'était évident. Il se leva alors et regarda Lucy qui était à ses côtés.
« Je crois qu'on devrait aller voir... » Et ils y allèrent.

Il y avait déjà pas mal de monde sur place. Ce que comprit Clyde se résumait en quelques mots : Feu - Cabane de Projection - Joshua Ferguson - Feux d'Artifices. FEUX D'ARTIFICES ?! Mais merde, il fallait se bouger ! Clyde n'allait pas donner les directives : ce n'était pas son rôle et puis surtout, il n'avait pas assez de cran pour ça. C'était son frère qui s'occupait de ce boulot. Et il avait déjà commencé à prendre les choses en main. La piscine... Monsieur le Maire n'allait pas apprécier. Clyde aurait pu en sourire franchement si la situation n'avait pas été aussi dramatique.
Son plus gros problème à lui, là, sur le moment, c'était de savoir quoi faire. Par quoi commencer ? Qui aider ? Parce qu'il fallait le dire franchement, en plus d'être très peu entreprenant, il était aussi très maladroit. Et il avait peur d'empirer les choses en intervenant. Finalement, Nathaniel aurait pu lui laisser un peu de cran quand même. Parce qu'il lui en manquait cruellement dans ce genre de situation.

Une idée... Vite... Rends-toi un peu utile, au moins une fois dans ta vie bordel !
Il se tourna vers Lucy. « Viens, on va prendre les plats vides et les emmener au bord de la piscine... »
Il n'y avait qu'avec elle qu'il n'avait pas peur de prendre de décision et surtout d'exposer son opinion. Parfois, il se demandait comment il pouvait être aussi proche de sa belle-soeur et à des kilomètres de son frère. La grande énigme de la famille Redd...

Sujet: Re: 03.1. Let's begin...[INTRIGUE] Sam 27 Nov 2010, 23:52

Les yeux ronds, le cœur battant, Aahron observa la scène qui se jouait sous ses yeux avec impuissance. Les cries avaient commencés à s’élever quelques instants plus tôt. Quelques secondes, deux bonnes minutes ? Impossible à dire pour l’ouvrier qui n’arrivait toujours pas à réaliser ce qui était en train de se passer dans le parc. Isaac et Allie avaient été plus rapide à réagir. Evidemment, ils travaillaient dans le milieu médical tous deux et étaient toujours sur le qui-vive au boulot, près à intervenir en cas d’urgence. Ils avaient été formés pour garder leur sang froid en période de crise. Et pourtant, pour le moment, la future maman avait l’air plus paniquée qu’autre chose et ses deux mains étaient refermées sur son ventre déjà bien arrondi. Si Isaac avait commencé par vouloir voler au secours des habitants, un seul regard en direction d’Allie l’avait décidé à patienter quelques instants après d’elle, au moins pour s’assurer qu’elle allait bien.

Aahron fut soudain bousculé et le choc le ramena à la réalité. Une fois son équilibre retrouvé, le trentenaire posa un regard nouveau sur la scène. Quelque part, il pouvait entendre la voix de son frère s’élever mais n’y accorda pas d’attention, soupçonnant de toute manière qu’il s’adressait à sa fiancée enceinte.
L’ainé des Donnelly observa d’abord la petite rouquine qui passa non loin, accompagnée par Nathaniel et quelques autres qui se précipitaient vers la piscine. Quelques autres se dirigeaient avec empressement vers les stands de restauration, pour y récupérer des récipients ou des bouteilles d’eau. Aahron laissa son regard azuré se porter en direction de la cabine de projection et aperçut William. Le maire habituellement si calme semblait apeuré et il s’escrimait à essayer de faire basculer le cabanon. Cette vision fit réagir le grand blond.
Les bâtiments, c’était son truc. Leur construction autant que leur destruction.

« Conduis Allie en lieu sûr, trouve Samuel et rejoignez Aidan ! » cria-t-il vaguement à Isaac, faisant passer sa voix au-dessus du vacarme, n’attendant aucune réponse de la part du médecin

Il savait qu’Isaac et Allie voudraient aider. Il savait également qu’Isaac ne laisserait jamais la jeune métisse et ses enfants à naitre prendre le moindre risque. Lui donner pour mission de récupérer Sammy et de s’assurer qu’Aidan allait bien permettrait peut-être de le déculpabiliser un peu à l’idée de tous les laisser en plan.
Cela dit, Aahron savait également qu’Isaac était aussi têtu qu’une mule. Aussi buté que leur père…

Abandonnant son frère et sa belle sœur, il se précipita vers le cabanon enflammé, faisant fit de la chaleur insoutenable qui l’accueillit sur place. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi William s’acharnait à tenter de renverser la masure. D’après les rumeurs qui circulaient, Joshua était à l’intérieur…ainsi qu’une caisse de feux d’artifices susceptible d’exploser à tout moment. Mais alors que fabriquaient-ils tous autour de la cabine !? Pourquoi s’entassaient-ils ici ? Il fallait faire évacuer le parc immédiatement !
Et comme s’il avait lu dans ses pensées, la voix du shérif s’éleva alors, puissante et inquisitrice, intimant l’ordre aux habitants de se disperser. Declan Spelling l’avait compris lui aussi. Ils n’arriveraient pas à éteindre l’incendie, même en vidant l’eau de la piscine dessus. C’était trop tard.
Un hurlement déchirant s’éleva soudain et Aahron se retourna pour voir la femme de William hurler le nom de son fils. Sa fille était à ses côtés, le teint pâle, l’expression horrifiée. Alicia Ferguson était solidement maintenue par deux hommes qu’Aahron ne connaissait que de vue et qui tentaient vainement de l’éloigner du brasier.

Aahron songea alors à Petey. Il pensa à Trisha, à ses frères, à ses parents.
Et sans plus perdre une seconde, la peur au ventre mais le regard décidé, il vint prêter main forte à William.

Sujet: Re: 03.1. Let's begin...[INTRIGUE] Mar 30 Nov 2010, 22:33

Nathaniel jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule et aperçut Lucy et Clyde les rejoindre, des récipients de toutes tailles dans les bras. Ils commencèrent à les distribuer avant même d’atteindre le bassin près duquel lui-même se tenait, en compagnie de cette chèvre idiote de Suzanna. Pour une fois, elle ne jouait pas les molles et s’activait, distribuant des ordres à gauche et à droite. Elle n’avait jamais autant ressemblé à son abruti congénital de père… Et pourtant, elle n’avait jamais grimpé aussi haut dans son estime ! Non en réalité, elle ressemblait à sa tante, c’était sans doute pour ça…

« Nathaniel ! »

La voix de son épouse le tira justement de ses rêveries. Avant qu’il ait pu réagir d’une quelconque manière, elle lui enfonça un saladier vide dans la poitrine, sans douceur. Grimaçant, il referma les mains dessus pour s’en saisir, ne cillant pas. Ses yeux perçants étaient plongés dans ceux de la grande rousse qui le fixait avec inquisition et froideur. Il avait déjà vu ce regard à quelques reprises et il n’annonçait jamais rien de bon…
C’était certain maintenant, c’était à Lucinda que la petite Suzie ressemblait présentement.
Sans un mot de plus, son épouse se détourna pour remplir son propre récipient aux parois transparentes sur lesquelles apparaissaient encore quelques grains de riz et de maïs, empâté dans une sauce blanchâtre.
Un sourire amusé étira fugacement les lèvres de Nathaniel. Ses voisins n’allaient assurément pas aimer se baigner là-dedans… William allait certainement jouer les vierges effarouchées en découvrant des feuilles salades et autres aliments flotter à la surface de sa précieuse piscine demain matin… Si bien sûr Joshua n’avait pas cramé entre temps. Pour le coup, le maire n’en aurait certainement rien à foutre de l’état de l’eau…

Nathaniel fit disparaitre son air diverti pour plonger son saladier dans l’eau qui servirait à éteindre le feu de cabane. Du moins, c’était le prodige que tous ces débiles pensaient accomplir ! Comme si c’était possible ! Mais ils l’avaient tous suivis bravement lorsqu’il leur avait crié de se diriger vers la piscine. Et ils allaient tous se précipiter comme des héros avec leurs petits gobelets insignifiants et déjà à moitié vidés par leur course vers les flammes. Et alors ils auraient l’air vraiment très con…
C’était encore mieux que de bons vieux feux d’artifices ! Encore que ces derniers n’avaient pas encore fait leur grande entrée !
Mais il valait mieux ne pas penser à ce genre de réjouissance alors qu’il était censé apparaitre contrarié.

Armé de son stupide saladier rempli d’eau, Nathaniel suivit les quelques villageois qui se dirigeaient déjà prestement vers la cabane avec tout leur courage et leur connerie. Alors qu’il s’approchait, il aperçut ce bon vieux shérif qui faisait barrage de son corps et incitait les habitants plein de bonnes volonté à faire demi-tour et à se disperser avant que tout n’exploser et eux avec…
Sacré Declan ! Il fallait toujours qu’il se donne en spectacle ! Et comme beaucoup de ses voisins, son registre préféré était évidemment le drame…

Regarde-les ces païens qui s’agitent autour du feu de joie.

Mais je parle plus fort que ta raison…

‘i sont trop con

Toi qui voulait voir des feux d’artifices, j’ai l’impression que tu vas en avoir pour ton argent

« Tu crois qu'il va y rester ? Tu vas croire que je suis barge, mais je l'ai jamais aimé ce Joshua, il me met mal à l'aise. Autant j'aime bien Casey mis à part son balai dans le cul de gamine renfermée mais Joshua... je pense pas que je pleurerais s'il lui arrivait quelque chose. Je le trouve malsain et faux. Tu vois ? »

« En plus j'aime pas sa coupe de cheveux, c'est trop années 90... »

« Tu veux venir chez moi pour une fois ? »

« Il va s'en sortir, y'en a bien un qui va trouver une hache, on a bien quelques psychopathes qui doivent cacher ça sous leur manteau. Oui... je pense à Pietsky, tu ne te trompe pas. Mais c'est vrai qu'ils sont tous cons, ils paniquent ! On a tous des trucs dans les maison à côté. Ils pensent vraiment éteindre ça avec des saladiers ? »

« Et si on rentre, on pourra quand même voir les feux d'artifices depuis la route, je te rappelle que ça monte loin dans le ciel... »

La course folle entre l’abord du par cet la cabine de projection avait été assez rapide, juste quelques badauds légèrement heurtés. Evidemment, à pied, on avait pas de gyrophare ni de sirène pour que les gens s’écartent d’eux même et bien, ceux qui ne s’étaient pas éloignés de la trajectoire du shérif, qui gueulait pourtant à rendre sourds ses voisins, s’étaient vu proprement éjecter de celle-ci.

Arrivé sur place, la pagaille était nettement moindre qu’il ne l’avait cru, quelqu’un avait eu l’idée d’une chaine humaine pour un transport d’eau, surement Griff’ pensait-il. Mais ça n’empêchait pas les curieux de se masser autour de l’incendie à le regarder avec des yeux de crapaud mort, sans même avoir à l’esprit qu’il faudrait éteindre ce truc là avant que tout ne parte en fumée.
Sous la menace du shérif, les gens s’étaient reculés d’un pas où deux. Seulement, après avoir vu que Declan était seul, là où il n’était pas, la foule s’approchait jusqu’où la chaleur dégagée le lui permettait et quand le shérif repoussait cette passe de gens là, c’était l’autre moitié qui faisait un pas en avant. Il avait beau gueuler encore et encore, les gens n’écoutaient pas. Déjà que le trentenaire avait les nerfs à vifs, bientôt, il allait exploser.

Après avoir rembarré temporairement une partie de la foule une énième fois, il aperçu Kathleen dans la chaine d’eau. Elle allait pouvoir arranger les choses. Le Maire dans tous ses états, il n’avait pas songé qu’elle avait aussi les clefs du poste et surtout, accès au téléphone pour appeler les pompiers. Solution largement plus efficace qu’une chaine de seau d’eau. Plantant face à l’incendie la foule inconsciente il prit sa secrétaire à part et lui ordonna de laisser tomber son seau et d’aller au poste et d’appeler le pompiers d’Edgerton en leur expliquant la situation. Quasi immédiatement, elle contourna la foule et sorti du champ de vision de Declan. Il suffisait d’attendre maintenant. Tout dépendrait du temps que mettraient les pompiers à arriver.

Se retournant pour regagner son poste, la foule était encore plus proche de la cabine qu’au tout début; ce fut la goutte qui fait déborder le vase. Declan sorti son arme de service de son étui et tira deux coups en l’air. Le résultat fut absolument jouissif. Tout d’abord, la foule se figea et plus un son ne se fit entendre autour de la cabane en feu excepté le crépitement des braises. Ensuite, Les gens se tournèrent vers le shérif, le bras toujours en l’air. Et enfin, tous ensemble et dans un silence de mort, tout le monde recula de trois pas. C’était fou ce qu’un coup de feu pouvait arranger les choses.

« Bon, maintenant que j’ai votre attention, les pompiers sont en route pour éteindre le feu plus besoin de vous inquiéter. Mais on manque encore de bras pour ralentir la progression des flammes alors soit vous nous aidez, soit vous nous gêner donc vous rentrez chez vous. Que ceux qui veulent donner une chance à Joshua qui est prisonnier de la cabane suivent la chaine de seau, et les autres, dégagez au plus vite. »

Même plus besoin de hurler, juste de hausser un peu le ton, c’était magnifique. Declan n’avait pas pris la peine de mentionner les feux d’artifices, pas besoin de décourager les volontaires qui se mettaient déjà en route vers la piscine. Les gens reculaient de plus en plus maintenant, la majorité pour regarder simplement d’un peu plus loin, ou alors pour mettre de la distance entre eux et ce cowboy de shérif. De ceux qui tournaient le dos à l’incendie, une infime partie seulement se dirigeait vers la piscine. Probablement que des habitants de Grayson se dit le shérif, … les gens étaient d’un égoïsme presqu’effrayant.

**Suzanna** Invité

Suzanna Spelling

Suzanna se rendit rapidement compte de l’inutilité de ce qu’elle faisait. Ce n’était pas avec des récipients à moitié vide qu’ils allaient pouvoir éteindre le feu. Après un allé et retour, elle réalisa à quel point elle brassait de l’air. Mais que pouvait –elle faire ? Joshua risquait de mourir à tout moment. L’adolescente réfléchissait lorsqu’une petite voix se fit entendre dans sa tête. Dans tout ce brouhaha elle reconnu l’appel de sa petite Molly. Elle avait perdu la poupée de chiffon lorsque Nataniel l’avait embarqué avec lui près de la piscine. Elle commença à avoir plus peur de perdre sa poupée que Joshua. Après tout ce torchon délavé représentait son dernier lien avec sa mère.

Elle lâcha le saladier qu’elle avait gardé dans les mains. Celui-ci était vide. Elle pensait pourtant l’avoir rempli avant de quitter la piscine. Mais elle n’avait plus toute sa tête. La panique l’avait envahie et ses pensées n’étaient plus très cohérentes. Elle essaya de se souvenir d’où elle était quand Molly était tombé. Mais il y avait tellement de monde, et l’air commençait à devenir très chaud. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Des cris, des cris n’arrêtaient pas de raisonner dans son cerveau. Au milieu des cris des habitants de Grayson, Suzie percevait celui de sa mère avant que la voiture ne se retourne et ne commence à faire des tonneaux. Et cette chaleur, ces flammes, l’adolescente revivait le pire moment de sa vie. Puis deux coups de feu retentirent et un silence de plombs s’abattit sur la place. Suz’ reprit ses esprits et se trouva à genoux, Molly serré dans ses bras. Elle entendu la voix de son père s’élever et un élan d’espoir revint.

Elle n’était pas seule. Elle n’avait plus 5 ans et sa mère n’allait pas mourir une fois de plus devant ses yeux. Non, c’était Joshua qui risquait de perdre la vie. Malgré le peu d’égard que lui portait le garçon Suzie l’appréciait. La peur l’envahit de nouveau. Elle se leva précipitamment à la recherche de Casey. Son frère était en danger. A défaut de pouvoir aider à sauver Josh, la jeune fille pouvait s’occuper de sa meilleure amie.

Suzanna cherchait Casey. Les gens s’étaient éloignés du cabanon. Elle aperçu le maire qui poussait la cabane. Il était aidé de l’ainée de la famille Donnelly. La jeune fille ne se souvenait plus de son prénom. Mais les deux hommes semblaient vouloir arracher la salle de projection du sol. Son père, un peu plus loin éloignait la foule et maintenait le calme. Une partie des habitants continuait à faire une chaine afin d’amener de l’eau pour éteindre le feu, sa tante en faisait partie. Elle ne voyait plus aucun membre de la fratrie Donnelly dans le parc. Seul l’ainé était présent. Les gens commençaient à partir. Sans doute rentraient-ils chez eux ? Suz’ comparait souvent les habitants de Grayson à des vautours et ce soir elle avait l’illustration même de ses propos. Après deux petites minutes, elle vit enfin Casey et se précipita vers elle pour lui apporter tout le réconfort possible.

William n’avait même pas sursauté lorsque le shérif avait tiré en l’air afin d’attirer l’attention des villageois. Toute son attention était restée obstinément dirigée vers son fils sans que rien d’autre n’arrive à s’imprimer dans son cerveau.
Tout ce que William savait, c’était qu’Aahron n’avait pas reculé devant les flammes et était venu lui porter main forte. Ca avait été le premier et l’un des seuls. Les autres avaient continués de s’épuiser pour rien en essayant d’éteindre les flammes. Le Maire savait bien qu’il n’était plus question d’éteindre ce feu depuis un moment, il avait prit trop rapidement de l’ampleur avec cette chaleur étouffante qui avait tout asséché.
Lui et Aahron n’avaient échangés que quelques mots à peine, le stricte nécessaire pour pouvoir combiner leurs efforts. Le Maire aurait tout le loisir de lui dire plus tard qu’il lui était reconnaissant d’affronter l’incendie d’aussi près pour son fils. Après tout Aahron aussi était un père, et son cadet avait l’âge de Joshua, il était tout désigné pour savoir se mettre a sa place.

Au bout de quelques minutes, quelqu’un leur avait jeté un balai de pelouse. William n’avait pas vu qui, mais l’outil n’avait certes pas été de refus, surtout lorsque les flammes se propageaient si vite qu’ils risquaient de se brûler les bras.
Nom de Dieu pourquoi n’avaient-ils aucun matériel à disposition ? Pourquoi avait-il fallut qu’il soit aussi négligent vis-à-vis de la sécurité sur le site ? Un extincteur, une hache, n’importe quoi aurait pu faire l’affaire pour minimiser les dégâts de cette situation, et tout ce qu’ils avaient c’était un foutu balai de pelouse. La leçon était cruel, amère.
William savait pertinemment pourquoi aucuns d’eux n’avaient été plus prudent. C’est parce qu’ils étaient habitué à ce que rien ne leur arrive. Ils étaient d’ordinaire protégés de ce genre d’évènement.
La confiance les avait aveuglés. Lui en tout cas, c’était le cas.

Après l’épisode du balai de pelouse, ce fut David qui entra dans la danse. Et il ne l’avait pas fait plutôt car il avait certainement du se précipiter vers son pick up pour y ramasser tout ce qu’il pouvait y trouver. Son jeune ouvrier avait amené ce qu’il avait pu, et ils avaient désormais à disposition deux pelles et une bèche.
Sans se concerter une fois de plus, les trois hommes avaient eut le même réflexe.
William avait utilisé la bèche et glissé le métal sur le sol herbeux, en dessous du cabanon. Pendant ce temps, Aarhon et David s’étaient servit des pelles pour pousser contre les planches enflammées.
Le Maire du petit village fit levier avec la bèche pour déstabiliser la structure et ses deux compagnons d’infortunes firent le reste du boulot.
L’espace de quelques intenses secondes, le cabanon avait semblé s’immobiliser dans une position étrange et bancale, les flammes continuant de dévorer le bois avec une voracité violente. Puis finalement, il bascula complètement et s’écrasa dans un rugissement impressionnant, un miroitement incandescent, un éclaboussement de braises, de bouts de bois brûlants et de planche rongées par les flammes.
Un ouragan de fumée asphyxiante envahis presque totalement l’atmosphère, si bien qu’ils furent tous plongés dans une nuée suffoquant, bouillante et aveuglante.

Cela dit, William ne se laissa pas distraire, il avança de quelques pas, la gorge en feu, les mains tendues devant lui dans l’espoir de rencontré l’épaule de son garçon.
Il priait peu, voir pas du tout, et lorsqu’il le faisait, ça n’était pas vraiment à Dieu qu’il s’adressait, pourtant cette fois, les choses étaient différentes, et si il avait pu se donner quelques instants pour y réfléchir, il se serait trouvé bien hypocrite. Pourtant dans ce genre de moment, Dieu, ou peu importe son nom, était la seule entité vers la quelle on pouvait encore se tourner pour supplier après un peu d’aide et de chance.
Il ne fallait pas que Joshua meurt, c’était tout ce qu’il savait. Alors il devait le trouver même si il n’y voyait rien, car même si le cabanon avait enfin été renversé, il restait encore la menace des feux d’artifices qui pesaient sur eux.

Clyde avait tout fait pour se sentir utile au moins une fois dans sa vie. Il avait tenté de s'activer un peu pour autre chose que ce qu'il faisait d'habitude, pour ce qu'il considérait une véritable bonne cause.
Sous toute cette pression, il avait cessé de réfléchir et avait fait la course contre les flammes avec son saladier plein d'eau. En d'autres circonstances, il se serait peut-être rendu compte du pathétique de la situation. Au bout de plusieurs minutes, il s'était arrêté, devant le cabanon, les bras le long du corps, une sensation d'impuissance totale l'ayant envahi. Le saladier encore plain avait roulé lentement sur le sol, sans se briser, amorti par l'herbe qui fléchissait sous ses pieds. Il était comme anesthésié. Il voyait ça comme le courroux de Dieu, son acte final pour les punir. Il était resté ainsi durant quelques secondes, sentant les autres continuer à courir vainement avec leurs plats dans son dos, sentant surtout l'ait qu'ils avaient brassé parce que c'était bien ça. Ils avaient tous brassé beaucoup d'air pour rien et le cabanon brûlait toujours avec Joshua Ferguson à l'intérieur, accompagné des feux d'artifice.
Le résultat serait coloré. Un final haut-en-couleur. Oui, ça avait été cette image qui avait traversé l'esprit de Clyde Redd. Peut-être que finalement, tout devait se terminer comme ça, avec une punition explosive. Un bouquet final à la hauteur des actes commis. Un bouquet final comme pour marquer le coup, comme pour marquer toute cette histoire et surtout, marquer les esprits. Mais Clyde avait décidé de se ressaisir. Il n'était pas combatif pour trois sous mais il n'était pas non plus du genre à abandonner pour choisir la facilité. Il n'était pas du genre à se jeter dans la mort pour se rendre dans un monde plus simple. Il n'était pas du genre à faire ça parce que quelque part, il était trop bon ce pauvre Clyde : il avait des fautes à expier avant de rendre son dernier souffle. Et Dieu ou toute autre puissance supérieure le savait.

Il s'était décidé à bouger. Il s'était rapproché du cabanon où plusieurs types étaient en train de tout faire pour renverser cette vieille carcasse de bois. Clyde ne leur avait pas prêté main forte parce qu'il savait très bien qu'il était loin d'être bien manuel et qu'il les auraient gênés plus qu'autre chose, mais il était resté tout près. Non, il avait d'abord eu la bonne idée d'aller récupérer une vieille couverture qui gisait dans son carrosse.

Le cabanon se renversa, et tout alla très vite. La fumée qui s'échappait du vieux bois incandescent, les flammes qui léchaient la moindre parcelle organique ou non, et les gens qui s'étaient arrêtés de puiser de l'eau dans cette foutue piscine. Clyde vit alors Ferguson père foncer tête baissée dans les flammes, à la recherche de son fils. Un éclair de lucidité ? Oui, Clyde courut jusqu'à cette piscine, il y trempa la totalité de sa vieille couverture et revint sur les lieux du drame en quelques secondes, essoufflé.
Il n'était pas très actif d'ordinaire, mais une bonne action lui ferait du bien. Ça lui redonnerait un peu d'espoir quand à l'issue et au but de sa vie. Au moins pour quelques heures. Avant de s'engouffrer à la suite de Ferguson dans les flammes, il se tourna vers le reste du village et cria, pour la première fois de sa vie en la présence d'autant de monde :

« Ça va péter ! Partez ! »

Sa voix était mal assurée, sûrement inaudible, mais il l'avait fait. Il finit par rejoindre William et, ayant mis un pan de la couverture humide sur sa bouche et son nez, il lui tendit l'autre bout.
Restait plus qu'à trouver Joshua maintenant. Ou peut-être même...

Il tira finalement la couverture qu'il avait refilé au père du pauvre garçon et chercha à tâtons les feux d'artifice. Loin de lui l'idée de jouer les héros. Il laissait ça aux autres. Mais pour qu'ils aient une chance d'être des héros, il fallait qu'ils aient le temps d'agir.
Il trouva les feux d'artifices et comprit qu'ils n'auraient peut-être pas le temps de fuir tout ça finalement. Il recouvrit autant de pétards qu'il le put, du moins ceux qui étaient le plus proche des flammes. combien de temps allaient-ils grappiller ? Une ou deux minutes tout au plus ? C'était toujours bon à prendre.
Clyde toussa longuement. Il ne voyait plus rien, ses yeux pleuraient et il suffoquait. Il trouva la sortie en tâtonnant. William et Joshua étaient-ils toujours à l'intérieur ? Il n'en avait aucune idée. Mais la fumée embrouillait son esprit et tout ce qu'il put faire, c'était se tirer loin et vite. Sauf qu'il n'avait plus de souffle et que sa fuite était bien longue. Mais il arrivait à fuir...

Les jambes cotonneuses et le souffle rendu court par la panique, Kathleen courait dans la rue principale qui séparait West Jefferson et Madison Street. La rue qui séparait le parc où se déroulait le drame du bureau du shérif et duquel elle pourrait prévenir les autorités compétentes.
Elle avait l’impression désagréable d’être dans l’un de ces mauvais rêves à l’intérieur duquel on se retrouve bloqué, incapable de courir, poursuivi par une entité mystérieuse et terrifiante à laquelle on ne peut échapper et qui vous talonne sournoisement. Elle avait beau tenter d’accélérer, la distance ne paraissait pas s’amoindrir, au contraire. Ce chemin qu’elle empruntait quasiment tous les jours ne lui avait jamais paru aussi long... Il ne lui avait jamais paru aussi sombre non plus…
Ses pas rapides étaient éclairés par la lumière de l’astre nocturne et les lueurs orangées du brasier dans son dos. Ce qui n’était pas suffisant pour éviter les nids de poules et autres pièges du chemin qui ralentissaient considérablement son allure et avaient manqués de la faire chuter à deux reprises déjà. Fort heureusement, elle n’avait qu’à courir droit devant elle, le bureau de Declan Spelling se trouvant au croisement de la 169 et de Madison Street.

Alors que la silhouette du modeste bâtiment lui apparut enfin dans son entièreté et qu’une vague de soulagement l’envahissait, un bruit détonnant s’éleva soudain dans son dos. La jeune femme porta immédiatement ses mains à ses oreilles, ne parvenant cela dit ni à étouffer l’explosion, ni son propre hurlement aigu et incontrôlable. Son cœur semblait avoir bondi hors de sa poitrine et, lorsqu’elle fit volt face après avoir retrouvé son équilibre, les yeux écarquillés, il cognait avec rage, devenant presque douloureux. Des sifflements désagréables s’élevaient un peu partout, accompagné de détonations qu’elle identifia rapidement et lui arracha un frisson d’angoisse. Des feux d’artifices. Des feux d’artifices se propageant dans tous les sens pour exploser ça et là dans le parc encore bondé au moment de son départ…

« Mon Dieu, non… pitié » murmura-t-elle en ravalant un sanglot

La jeune femme jeta des regards paniqués autour d’elle, partagée entre l’idée de retourner sur place s’assurer des dégâts et celle de reprendre sa route. Son premier réflexe fut de faire demi-tour et elle s’engagea sur le chemin cahoteux qu’elle venait d’emprunter, des larmes roulants sur ses joues pâles. Mais après quelques pas, elle s’immobilisa à nouveau, prise d’un doute.
Son regard terrifié se posa à nouveau sur le bureau du shérif dans son dos et elle renifla bruyamment, essayant de faire le vide dans son esprit et de retrouver son calme. Declan l’avait chargée de prévenir la caserne d’Edgerton au plus vite. C’était ce qu’elle devait faire. Il y avait bien assez de monde du côté du parc…
Si seulement Grifith était venu avec elle… Il aurait pris les choses en mains, il n’aurait pas hésité lui ! Et pourtant, ce n’était pas sa présence qu’elle recherchait à présent. Malgré elle, c’était à Logan qu’elle pensait. Logan qui avant son départ l’avait soutenue, protégée. Logan qui avait pris la décision de s’accuser à sa place pour le délit qu’elle avait commis…

Kathleen essuya ses joues mouillés d’un geste plus assuré et changea une fois encore la direction de ses pas pour atteindre le bureau du shérif.

Cette fois, elle y pénétra rapidement, utilisant le jeu de clé que Declan lui avait confié avant qu’elle ne quitte le parc. Elle actionna l’interrupteur et se dirigea prestement vers son bureau alors que les néons commençaient à clignoter paresseusement pour finalement se stabiliser. Kathleen s’empara de la radio et se laissa tomber sur la vieille chaise peu confortable où elle avait l’habitude de prendre place. Ses mains coururent habilement sur la vieille machine bourdonnante pour se régler sur la fréquence adéquate.

« Sally ? Sally tu me reçois ? » cria-t-elle presque, faisant fie des codes appropriés dans ce genre de situation « Sally, ici Kathleen, il… »
« Kathleen ? Tu es rentrée » fit une voix hésitante à l’autre bout de la ligne

La jeune femme ne perdit pas une seconde en explications futiles. Si elle lui parlait, c’était qu’elle était rentrée.

« Sally, il y a eu une explosion ici »
« Quoi ? »
« Le cabanon a pris feu pendant la projection ! Le fils de William était à l’intérieur, il nous faut du renfort immédiatement »
« Attend… il y a eu une incendie ou une explosion ? »
« Un incendie et une explosion ! Les feux étaient entreposés dans le cabanon. Il nous faut du renfort immédiatement »
« Bon sang » marmonna l’autre « D’accord, je vous envoie du monde »
« Faites vite… » sanglota Kathleen en se cramponnant à la radio, alors qu’au-dehors, quelques détonations caractéristiques s’élevaient encore, éclairant par intermittence le ciel ombrageux de lueurs multicolores…

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